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ll y a des années, où les dates des fetes de Noel et de Hanouca, se chevauchent. Pour les uns c'est un sapin décoré; pour les autres la "fete des lumières", et que le dénominateur commun est la grande joie des enfants. Les uns mettent leurs souliers devant la cheminée, ou à coté de l'arbre, les autres recoivent leurs cadeaux directement de leurs parents.
Et bien, chez nous c'était différent et plus émouvant. La semaine précédente, les parents,oncles et tantes, à voix basse, en secret, rassemblaient les menus offrandes qui allaient s'entasser dans un coin théoriquement inconnu de la maison. Mais nous savions retenir notre curiosité. Très tot le matin de la fête, mon frère et moi, nous nous réunissions dans le meme lit, sans faire de bruit, écoutant des bruits étranges dans cette aube silencieuse. Mon père, dans la salle de bain, ouvrait un sac de coton hydrophile, et essayait d'en faire un collier de barbe. En sortie de bain rouge, encapuchoné, il ne lui manquait pas meme la hotte, faite de notre corbeille à papier. Et enfin pret, cet amour de père Noel frappait à la porte de notre chambre, suivant le meme rituel tous les ans, et déguisant sa voix, nous étions censés ne pas le reconnaitre. Alors, assis sur le lit, nous recevions à tour de role, les cadeaux de toute la famille, un jeu de Monopoly, un numéro complémentaire pour le mécano, mais surtout des livres, les Cent et uns Contes, Pantagruel et Gargantua, Les Misérables, version intégrale, le Dernier des Mohicans, Flika, le Fils de Flika, les Contes d'Andersen, le Conscrit de 1813, les Contes d'Alphonse Daudet, Gulliver, des Jules Verne, tout ces trésors universels de la littérature pêle-mèle, sur notre lit, avec un kaléidoscope, un jeux de cartes, des pates à modeler, et bonheur suprême pour moi, un poste à galène, dans son coffret de bois. |