La dimension magique du cinéma fait partie de l'imaginaire des Esmmaïens d'avant la télévision. Entendez ceux qui se rendaient chaque week-end (après avoir réservé sur plan, comme à l'opéra) dans l'une des "salles obscures" d'Alger pour s'y faire raconter en images animées, les légendes qui enchantaient leurs lectures, les mondes d’aventure et d'exotisme, les blagues du burlesque — souvent muettes — associées aux grands comiques du temps : Harold Lloyd, Buster Keaton, Laurel et Hardy. Et "Charlot".
     Dès les années 40, les deux premiers n'apparaissaient plus qu'en première partie de programme. Le duo des seconds, plus jeunes, aurait encore une belle carrière. Mais ni le temps, ni les progrès des prises de vue et de son (l'avènement du parlant était encore récent pour les plus vieux d’entre nous), ni les héros de western et de cape et d'épée ne pourraient démoder le vagabond à melon et chaussures de clown. Même aujourd’hui, "Charlot" est éternel.
     En 1931, il était une telle vedette pour les Algérois qu'il avait été reçu avec tous les honneurs à l'occasion d’une visite organisée à son intention par les frères Aletti, propriétaires du palace de front de mer qui venait à peine de sortir de terre.
     Les recherches récentes du rat de bibliothèque en chef Gérald The Webmaster ont permis de mettre au jour une série d'articles de L'Écho d'Alger consacrés à l’événement, à partir d'une très étonnante photo conservée dans la famille d'Edmond Brua (voir écran "Salons Aletti"). Et également un compte-rendu de L'Afrique du Nord illustrée.
     L'examen de ces différents documents pose un problème de dates. En effet, l'histoire officielle de l’Aletti (aujourd'hui Es Safir) confirme bien la visite "inauguratoire" de Charlie Chaplin, mais elle la situe en 1930, alors que le reportage de L'Écho la date irréfutablement du 15 avril 1931. On peut en déduire que l'hôtel a été inauguré en deux temps : solennellement en 1930, en présence des autorités politiques, administratives et commerciales (dans le contexte du Centenaire) et "spirituellement" en 1931, par un "parrain" de renommée mondiale. Son voyage s'inscrit en marge d'une longue tournée européenne de promotion de City Lights ("Les lumières de la ville"), son long-métrage le plus abouti. Quel coup de pub pour le vaisseau-amiral de l’hôtellerie nord-africaine, qui dresse son architecture art-déco face à l'immortelle baie d’Alger ! On comprend que Joseph Aletti ait organisé une visite princière pour son invité.
     On aurait aimé vous présenter un témoignage esmmaïen "vécu" de ces moments. Mais, en 1931, même notre cher doyen Jo Cabrera n'était qu'un bambin (5 ans).
     Heureusement, il y avait L'Écho d'Alger et L'Afrique du Nord illustrée.  

J.B.



Autour de la visite de Charlot :

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- Les coupures de presse des journaux d'Alger.

- Pour lire sans se crever les yeux les deux articles de F. Herlin.

- L'article d'Edmond Brua à l'occasion de la visite de Charlot.

- La réaction scrogneugneu de notre bon Marcel Léon (de la rue de Tanger).

- Sommaire des écrans consacrés à l'hôtel Aletti.

- Retour à la page d'accueil d'Es'mma, avec le sommaire des écrans « Charlot 1931 ».