ÉCRANS MYOSOTIS

Un bouquet pour Camus...



- C'est pas le Panthéon, mais c'est de bon coeur (Dessin J. Brua)


   Les commémorations solennelles, avec grand-messe, drapeaux et piquet d'honneur ne sont pas trop le genre de la maison Es'mma.

   D'ailleurs, que pourrait-on ajouter, sur le chapitre du cinquantenaire de la mort d'Albert Camus, qui n'ait été (ou ne sera) dit dans la presse, à la télé et même au sommet de l'État.

   Nous préférerons donc, comme à l'habitude, déposer un bouquet de myosotis à la mémoire de l'enfant de Belcourt, du lycée Bugeaud et du RUA dont un platane de la RN 5 et une voiture trop rapide ont brisé la vie - en même temps que le destin d'écrivain universel - le 4 janvier 1960, à 13h 55, sur la commune de Villeblevin.

   Nous avons constitué ce bouquet autour d'un dessin tout simple, avec des témoignages et illustrations originaux ou empruntés à d'autres publications et sites, dont le nôtre. On trouvera ainsi un texte du "Blog d'arioul" (cliquez ici pour vous y rendre) relatant une étonnante double rencontre et un bref dialogue avec l'écrivain, alors au faîte de sa gloire. Ces lignes sont accompagnées d'une photo qui est probablement unique : Camus dans les ruines de Tipasa en 1958.

   À cette image, font écho deux documents antérieurs de trois ans, mais dans lesquels nous voulons voir l'autre partie du diptyque Tipasa-RUA qui a tant compté dans le patrimoine intime de Camus. Ils évoquent la fameuse réception ruaïste du 25 février 1955. On y voit l'écrivain entouré de ses camarades de "La belle époque" . La première image, bien connue, est extraite de l'album du RUA que l'on doit à Maurice Faglin. La seconde est une manière de scoop, tiré des archives familiales de Nancy Janon, née Lefèbvre-Ganne et ancienne "Fromentine".



Les retrouvailles historiques avec le RUA, au restaurant "Le Quartier Latin", au n°8 du boulevard Baudin.
Ci-dessus, autour de Camus, Gaston Richier, Jean Lefèbvre-Ganne, Fernand Carreras
(chef des services sportifs du "Journal d'Alger"), Me Jean Trape.

Ci-dessous : le capitaine Paul Lefèbvre-Ganne, dit "Pablo" (le père de Nancy),
un convive non identifié, Gaston Richier (piquant une kémia ou écrasant un mégot),
Mohamed Kheddis (journaliste sportif au Journal d'Alger et vieux ruaïste),
Albert Camus, Jean Brune, Jean Lefebvre-Ganne (frère de Paul) et Jean Trape.




   Enfin, nous avons complété par quelques documents parus sur Esmma, dont la reproduction de la première page du Journal d'Alger, le surlendemain de la mort de Camus, avec le fac simile d'une lettre de l'écrivain (datant seulement de quelques semaines) à son vieil ami Edmond Brua, rédacteur en chef du quotidien.

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   Maintenant, si vous voulez profiter de la circonstance officielle (le cinquantenaire, le Panthéon, les hommages, etc) pour mieux connaître Albert Camus, lisez ou relisez son oeuvre ou, au moins, "Le premier homme", "L'Étranger", "Noces", "L'Été", "Chroniques algériennes".

   Piquer une tête dans Camus, si l'on ose dire, est pour ses frères et soeurs algérois, un bain de jouvence.

   Et dont on sort chaque fois meilleur.

Jean BRUA.




   À Tipasa nous attend la stèle voulue par un groupe de ses amis (dont Edmond Brua) et gravée par Louis Benisti. Par elle, la voix de Camus nous parle : "Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure".

   Et en nos esprits, la voix poursuit, avec les premiers mots de "Noces" : "Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux, et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. À certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que les gouttes de lumière et de couleurs qui tremblent au bord des cils. L'odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme". Oui, nous sommes bien chez nous.


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La photo de la stèle de Tipasa ci-dessus est de Yves Jalabert, émérite voyageur et photographe.

Celle qui constitue le fond d'écran nous a été aimablement confiée par Jean-Pierre Benisti, fils de Louis, peintre et professeur bien connu du Lycée Gautier. Nous les en remercions tous deux.



Lire aussi sur Camus l'excellente synthèse de Fernand Destaing parue dans l'Algérianiste n°86 de juin 1999 :
Cliquez ici.

À noter toutefois que la légende identifie la grand-mère comme la mère (à moins qu'il y ait une coupure de la photo).




Nos pas dans ceux de Camus...

En retournant dans notre ville, ou en nous promenant sur notre site, souvent il nous arrive de mettre nos pas dans ceux de Camus...

Tenez, accompagnons le pour son premier reportage, quand il était jeune journaliste à Alger Républicain (ci-dessous la photo des sa carte de journaliste), remontons la rue Michelet, et lisons : "Accident au n°81 : la vieille dame et le prix Nobel"

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Camus habita rue du Languedoc (ci-dessous), chez son oncle et sa tante Acault, au rez-de-chaussée du n°3. Juste là où aboutit la petite rue Jacques Cartier qui passe sous le boulevard Saint-Saëns. C'est à deux pas de la rue Burdeau, des pâtisseries "Tilburg" et "La Princière", et de la librairie "À Nostre-Dame", où Camus avait ses habitudes. Mais en 2006, le jardinet intérieur, où il lisait et écrivait, ainsi que son citronnier ont disparu sous une extension de bureaux en préfabriqué.

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Photo © Gérald Dupeyrot 2006


Au 2bis rue Charras (ci-dessous) se trouvait "Aux vraies Richesses", la librairie qu'Edmond Charlot créa en 1936... En 2010, c'est toujours, comme à l'origine, une agréable "bibliothèque de prêt", où l'on peut encore voir la mezzanine où Camus travailla souvent...

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Photo © Gérald Dupeyrot 2006



Derrière l'affiche "Les Vraies Richesses", entre les deux néons, on entrevoit le petit escalier qu'empruntait Camus pour accéder à la mezzanine.
Photo © Y.Jalabert 2009



Autre article paru dans l'hebdo "LE RUA" le mercredi 15 avril 1953

(consultable ici sur Es'mma).



Nos pas dans ceux de Camus...
(suite)


Les "bains Padovani", vaste dancing tout en bois, construit sur pilotis au-dessus du sable, où se joua le 25 janvier 1936 "le Temps du Mépris", pièce d'après Malraux pour laquelle Camus - à 22 ans - fit le metteur en scène pour la première fois de sa vie (dessin de Charles Brouty représentant le bal "Prado Plage", le concurrent siamois du Padovani, sur la plage juste contigüe. Cliquez pour voir où ça se trouvait).

"Je recommande au voyageur sensible, s'il va à Alger... d'aller déjeuner au restaurant Padovani qui est une sorte de dancing sur pilotis au bord de la mer où la vie est toujours facile..." ("L'été")

Nous retrouverons Camus en bien d'autres endroits d'Alger... Son école de la rue Aumerat, la maison familiale du 93 rue de Lyon à Belcourt, le lycée Bugeaud, le trajet pour s'y rendre, le Jardin d'Essai et la plage des Sablettes où il se baignait enfant...


CLIQUEZ POUR AGRANDIR (photo Gérald Dupeyrot 2006)

... la salle Pierre Bordes (ci-dessus), où en 1937-38 Camus et le Théâtre du Travail", puis Théâtre de l'Équipe, répétèrent et jouèrent "Prométhée enchaîné", "la Femme silencieuse", "le Retour de l'Enfant prodigue", "le Paquebot Tenacity" et "les Frères Karamazov"...


CLIQUEZ POUR AGRANDIR (photo Jocelyne Espagnol, et merci à Gaby ! Reproduction interdite)


la Brasserie des Facultés, au 1 rue Michelet , où tous allaient manger un sandwich une fois les répétitions terminées (en 2009, bourrée d'étudiants, elle existe plus que jamais) ; • l'Institut Météorologique, son premier employeur • l'immeuble du 9 de la rue Koechlin à Bab-el-Oued où Alger Républicain eut ses locaux et Camus son bureau (l'imprimerie y demeurera, tandis que plus tard la rédaction se transportera 9 Bd Laferrière), le 29 Avenue de l'Oriental (Claude Debussy), juste en face de chez notre ami Jaja, ce fut l'une des adresses algéroises de Camus (en 1937) après qu'il eût quitté les Acault, le "Cercle du Progrès", place du Gouvernement, lieu de son discours sur la trêve civile du 22 janvier 1956, la maison Fichu, "Maison-devant-le-Monde", de la rue Sidi-Brahim, au-dessus du Parc Saint-Saëns, retraite où, encore jeune homme, il vivra "ce fantasme enfantin d'une maisonnée remplie de bons amis" ! Et tant d'autres lieux ! Tout Alger nous parle encore de Camus !



À deux pas de l'école de la rue Aumerat, la fontaine de la place Jeanne d'Arc, rue de l'Union, où Camus enfant et ses camarades, narines et oreilles bourrées d'ouate, s'immergeaient la tête pour le concours de "çui-là qui tiendra le plus longtemps".
(cliquez pour accéder à la rue de l'Union, au plan du quartier avec l'école de la rue Aumerat, et aussi pour voir la fontaine plus grande)