Paru sur Es'mma le 4 juillet 2006
dans les KÉMIAS 13
CAMUS : LE JOUR LE PLUS TRISTE

Nous sommes le 6 janvier 1960, deux jours après l'accident d'auto de Villeblevin qui a fauché en pleine gloire Albert Camus, l'écolier de Belcourt parvenu au faîte des honneurs littéraires : le prix Nobel. La première page du Journal d'Alger affiche en forme d'hommage le dernier message * - datant de quelques semaines - du grand écrivain à son vieil ami Edmond Brua, rédacteur en chef du quotidien. Camus y répondait (en laissant espérer une visite à Alger) à une invitation à s'exprimer dans les colonnes du journal, pour répondre à ceux qui lui reprochaient son "silence".
L'accident a brisé cet espoir, comme un signe de mauvais sort. La mort de Camus, c'est encore un chemin qui se ferme à la paix. Et, comme en écho à ce mauvais présage, 18 jours plus tard, ce seront les journées sanglantes des Barricades.
* "Cher Brua,
Je ne dis pas non. Mais il faut attendre. J'espère être cet hiver à Alger et m'informer mieux. Nous bavarderons alors. Sois sûr en tout cas que si je devais parler à nouveau, ce serait à tes côtés et dans ton journal."
Sous le message à Edmond Brua, la photo de l'accident où Camus a trouvé la mort, alors qu'il regagnait Paris en compagnie de son éditeur et ami Michel Gallimard, tué lui-même au volant de la voiture, une puissante Facel-Vega.