HISTOIRE DU MIDI-MINUIT FANTASTIQUE II, LYON, 1964-1966
Au coeur des sixties !
1964-1966 : Voici quelques unes et quelque uns
de celles et ceux qui firent ces 3 années si belles...
en 250 images
sélectionnées par Gérald Dupeyrot, qui eut 20 ans à Lyon le 16 novembre 1966.
(si vous avez donné votre langue au chat)
"It was a marvellous time. In the '60s you were knocked in the eyeballs.
Everybody, everything was new."
Diana Vreeland, Editor in Chief of US Vogue 1963-1971
1 : Belphégor, avec Juliette Greco dans le rôle-titre, est sur les écrans en noir & blanc des télés les samedis 6, 13, 20 et 27 mars 1965. Trente ans plus tard, je mettrai en chantier, pour France 3 et Channel 4, une série du même nom, en dessin animé, sur des dessins de Frédéric Bézian, selon une vision très différente du personnage de 1965. 2 : "Berck", le monstre de Gébé (comme il y a un monstre de Frankenstein), auquel est consacré l'un des 4 volumes rouges et blancs de la "collection Bête et Méchante", apparue en 1966. On lit en troisième de couverture : "9,50 francs chez tous les libraires", et c'est effectivement ce que, dans mon agenda, j'ai noté avoir payé pour "Berck", à la date du 19 mars 66, à la librairie "la Proue" rue Childebert à Lyon. Enfin... en réalité j'ai noté "950 frs", vu que je ne me suis toujours pas fait aux nouveaux francs ! Au fil des décennies, Gébé se révèleva l'un des auteurs les plus puissants et originaux de la langue française. 3 : Barbara Steele dans "le Masque du Démon", au MMFII le 21 novembre 1964 (personnes sensibles, ne pas cliquer ! Ah, je vous avais prévenu !). 4 : "Les Oiseaux sont des Cons", film de de Chaval avec ses propres dessins, Prix Émile Cohl 1965. L., Raymonde et moi le voyons au ciné-club "Synthex" (lycée Saint Exupery à la Croix-Rousse) le mercredi 25 avril 1966. À cette date, Chaval est toujours vivant. Dans deux ans, il ne le sera plus. Le samedi 30, j'achète le livre "Les Oiseaux sont des cons" (30 frs). 5 et 6 : Beatrice Varley et Michael Gough dans "Crimes au Musée des Horreurs", au programme du MMFII le 7 novembre 1964. 7 : "La Machine à explorer le Temps", au MMFII le samedi 9 janvier 65. C'est pour moi l'un des plus beaux films du Monde. Le final me fait toujours autant frire le coeur, selon l'expression de mon ami Jean-Paul Follacci. 8 : Raoul Bruckert au Hot Club de Lyon. 9 : Hubuc laisse le personnage de Victor Sébastopol, outrecuidant espion prussien, au seul Devos, à partir du Spirou n°1382 (8 oct 1964). 10 : "Le Jour où la Terre s'arrêta", passe au MMFII le 16 janvier 1965.
1 : Chouquette, vendue au Prisunic de la place du Pont à Lyon en 1965-66. L'un de mes plus jolis souvenirs de ces années-là. Mais t'en souviens-tu ? 2 : Hugo, poupée maléfique, dans "Au Coeur de la Nuit", vient hanter notre nuit du samedi 1er mai 1965 au MMFII. 3 : "La Demoiselle et le Violoncelliste" de J.F. Laguionie, Grand Prix du festival du film d'animation d'Annecy, 17-21 juin 1965. 4 : le fakir Ben Gouh bey, en vedette américaine au MMFII le samedi 27 février 65, avant le film "les étrangleurs de Bombay". 5 : Jean Marais est "Fantômas", sorti dans les salles en novembre 1964, auquel succèdera "Fantômas se déchaîne" en 1965. 6 : en 1964 Françoise Hardy chante "Mon amie la rose", début 1965 elle entame une tournée où elle étrenne une tenue de scène créée par le couturier Courrèges. Pour 1965, "L'amitié" est son titre phare. En 1966, elle interprètera "Tu verras", sur une musique de Guy Bontempelli. En 1967, elle chantera ce qui sera l'un des airs les plus connus de ce même auteur : "Ma jeunesse fout le camp". 7 : H.G. Wells (joué par Rod Taylor) dans "La Machine à explorer le Temps", au MMFII le samedi 9 janvier 1965. 8 : dessin de Siné, en couverture de "Image et Son" de novembre 1965. 9 : Hélène Châtelain, dans "La Jetée" de Chris Marker, au MMFII le samedi 12 juin 1965, et au ciné-club Synthex le mercredi 10 novembre 1965. 10 : en 1966, parution dans Hara-Kiri des aventures en bande dessinée de la délurée Jodelle, pour laquelle Guy Pellaert a pris pour modèle Sylvie Vartan.
1 : Flamme postale, 1965. 2 : Peter Sellers est prodigieux dans les trois rôles qu'il compose dans "Dr Folamour". Surtout celui du Dr fou ! L., Raymonde et moi le voyons au ciné-club "Traboule 59", rue Philippe de Lasalle à la Croix-Rousse, le mercredi 2 mars 1966. 3 : Jill (Shirley Eaton), assassinée plaquée-or dans "Goldfinger" (1964), c'est le sujet du brillant générique de Maurice Binder (cliquez ici pour tous les génériques de lui que nous propose Étienne Mineur sur son site). Image macabre d'un cadavre de femme recouverte d'or, d'abord écran puis objet d'une incinération, il peut être pris comme une étonnante métaphore ! 4 : Robby le robot dans "Planète interdite", est au programme du MMFII, le 23 janvier 1965. 5 : flamme postale de 1966. À cause d'elle, le jeudi 28 avril de cette année-là, les habitants du 30 rue Chazière à la Croix-Rousse (69004) attendront en vain leur courrier (cliquez pour savoir pourquoi). 6 : Grant Williams est "l'Homme qui rétrécit", au programme du MMFII les samedis 19 décembre 64 (au Paris) et 11 janvier 66 (au Pax). Le combat contre l'araignée en est le clou ! 7 : Pamela Franklin est Flora dans "les Innocents", au MMFII les samedis 28 novembre 64 et 19 février 66. Un film tout de litote, immensément perturbant, et qui pour moi comporte, avec un hiératisme et une économie d'expression exemplaire l'un des moments les plus éprouvants de l'histoire du cinéma. D'y repenser, de le revoir, j'en ai à nouveau les poils du cou qui frissonnent. 8 : Voici les soucoupes superbement "design" du fim "la Guerre des Mondes" de 1953, telles qu'on les vit au MMFII (date de projection non retrouvée). À choisir entre cette version et celle de Spielberg de 2005, je n'hésite pas un instant : je revois la première ! 9 : Wolinski nouvelle manière, avec ses petites bonnes femmes sexy et drôles et leurs mecs obsédés et coincés, dans le Hara-Kiri mensuel de novembre 1965. 10 : bel exemple d'un modèle de coiffure de l'époque avec cache-oreilles en conques particulièrement en forme, dans cette publicité Cadonet ("la coiffure qui tient !") de 1965.
1 : Le "Frankenstein" de 1933 est au programme du MMFII le samedi 12 juin 65. 2 : Gribouille, chanteuse et lyonnaise. Elle vint au moins une fois au MMFII, fin 1964 ou début 1965. Ce soir-là, elle se joignit ensuite à nous à la Brasserie "Les Archers". Il lui reste alors trois ans à vivre. Comme pour Chaval. 3 : Martin Stephens est Miles dans "les Innocents", projeté au MMFII les samedis 28 novembre 64 et 19 février 66. Il a aussi été l'un des inquiétants enfants venus d'ailleurs dans le film "le Village des Damnés" de 1960, qui lui, passe au MMFII le samedi 17 octobre 1964 (salué qu'il est dans le Progrès de Lyon du 22 par notre ami Albert Pompara). 4 : Jean Bouise est "Ubu Roi", sur les écrans des télés le 26 mars 1965. C'est aussi l'année où il est venu en spectateur au Midi-Minuit. Sur cette video Jean-Christophe parle des trucages de Ubu Roi. 5 : Davos Hanich, héros de "La Jetée" de Chris Marker, au MMFII le samedi 12 juin 1965, et au ciné-club Synthex le mercredi 10 novembre 1965. 6 : sortie du n°1 du Mad français, en novembre 1965. 7 : Belmondo dans "Pierrot le Fou" (1965). 8 : Carmen, la belle et pathétique bohémienne aux immenses yeux de détresse du "Petit Cirque" de Fred, dans Hara-Kiri (du numéro 38 au 64). 9 : Tom Tyler dans le rôle de la momie Kharis, dans "la Main de la Momie", passé au MMFII le 5 décembre 1964. 10 : "Help !", fim de Richard Lester avec de vrais morceaux de Beatles à l'intérieur, sort en 1965.
1 : Marie Laforêt en 1965 chante "Kathy Cruelle". 2 : "l'Étrange Créature du Lac noir" passe au MMFII le 6 février 65. 3 : en 1964 Marianne Faithfull reprenait des succès comme "Blowin' In The Wind" ou "House Of The Rising Sun". En 65, à 18 ans, elle lance sa carrière avec "As Tears Go By", chanson créée spécialement pour elle par les Rolling Stones Mick Jagger et Keith Richards. Les Rolling Stones la reprendront en 1966. En 1965, elle chante ausssi "Summer Nights". 4 : "l'Homme invisible" de Whale, au programme du MMFII les samedis 12 décembre 64 (au Paris) et 11 janvier 66 (au Pax). 5 : dans Hara-Kiri, Sonja Hopf, artiste allemande, dessine du sado-masochisme placide. Elle signe juste "Hopf". 6 : fantôme de Samouraï dans "Kwaidan", que je vois avec L. au Duo, le samedi 22 janvier 1966. 7 : énigmatique visage au fronton de la porte du 43 rue Juliette Récamier aux Brotteaux (Lyon), où les 8 et 9 avril 1965 Claude Loubarie tourne "Yonah ou la nuit sera longue". Nous étions quelques amis à l'assister (lire le billet en direct de notre correspondant sur place). 8 : le minois d'Yvette Mimieux, délicieuse Éloi du futur dans "la Machine à explorer le Temps", passé au MMFII le samedi 9 janvier 65. 9 : Léopold, du "Petit Cirque" de Fred dans Hara- Kiri. 10 : encore une coiffure du temps dans cette pub Radiola de 1965.
1 : un Morlock, dans "la Machine à explorer le Temps", conspué de même que ses congénères au MMFII le samedi 9 janvier 65. 2 : Hélène Châtelain (oui, encore elle, je ne m'en lasse pas !), dans "La Jetée" de Chris Marker, au MMFII le samedi 12 juin 1965, et au ciné-club Synthex le mercredi 10 novembre 1965. 3 : tatoué (presque) intégral dans "Kwaidan", que je vois avec L. au Duo, le samedi 22 janvier 1966. 4 : "Mon papa", pathétique et sordide histoire d'un gamin et de son père alcolo, par Reiser, à raison d'une planche mensuelle dans chaque Hara Kiri. 5 : Christine Reynolds, jolie et gracieuse comédienne, danseuse et souffre-douleur du Pr Choron, ici en couverture du Hara Kiri de novembre 65. Qui nous dira ce qu'elle est devenue ?. 6 : "La Pie Voleuse" de Emanuele Giannini et Giulio Luzatti, somptueux Prix spécial du jury au festival du film d'animation d'Annecy, 17-21 juin 1965 (oui, les chatoyantes couleurs d'origine sont très passées, c'en est un crève-coeur !). 7 : Deborah Kerr, gouvernante hallucinée, dans "les Innocents", au MMFII les samedis 28 novembre 64 et 19 février 66. 8 : "Klodomir" (salut Alain !) dans "La Vie est un songe" de Hubuc, mini-récit Spirou n°1385, du 29 octobre 1964 (c'est la même année qu'Hubuc a inventé les "Peuleups"). 9 : "Un garçon plein d'avenir", de Peter Foldès, Prix spécial du jury au festival du film d'animation d'Annecy, 17-21 juin 1965. 10 : "Zorro est arrivé" (sans s'presser-é-é) en 1964. Henri Salavador fera à nouveau un tabac en 1965 avec "Le Travail c'est la santé" et remettra ça en 1966 avec "Juanita Banana".
1 : 1966, à Lyon, j'ai 19 ans, je regarde sur l'écran d'un "scopitone" Nancy Sinatra chanter son nouveau tube, "These Boots Are Made For Walking". Tout récemment, en mars 1963 à Valence, la seule année où j'ai habité cette ville et fait ma première au lycée Loubet, est née celle qui, presque 50 ans plus tard, dessinatrice éblouissante, avec son co-auteur, feront de cette chanson la bande son de "la petite robe noire", clip video pour Guerlain, suprêmement insouciant, évanescent et sublime (ici, son chouette "making-of"). 2 : c'est en 1965 qu'Andy Warhol peint ses célèbres "Campbell's soup can", ici c'en est la version "green and red". 3 : La musique de Maurice Jarre (dont le Thème de Lara) et le couple d'acteurs vedettes - Omar Sharif et Julie Christie - font de "Docteur Jivago" le grand succès populaire de 1965. 4 : c'est au "Duo", qu'en 1966 à Lyon passe "Bunny Lake a disparu", d'Otto Preminger, avec un sombre et littéralement déchirant générique de Saül Bass, où sur la musique de Paul Glass une angoissante silhouette de poupée se découpe sur fond noir. En 1966, Saül Bass réalisera l'atroce générique de "Seconds" ("L'opération diabolique") de John Frankenheimer, et - aussi en 1966 - celui de "Grand Prix", du même Frankenheimer. 5 : dans les "San Antonio", Béru impose sa masse considérable. Il gagne définitivement ses galons de superstar dans les hors-série : "L'Histoire de France vue par San-Antonio" (1964) et "Le Standinge de Bérurier" (1965). Avec "Le Standinge", pour la première fois Dubout illustre San Antonio. En ce qui concerne les illustrations de couverture des romans, c'est Gourdon leur auteur, depuis les débuts. En 1970, au grand désespoir des aficionados de la première heure, elles seront remplacées par d'autres. 6 : ces années-ci, Henri Dimpre, "l'homme par qui l'Histoire arrive", continue de nous fournir en Pilotaramas (les deux pages centrales du journal Pilote ). Il crée près de la moitié d'entre eux : 26 en 1964, 19 en 1965, 21 en 1966. Le plus curieux : celui consacré dans le n°231 à la bataille d'Aran-sous-Saumur, en guise de poisson d'Avril 1964. Dimpre passera à la postérité en 1971. 7 : en 1966 surgit avec "Qui êtes-vous Polly Maggoo ?", un OVNI cinématographique servi par une distribution d'actrices et d'acteurs souvent inattendus, l'accent de lapin de Dorothy Mac Gowan, la calvitie de Jacques Seiler, l'exaspérante nonchalance de Samy Frey, la lumineuse apparition de Joanna Shimkus, et la musique de Michel Legrand (ici sur le générique final dessiné par Topor). Que du bonheur ! L. et moi le verrons seulement le mercredi 26 mars 1969, ainsi que "Mr Freedom", à l'occasion d'une soirée William Klein au CNP à Villeurbanne. 8 : En 1966, chez Denoël paraît "Les poulets n'ont pas de chaises", premier recueil de "strips" de Copi, avec sa célèbre femme assise, créée en 1965 dans le Nouvel Observateur. 9 : Woody Allen débute en 1965 sa carrière cinématographique : il joue dans "Quoi de neuf, Pussycat ?", dont il est seulement scénariste et acteur. En 1966 il réalisera son premier film, "Lily la tigresse", film d'espionnage japonais "détourné" par ses soins. En 1967, il interprètera le neveu de James Bond dans le parodique "Casino Royale". 10 : en ces années 60, Annie Girardot tourne beaucoup, le plus insolite de ses rôles étant sans doute en 1966 celui d'une femme à barbe dans "le Mari de la Femme à barbe" de Marco Ferreri.
1 : "La Poupée", film de Jacques Baratier, passée au MMFII le samedi 22 mai 1965. Catherine Sauvage y chante "Quand je danse avec Carlos...", et c'est beau. Sacha Pitoëff, Jacques Dufilho, Daniel Emilfork apportent leurs trognes à ce film inclassable. Jacques Audiberti, auteur du roman dont il a tiré le scénario du film, meurt cette année 1965. Cette même année, son ami Claude Nougaro lui rend hommage avec sa "Chanson pour le maçon". 2 : dessin de Topor dans Hara-Kiri d'avril 1966. Chaque mois, le journal comporte deux pages de ses dessins. 3 : Dans la même veine "panique", voici "AOS", dessin animé d'agitations cruelles du japonais Yoji Kuri, au festival d'Annecy juin 1965. 4 : Audrey Hepburn dans "My Fair Lady" (8 Oscars 1964 dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur). Vous aussi, essayez de prononcer comm'i faut : "The rain in Spain stays mainly in the plain" ! Et au champ de course, évitez "C'mon Dover, move your bloomin' arse !" (pour revoir la scène, cliquez !). 5 : "Les Mauvais instincts", la nouvelle aventure de Valentin le Vagabond de l'immense Tabary, débute le 10 décembre 64. Et elle est de Tabary à lui tout seul ! Pas encore de Goscinny en vue... Un vrai bonheur ! Elle se terminée le 6 mai 65. La suivante, "Le chef de gang", débute dans Pilote du 15 juillet 1965. 6 : En 1965 Georges Chelon chante "Père Prodigue", son premier succès. En 66 ce seront "Prélude" et "Morte Saison", peut-être les plus belles chansons de son répertoire. 7 : automne 65 : "Kaputt" de Malaparte sort en Livre de Poche, dans l'excellente traduction de Juliette Bertrand. L'auteur du visage d'enfant en couverture n'est pas mentionné. En 2012, j'offrirai "Kaputt" à mon fils Raphaël. 8 : Claude Loubarie, L., Raymonde, quelques autres et moi l'avons vu dans "Bons baisers de Russie", au Regina à Vaise, 12 rue Marietton, le samedi 13 novembre 1965. Inoubliable séance. 9 : "Les Parapluies de Cherbourg" (1964). En avez-vous déjà entendu le sublime "Je ne pourrai jamais vivre sans toi" interprété par Marianne Faithfull ? 10 : Avec Julie Andrews, sort en 1964 Mary Poppins, 23e long-métrage d'animation des studios Disney. La formule en 34 lettres "Supercalifragilisticexpialidocious" nous devient une locution familière.
1 : Christopher Lee, dans "Le masque de Fu-Manchu" (1965), qui sera suivi en 1966 de "Brides of Fu Manchu". 2 : Sybilline, créée dans Spirou en 1965 (n°1403 du 4 mars) par Raymond Macherot. Elle est la pendante du lérot Chlorophylle qu'il avait dessiné dans Tintin de 1954 jusqu'à cette année 65. 3 : Un combattant de "Culloden" (1964), étonnant film de Peter Watkins, tourné comme un reportage d'actualité, sur la bataille de 1746 entre Anglais et Écossais des Highlands. En 1965, 20ème anniversaire d'Hiroshima, Watkins réalise dans un style semblable "La Bombe" ("the War Game"), qui traumatise durablement ses spectateurs. Finalement, le seul film de vraie horreur, d'épouvante absolue, de ces années-ci. 4 : "Les Escargots" de Topor et Laloux. Ce dernier en est aux débuts d'une carrière d'animateur brillant où un jour apparaîtront des chefs d'oeuvre comme "les Maîtres du Temps" (1981) puis "Gandahar" (1987), deux longs métrages en dessins animés qui dans une trentaine d'années impressionneront fort mes deux petits en leurs jeunes âges. 5 : Michèle Mercier est "Angélique, Marquise des Anges", sorti en 1964 suivi de "Merveilleuse Angélique" en 1965. 6 : "Rhinocéros", film de Jan Lenica d'après la pièce de théâtre d'Eugène Ionesco, est au festival d'Annecy, 17-21 juin 1965. 7 : Pendant qu'il fait des dessins animés, Lenica ne cesse de faire des affiches. "Wozzeck" date de 1964. 8 : le Khrompire, noir héros de la BD "Chaminou et le Khrompire", terrifiante BD de petits animaux charmants, qui s'achève dans le Spirou n°1381 (01/10/1964). 9 : "Ces Merveilleux Fous volants dans leurs Drôles de Machines" sort en 1965, son générique (pour le dessin animé, commencer à 3 mn 50, et jusqu'à 6 mn) et son affiche sont du graphiste britannique et francophile Ronald Searle. Un jour, ses albums de portraits de chats nous raviront. 10 : En 1965, Jacques Perrin meurt dans "la 317ème section" de Pierre Schoendoerffer, le plus éprouvant des films de guerre depuis "les Ponts de Toko-Ri". Toujours le péril jaune ! "Culloden" de Watkins, sorti l'an dernier, n'était pas mal non plus dans le genre film de guerre sans complaisance !
1 : En 1964 Vincent Price est le Prince Prospero dans le film "Le Masque de la Mort rouge", adaptation par Roger Corman de la nouvelle éponyme d'Edgar Allan Poe. En 1965 Roger Corman adapte une autre nouvelle de Poe "La Tombe de Ligeia", encore avec Vincent Price. 2 : Publicité pour les pâtes Panzani, elle va fournir à Roland Barthes le thème d'une analyse sémiologique inspirée et fondatrice dans le n°4 de la revue "Communication" en novembre 1964, des pages qui affermiront ma vocation de publicitaire quand je l'achèterai à la librairie "La Hune" à Paris. 3 : "Les Chevaux de Feu" (1964), de Serguei Paradjanov, musique de Moroslav Skorik, "oeuvre inclassable, sortie tout droit d'un tendre cauchemar" (Bélinda Saligot). 4 : "La Femme est une île, Fidji est son parfum", superbe slogan qui reste encore à venir, mais c'est cette année 1966 qu'est lancé ce premier parfum de Guy Laroche. 5 : Dans Hara-Kiri d'avril 1966, Cabu fait montrer leurs p'tites culottes aux ravissantes petites pestes du Couvent des Oiseaux, bilan, un Boeing s'écrase sur le bahut (laïc) d'à-côté ! 6 : en 1965 Esso lance sa campagne publicitaire "Mettez un tigre dans votre moteur". Dès la première année, ses ventes progressent de 22% contre 8,3% pour l'ensemble de ses concurrents. 7 : En 1964 les éditions Gallimard publient un livre-théâtre : "La Cantatrice Chauve", d'après la pièce de Ionesco qui passe au théâtre de la rue de la Huchette depuis 1950. Le graphiste Robert Massin y met en scène les acteurs en photographies aux contrastes saturés. Je verrai "La Cantatrice" et "la Leçon" à la Huchette avec mon ami Marc Gilles en septembre 1965. Et, lors du même séjour à Paris, "Les Chaises" du même Ionesco, au théâtre Gramont (avec Michel Vitold et Tsilla Chelton). 8 : en 1964 sort "Le Dieu Noir et le Diable Blond" de Glauber Rocha. 9 : En 1965, "la 317ème section" de Pierre Schoendoerffer, installe Bruno Crémer au rang des acteurs de premier plan (voir critique sur Allo-Ciné). 10 : Le 1er Avril 1965 parait dans Vaillant, le Journal de Pif le chien, "Gare au Yaglourt !", première aventure potagère du Concombre Masqué par Mandrika.
1 : Susan Denberg, ravissante playmate d'août 1966 (année où Playboy dans ses pages centrales fut particulièrement prodigue en mignonetés) nous présente un bel échantillon de coiffure de l'époque. 2 : le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp (Maurice Ronet, ici dans le film "le Feu Follet", est attablé au café de Flore, on peut voir la brasserie juste sur le trottoir d'en-face) à Paris, Mehdi Ben Barka, opposant au Roi du Maroc, est kidnappé. L'affaire commence. Son corps ne sera jamais retrouvé. 3 : Clint Eastwood est le héros de la "trilogie des dollars", westerns par lesquels Sergio Leone en 64, 65 et 66 renouvelle le genre. Ca y est, la musique d'Enio Morricone est entrée dans nos têtes ! 4 : le 21 novembre 1965 Mireille Mathieu gagne contre Georgette Lemaire au "Jeu de la chance", un radio-crochet de Télé Dimanche présenté par Roger Lanzac. Elle va devenir dès l'an prochain la mega-vedette que l'on sait. 5 : après une longue absence, Blake et Mortimer nous reviennent dans le Tintin n°885 (du 7 octobre 1965) avec "l'Affaire du Collier". 6 : Robert Morel, le Prince des éditeurs, dont je ne connais pas encore la production, mais que je vais bientôt beaucoup aimer, édite depuis 1956. En ces années 64-66 ce sont ses "Célébrations" (débutées en 1961), dont celle de l'Asperge (n°19, 1964), de l'Andouille (n°20), de l'Ange (n°22), de la Nouille (n°28), du Gendarme (n°29), du Cirque (n°31, octobre 65), du Coq (n°34, 1966), du Corps (n°35), du Petit Pois (n°36), de la Pierre (n°37), du fumier (n°40), de la pipe (n°41), du Lit (n°43), de la Chouette (n°44), de la Laine (n°66, 1966)... Plus tard, ce sera la série des "O", puis ses si magnifiques livres de cuisine. Chacun de leurs nouveaux livres est une oeuvre d'amour, et un chef-d'oeuvre ("leurs" car il ne faudrait pas oublier Odette Ducarre, sa compagne, créatrice inspirée et bien plus que maquettiste). 7 : Peter Cushing dans "La Revanche de Frankenstein", passé au MMFII le samedi 13 mars 1965. 8 : en 1964 Monica Vitti nous envoûtait avec le "Désert Rouge", en 1966 elle nous joue les aventurières avec "Modesty Blaise". 9 : le 22 juillet 1965, apparaît dans Pilote la première planche de la première aventure de Philémon, "le Mystère de la Clairière des trois Hibous", de Fred. Bien d'autres suivront au fil des décennies. 10 : autre bel échantillon de choucroute : cette jeune femme dans un film publicitaire Pepsi de 1965.
1 : le 25 mai 1965 est achevé d'imprimer "Siné, dessins politiques", collection "Libertés" chez Jean-Jacques Pauvert. C'était, souvenez-vous, cette série de livres de poche tout en hauteur, brochés de carton craft. L'irrévérence de mai 68 y est déjà toute entière. De quelques dessins de ce livre, j'ai confectionné un "gif" animé qui est la position de Siné - et aussi la mienne - sur la non-violence. 2 : Miss France 1965 est lyonnaise ! Elle s'appelle Christiane Sibellin, fille de restaurateurs lyonnais. 3 : Diogène lisant dans son tonneau, c'est le logo de la maison d'édition "Diogenes verlag" à Zurich, qui depuis 1952 publie le meilleur du dessin d'humour international, et français en particulier. En ces années 64-66, je lui achète par correspondance ses petits livres de dessins de Chaval, Bosc, Dubout... En 2012, je les ai toujours dans ma bibliothèque. 4 : Cet homme est le célèbre "15ème coiffeur" des publicités pour les lames de rasoir Schick : après 14 confrères ayant utilisé la même lame, il est toujours rasé de près et sans une égratignure ! Même pas mal ! C'est ça qu'est Schick ! (Paris Match 859, septembre 1965). Notons que cette idée et ce visuel d'une portée de blaireaux radins se rasant avec une seule et même lame sera reprise sans vergogne par les lames Gillette ! Figaro ci, Figaro là... 5 : "Belle et Sébastien" (Belle, c'est la chienne blanche, faut pas se tromper), feuilleton en 13 épisodes de 26 minutes, écrit et réalisé par Cécile Aubry est diffusé à partir du 26 septembre 1965. Elle est la mère de Mehdi El Glaoui qui interprète le rôle de Sébastien. 6 : "Girl with Hair Ribbon", 1965, de Roy Lichtenstein. Début 1964, la galerie lyonnaise "l'Oeil Écoute", quai Romain Rolland, consacre au Pop-Art une exposition de trois de ses peintres emblématiques, dont le lyonnais Pierre Jacquemon. Je suis allé la voir avec une amie, Françoise Carrier, le jeudi 23 avril 1964. 7 : En mars 1965, Jennifer Jackson est la première playmate noire en pages centrales de Playboy. Aujourd'hui, ça n'a l'air de rien, mais en ce temps, quand aux USA la ségrégation battait encore son plein, trois ans avant l'assassinat de Martin Luther King, c'était un acte militant ! 8 : en 1965, dans les pages de Paris-Match, Chaval continue à nous assurer que "Si un rhinocéros vous aime, c'est bien" (ou "Si vous descendez de Louis XIV, c'est bien"), mais "consommer de la mayonnaise en tube souple aluminium, c'est mieux !". Les scandale de l'intoxication à l'aluminium n'éclatera qu'en 2012. 9 : en 1966, Fernandel est un père désemparé dans "le voyage du père", film de Denys de La Patellière, tourné à Lyon. Ici, Fernandel est adossé au parapet du quai des Célestins, derrière lui, si vous avez de bons yeux, c'est la cathédrale Saint-Jean. L'an dernier, en 1965, il a tourné une série de pubs pour l'apéritif Dubonnet destinées au marché britannique, tout à fait croquignolettes (cliquez ici pour voir l'une d'elles). 10 : ce 23 septembre 1964, soirée exceptionnelle à l'Opéra de Paris où l'on joue Daphnis et Chloé de Maurice Ravel. Le Tout Paris est là pour admirer le nouveau plafond peint (gracieusement) par Marc Chagall à la demande du ministre André Malraux. On y retrouve son merveilleux couple d'amoureux volants. Le 26 septembre 1964 dans son numéro 807, Paris-Match consacre 20 pages aux photos de Chagal à l'oeuvre.
1 : "Au Négre" : c'est l'enseigne d'un célèbre torréfacteur de la rue de Brest à Lyon. En ces années 60, il fait bon y déguster un "moka", des clubs s'y réunissent et leurs fans y célèbrent Buddy Holly, Chuck Berry, Little Richard... Des musiciens noirs autant que des musiciens blancs. Personne ne trouvait à redire au nom de l'endroit. Tout au plus nous rappelait-il que la route pouvait être longue pour que l'humanité et la fraternité se fraient leur chemin. En 2012 des olibrius trop bien pensants et trop politiquement corrects auront, en même temps que la peau de ce pauvre nègre, celle de ce jalon et témoin des progrès de nos droits. Oui, la situation n'est pas meilleure sur le front des "Têtes de nègres" ! À propos : vous souvenez-vous de cette soirée mémorable du 15 février 1966 au Palais d'Hiver, où lors du même spectacle nous écoutâmes Chuck Berry, Memphis Slim, Ronnie Bird, Antoine et les Problêmes ? 2 : "L'homme à la tête en fleurs" dessiné en 1966 par André François pour l'éditeur Robert Delpire. C'est ainsi que je me souviens de moi tout au long de cette année-là. L. n'y était pas pour rien.
5 : Christopher Lee dans "Le Cauchemar de Dracula", sont au programme du MMFII le samedi 6 mars 65. 6 : des dessins de Barberousse pour des publicités Fido, dans le Progrès de Lyon des 22 novembre et 2 décembre 1964. 7 : "Les survivants de l'Infini", au MMFII le samedi 30 janvier 1965. 8 : Helen (Anna Massey) dans "Peeping Tom", séance d'ouverture du MMFII le samedi 10 octobre 1964. Elle ne manque pas de piquant ! 9 : "La Main" de Jiri Trnka, Prix spécial du jury au festival du film d'animation d'Annecy, 17-21 juin 1965. 10 : Sylvie et Johnny se marient le lundi 12 avril 1965. L'avant-veille, Claude Loubarie et quelques bénévoles - dont j'étais - avaient tourné quelques plans du film "Yonah ou la nuit sera longue" à la Recette Municipale de Lyon, alors sise rue Edouard Herriot, dans le palais Saint-Pierre.
1 : Jacques Dutronc arrive ! Son premier 45 tours, avec "Et moi, et moi, et moi", est l'un des gros tubes de l'été 1966 : plus de 300 000 exemplaires vendus (succès aussi des trois autres chansons : "Mini, mini, mini", "Les gens sont fous", J'ai mis un tigre dans ma guitare"). 2 : Le grand chroniqueur graphique de ce temps, c'est TIM, dans l'Express. Son incertain style filandreux, quasi quantique, associé à un puissant sens de la synthèse l'a fait surnommer "l'écheveau de trait". Ici, de Gaulle en décembre 1965 contemple son mini-triomphe aux élections présidentielles. 3 : le grand film de science-fiction de 1966 : "le Voyage extraordinaire" de Richard Fleischer, où Raquel Welsh promène sa plastique dans une moulante combinaison blanche. 4 : "Disparais, je le veux !", publicité de 1965 dans Paris-Match pour le ruban adhésif invisible Scotch. 5 : Éric Losfeld édite en 1965 "Toi, ma nuit", roman "très beau, très pur, très étrange, tout entier bâti en trompe l'oeil", de Jacques Sternberg, singulier auteur de récits fantastiques et de science-fiction. Le dessin en couverture est de Félix Labisse. À Lyon, Claude Loubarie tourne cette année 65 un court-métrage tiré de l'une des nouvelles de Sternberg. 6 : Ah ! J'allais l'oublier, elle ! Pourtant c'est ce 26 juin 1965 que le maire Louis Pradel inaugure la piscine du Rhône quai Claude Bernard à Lyon. 7 : 2 mars 1964 : Sheila est à lyon ! Parmi les passants interrogés par la télé, ce sympathique postier lyonnais qui nous révèle qu'il est lui-même chanteur de music-hall hors de ses heures de travail. Qui le reconnaîtra ? 8 : le 7 mars 1965, sur la deuxième chaîne de l'ORTF, Daisy de Galard lance "Dim Dam Dom" (lien vers l'excellent site "Teppaz & co"), qui va être l'émission de mode culte des sixties : excitante, sophistiquée, non-conformiste, follement créative. Sur ce premier générique : un minois à jamais anonyme ? Le primesautier et entêtant indicatif musical est de Michel Colombier, arrangeur des oeuvres de Gainsbourg. 9 : un setter qui court sur une plage, la musique de Francis Lai qui fait "chabadabada", la palme d'Or à Cannes 66, 4 269 209 spectateurs français chavirés... Oui, c'est "un Homme et une Femme", le film "presse du coeur" de 1966. L. et moi le voyons au cinéma Scala à Lyon. 1966, c'est aussi notre année, et celle de mes 20 ans ! 10 : durant ces trois années, les disques de Pierre Repp, sublime bafouilleur, continuent à nous ravir. Il tourne aussi des petits rôles dans "Fifi la plume" d'Albert Lamorisse (1964), "Humour noir" (Umorismo in nero, 1965, film à sketches, épisode "La Bestiole" de Claude Autant-Lara), et "L'Or du duc" (sorti en septembre 1965) de Jacques Baratier et Bernard Toublanc-Michel, où il tient le rôle du vendeur de tissus.
1 : Ces années sont celles des films de Pierre Étaix, qui par la suite disparaîtront pour une éclipse de vingt ans avant leur résurrection en juin 2010. Dans "Yoyo", en 1964, Philippe Dionnet tient le rôle du héros enfant. En 1965 Pierre Étaix tourne "Tant qu'on a la santé", qu'L. et moi voyons le mercredi 11 mai 66 au Majestic, 75 rue de la Ré. Le dimanche 2 janvier 66, nous avions tous deux vu "Le Soupirant" (qui remonte à 1962) à la Fourmi. 2 : En 1965 sort le disque 33T "Rubber Soul", "so strange and so smooth at the same time. Just Beatles can do it". En 1966, ce sera "Revolver". Le 22 juin 1965, ils sont à Lyon au Palais d'Hiver. Qui nous dira quel était le bistrot où ils sont attablés ? Ces années 64-66 sont le coeur de leur légende. 1964 : "I Want to Hold Your Hand", "Can't Buy Me Love" et "A Hard Day's Night". En 1965 "I Feel Fine", "Ticket To Ride" et "Help". En 1966 "Yellow Submarine". En 1967 "All You Need Is Love". 3 : Dans "Match" de février 1964, Nestlé fait cette publicité pour "Crunch", chocolat avec dedans, pour le croustillement, des grains de riz soufflés. Comme dira Reiser dans Hara-Kiri de mars 1966 : "on se demande où ils vont chercher des noms pareils" ! (cliquer pour le dessin de Reiser). Nous, souviens-toi, nous préférions les tablettes Suchard "Raisins secs et Cointreau", que nous achetions à l'épicier en bas de chez toi, montée de la Grande-Côte. Ou les truffes faites maison de ce si joli réveillon de Noël 1965... Et ta correspondante anglaise se goinfrait de confitures en s'étonnant de grossir ! 4 : "Chéri, j'ai rétréci les Cosses" ? Non, il s'agit de "l'Invasion des profanateurs de Sépultures", titre de merde pour un film où il y a bien des cosses, mais ni profanation ni sépultures, et qui est l'un des plus angoissants films de S.F. jamais tournés. Il passe au MMF2 à une date non retrouvée. 5 : En 1965, dans Dim Dam Dom, les aventures de Marie Mathématique, "petite soeur de Barbarella", en six volets d'après une bande dessinée de Jean-Claude Forest sur des poèmes d'Andé Ruellan et une musique de Serge Gainsbourg (qui également interprète les textes). Au début de cet épisode n°3, ne loupez pas une brève apparition de Marie-France Pisier ! 6 : Yves Saint Laurent crée la "robe Mondrian" pour la collection automne-hiver 1965. Elle fait la couverture de Vogue et du Harper's Bazaar américain. Elle inaugure une généalogie d'hommages rendus par YSL à l'art africain, Picasso, Diaghilev, Apollinaire, Cocteau, Aragon, Braque, Van Gogh... En 1964 il a lancé son parfum "Y". 7 : En 1964, à Paris, François-Xavier Lalanne présente son "Rhinocrétaire" à la "Galerie J" de Janine Restany. Indissociables aux yeux du public, Claude et François-Xavier Lalanne ont toujours exposé ensemble. Cette première exposition commune s'intitule "Zoophites", Claude y expose ses sculptures hybrides "Choupattes" (sculptures hybrides autour du chou). À partir de 1965, ils créent leurs sièges-moutons, exposés en janvier 1966 à l'entrée du Salon de la jeune peinture française au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Ils font sensation. On connaît la suite... 8 : En 1966 Jerzy Kawalerowicz, réalisateur polonais, nous propose "Pharaon", une fresque épique sur le règne du Pharaon Ramsès XIII (oui, 13, pas 2). C'était beau, mais assez ennuyeux. Heureusement, un souci de réalisme rigoureux avait voilé les nudités de voiles plutôt dévoilants, comme ici pour Alina Borkowski dans le rôle d'une danseuse. Grâce à elle, le film a laissé un souvenir... ému. 9 : "Rocambole", feuilleton en 3 époques et 52 épisodes de 15 minutes, d'après Ponson du Terrail, est diffusé à 20H 15 sur la deuxième chaîne du 18 avril au 9 juin 1964. Dans le rôle-titre, Pierre Vernier, ex-coquin converti, s'oppose à Jean Topart dans le rôle de sir Williams, incarnation du mal. Dans la troisième époque, ne manquez pas Julien Guiomar, formidable acteur, il tient le rôle du baron Capendoc de Carvagnac. En 64, il a déjà presque quinze ans de théâtre derrière lui. 10 : Jeanne Moreau en 1964 est Célestine, la femme de chambre en bottines dans "Le Journal d'une femme de chambre" de Luis Buñuel (regardez l'interview de Jeanne Moreau). Dans Hara-Kiri de mai 64, Wolinski, encore dans son "ancien" style en hachures, célèbre "le film le plus osé de l'année". En 1965, elle tourne avec Brigitte Bardot dans "Viva Maria !" (ne loupez pas la scène du strip-tease !).
1 : Le bain moussant O.BA.O a été créé en 1963 par les laboratoires Garnier, rachetés par l'OREAL en 1965. Cette année-là, c'est l'illustrateur Alain le Foll (connu pour ses illustrations dans "ELLE" et "Marie-Claire", ou pour des livres pour enfants) qui se colle aux publicités avec la japonaise dessinée dans son bain bleu. 2 : Les dessins de Bosc sont depuis novembre 1952 dans Maris-Match. Mose, Chaval, Sempé et lui représentent la nouvelle façon du dessin d'humour populaire français. Le 1er avril 1965, Bosc reçoit le Grand prix de l'humour du magazine "Lui" où l'on peut chaque mois retrouver sa page. Pour découvrir Bosc au volant de la superbe Djet Matra-Bonnet qu'il vient de gagner, la charmante Mireille Darc, et surtout la sublimissime page qui lui a valu son prix, cliquez ici. Merci à sa famille qui, avec ce site, entretient sa mémoire et le souvenir de son oeuvre ! 3 : À Lyon, au 170 boulevard de la Croix-Rousse, se trouve le siège de Teppaz et l'une des usines de ce fabricant des plus fameux électrophones du moment. Parmi les centaines d'ouvriers et ouvrières qui y travaillent, on trouve de bien émouvantes mignonnes. Pas vrai, Pierre ? 4 : vers 1966, à la bibliothèque britannique à Lyon (au 24 rue Childebert), dans le magazine "Private Eye", je tombe sur deux illustrateurs étonnants, Ralph Steadman et Gerald Scarfe. Leurs dessins se trouvent aussi dans les recueils annuels "Picks of Punch". C'est le point de départ de ma passion pour l'humour et les auteurs graphiques britanniques. Avec Steadman, j'échangerai quelques lettres. J'achète par correspondance les livres pour enfants de Misha Damjan qu'il illustre. La vignette ci-dessus, c'est lui de nos jours. Comme Steadman, Gerald Scarfe deviendra l'un des illustrateurs britanniques majeurs. Scarfe, vous le connaissez : les animations du film "The Wall", c'est lui. 5 : Nous avons découvert Ursula Andress, divinité suisse émergeant des ondes dans "James Bond 007 contre Dr. No", sorti dans les salles en 1962. Malgré son visage de Maîtresse sévère (ça n'engage que moi !), elle devient l'un des "sex-symbols" de ces années. Salvador Dali va en perdre les pédales et lui décerner un réjouissant et cryogénique hommage ! (Dim Dam Dom, 28 octobre 1965). 6 : En 1965 Léon Duhamel, industriel du Nord, invente le K.Way. Enfin, en 1965, ça s'appelle un "En-cas" (de pluie), le nom de K.Way arrive en 1966. Succès immédiat ! Quelques quarante ans plus tard, Dany Boone, avec beaucoup de talent, taille un costard (si je peux dire) au K.Way ! Aux dernières nouvelles, la marque serait italienne. 7 : à propos d'italienne, pas loin de Lyon, à Milan, Guido Crepax a fini de créer de sa plume la sublime "Valentina" qui fait son apparition en juillet 1965 dans la revue de BD italienne "Linus". La plupart des lecteurs français la découvriront en octobre 1970 dans le n°21 de Charlie Mensuel. 8 : Le cardinal Gerlier, primat des Gaules, cardinal de Lyon, meurt le 17 janvier 1965 à l'âge de 85 ans. Aucun lien entre cette disparition prématurée et les débuts du Midi-Minuit Fantastique lyonnais, nul ne se souvient avoir vu son Éminence au nombre des spectateurs du Paris le samedi à minuit. Il recevra à titre posthume la médaille des Justes parmi les Nations de Yad Vashem, pour avoir durant la guerre organisé des filières de sauvetages pour les Juifs en danger. 9 : En décembre 1964, l'éditeur Eric Losfeld va sortir le premier album de "Barbarella", passionaria de papier de l'émancipation sexuelle et féminine. Ses aventures étaient d'abord parues en 1962 dans "V Magazine" ; le film avec Jane Fonda sera dans les salles en 1968. 10 : Michel Demuth est encore gratte-papier chez un négociant en textiles dans le haut de la rue de la Ré, "Stern and Stern" je crois. C'était la représentation à Lyon d'une firme étatsunienne, ce qui devait avoir un lien avec l'américain à la fois aisé et précieux que pratiquait Michel, et qui plus tard fit de lui un grand traducteur de classiques de la Science-Fiction ("Dunes", le roman de SF de Franck Herbert, vient de sortir en 1965, et c'est Michel qui nous en fera la version française !). Ces deux années 64 et 65 vont être pour Michel les plus fertiles, les plus prolifiques de sa carrière d'auteur : dix-sept nouvelles parues dans le magazine "Fiction" ! (dont 9 signées Jean-Michel Ferrer). L'essentiel de son oeuvre ! Dont de pures merveilles ! Te souviens-tu de cette nuit de réveillon 65-66 passée chez lui et Mounette ? Et de la neige sur Caluire qui au matin crissait sous nos pas ?
1 : Dans le Progrès du samedi 19 décembre 1964, notre ami Albert Pompara annonce "L'homme qui rétrécit", ce soir au MMF2. C'est fini pour ce trimestre ! Le même jour, sous le titre percutant : "les joies de la vie au grand air", Albert consacre sa critique au film "Les 7 Invincibles" qui sort cette semaine à Lyon. C'est un péplum. Albert nous le présente sous un jour épatant, nous en vantant les charmes, dont le "hold-up du siècle, le 4ème avant J.C., bien sûr !", précise t-il. Albert a un merveilleux humour. Il lui en faut. "Un film qui devrait plaire aux familles", conclut-il, très "office catholique du cinéma", ce qui lui va comme un tablier à une vache ! (cliquez ICI pour en savoir davantage sur ce chef d'oeuvre). Sans Albert, le MMFII, et donc le Lyon de ces années-ci, ne seraient pas ce qu'ils sont ! 2 : C'est fin novembre 64, que commence dans Spirou "Le gant à trois Doigts", nouvelle aventure de Gil Jourdan dotée de la coutumière galerie d'ahuris. Elle sera parmi les plus drôles que Tilieux ait produites... Tenez, l'officier à fez qui se contient comme une cocotte-minute, et émet un susurrant "parlez moi comme à un père, une mitraillette, c'est pour ?", avant d'exploser, "Alors tirez ahuri !!", qui d'autre que Tillieux a jamais su faire ça ? (et ne parlons pas de sa maîtrise des ellipses, des cadrages, et du découpage ! Et de ses gags qui tuent développés en longueur, parfois sur plusieurs pages !). Quelle verve ! Seul Tabary dans Pilote, avec ses "Totoche", "Corinne et Jeannot" ou "Valentin le Vagabond", parvient à autant d'efficacité dans l'allégresse délirante et l'exaltation burlesque. 3 : 12 décembre 1964 : ce samedi, je suis allé au Théâtre de la Cité (à 14H 30), à Villeurbanne, pour assister à la pièce "Schweik dans la deuxième guerre mondiale", mise en scène par Roger Planchon, avec Jean Bouise dans le rôle du brave soldat. C'est au programme de mon abonnement scolaire. Je me souviens de la scène du théâtre avec son plateau tournant où Jean, attifé et casqué de vert de gris, avance péniblement contre le vent glacé dans les neiges de Russie ! C'est un rôle qui lui convient autrement mieux que celui du capitaine Haddock qu'on lui a fait tenir dans le film "Tintin et les oranges bleues" sorti cette année 64 ! Jean viendra à plusieurs reprises au MMFII, accompagné d'amis.
4 : des "strips" quotidiens paraissant dans "le Progrès", seules les aventures du "Pr Nimbus" trouvent gràce à mes yeux : ma chère Marraine y voit la mise en scène de mon alter-ego, doté de la même capacité de distraction (d'"innocence", dit-elle, un innocent étant pour elle un total évaporé), avec aussi peu les pieds sur terre que moi ! L'amusement qu'il procure à ma chère Marraine me rend très indulgent pour ce personnage pas très marrant. L'autre bande quotidienne paraissant dans "Le Progrès" est "Superman". Je ne me suis jamais demandé pourquoi ma marraine m'identifiait toujours à Nimbus, et jamais au Super héros au slip rouge par dessus le pantalon... Sans doute ceci devait me sembler aller de soi.
5 : mercredi 28 octobre 1964, je vois au ciné-club Traboule 59 "Les dimanches de Ville d'Avray", la plus limpide, belle et tragique histoire d'amour jamais tournée ! Patricia Gozzi et Hardy Krüger y sont bouleversants. 6 : En 4ème de couverture de "La vie Lyonnaise", cette publicité en forme de trou de serrure pour la Gaine Scandale, de moins en moins gaine et de plus en plus "scandale", une spécialité de notre pas si pudibonde ville de Lyon. Le siège et l'usine sont à deux pas d'ici, à la Croix-Rousse (51 rue Deloeuvre / 38 rue Henri Gorjus, et 67 rue Hénon). 7 : C'est ce 15 octobre 64, cinq jours après la séance inaugurale du Midi-Minuit, que sort le premier numéro du mensuel "Mademoiselle Âge Tendre", petite soeur de "Salut les Copains !". En couverture : cette photo de France Gall. Depuis 1963, elle enfile les succès : "Ne sois pas si bête", "N'écoute pas les idoles" (paroles et musique de Serge Gainsbourg), "Laisse tomber les filles" (paroles et musique de Serge Gainsbourg), "Sacré Charlemagne". Le 20 mars 65, elle remporte le Grand prix de l'Eurovision - pour le Luxembourg - avec "Poupée de cire, poupée de son", écrite pour elle encore par Serge Gainsbourg.
8 : Maurice Ronet est Alain Leroy dans "Le Feu Follet", de Louis Malle, sorti en 1963, d'après le roman de Drieu La Rochelle. Avec une amie, Françoise Carrier, je le vois une première fois à l'Ambiance (au 12 rue de la Ré), à Lyon, le samedi 18 avril 64. Je le revois au ciné-club Traboule 59 le 3 février 65. Je n'ai cessé depuis de revoir et revoir ce film. En particulier cette séquence avec pour bande son la première Gnosienne de Satie.
9 : Cette année 1964, René Goscinny reçoit le Prix Alphonse Allais de l'humour, pour "Le Petit Nicolas et les copains", paru l'an dernier. Effectivement, le Petit Nicolas est assez exemplaire de l'humour de René Goscinny. Mais Sempé n'a besoin de personne pour que s'affirme son immense talent, il est devenu le dessinateur d'humour n°1 en France (et pas que !), et il va le rester durant des décennies (ses dessins pleine page accompagnent nos vies dans Paris-Match, LUI…). 10 : l'été 1965 parait un numéro spécial de la revue "Cinéma 65" (n° 98, de juillet-août) qui va finir d'orienter ma vie, déjà fasciné que je suis par le cinéma image par image. Ce numéro, sous l'égide d'André Martin, critique passionné et passionnant, fait le point sur le cinéma d'animation mondial après le festival biennal d'Annecy de ce mois de juin. Il focalise sur "huit qui ont changé la face du cinéma d'animation" : John Hubley, Mimica et Vukotic, Valerian Borowczyk, Bretislav Pojar, et "les Maîtres fous de la couronne" : les britanniques George Dunning, Richard Williams, Bob Godfrey, que nous présente Michel Roudevitch, de sa plume fantasque et inspirée. Ce numéro spécial évoque des dizaines d'autres réalisateurs, avec de nombreuses, sublimes et follement alléchantes images, en noir et blanc, mais qui ne donnent qu'une envie : les voir bouger sur un écran ! Et avec leurs couleurs ! C'est décidé, je serai à Annecy 1967 ! En 1995, dans le bulletin du festival d'Annecy, j'écrirai l'éloge funèbre d'André Martin. Je lui devais bien ça.
1 & 2 : Dans le n° 358 de "Pilote" du 1er septembre 1966, avec "Niche forcée à perpette", apparaissent deux magnifiques et très drôles personnages de marins félins, Goutatou et Dorochaux, créés par Mouminoux (Guy Mouminoux est son vrai nom, c'est pas beau, chat ?). À cette date, Mouminoux est déjà un pro de la bande dessinée, et il n'a pas fini de surprendre par ses talents : en 1967 "Le Soldat oublié", récit autobiographique pour le moins non-conformiste, des BD de guerre cruelles et poignantes dont la première est "Kaleunt" (1988), la longue série en BD des "Eugène Krampon" ("le Goulag") à partir de 1976, etc. En bref, "l'un des auteurs les plus originaux de la langue française" (Patrick Gaumer).
3 : 6 novembre 1965 : surprise, dans le Progrès de Lyon, Albert Pompara, notre cher journaliste en gabardine vert bouteille (c'est de saison), délaisse ses coutumières critiques de peplums, films fantastiques et films légers, et se laisse aller à écrire sur un film moins difficile : "Quand l'inspecteur s'emmêle" (le second et peut-être le meilleur opus de la série de l'inspecteur Clouseau, sans doute le seul film pour lequel subsistera une trace d'Elke Sommer pour son rôle au côté de Peter Sellers). Alors Albert, un moment de coupable faiblesse ? Il faut dire qu' Elke Sommer était bien craquante. Elle laissera le souvenir de l'une des plus audacieuses porteuses de choucroute de ce temps pourtant prodigue en pièces montées capillaires.
4 : L'année 1965 est pour Vasarely, pourtant artiste reconnu et lauréé (en vignette : son "Lapy" de 1965), celle de sa véritable reconnaissance publique, grâce à l'exposition "The Responsive Eye" au "New York Museum of Modern art". Il est aussitôt sacré "père de l'Op-Art", et se déclenche pour les années suivantes une invasion de la mode, de la publicité, du design, par ce nouvel art. Contribution à cet avènement : cette année 65, une partie du n° 122 de la revue Graphis lui est consacrée.
5 : Bon, contrairement à mon cher papa, je ne m'intéresse pas au vélo, ni au sport, mais difficile ces années-ci de ne pas entendre parler des exploits de Jacques Anquetil (ici, dessiné par Pellos pour une pub Banania) : ce 14 juillet 1964, il vient de gagner son cinquième Tour de France ! Avec 55 secondes d'avance sur Poulidor, son concurrent chronique.
6 : 6 mai 1964, 20H 30, Lyon : pour une soirée, à la Salle Rameau, je joue Dupont-Dufort fils, dans la pièce "le Bal des Voleurs" de Jean Anouilh. Notre petite troupe avait répété ferme durant les mois précédents, à "l'école Flammarion" (en fait école "La Fontaine" place Flammarion à la Croix-Rousse) sous la direction de Madame Gerbe. Il m'en reste juste cette pas très bonne photo de la sublime Évelyne Leroy. Elle joue avec un incroyable talent naturel le rôle de la nonchalante Lady Hurf. La fille du directeur de l'école (bien jolie elle aussi) tient le rôle de l'une des deux nièces de Lady Hurf. Mon ami Marc Gilles celui de Peterbono, le séduisant chef des "apaches", et c'est le doux Philippe Lavergne qui assure les interludes en jouant de la clarinette devant le kiosque à musique.
7 : En 1964, Gigliola Cinquetti, alors âgée de seize ans, représente l'Italie au Concours Eurovision de la chanson avec Non ho l'età : elle remporte le grand prix.
8 : 16 octobre 64, 0H 42 du matin, chemin Vert, Lyon : Marc Gilles écrit "pour Gérald, parce qu'il est malade", un joli conte, celui du petit Monsieur qui, par une incompréhensible erreur, achète le journal du surlendemain, et y lit son avis de décès. De Marc, presque un demi-siècle plus tard, il me reste quelques textes, qu'à l'époque je trouvais éblouissants, ils me donnaient bien des complexes, moi qui m'essayais aussi à écrire... Et quand je les relis aujourd'hui, je trouve qu'ils n'ont rien perdu de leur force ni de leur beauté. J'espère que, de tout ce temps écoulé, Marc en aura consacré un peu à ce talent si exceptionnel, qu'il aura été un rien fidèle à ce poète adolescent qui me bouleversa tant.
9 : 24 juin 1965 : mon agenda m'apprend que ce jour-là, avec Marc Gilles, je suis allé voir un concert de Don Cherry (free Jazz) à la salle Rameau, que je me suis réconcilié avec mon ami Zwordzki (je m'étais disputé avec lui le samedi 29 mai, presque un mois de brouille !), et que le même jour je me suis foulé la cheville droite ! Quelle activité !
10 : Elle est la plus discrète des actrices de ce temps, elle en est l'un des visages les plus émouvants : Ligia Branice apparait dans les films confidentiels de son mari Walerian Borowczyk ("Dom", "les Astronautes"). En 1966 elles est "Rosalie", court-métrage d'après Maupassant qui remporte un Ours d'Or à Berlin. En 1968 elle sera la femme de Pierre Brasseur, gouverneur de "Goto, île d'amour". En 1971, dans "Blanche", elle sera convoitée à la fois par Jacques Perrin, Georges Wilson, Lawrence Trimble et Michel Simon, rien que ça ! On l'aperçoit aussi dans la Jetée" de Chris Marker. Elle sera soeur Clara dans "Intérieur d'un couvent" en 1978. Et ensuite ?
1 & 2 : En 1961, le "Napoléon de la restauration rapide", Jacques Borel, avait ouvert à Paris le premier Wimpy, ancêtre des Mac Do, des Quick et autres temples du hamburger-frites-milkshake-soda. Je ne sais pas à quelle date fut inauguré à Lyon le Wimpy de la rue de la Ré (il se trouvait au n°10, à, l'angle avec la rue Neuve). C'était l'une des cinq succursales de province. Ce dont je me souviens, c'est que nous ne considérions pas l'endroit comme une antre de la mal-bouffe, non, juste comme un lieu lumineux et plaisant, à la mode américaine, où se retrouver entre jeunes pour manger pour pas cher un morceau sur le pouce, avant ou après une séance de cinéma ou une "surpatte". Souvenez-vous : un clavier sur le mur à portée de chaque table commandait un juxe-box avec les airs en vogue ! Le nom choisi pour baptiser ces restaurants, Wimpy, était celui du copain de Popeye qui a toujours des petits pains ronds dans les poches pour faire face à sa sempiternelle fringale. 3 : "Cow-boy Kate" est un livre de très belles photographies en noir et blanc de Sam Haskins, paru en France en 1965. À l'époque; il sentait le soufre. À le feuilleter aujourd'hui, on se demande bien pourquoi... Autres temps, autres moeurs. 4 : Ce second trimestre 1964 parait chez Jean-Jacques Pauvert "La vie est belle", recueil de dessins d'humour de Tetsu. Et non, la vie n'y est pas belle. Juste quotidienne et glauque. Drôle de loustic que ce dessinateur d'humour ! On trouve ses dessins dans toute la presse populaire. Pourtant c'est comme si, à la joyeuse obscénité des personnages de Dubout, il avait substitué une noirceur et un pessimisme d'entomologiste au bord de la nausée. Tetsu obtient d'ailleurs cette année 1964 le Grand Prix Granville de l'humour noir. À la même époque ses dessins pornographiques tristes de gens laids et banals à la fantaisie résignée, sont édités à Amsterdam sous le titre "How do you do ?" (en vignette, un barbichu qui dans son intégralité serait immontrable ici). 5 : dans le Hara-Kiri mensuel de ce mois d'octobre 1965 où le Midi-Minuit débute sa seconde saison, Gébé a imaginé pour OMO la boîte de lessive qui, une fois vide, vient prendre sa place dans votre bibliothèque ! C'est parti pour le lavage de cerveau intégral ! 6 & 7 : En ces années 60, René Hausman est en quelque sorte l'illustrateur animalier officiel du Journal de Spirou. En 1964 sort son album "La forêt secrète", puis en 1965 "Les fables de La Fontaine Tome 1" (vignette). Il n'a que momentanément laissé de côté son petit couple préhistorique, Saki et Zunie (vignette), dont il fait vivre dans Spirou les aventures depuis 1958. En 1965, il leur consacre tout de même un joli petit album : "Saki et l'ours", le n°2 de la "collection du Carrousel" chez Dupuis. 8 : La douce Macha Meryl en 1964 est "Une femme mariée" de Jean-Luc Godard. Débarassé de ses vêtements, son corps de nymphe à la Puvis de Chavannes (valeur sûre lyonnaise) y fait une apparition éminemment émouvante en ces temps de parcimonie d'images de chairs. 9 : Au XXIème siècle, le président Obama et son épouse Michelle liront, avec force mimiques, le livre "Max et les Maximonstres" à leurs enfants. Pourtant, à sa publication en 1963, "Max et les Maximonstres" connaît de la part des familles bien-pensantes un accueil hostile, même si en 1964 il reçoit la médaille Caldecott, qui récompense aux États-Unis le meilleur ouvrage illustré pour enfants. En cause : l'attirance de Maurice Sendak, son auteur, pour les aspects sombres, transgressifs, cauchemardesques de l'imaginaire enfantin. En 1970 sera publié son album incontournable, "Cuisine de nuit", que j'achèterai à la librairie "Chantelivre" rue de Sèvres à Paris. 10 : C'est cette année 1965 que pour la France est adopté "Nutella" pour désigner la pâte à tartiner jusqu'ici vendue sous le nom de "Tartinoise". Les réclames la présentent avec une tartine de pain, un couteau, des noisettes et un verre de lait. Rien depuis n'a changé. Sauf qu'en 2012 le fabricant a perdu un procès contre une mère de famille californienne "choquée de découvrir que le Nutella était une nourriture ni saine ni nourrissante", et "qu'il était à peine mieux que des bonbons", soutenant qu'elle ignorait qu'il était si gras. Les juges américains l'ont crue ! Amusant, non ?
1, 2 & 3 : ce sont les débuts d'un illustrateur et affichiste qui va se révéler le plus populaire de France pour les 20 ou 30 ans à venir. Jean-Michel Folon s'essaie d'abord au dessin d'humour : c'est pas son truc, mais dans le "Bizarre spécial dessin d'humour 1964" on trouve déjà ses petits bonhommes avec de drôles de galurins plats. En 1964 ses dessins sont présentés à la librairie Le Palimugre de Jean-Jacques Pauvert, à Paris. En 1965, les apparitions de ses dessins se multiplient : il réalise l'affiche du long-métrage à sketches "Paris vu par
", il est l'auteur de la campagne de pub pour Pariscope (on en voit une double page dans le numéro de "LUI" de Noël 65), etc. En 1966 c'est fait, ses bonshommes ont leur touche définitive, ils sont parés pour la célébrité qui pointe. En vignette, vous voyez un détail du faire-part de déménagement (cliquez pour le voir en entier) dessiné par Folon pour son ami le photographe Jean-Loup Sieff, qui s'installe 87 rue Ampère. 4 & 5 : la version française du magazine américain Mad sort en novembre 1965 ; parmi les grands classiques du Mad historique, on trouve "Spy VS Spy" de Antonio Prohias, aventures en une page de deux espions (l'un habillé de blanc et l'autre habillé de noir) qui s'entre-détruisent indéfiniment, parodie des aventures de Bib-Bip et Coyotte, allégorie absurde et réjouissante de la guerre froide dans laquelle vit encore le Monde, et de ses agents secrets qui se déchirent dans l'ombre. 6 : Le mercredi 28 avril 1965, à Lyon, au ciné-club Traboule 59, passe "Muriel" de Resnais. Nous nous y retrouvons avec Claude Loubarie, et l'ami Roger Grange, en dernière année de l'École Vaugirard à Paris, et directeur de la photo du film de Claude, "Yonah" (je vous en parle par ailleurs). Roger, en première partie de programme, nous présente son premier film, un court-métrage : "Le Partage de l'eau". En 2009 il m'en a confié quelques photos, dont celle-ci. 7 : quand, adolescent français du milieu des sixties, on lit Play-Boy, c'est bien connu, c'est d'abord pour la qualité des interviews et des graphistes qui s'y trouvent ! Et on y découvrait de sacrées merveilles ! En pages centrales ? Non, je parle toujours des talents qui s'y exprimaient. C'est comme ça que j'ai vu pour la première fois des dessins de Gahan Wilson (comme ce vampire en octobre 1965), et franchement, il y avait de quoi en rester baba ! Surtout pour l'amateur des films du Midi-Minuit Fantastique que j'étais ! 8 : "Giff-Wiff" est le nom d'un fanzine fameux édité ces années-ci par le "Club des Bandes Dessinées" qui devient en 1964 le CELEG (Centre d'Études des Littératures d'Expression Graphique, dont fait partie Alain Resnais, grand amateur de BD). Le nom "Giff-Wiff" a été emprunté à un charmant petit animal, amphibien, de taille réduite. Il est d'humeur très douce, ce qui en fait un compagnon tout ce qu'il y a d'agréable, avec toutefois un défaut ruineux : il se nourrit exclusivement de perles précieuses ou, à défaut, de tapioca (non, ce n'est pas le tapioca qui coûte cher). Il appartient à une race en voie d'extinction : on n'a plus signalé sa présence depuis son apparition aux côtés de Pim-Pam-Poum dans le Journal de Mickey en 1935. Pour trouver à coup sûr le Giff-Wiff (je parle du fanzine) à Lyon, une seule adresse : la librairie La Proue, rue Childebert. C'est là que je l'achetais, juste en face du CETELEM où travaillait ta maman. 9 : Buster Keaton tient son dernier rôle dans un long-métrage, "Quelque chose de drôle est arrivé sur le chemin du forum", film de Richard Lester. Il incarne Erronius, personnage en quête de ses deux enfants. Le générique de Richard Williams, en forme de fresque murale animée (par des mouches) (cliquez pour en voir les images sur le site de Michael Sporn, le plus beau et complet site qui soit sur le cinéma d'animation), est une pure merveille ! On y voit s'immobiliser, en motif de fresque mauve sur rouge et or délavés, Buster Keaton en son ultime course. Quand le film sort, en 1966, Buster n'est plus de ce monde. Je ne connais pas encore ses films, je ne les découvrirai vraiment que plus tard, à Paris, vers 1971 ou 72, avec mes amis les Michel & Michel, à l'occasion d'une grande rétrospective à la Cinémathèque française. 10 : Depuis 1960, le sculpteur César centre son travail sur la technique de la "compression dirigée", qui devient sa marque de fabrique : à l'aide d'une presse hydraulique, il compresse des objets divers, dont des voitures. En 1965, coup de théâtre, il présente son célèbre Pouce agrandi (1,85 mètre de haut). C'est l'empreinte de son propre pouce. C'est son oeuvre la plus médiatisée et répétée. En 1967, en inversant (pouce !) l'esprit des compressions, César présentera au Salon de Mai "La grande expansion orange", réalisée en polyuréthane.
1 : Ces années-ci, l'impériale et impérieuse Diana Vreeland règne sur Vogue, le plus puissant des magazines de mode. On lui doit la citation qui ouvre cet écran. En 1957, Stanley Donen l'a prise pour modèle dans "Drôle de frimousse" (cliquez), et William Klein en fera autant dans "Polly Maggoo" (cliquez encore). Elle a aussi déclaré : "I want to die young - at seventy. I want to die young - at eighty. I want to die young - at ninety." Pari tenu ! Elle disparaîtra - young - à 86 ans en 1989. 2 : Edward Gorey est connu pour ses dessins depuis le début des années 50. Pas en France, essentiellement dans son pays, les États-Unis. Pour autant que les USA soient la patrie d'un New-Yorkais... C'est aussi dans "Play-Boy" (magazine décidément résolument culturel !) que j'ai vu pour la première fois des dessins de Edward Gorey. Comme disait W.C. Fields, "un homme qui déteste les chiens et les enfants ne peut être complètement mauvais"... Et Gorey détestait les enfants (cliquer ici) autant qu'il aimait l'opaque, le funèbre et le compassé Victorien, les jeunes agonisantes aux cernes las, le dévouement obséquieux d'une Mort attentionnée, les vampires énigmatiques et les chats. Pour les chiens, je ne sais pas... J'arrête ici, il y a tant à dire et à montrer ! C'est encore chez l'indispensable Diogenes que je me procure ces années-ci quelques livres de Gorey. 3 : l'été 1965 Claude Jade (elle a 16 ans et est encore élève au lycée et au conservatoire de Dijon) est contactée pour jouer un petit rôle dans un téléfilm : celui de Mlle Lily dans "Le Crime de la rue de Chantilly". Là voilà lancée. En juin 1967, François Truffaut la découvrira ("Danielle Darrieux à ses débuts" dira-t-il) alors qu'elle joue au théâtre, et il lui proposera le rôle de Christine Darbon dans "Baisers volés". "Représentant aux yeux de la critique et du public la pureté, la grâce, le naturel et la simplicité", elle va poursuivre ce rôle dans "Domicile conjugal" (1970) et "L'Amour en fuite" (1978). Mais ceci est d'un autre temps... celui à venir... 4 : En 1966, le téléviseur portable Téléavia P111 est mis sur le marché contre l'avis de la direction de l'entreprise. C'est un bouleversement par le designer Tallon de l'architecture du téléviseur et un gros succès commercial : le "Téléavia Tallon" devient d'emblée un "objet culte". Ce sera pour Doudou et moi, "notre" télé tout le temps des années 70, dans nos trois domiciles autour du square du Temple à Paris" (cliquez). 5 : Ah, Hector ! Pas Yéyé pour un sou, son répertoire était plus souvent crié que chanté. En témoigne cet extrait du film "Cherchez L'idole" (sorti en 1964) où l'on peut apercevoir Hector en compagnie de ses Médiators se faire huer lors de son interprétation d'"Il faut saisir sa chance" (allez à la 29ème minute, et juste après Hector, poursuivez avec Sylvie Vartan qui chante "Ce soir, je serai la plus belle pour aller danser", ne la loupez pas, elle est craquante ! D'ailleurs tout le film mérite d'être vu !). La plupart du temps dos aux spectateurs, Hector saccage la scène avant de faire une descente dans le public. On peut aimer ou ne pas aimer Hector, mais un homme qui chante (?) à son public : "Je vois que vous ne m'aimez pas - Mais je vous le rends bien - Toujours, tout nous séparera - D'ailleurs, j'y compte bien", ne peut pas être complèment mauvais (les paroles sont de Jean Yanne). Toujours accompagné de son valet, il brûlait la chandelle par les deux bouts. "Toujours de frac vêtu, capable d'arriver en éléphant au Golf Drouot.../... concevant l'échec comme un but de carrière potable, Hector était un vrai avant-gardiste" (Charles Von Strychnine). 6 : Ce mercredi 30 mai 2012, j'ai suivi sur Arte un documentaire sur une très belle histoire d'amour : celle de Nikki de Saint-Phalle et de Jean Tinguely. Deux humains lumineux, simples, entiers, attachants, libres. Il faut entendre Tinguely affirmer sans emphase combien il déteste l'art et les artistes, et que seule, pour lui, importe la poésie. Longtemps, j'ai eu de l'Art une vision "sérieuse". Tout a changé quand un jour des années 90 j'ai vu la passion que portaient mes deux petits aux sculptures animées du couple, les multicolores surtout, sur le bassin près de Beauboug. Je me suis demandé "c'est quoi, de l'Art qui n'enchanterait pas les petits enfants ? - Pas grand chose". 7 : C'est à partir de 1964 que Niki réalise en papier mâché, grillage, puis résine polyester, des poupées grandeur nature ou monumentales, de femmes plantureuses, joyeuses et colorées appelées "Les Nanas". De bonnes géantes qui sautillent, rebondissent, virevoltent... En 1965 Niki, en collaboration avec Jean Tinguely, installe au Moderna Museet de Stockholm, "Hon", Nana géante de vingt-trois mètres cinquante de long et six de haut. Elle pèse six tonnes. Hon est superbe... et ouverte aux visiteurs. Que le public doive y entrer par son vagin fait scandale ! 8 : Jean Tinguely en 1963-1964 réalise pour l'exposition nationale suisse à Lausanne la grande sculpture "Euréka". En 1966 il conçoit le rideau de scène et les décors de l'"Éloge de la folie", ballet de Roland Petit, à Paris. 9 : en ces années 60, Salvador Dali est depuis longtemps au sommet de sa gloire. Mais "le 27 août 1965 sera la journée la plus importante de la vie paranoïaque-critique de Salvador Dali" (dixit l'un de ses exégètes), avec la création du tableau emblématique "Le Mystique de la Gare de Perpignan". "L'unique chose dont le monde n'aura jamais assez est l'exagération". (Dali, Journal d'un génie adolescent, 1964). C'est aussi en 1965 que Dali fait son "Autoportrait en Mona Lisa". 10 : cette année 1965, Amanda Lear rencontre Salvador Dali ; il fait d'elle son modèle et ils vont entretenir une relation de quinze ans. Dali va affirmer qu'Amanda Lear est en fait un homme. Jusqu'ici inconnue, elle comprend tout le parti qu'elle peut tirer de ces sulfureuses révélations et se présente comme l'"égérie de Salvador Dali". On peut la voir ICI (cliquez), lors d'une interview de Dali. En 2012, elle est toujours une "pipole" en vue.
1 : En 1960, Pat Mallet a inventé dans le journal "Spirou" les aventures de "Pegg" le petit robot. Ces trois années 64-66, on ne le verra que dans un "mini-récit" ("Les malheurs de "Pegg"), avec le Spirou 1396 du 14 janvier 65. Mais pour Patrick Mallet la gloire est pour bientôt, quand il créera dans le magazine "Lui" sa bande de petits hommes verts, extra-terrestres espiégles pétris de bonté, gentils obsédés dont les Terriennes sont folles. De Patrick Mallet, je me souviens avoir acheté, au début des années 70, à une bouquiniste des quais de Seine, des cartes de voeux représentant des vampires dessinés à l'encre dorée. Cette bouquiniste était sa maman. 2 : C'est à Lyon, entre le 12 et le 29 février 1964, qu'au Théâtre des Célestins, je vois "la Guerre de Troie n'aura pas lieu", de Giraudoux. Dans le rôle d'Hélène, Françoise Golea est certes belle (on ne déclenche pas une telle guerre pour un boudin !), mais... "Sincère, joue juste, manque de force intérieure", avait écrit d'elle Jean Vilar en 1953. Elle est l'anti-Arnoul, et sera du coup vouée à des rôles édifiants. La pièce est au programme de mon abonnement scolaire, je suis en 1ère au lycée Saint-Exupery à la Croix-Rousse, et c'est M. Simon qui nous fait plancher dessus. Je me souviens que j'avais été fasciné par cette pièce pessimiste qui nous parle de destin inéluctable, se désespère des guerres passées et - jouée pour la première fois en 1935 - annonce celles à venir. 3 et 4 : Claire Bretecher commence sa carrière ces années-ci. La première femme de la BD en France est belle à mourir et pas plus souriante qu'une guerrière barbare ("Rhââââhh Lovely !" comme dira Gotlib). Elle a 23 ans quand en 1963, René Goscinny l'associe au projet de renaissance de l'Os à Moëlle, elle y dessine le Facteur Rhésus (sur un texte de Goscinny). Dans l'Os à Moëlle de ce mois de novembre 1965, on trouve de Claire ce dessin de bonne soeur en voile, qui est déjà dans le style de celle de "La Vie passionnée de Thérèse d'Avila" que Claire dessinera en 1980. Elle a déjà son coup de crayon génial, identifiable entre mille ! En 1964, elle réalise dans Record de multiples illustrations et histoires brèves avant de donner naissance, en 1968, à la série Baratine et Molgaga. Parallèlement, elle collabore, en 1965 et 1966, au journal Tintin où elle crée le personnage d'Hector. 5 : En ces temps de bouillonnement d'avant mai 68, la contestation a une voix, ou plutôt trois, qui nous viennent d'Amérique du Nord : celles de Joan Baez, Bob Dylan et Leonard Cohen. 6 Bob Dylan 7 : Leonard Cohen 8 : Mon ami lyonnais Yves Lecointre, esthète toujours curieux de ce qui en met plein les mirettes (il lit les riches magazines "Graphis" et "Gebrauchsgraphik"), me fait découvrir un studio graphique new-yorkais, le "Push Pin Studio". Ses fondateurs vedettes en sont Milton Glaser et Seymour Chwast (l'homme à la pipe). 9 : La lune bien encrée ci-dessus est le logo qu'ils dessineront pour "Ink Tank", la boîte de dessins animés du graphiste et réalisateur Bob Blechman. 10 : Bob (oui, c'est son autoportrait) est déjà célèbre, ses personnages au trait tremblottant se sont fait leur place dans la publicité, l'illustration et le dessin animé (voyez ici son "CBS Christmas Message" pour la Noël 1966, ainsi que celui-ci, toujours pour CBS) . Je ferai en 1981 une première visite à Bob en son studio de la 47th street à Manhattan, en compagnie de Françoise Philippon et de Cathy Rose, qui à cette époque y travaillait. Par la suite, par l'envoi d'originaux et de films, il contribuera au succès du premier colloque sur le dessin animé publicitaire que j'organiserai lors du festival d'Annecy de juin 1983.
1 : En ce coeur des années 60, il existe à Lyon un "Centre d'Études Cinématographiques (CEC), dirigé par un inspecteur "Jeunesse et Sports", M. Gevin, personnage bonhomme et entreprenant, avec la complicité éminente de Louis Debourcieu, prof en fac (je crois). Petit boîteux lumineux, Louis nous prodigue avec générosité, enthousiasme et talent ses remarquables cours d'Histoire du cinéma. L'une des élèves du CEC, Sylvie Aguettant, est aussi l'égérie de l'un de nous, Guy Marconnier, et l'actrice de ses courts-métrages (ici en 1967 dans "Songe à la Douceur"). Nous la trouvions tous bien jolie… En cette seconde décennie du XXIème siècle, Sylvie est peintre, portraitiste de talent et de renom, et Guy est son mari depuis quelques trente ans. 2 : "Glork, passa-fee, gazomnt-gazikka, shtoink, sladap, fagot, splop !", et des centaines d'autres onomatopées, jamais lues auparavant et totalement azimutées, étaient souvent les seules bruitages des absurdes histoires en images de Don Martin (découvrez toutes ces onomatopées, recensées ICI ; et aussi un site pour se familiariser avec son univers ICI). Le public français le découvre (à l'exception de notre ami Alain Reynaud qui avait en permanence le curiosimètre branché sur les moeurs US, et nous en avait déjà fait profiter) dans le Mad français dont le premier numéro paraît ce mois de novembre 1965. Et où l'on trouve cette planche avec l'ahuri de service qui se fait jeter hors de sa chambre d'hôtel par une bande de cafards (ma phobie préférée !). 3 : Sortie en 1965 du film de Richard Lester "Le Knack... et comment l'avoir" (cliquez). Je le vois à l'Aiglon, à Lyon. Dans le rôle d'une nunuche débarquant de sa province dans le "swinging London", Rita Tushingham avec sa bonne bouille est idéale. Mais ce sont quelques visages à peine entrevus (cliquez) dans la cohorte de jeunes délurées anonymes qui retiennent l'attention, tant sont belles certaines de ces starlettes - encore - inconnues (non créditées au générique) : Patty Boyd (elle va épouser George Harrison en 1966), Charlotte Rampling, Jane Birkin, Jacqueline Bisset. Ce film, sympa mais plutôt mal ficelé, va assez curieusement remporter la Palme d'Or au Festival de Cannes 1965. 4 : C'est en 1965 que Jean-Pierre Desclozeaux publie ses premiers dessins dans la presse. Son trait et son humour sonnent d'emblée malicieux et justes. Sa poésie est immense. Il devient aussitôt l'un des dessinateurs d'humour qui comptent, et il compte toujours parmi les plus grands en cette année 2012. En 1967, il fondera la SPH (Société Protectrice de l'Humour) qu'il animera jusqu'en 1976. Il est quelques oeuvres de lui que je regrette infiniment de ne pas posséder, comme "Nénesse", album publicitaire du début des années 70 pour les confitures écossaises "Dundee", mettant en scène un aimable monstre du Loch Ness. À partir de 1968, il est collaborateur du "Nouvel Observateur" où il publie chaque semaine au moins un dessin. Je le suivrai ensuite au journal "Le Monde", où au XXIème siècle ses dessins font chaque samedi la joie des lecteurs de la rubrique gastronomique, et la mienne. Quelle belle et immense carrière ! 5 : L'imperturbable et aristocratique Paul Meurisse dans "le Monocle rit jaune" (1964), du déjà pétaradant Serge Lautner, avec Barbara Steele (oui, NOTRE Barbara Steele, celle des films d'épouvante italiens !), les dialogues de Michel Audiard et la bande son jazzy de Michel Magne ! 6 : Cette année 1964 paraît le premier calendrier Pirelli qui, au fil des décennies et des éditions suivantes, va devenir un objet de légende. Dans le monde des garagistes, des chauffeurs routiers et des mécaniciens, il vient prendre sa place à côté des traditionnels calendriers de "pin-ups". "À côté" seulement, car il est un objet rare, sophistiqué, édité en tirage limité. C'est le photographe Robert Freeman qui a l'honneur d'ouvrir la série, avec des modèles photographiées à Majorque. La vignette montre un bout de l'une de ces photos, une fille jaillissant des flots. Robert Freeman fait aussi ces années-ci de fameuses photos des Beatles, dont certaines feront les pochettes de leurs disques. 7 : autre grand succès d'édition de ce temps, "le Petit Livre Rouge" du président Mao Tsé Toung (qu'on n'avait pas encore retranscrit en "Mao Zedong" !). En le brandissant dans les rues de Pékin le 18 août 1966, les étudiants menés par le commandant de l'armée, Lin Biao, manifestant contre les menées révisionnistes du président Liu Shaoq, donnent le coup d'envoi de la "Révolution Culturelle", plus de trois ans de grand chaos et de fanatisme meurtrier. On me permettra de préférer au Petit Livre Rouge le calendrier Pirelli. 8 : En 1964, Jean Shrimpton, en abrégé "la Shrimp" ("la crevette"), la plus célèbre mannequin du Monde, se sépare du photographe David Bailey qui avait lancé sa carrière en 1960, elle avait 17 ans. Depuis, figure emblématique du mouvement "youthquake" dans le swinging London du début des années 60, elle est devenue le visage le plus vu des couvertures des magazines de mode. 9 : C'est cette année 1965 qu'est inventé l'"Aspartame", produit de substitution au sucre. Cet édulcorant de synthèse, au départ médicament anti-ulcères, objet dès son origine de la forte défiance des autorités sanitaires, ne sera autorisé en France qu'en 1981 sous la marque "Canderel". En 1995, dans juste trente ans, le dessinateur Kiraz mettra ses "Parisiennes" au service du produit en de réjouissantes et sophistiquées annonces publicitaires. Pour revenir en ces années 64-66, Kiraz est déjà très présent depuis 1951, avec ses charmantes figures féminines. Depuis 1959 dans "Jours de France", elles deviennent les figures de proue d'un Monde de Bling-bling, d'insouciance, de frivolité… et d'humour, témoins ces fortes pensées (cliquez) que Kiraz met dans leurs jolies bouches pulpeuses et boudeuses. Une des plus jolies : "Je ne me lasse pas de l'écouter parler : dans chacune de ses phrases il y a un sujet, un verbe et un compliment". De 1959 à 1987, date de la disparition de "Jours de France", Kiraz y aura publié 25.OOO dessins, sans qu'aucun ait été refusé ! 10 : Les temps de vie des mannequins sont éphémères, et au firmament des icônes de la mode, Twiggy succède à la "shrimp" : en 1966 elle est nommée "visage de l'année 1966" par le Daily Express, et "Femme britannique de l'année". En 1967 elle sera complètement lancée. Brindille androgyne aux grands yeux noisette et aux cheveux courts, avec sa bouille de "Cockney Kid", elle annonce un nouveau style dans la mode féminime.
1 : En 1964 parait dans les librairies le premier volume de la collection "Gag de Poche", publié par les éditions Dupuis : "Max l'explorateur" de Bara. Il en paraîtra deux autres consacrés à l'explorateur foutraque (n°52, n°55). 2 : il va sortir 65 de ces "gags de poche" ! Ils vont permettre à un très large public de se familiariser avec le meilleur de la BD et du dessin d'humour : aventures de Cesar (6, 12) et de Gil Jourdan (3, 7, 12, 31, 49, 53, 56, 60) qui vont consacrer Maurice Tillieux dans la place d'immense auteur populaire qui est la sienne, révéler Alley OOP (35, 40), redonner à Pim Pam Poum un nouveau départ (32, 38, 41), faire découvrir des humoristes comme Virgil Partch (9), VIP (20), Henderson (30), Syverson (33), Hin (58), Chon Day (61), André (65), ou rendre hommage à d'autres alors bien connus (Lassalvy, Morez, Barberousse). Enfin "Gag de poche" assure une rediffusion bienvenue à quelques une des BD de Spirou : Bobo, Boule et Bill, Lucky-Luke, Gaston Lagaffe, le Vieux Nick, Benoît Brisefer, la Ribambelle, Johan et Pirlouit... (pour découvrir toutes les couvertures au fur et à mesure, cliquez ici). 3 : Avec le n° 23, nous disons "Bonjour Peanuts" à une bande dessinée merveilleuse et à ses personnages - Snoopy, Lucy, Linus - qui ne cesseront plus de nous accompagner. Nous aurons l'occasion avec deux autre volumes (28 et 36) de finir d'en faire une compagnie familière. La reprise de Peanuts par le mensuel "Charlie" en février 1969 finira d'assoir la popularité de "Peanuts" en France.
4 : avec trois autres volumes de "Gag de Poche" (44, 59, 62), de l'américain Walt Kelly, la France découvre "Pogo" le petit opossum des marais d'Okefenokee et ses amis, tous s'exprimant en phylactères figuratifs ornés et baroques comme jamais aucun auteur de BD n'en imagina. Magistralement traduits par Yvan Delporte, ils conservent dans leur version française toute leur absurdité, leur fraîcheur et leur saveur. "Gag de poche" avait pour avantage à nos jeunes yeux, outre ses choix éclectiques et de qualité, d'être à la portée de notre maigre argent de poche de lycéens. Oui, cette collection magnifique a bien mérité de figurer au tableau d'honneur de nos 60's !
5 : Dans cinq ans, en 1970, dans le film "Dernier domicile connu", Lino Ventura et Marlène Jobert apprendront de la bouche de M. Lenoir, ancien concierge de la Tour de la Glacière (joué par Marcel Pérès), que le témoin qu'ils recherchent, Roger Martin, a déménagé de l'appartement 12A, le 6 janvier 1965, à 11 heures du matin. Ceci ne s'est passé que dans l'espace-temps d'une histoire inventée, mais mon agenda me dit ce que je faisais ce mercredi 6 janvier 1965 où ce M. Martin ne déménagea pas : c'était le jour de mon Spirou, et au ciné-club Traboule 59, à la Croix-Rousse, j'ai vu "les Parapluies de Cherbourg". 6 : affiche du festival de Cannes, du 3 au 16 mai 1965.
7 : Mireille Darc dans "les Barbouzes" : sa fausse ingénuité narquoise (cliquez pour l'extrait du film) fait merveille, elle est craquante ! Une vraie schtroumpfette ! (l'article de Raymond Barkan sur "les Barbouzes" est dans le Progrès de Lyon du 19 décembre 64 : cliquez !).
8 : dans le Journal de Spirou du 7 avril 1966 apparaît pour la premère fois la Schtroumpfette ! Son arrivée a été annoncée dans les semaines précédentes par des publications de portraits retouchés de femmes célèbres (Marianne, sous les traits de Brigitte Bardot, Mona Lisa, la Liberté éclairant le Monde...) coiffées du bonnet blanc, avec la peau peinte en bleu, accompagnées de deux schtroumpfs, l'un interrogatif, l'autre furieux, commentant : "non, ce n'est pas la schtroumpfette !". Elle a été créée par Gargamel, sorcier machiavélique, pour semer la zizanie dans le village des Schtroumpfs. En 1966, on est en pleine révolution sexuelle et cette reine des abeilles livrée en pâture à une centaine de schtroumpfs après des années d'abstinence ou de pratiques déviantes forcées induit - sans qu'on ait trop à se forcer l'imagination - la situation torride qui devrait s'ensuivre !
9 : En 1966 sort "Masculin Féminin" de Jean-Luc Godard. On y retrouve Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya, la chanteuse yéyé, on y découvre la toute débutante Marlène Jobert. Brigitte Bardot, alors déjà star, y fait une apparition. Mais c'est un jeune, beau et lumineux visage inconnu qui nous marque, celui de Catherine Isabelle Duport, actrice éphémère : "elle fut une actrice remarquable et parfaitement cohérente qui ne joua que dans deux films à peu de temps d'intervalle : Masculin Féminin de Jean-Luc Godard (1966) et Le départ de Jerzy Skolimowski (1967). À quoi bon être dans davantage de films lorsque, judicieusement, le point de départ est un point d'arrivée et celui d'arrivée un point de départ, à quoi bon bavarder lorsqu'on a su être à ce point simplement essentielle dans l'oeuvre d'un autre, l'instinctive lucidité plutôt que l'usure. La présence simple pour longtemps, la découverte sans fatalité." (par Nato). Sur un autre blog, l'écrivain Jerôme Leroy écrit lui aussi sur Catherine Isabelle Duport un bien beau texte (cliquez) qui nous parle autant d'elle que de nos années 60. Plus qu'un coup de projecteur : un éblouissement ! 10 : Jean Dubuffet peint depuis déjà la fin de la première guerre mondiale. En 1964, il a 63 ans. Depuis deux ans, en 1962, il a entamé son cycle le plus célèbre et le plus long, qu'il va poursuivre jusqu'en 1974 : l'"Hourloupe". Lors de ses conversations téléphoniques, Dubuffet avait pris l'habitude de crayonner au stylo bille sur un bloc-notes : des aplats rouges, bleus, blancs, sertis d'une ligne noire. Il en fait l'"Hourloupe". C'est sous cette forme que ceux de ma génération font la connaisance de l'art de Dubuffet. À partir de 1966, afin de transposer l'"Hourloupe" en de grandes réalisations en volume, il apprend à maîtriser le polystyrène, le polyester, l'époxy, le béton projeté et les peintures polyuréthanne. En 1967, il cessera totalement de pratiquer la peinture pour se consacrer à ces expériences en volumes.
1 : C'est elle, c'est la pendule qui nous fait patienter en attendant le début du journal ! Le 18 avril 1964, ce sera l'inauguration de la deuxième chaîne. Et le 27 juin 64 l'ORTF, placé sous la tutelle du Ministère de l'Information, remplace la RTF. En ces temps de domination masculine massive seules sont féminines la pendule de l'écran d'attente et les "speakerines". 2 : En 1964, la présentatrice de Télé Dimanche, Noëlle Noblecourt, est renvoyée, officiellement pour avoir montré ses genoux à l'antenne. Interviewée par Vincent Perrot une trentaine d'années après, elle affirmera avoir été renvoyée pour avoir refusé les avances de Raymond Marcillac, directeur de l'information de TF1. Et sinon, quels sont les mâles qui montent ? 3 : Roger Carrel a 36 ans ce 1er avril 64, et une carrière d'acteur (beaucoup de seconds rôles) et de doubleur bien remplie : déjà en 1953, quand Line Renaud chantait "Combien pour ce chien dans la vitrine ?" (cliquez), à votre avis, quel imitateur animalier faisait "ouah ouah" ? Ce 1er avril, il participe sur la chaîne unique à une émission pas banale (cliquez) sur la gaullienne et bien pensante télé française : que des sketches absurdes présentés par Francis Blanche ! Roger Carrel y est monsieur Clignapouf des transports parisiens, et il réinvente le métro ! Dans trois ans Roger Carel fera la voix d'Astérix (et celle d'Idéfix !). Et - également en 1967 - il sera l'inoubliable voix de Kaa, le python hypnotiseur ("aie confiance"), dans "le Livre de la Jungle" (cliquez). Il sera alors le plus célèbre des doubleurs de France, et pour longtemps ! Dans presque 30 ans, Roger Carrel aura la gentillesse de faire le déplacement jusqu'aux Studios de Boulogne (ainsi qu'Uderzo, Micheline Dax, Julien Guiomar, Gérard Calvi
), le mercredi 15 janvier 1992, pour se prêter à mon interview dans le cadre du "Télétoon" n°19 consacré à la bande son des longs-métrages d'Astérix (cliquez).
4 : dans la même émission d'infos-bidons du 1er avril 64, Paul Preboist
5 : 5 : Jacques Martin
6 : Jean Yanne
7 : 25 septembre 1965 : sur nos télés ce soir, dans "les 5 dernières minutes", l'inspecteur Bourrel prend du galon et devient commissaire Bourrel ! (cliquez) En cette occasion ses collègues de la P.J. lui offrent quelques cadeaux particulièrement moches ! Dont un appareil américain à rouler les cigarettes. Raymond Souplex mourra d'un cancer du poumon à l'âge de 71 ans, pendant le tournage du cinquante-sixième épisode : "Un gros pépin dans le chasselas". Bourrel est joué par Raymond Souplex depuis l'origine de la série, le 1er janvier 1958, il l'incarnera encore jusqu'en 1973. En 65 je ne regarde plus "les 5 dernières minutes", mais avec la poignante musique du générique ("Arsenic Blues", composée par Marc Lanjean qui meurt le 26 février 1964) et le "mais bon sang bien sûr !" de Bourrel, elle reste un grand souvenir de mes onze ans, chez ma grand-mère; boulevard Baudin à Alger (cliquez). En cette année 1965, il est diffusé dix épisodes de la série.
8 : le 25 mai 1964 à Hollywood, Jean-Christophe Averty reçoit un Emmy Award pour "Les Raisins Verts", son émission scandale de 1963, où un poupon de celluloïd passait à la moulinette. En 1964 il réalise pour le Le Théâtre de la jeunesse : "La Case de l'oncle Tom" et "Méliès, magicien de Montreuil-sous-Bois" ; en 1965 "Douches écossaises", "Happy New Yves" avec Yves Montand, et "Johnny Hallyday et Sylvie Vartan". En 1966 : "Au risque de vous plaire", "Joan Baez", "Françoise Hardy".
9 : l'affiche de la Foire de Lyon 1964 a été confiée au graphiste suisse Celestino Piatti. Son univers graphique est essentiellement peuplé d'animaux aux couleurs vives, d'oiseaux surtout. Son livre pour enfants "The Happy Owls" en 1963 a fini d'assoir sa notoriété. Et "Animal ABC boom", autre livre-phare de sa production, sort en 1965.
10 : "Les Sentinelles de l'air" ou "Les Aventures de Lady Pénélope" (Thunderbirds), série télévisée d'animation britannique (plus précisément de marionnettes) en 32 épisodes de 50 minutes, créée par Sylvia Anderson et le réalisateur britannique Gerry Anderson, commence d'être diffusée le 30 septembre 1965 sur ITV1. C'est un beau succès d'audience. En France, la série ne sera diffusée qu'à partir de 1976 sur Antenne 2. Le personnage de Lady Pénélope (en vignette) a été élaboré d'après les traits de Sylvia Anderson. C'est Gerry Anderson qui a mis au point le procédé d'animation Supermarionation.
1 :
Je ne devrais pas mentionner son nom, nulle part, il faudrait qu'il soit effacé à jamais de la mémoire des hommes et de la mémoire des mémoires ! Yacef Saadi, héros de pacotille de la "soit-disante Bataille d'Alger", sans doute manipulé par les services français, minable et lâche terroriste assassin de civils et d'enfants, capturé sans se battre, jamais torturé mais balance complaisante livrant ses compagnons de combat, condamné trois fois à mort par les Français et toujours grâcié, envoyant au sacrifice les "résistants" qui avaient eu le malheur et la sottise de croire en lui, puis la paix revenue, vivant de ses rentes et de sa réputation usurpée, en cette année 1966, il produit le film "la Bataille Alger" (il aura le Lion d'Or au festival de Venise 1966). Dix ans après qu'il ait assassiné - entre autres civils - mon camarade de classe Jean Bayle, âgé de 11 ans (cliquez), il revient se pavaner, héros en peau de kelb, il fait son beurre avec le sang d'enfants, et il a l'outrecuidance dans son film et devant les journalistes de prendre la pose pour la postérité ! Et vas-y qu'en bon comédien il nous pleure des larmes de crocodile ! Puisse t-il être un jour voué au néant ! Et même le Chitane ignorer qu'il a pu exister !
2 : Mickey en gros plan sur la couverture de Paris Match laisse perler une larme : Walt Disney vient de mourir. D'un cancer du poumon, le gauche, le 15 décembre 1966, soit deux semaines après son soixante cinquième anniversaire. Faut dire qu'il était un grand fumeur. Faut dire aussi qu'il n'était pas l'un des "Nine Old Men", "les 9 vieux sages", les grands animateurs historiques de ses studios, le noyau dur de ceux qui réalisèrent la plupart des chefs-d'oeuvre des studios Disney du premier âge d'or, et qui eux vécurent jusqu'à des âges canoniques ! Disney, que je vois si sujet à critiques en ces années 60, mais qui glissent sur ma mémoire comme sur les plumes d'un Donald, tant il aura comblé mon imaginaire d'enfant sans que j'aie à m'en plaindre. Bien au contraire !
3 : Avant la Shrimp et Twiggy, Nicole de Lamargé est le premier grand "top model" des années 60. Mannequin depuis 1958, imposée par Peter Knapp, directeur artistique du magazine "Elle", elle travaille avec les plus grands photographes de l'époque, devient le mannequin préféré de Guy Bourdin et de David Bailey. En avril 1969, lors d'un voyage au Maroc, elle meurt dans un accident de voiture.
4 : le 13 avril 1964 Sidney Poitier reçoit l'Oscar du meilleur acteur. Il est le premier noir à recevoir cette distinction, pour le film de Ralf Nelson "Lilies of the Field" ("Le lys dans les champs"). Avant lui, seule actrice noire, l'ample actrice Hattie McDaniel avait remporté l'Oscar du meilleur second rôle en 1939 pour sa prestation de nourrice "politiquement correcte" dans "Autant en emporte le vent". Les temps changent
Sidney Poitier donnera encore aux racistes l'occasion de grincer des dents, quand dans quatre ans il séduira puis plus tard, en 74, épousera la ravissante et blonde actrice Johanna Shimkus, formant ainsi l'un des plus beaux et dignes couples de Hollywood, et l'un des plus durables.
5 : En 1953, Bernard Villemot, célèbre affichiste français, a créé pour Orangina une affiche représentant une table et un parasol formés d'un zeste d'orange. Cette image deviendra le logo de la marque à la petite bouteille ronde inventée en Algérie française. La collaboration entre Orangina et Bernard Villemot durera plus de 30 ans, durant lesquels il dessinera plus de 25 affiches avec l'écorce d'orange en vedette. En vignette, on voit un détail de celle de 1964.
6 : En 1964, déjà connu comme acteur depuis une vingtaine d'années, mais pas comme chanteur, Serge Reggiani reçoit le prix de l'académie Charles Gros pour son album où il chante Vian. En 1966, Barbara qui l'a entendu à la radio l'appelle et lui demande d'être sa première partie dans son tour de chant, il accepte, puis elle le programme vedette américaine de son spectacle de Bobino en 1966. Début 1967, il enregistrera son premier album de chansons originales dont "Les Loups", "Sarah", "Ma Liberté", "Ma Solitude", "Le Petit Garçon", "Le Déserteur". Serge Reggiani deviendra alors le chanteur le plus populaire de la fin du gaullisme. En 1965 il joue dans "Les Séquestrés d'Altona" de Jean-Paul Sartre, mise en scène par François Périer, au Théâtre de l'Athénée.
7 : "Hasta siempre, commandante" est une chanson hommage à Che Guevarra, écrite en 1965 par Carlos Pueblo, lorsque le Che, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde par les deux blocs de la guerre froide, disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l'intention d'étendre la révolution. Le 9 octobre 1967, en Bolivie, il sera capturé et exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA. La chanson connaîtra de multiples interprétations, dont celles de Chico Buarque, Buena Vista Social Club, Compay Segundo ou Robert Wyatt. En France Luke, Nathalie Cardone, ou Les Motivés se sont enroulés dans ce drapeau guévariste. La fameuse photo reproduite ici en vignette a été prise par Alberto Korda dès 1960. C"est seulement en octobre 1967, à la mort du Che, que la photo sera publiée par l'éditeur Giangiacomo Feltrinelli, avec l'avalanche de déclinaisons qui s'ensuivra. Korda la lui ayant donnée "libre de droits", il ne touchera pas un sou. 8 : À partir du 5 octobre 1964 Le Manège enchanté, série télévisée d'animation française en 500 épisodes de 5 minutes (dont 13 en noir et blanc), créée par Serge Danot est diffusée sur la première chaîne de l'ORTF. Elle met en scène le Père Pivoine et son manège sur lequel s'amuse la petite Margote. Un personnage monté sur ressort, Zébulon, la transporte grâce à une formule magique, "Tournicoti… Tournicoton…", au pays du Bois Joli. Elle y retrouve ses amis : Azalée la vache, Ambroise l'escargot, Flappy le lapin, le Bonhomme Jouvence, jardinier commençant toutes ses phrases par "Hep Hep Hep", et Pollux le chien à l'accent anglais. Il n'apparait qu'au septième épisode, et aussitôt vole la vedette aux autres personnages, devenant le héros emblématique de la série (alors que Serge Danot n'en voulait pas). C'est d'ailleurs autour de Pollux que sera construite la série-resucée de 2007. 9 : Oui, encore une image de la Jetée de Chris Marker, celle qui pourrait servir de logo à ce chef d'oeuvre absolu. Parce que Chris Marker nous a quittés (le 29 juillet 2012) depuis que j'ai entrepris cette mosaïque sur mes années 60, et parceque j'ai pu lire à l'annonce de sa mort quantité de commentaires d'une bêtise consternante de malveillance, et d'une inculture aussi crasse que satisfaite de la part des habituels commentateurs des sites d'actualité de l'Internet, ces sinistres abrutis qui régulièment et de plus en plus souvent me font douter que la démocratie puisse jamais exister, et des humains en général. 10 : Chris Marker.
1 : Kiri le Clown, série télévisée d'animation française en 65 épisodes de 5 minutes, créée par Jean Image, est diffusée à partir d'octobre 1966 sur la première chaîne de l'ORTF.
Gérald Dupeyrot
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Pour m'écrire : dupeyrot.philippon@orange.fr