CHAPITRE II

A l'assaut des Pointers !

Une stratégie de groupe





La P'tite Caille, pour pouvoir croiser enfin les Pointers va devoir faire preuve d'imagination, et s'en servir au maximum. Non mais !



Faut pas croire, on s'entre aide...


Pour cela, la P'tite Caille n'hésite pas à s'adjoindre d'autres copines de classe.
Il est ab-so-lu-ment indispensable d'obtenir les meilleures infos sur les activités des Pointers, leurs projets, la mode, et pour cela passer en revue le dernier "Elle" ou "Marie-Claire", afin de recueillir les impressions des copines sur les jupons ou sur le "soutif" qui leur fera une poitrine d'enfer.




Tout est dans l'organisation


La P'tite Caille, faut pas croire, a du pain sur la planche :
Comment s'organiser pour aller faire la rue Michelet en sortant de classe, pour voir s'ils sont là ?
Comment aller à la prochaine surprise-party ?
Comment faire pour dire à l'un des Pointers qu'il est plus intéressant que les autres, sans "se prendre un bogg" devant tout le monde ?
Cela n'a l'air de rien, mais c'est é-nor-me comme travail. L'imagination est sollicitée, la créativité aussi !
La concurrence est grande, et il n'est pas question d'échouer...





Ici - Alger Magazine, soyons "People"


La P'tite Caille utilise aussi une bonne partie de son temps libre, et donc son énergie, à savoir quel pointer est avec quelle caille, les dernières dragues de la dernière surprise-party... celle justement à laquelle elle n'a pas pu se rendre !




Premier écueil : On ne la "fait pas" à Madame Mère


La P'tite Caille de bon élevage, on l'a bien compris, ne fait hélas pas toujours ce qu'elle veut.
Loin s'en faut !
Pour sortir c'est-à-dire en premier lieu aller faire la rue Michelet, aller en surprise-party, ou même à la piscine, la P'tite Caille doit rendre compte de son projet à sa Maman.
Madame Mère n'est pas, en effet, née de la dernière pluie.
Elle a rencontré elle-même dans sa jeunesse de très grosses difficultés pour approcher la gent masculine et ses fiançailles ont été entourées de mille précautions.
Elle a dû, elle aussi, même si elle ne l'avoue pas, louvoyer entre mensonges et omissions.

La P'tite Caille se résignera donc à montrer patte blanche avant de pouvoir sortir.
Faute de n'avoir pu obtenir certains renseignements, l'autorisation ne sera pas accordée.





La P'tite Caille tire des plans sur la comète


Une P'tite Caille d'un bon élevage ne sort pas le soir, sauf occasion exceptionnelle et chaperonnée.
La P'tite Caille, afin de ne pas essuyer une réponse négative, doit donc organiser au moins trois à quatre jours à l'avance, l'emploi du temps du week-end.
En fonction des informations qui auront circulé, il y aura nécessairement, le samedi après-midi, la parade de la rue Michelet.





La P'tite Caille attend son heure


Le choix de l'heure est stratégique : trop tôt dans l'après-midi c'est à coup sêr s'épuiser inutilement.
Il faut arriver vers 17h30 voire 18 heures, fraîche, rose, la tête haute, le menton en avant.
Tout comme la poitrine d'ailleurs.





Branle-bas de combat


La P'tite Caille revêt alors la robe vichy rose petites bretelles et jupon gonflant, avec un rien de dentelle qui dépasse. Puis, chaussée de ses escarpins d'un blanc immaculé bien sûr, sac et gants blancs assortis, elle va rejoindre au coin de la rue son inséparable Caille.
Car une caille ne va pas faire la rue Michelet seule, cela fait mauvais genre.





Mise en jambes.


Là, elles se rendent en haut de la rue Richelieu, direction la Grande Poste.
C'est la mise en jambes.
L'essentiel va se passer un peu plus loin. Suivez l'guide...





Rassemblement de l'escadrille


C'est bien le bout du monde si, avant d'arriver au point stratégique des Quat'Zarts, la P'tite Caille n'a pas rencontré encore d'autres copines.
Briefing instantané, où la stratégie prend une grande place...

Petite inspection commune des tenues :

   - "C'est ma mère qui m'a fait cette robe".
   - "T'as vu mon nouveau soutif ? Je l'ai acheté ce matin chez "Tanagra", en face de la rue Hoche"
   - "Tu n'as pas mal aux pieds avec tes escarpins neufs ?"
   - "Je suis de mariage samedi, à Saint Charles, il faut que je les casse".

Revue des nouveautés des accessoires, des coiffures...
Tout est-il bien en place ?
La dentelle du décolleté est-elle suffisamment suggestive ?





C'est parti !


OK, on décolle...
Les P'tites Cailles en rangs serrés, se dirigent enfin vers la Grande Poste, assez excitées à l'idée de rencontrer les chers Pointers.




Objectif premier : bien voir et se faire voir,
sans que cela se vo
ie...


Tout d'abord se faire remarquer en qualité de disciple de Brigitte Bardot, c'est évidemment un plus.
Pour cela essayer de copier sa démarche chaloupée, ses robes et sa chevelure.
Chers Pointers, si vous aviez su ce que cela réclamait pour nous de trésors d'ingéniosité, car il ne fallait pas tomber dans la vulgarité.





Objectif (le vrai) en vue !


Que dire des Pointers, de leurs pantalons moulants, de leurs mocassins à petite boucle, et de leur pull col en V !
Qu'ils étaient beaux, indéniablement beaux, charmants, attirants. Tous frères d'Alain Delon, de Gérard Blain ou de Jacques Charrier.
Ils déboulaient en lignes serrées face aux P'tites Cailles qui étaient en groupe, mieux : en grappes !
Pourvu qu'ils nous voient, qu'ils nous regardent ensuite, et nous parlent enfin.





Cadré en un coup d'oeil !


La P'tite Caille a l'oeil exercé. Elle a intérêt à faire vite !
- Couleurs et coupe des vêtements des Pointers, chaussettes assorties aux chaussures...
- Cravate, boutons de manchettes de leur chemise...
Tout était passé en revue.
Une P'tite Caille ne sort pas avec n'importe qui !





Ensuite, la stratégie de groupe...


Si l'une des P'tites Cailles connaît un des Pointers de la ligne d'en face, elle fait passer la consigne discrètement : arrêt sur image ! Prénom, âge, classe ? À Gautier ou à la Fac ?
Il faut tout le pedigree pour faire son choix !
Là, faussement placides, la P'tite Caille et ses copines savent que dans les pays Méditerranéens c'est l'homme qui choisit. Elles s'immobilisent donc quelques mètres avant de télescoper les Pointers, laissant les deux protagonistes qui se connaissent, échanger diverses banalités.
Pendant ce temps, après quelques secondes d'hésitation dans les deux camps, le reste des troupes fait connaissance, se fond, se mélange, se fait la bise, et s'ébranle à nouveau à pas plus lents, vers la Grande Poste.
On n'y est pas encore !
À ce rythme là, on fait une fois ou deux la rue Michelet dans la soirée. Pas plus.
Mais c'est nécessaire. Il faut du temps pour arriver à ses fins. Celui-ci que la P'tite Caille avait remarqué, ne voilà t-il pas qu'il parle à une autre !
Ah non alors !...
Il faut agir, et vite : travail d'approche, jusqu'à ce couple illégitime qui ose se former.
Puis, s'introduire dans la conversation.
Là, trouver la faille de l'autre P'tite Caille, et "prendre la main" dans le dialogue. S'imposer intelligemment en plaçant une réflexion bien envoyée. Gagné !... Le Pointer un instant détourne son regard, ça y est ! Il s'aperçoit enfin qu'elle existe.
L'autre P'tite Caille bat en retraite, vaincue. Na !...





Une fois le "remarqué" ferré, on lui passe la main


Enfin, les groupes s'étant formés, les couples aussi, les Pointers se montrent alors assez directifs, voulant censément savoir l'emploi du temps du jour, et si possible prendre une initiative : "si on allait au ciné ?".



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