Jeudi 21 septembre,
Gérald continue sa ballade
dans l'Alger de son enfance.
Allez allez, ce jour est déjà bien avancé, vite, vite… Je remonte du côté de la rue Richelieu, jusqu'au n°6 exactement, où vécut Gustave Gayzard, notre pharmacien de l'immeuble-fantôme du 2 rue Michelet (CLIQUER), et je décide de refaire son trajet quotidien dodo-boulot-dodo… À partir du n°6, je descends la rue Richelieu, je passe devant l'entrée du 4, et tout de suite, on arrive à la pharmacie qui fait l'angle…
J'entame la montée de la rue Warnier. Je me souviens avoir emporté une photo de l'oncle de l'une des meilleures amies de la soeur de Remi Morelli (oui, tout ça), Béranger Visciano, sur sa superbe moto, dans l'intention de retrouver l'endroit précis où elle fut prise (pour relire l'excellent texte de Rémi nous racontant "sa" rue Warnier, (cliquer ici). Je crois d'abord que ça avait dû être dans la grande cour à gauche. Non, tout faux. Deux amis, papotant assis sur les bornes à l'entrée de la cour, la soixantaine, me viennent en aide. Ils me montrent l'endroit, c'était au n°5. Oui, l'entrée qu'on voit à gauche, c'est le 3, mais la boutique est dans l'immeuble d'à-côté, et c'est le n°5. Voilà, 50 ans ont passé… CLIC-CLAC.
L'un des deux amis, Azzedine, est coiffeur (son ami, Omar, est de passage, "homme à tout faire retraité", comme il se présente, il vit en Suède). Azzedine est, lui, (chonce !) celui qui a succédé à MON coiffeur de quand j'étais petit. J'avais oublié son nom. Mon père l'appelait "Bagatelle", pas parce qu'il jouait aux courses, non, parce qu'un jour il lui avait confié que "s'il s'était re-marié, on-ton-tion, c'était pas pour la bagatelle". Ça lui était bien tombé, à mon père… Son nom, à ce vertueux coiffeur, Azzedine me l'apprend, c'était Monsieur Di Costanzo. Son salon est presque à l'entrée du Trou des Facs à droite, je le croyais un peu plus bas dans la rue Warnier… Ce n'est plus un coiffeur hommes / femmes, une mention en caractères gothiques dorés sur le verre de la porte d'entrée nous en prévient : ici, on ne coiffe plus que les messieurs.
Les grands lavabos ont disparu, mais les fauteuils de moleskine sont toujours là. "Les mêmes", assure Azzedine. Quoi ? Des fauteuis de 50 ans d'âge ? Je ne me souvenais pas que je me faisais couper les cheveux rehaussé par une planche sur ces antiquités bleu turquoise… Et toi, Pierre ? Mais le fait est qu'ils n'ont pas l'air tout jeunes.
Je quitte ces deux Algérois pleins de bonne volonté et de sollicitude, et je me dirige vers l'entrée du trou des facs qui termine la rue Warnier. Avant d'entrer, je lève les yeux, je vois l'envers de la maigre construction qui au dessus, rue Michelet, chapeaute l'entrée. Sans doute le "toit" du souterrain n'est-il pas prévu pour supporter un immeuble de plus d'un étage… Plus haut, plus loin, on distingue le haut du building qui se trouve entre rue Valentin et rue de Mulhouse, surmonté des enseignes rouges d'Air Algérie.
J'entre dans le souterrain… Un peu plus loin en face, c'est la grille qui mène à la salle de conférences où j'étais avant-hier. Je prends à droite, et je remonte les escaliers qui mènent rue michelet, direction rue Charles Péguy. C'est là que je finis mon parcours de la journée. Je fais des photos de l'immeuble du 4, en pensant à un ami très cher… Ici, certains jeudis, je venais chez lui jouer aux petits soldats.