Ce furent le sel et le tracas de nos adolescences Gautiéraines que de devoir affronter le continent si attendu et désiré des filles, si énigmatique aussi, aux hasards d'une parade boulevardière dont tout naturel était exclu.

    Ces filles qui nous faisaient tout d'un coup tourner les sens et chavirer le coeur, passée l'image pulpeuse qu'elles agitaient devant nos yeux, nous n'en savions rien.

   Les "Cailles", on "se les élevait" à part, et on nous en tenait soigneusement à distance.

   Le peu qu'on en avait aperçu, trois pas derrière Papa - Maman, en socquettes et gants blancs, ne nous servait de rien pour décoder ces caravelles toutes neuves qui cinglaient toutes voiles dehors, par tribord devant, en ayant l'air, derrière les lunettes noires, de n'être pas du tout concernées.

   C'est dire si sous nos airs machos nous n'en menions pas large. Nous vivions dans l'angoisse de n'être pas remarqué par "l'élue" et quand c'était fait, dans la terreur du mot ou du geste "de trop" qui viendraient, irrémédiablement, "tout gâcher".

    Geneviève Bordier lève aujourd'hui un coin du voile, et nous livre les savoureux secrets du "camp d'en face".

    On y apprend avec un sourire incrédule, que finalement ces chères petites...

   Mais lisez donc ce qu'elle en dit ! Ca sera beaucoup mieux !

   Oui, on aurait aimé savoir... Mais ne regrettons rien. C'est justement parce qu'ils furent aléatoires, fugaces et menacés que ces premiers émois eurent tant de prix.

   Merci à Geneviève de nous rafraîchir de ses souvenirs. On lui souhaite "bon vent" sur le Pointérodrôme d'Es'mma, mais attention ! Car un Pointer désormais averti en vaut deux...

   En attendant jetez un oeil à l'excellent dessin que tout ceci a inspiré à l'ami Jean Brua.

   Il résume la situation telle qu'on la percevait, là-bas, de notre bord.