Nos coins de rue, voyage en annuaires


1922 : Gustave le Potard, les belles tutures,
et l'immeuble-fantôme du 2 rue Michelet




Ou : quand Mulhouse et Valentin passaient sur Lyautey


Par le Génie de La Lampe De Bureau



La musique qui accompagne cet écran est "le Cygne",
tiré du "Carnaval des animaux" de Saint-Saëns.
Le compositeur est décédé l'an dernier, mais c'est seulement cette année 1922
qu'a été publiée la partition de son "Carnaval".
Tous les amis algérois de Saint-Saëns s'en sont réjouis...
Bientôt, le boulevard du Bon-Acceuil portera son nom.


   Sur le plan ci-dessus , on voit bien qu'à une époque, avant le percement du tunnel sous les Facultés, il avait existé une "langue" d'immeubles, comme il y a des langues de terre, entre Bd Saint-Saëns et rue de Mulhouse, alors que celle-ci "descendait" jusqu'à la rue Michelet. Non, la Place Lyautey n'existait pas encore ! Il y a au moins 3 cartes postales qui nous représentent ces immeubles abattus vers le quart du XXème siècle (ou un peu plus tard?) pour faire place à la belle place Lyautey que nous avons connue et qui est toujours là aujourd'hui, sous un autre nom...


   D'abord celle ci-dessus. C'est le bas du boulevard Saint-Saëns vers 1900-1910. Au lieu d'aboutir au pied de la colline des Facs, là où il y aurait un jour notre beau tunnel, il butte avant, sur des maisons, et fait un coude à droite. La rue Valentin est à gauche, et derrière les maisons en face de nous, c'est la rue de Mulhouse. Regardez sur le plan, vous comprendrez mieux. Pour être sûrs que nous sommes bien à cette hauteur du Bd Saint-Saëns, regardez bien à gauche de la photo : que voit-on dépasser au dessus de l'immeuble ? Oui, ce sont bien les orgueilleux chapiteaux des Facs !


   Et maintenant regardez les 2 autres cartes ci-dessous, datant à peu près de la même époque. Agrandissez les, pour profiter de l'une et de l'autre sans les grafiti dont je les ai surchargées.




   En cinéma, on dirait de ces deux photos qu'elles forment un "champ contre-champ". En effet, que le photographe (sur le plan, pastille jaune avec b) se trouve au carrefour que fait la rue Michelet avec la rue Richelieu, regardant en direction des facs, ou qu'il prenne sa photo depuis les facs (sur le plan pastille jaune avec a) en direction de ce carrefour et vers le haut de la rue Michelet, impossible de ne pas voir cette petite maison à 2 étages, avec un sommet un peu bizarre, puisque constitué d'un toit proprement dit, en tuiles, avec tout autour une rambarde en maçonnerie avec balustres. Les ramoneurs, s'ils glissaient, ne risquaient pas de tomber ! Cet immeuble aimable aux petits savoyards, c'est lui, c'est le N° manquant, le numéro fantôme !

   Je vais vous faire partager le fil de ma recherche sur cet immeuble disparu. Je vous préviens, je ne suis pas sûr que ce sera forcément passionnant pour vous, ni que vous y comprendrez grand chose, mais je peux vous assurer que pour moi, ce fut palpitant (du nom en argot de ce muscle qui nous tient lieu de coeur).

   Dans l'annuaire de 1922, on peut lire que la rue Valentin commençait 2 bd du Bon-Acceuil, c'est à dire 2 bd Saint-Saëns. Juste après en descendant, on vient de le voir, le boulevard faisait un coude à droite et aboutissait rue Michelet, à l'angle de ce qui serait un jour Bissonnet (au n°4 de la rue Michelet).

   La rue de Mulhouse, elle, commençait au 2 rue Michelet. C'est son exact début que l'on voit ci-dessous.

   Regardez bien. Ici se trouve un commerce. Vraisemblablement un CARROSSIER. Oui, un carrossier. Des lettres de l'enseigne, à demi masquées derrière la rambarde qui marque l'angle du jardin surélevé des facs, on ne voit que le haut, mais est-il un autre commerce qui présente, ainsi écrit en capitales, une telle succession de boucles, sauf la seconde lettre, un chapeau pointu qui ne peut être que le haut d'un A ? Non, n'est-ce pas ? Donc, va pour un carrossier... Son adresse était-elle rue de Mulhouse ? Ou le 2 rue Michelet ?

   Fissa je retourne à l'annuaire de 1922 (hélas, je n'en ai pas datant des années 1900-1910, époque de la plupart des cartes postales anciennes, dont les 3 reproduites ici). Dans le bas de la rue de Mulhouse, rien qui soit un carrossier, mais au 2 rue Michelet, je peux trouver ceci :

   Ce carrossier dont on distingue l'enseigne, il y a des chances pour que ce soit le garage et l'atelier de la "Société des Automobiles Brasier" (téléphone 16.20). En 1922, il ne reste plus que 7 ans à vivre pour cette marque d'automobiles ayant son siège en France. Auparavant, elle s'était appelée "Le trèfle à quatre feuilles", et les passionnés de voitures anciennes savent que ce trèfle ne porta pas chance à cette marque, dont se trouvait ici la société concessionnaire à Alger. Son directeur, Monsieur Bondon, habite à deux pas, au 1 de la rue de Mulhouse. Pour lui, c'était Dodo-Boulot-Dodo sans métro ni bistrot !




L'Odyssée de Gustave

   À la même adresse que les Automobiles Brasier, au 2 rue Michelet donc, se trouve la pharmacie de Gustave Gaizard (téléphone 8.91). Il habite non loin de là, au 6 rue Richelieu (c'est le même annuaire de 1922 qui nous le dit). On peut imaginer Gustave, faisant chaque matin son petit bout de chemin pour aller ouvrir son officine. Il sort de son immeuble (rue Richelieu, donc, un peu plus haut que la rue Warnier à droite), cligne des yeux dans la lumière du matin, jette un coup d'oeil en face, sur le début du marché Clauzel déjà bien animé. En face, au 7, Louis Mestivier surveille l'employée qui lave à grande eau le hall de son "Hôtel Central de l'Agha" . Et juste à côté, Maurice Bianciotti a ouvert depuis l'aube son "Dépôt de glace hygiénique", comme il l'a fait inscrire sur son enseigne. Gustave va-t-il tourner à droite, pour prendre la rue Pichon, un peu triste, un peu sombre ?

   Il se décide à partir à gauche, salue au passage son confrère Gleichauf, le pharmacien à l'angle de la rue Warnier ("toujours aussi rouquin, l'Alsacien", pense-il). Puis il remonte cette dernière, en faisant d'espalier en espalier de grands pas auxquels il s'efforce de conférer une dignité (pas facile). A cette heure, les petits métiers de la rue sont en pleine effervescence... Au fur et à mesure de son ascension ample et guindée, il salue Henri Deiglun, le carrossier, Esposito, le marchand de pâtes, Vincent Blanquette, le marchand de charbon (à chaque fois Gustave rit intérieurement au nom du charbonnier), Vincent Fuster, l'ébéniste, Jean Boyer qui met en chantier une nouvelle enseigne, Gustave Guintrand, le menuisier... Tout un petit monde industrieux et gai...

   Dans le haut de la rue, Gustave grimpe les escaliers qui aboutissent à la hauteur du 13 rue Michelet. Brève tentation d'entrer prendre un p'tit noir au "Café de l'Université" qui fait l'angle. Clément Vaillé le salue depuis la porte de son bistrot d'un jovial "salut, potard !". Gustave se dit qu'effectivement, il est un "potard" pour s'arrêter... Dans son esprit, les ailes du caducée des apothicaires se sont déployées comme celles d'une aigle romaine, les deux serpents sifflent un air de reproche ou la fin de la récré... C'est son ange gardien, à Gustave... "La santé de tes clients n'attend pas !", lui souffle-t-il...

   La pharmacie est juste de l'autre côté... Plus que la rue Michelet à traverser...

   En face, au 4 rue Michelet (là où sera un jour NOTRE Bissonnet), il y a un garage, celui du fils Féraud, qui est aussi entrepreneur de travaux en tous genres, publics et particuliers. Des entreprenants, les Féraud ! À l'angle avec la rue Valentin, au 2 boulevard du Bon-Accueil, c'est encore un autre concessionnaire automobile d'importance, les "Établissements Panhard et Levassor". Leur directeur, c'est Monsieur Dessaint. En ce temps-là, qu'est ce qu'on aime les belles bagnoles et la fine mécanique ! Panhard allait demeurer à cette adresse pour encore 40 ans, jusqu'en 1962 ! Un peu plus haut sur le même trottoir, au 8 du boulevard, c'est le "Modern Cinéma", dont, comme chaque jour, Gustave se dit qu'il serait bien qu'il y aille faire un tour un de ces soirs... Et le voilà devant sa pharmacie.


Les frasques de Gustave

   S'arrêtait-il le matin pour acheter son journal ? L'achetait-il à un vendeur à la criée, à la terrasse des cafés ? Où déjeunait-il ? En ce temps, comme au temps de nos enfances, l'usage et le sens des économies voulaient que l'on rentrât manger chez soi à midi, surtout lorsque, comme Gustave, on habitait si près de son travail. Et le soir, rentrait-il directement, Gustave, en redescendant la rue Warnier à longues enjambées de géant, ou poussait-il une petite pointe jusqu'au "Coq Hardi", histoire de retrouver quelques amis notables, de grignoter quelques kémias en terrasse, en regardant passer les étudiants et les jolies madames ? Ou bien irait-il s'installer à la "Brasserie des Facultés", où Madame Schittenheim, la patronne, lui servirait une petite anisette ? Et l'entretiendrait pour la ènième fois des revendications des fabricants d'anisette quant à la composition de leur breuvage... Et qu'allait répondre Steeg, le Gouverneur Général, à la supplique qu'ils lui avaient envoyée ?

   Allez, va pour l'anisette vite fait... Il traverse la rue Michelet, et sur le trottoir de droite se dirige en direction de la Grande Poste. Il passe devant le 11, jette un coup d'oeil aux belles vitrines de "Tattersal Automobiles" et du magasin de musique "À l'Harmonie". "Beaux pianos" se dit-il... Et, un mot en entraînant un autre, comme un génie hors de sa lampe, la ritournelle ressurgit en une seconde, les paroles du succès de Drean viennent fleurir sur ses lèvres... Il n'ouvre pas la bouche (un pharmacien, ça ne chante pas dans la rue) mais il chantonne tout de même... En dedans... "Si tu n'veux pas payer d'impôts / Cach'ton piano, cach'ton banjo / Cach'ta trompette, Ton tambour avec tes baguettes / Tes castagnettes et tes grelots / Si tu n'veux pas payer d'impôts / Cach'ton phono, cach'tes rouleaux / Cach'tes claquettes / Ton trombone et ta clarinette / Si tu n'veux pas payer d'impôts / Cach'ton piano..." Eh oui, déjà un an qu'il l'a entendue pour la première fois tourner sur son Gramophone !

   Au 9, Gustave soulève légèrement son chapeau pour saluer René Goelitzer qui, dans sa vitrine de la "Anglo American Automobile Company", semble toujours, entre deux belles voitures, poser pour une photo de réclame... À côté, c'est la "Société de Patronage de l'Oeuvre des Aveugles Laborieux, brosserie en tous genres", son directeur, c'est Louis Cluzel. "Un malin... S'il était le seul", soupire Gustave en songeant à toutes ces bonnes dames patronnesses bien installées derrière leurs caisses enregistreuses, l'oeil sur les petites mains, brodeuses, tapissières, qui ont la chance de travailler pour elles, bonnes consciences ordonnatrices des charités bien ordonnées... "Méfiez-vous d'Anatole, C'est un coquin, C'est un coquin, Sous son air bénévole, Il cache une âme de gredin...", sussure Gustave, décidément très en verve ce soir... Le dernier succès de Georgius en cette année 1922, ne cesse de lui trotter dans la tête...

   Au 3, c'est "l'Auto Traction Industrielle et Agricole", puis "la Société Générale de Transports automobiles". "Décidément, plus ça va, et plus il n'y en a que pour la 'tomobile..."

   Et voici Gustave à la "Brasserie des Facultés". 1 rue Michelet... "Allez, tiens, en terrasse, comme un Gaizard au soleil..." Un petit cireur se précipite, brosse interrogatrice, sourire gentil... Gustave est un bon client... "Un pharmacien, ça se doit d'avoir ses souliers bien cirés". Peut-être ici rencontrera-il Joseph Philibert, le président de "l'Union Automobile Algérienne", qui a ses bureaux au-dessus, au 1 ter... Ou Albert Darche, l'ingénieur qui est aussi administrateur de la "Société de la Roue sans Pneu", qui est au 5... Et le fait bien rire, tiens, Albert, avec ses histoires de roues sans pneu !


La fin de Gustave

   Tu sais, Gustave, on n'en saura peut-être jamais davantage sur toi... Peut-être n'aimais-tu pas l'anisette, n'empruntais-tu jamais la rue Warnier mais toujours la rue Pichon, et ne connaissais-tu ni Joseph Philibert, ni Albert Darche. Mais aujourd'hui, on a vu la maison où se trouvait ta pharmacie, on a prononcé ton nom, on est allé devant chez toi, on a essayé de t'imaginer, on t'a suivi dans ton itinéraire, on tâchera de faire mieux un autre jour, on ne te lâche plus !

   Grâce à l'annuaire de 1954, on apprend qu'il y avait, cette année-là, au 15 rue Michelet, une "Pharmacie Roche, anciennement Pharmacie Gaizard". Donc, on peut penser que, chassé par la démolition du 2 rue Michelet, tu avais transporté ton officine à deux pas de là, sur le trottoir d'en face. Chaque matin, au lieu de traverser la rue Michelet en arrivant en haut des escaliers de la rue Warnier, tu as dû changer considérablement tes habitudes... et tourner à gauche. Ou bien n'as-tu jamais cessé de prendre la rue Pichon ?

   Et puis un jour, tu auras pris... ta retraite. Et tu auras cédé ton fonds de commerce... À Monsieur ou Madame Roche. Ou bien as-tu eu un beau-fils qui se serait nommé Roche ? La pharmacie Roche était toujours là, au 15, en 1961.

   Ah, encore une chose... Je ne sais pas si je dois te le dire... Je ne voudrais pas te faire de la peine, Gustave... On se connait depuis presque rien, et déjà me voilà avec une mauvaise nouvelle... C'est pas sympa. En 1961, vois-tu, tu n'habiteras plus au 6 rue Richelieu. Non... Ni nulle part... Ta veuve (oui oui, il n'y a pas de doute, ta veuve, c'est marqué dans l'annuaire de 1961, regarde ici : "Mme Vve Gustave Gaizard") ta veuve habitera 8 boulevard Baudin. Elle aura même le téléphone, 63 19 74. Oui, suis-je sot, je te donne le numéro, à quoi ça pourrait t-il bien te servir ? Ainsi, Gustave, tu n'auras pas connu notre grand départ. Sans doute une tombe au cimetière du Boulevard Bru, ou à celui de Saint-Eugène, porte-t-elle ton nom, et les dates de ta naissance et de ta mort. A moins que tu n'aies été originaire de l'un de ces petits villages charmants de notre Mitidja, et que tu ne reposes dans l'un de leurs cimetières... S'il existe toujours... À moins encore que tu n'aies été un audacieux précurseur, partisan de la crémation ? Mais ça ne change rien, n'est-ce pas ? Nous voici déjà au bout de l'histoire. Voilà... Content de t'avoir connu, Gustave...


Pérennité

   Une fois démolie cette maison, le n° 2 rue Michelet a-t-il disparu à jamais ? Bonne question. Je vais consulter illico l'annuaire de 1961, et là, bingo, je constate que le n° 2 rue Michelet, c'est à dire son tout début, est devenu l'adresse du hall d'exposition Renault que nous avons connu. C'est devenu également celle des autres magasins aménagés en 1929 "sous" les Facs. Par exemple le n°2 c'est aussi l'adresse de la "Librairie des Facultés". Ce devait être aussi celle de la brasserie "L'Otomatic"... Autrement dit, le n°2 rue Michelet, après la démolition de la maison qui portait ce numéro, s'est déplacé de quelques mètres. Ainsi, des Automobiles Brasier à Renault, le n°2 de la rue Michelet aura-t-il longtemps été placé sous l'égide de l'automobile ! Voilà, l'enquête est finie. Enfin peut-être...

Le Génie de La Lampe De Bureau,
Chrononaute,
Voyageur du temps en annuaires, plans et cartes postales.
Avril 2006


Gustave aura-t-il connu cette physionomie de son quartier ?


Fourni voilà quelques années par Jacques Bonvalot (relisez son "En bas du Bd Saint-Saëns") et remis à l'actualité de 1922 par quelques vigoureux aménagements du service cartographique d'Es'mma.

Encore bien vivant en 1922, il décèdera à Rabat en 1934. Ensuite la place libérée par la destruction du pâté de maisons dont il est question ici, pourra porter son nom.

Qui existera toujours en 1961, avec pour patronnes Mesdames R. et L. Boisis. Entretemps, ses exploitants auront changé... En 1930, ce sera Madame Bertrand (cf Répertoire des "Membres des Groupes professionnels du Syndicat Commercial Algérien" de 1930).

Ici, ce sont les habitants de la rue Warnier en 1922. Pour retrouver ceux de la fin des années 50, on se reportera dans Lieux d'Alger > rue Warnier, aux écrans que leur ont consacrés Rémi Morelli et Annie Suc-Müller.

Eh oui, la rue Warnier ne s'engouffre pas encore SOUS la rue Michelet ! Nous sommes en 1922 ! Le souterrain des Facultés n'existera pas avant encore une bonne trentaine d'années.

En 1961, la famille Goelitzer sera toujours dans l'automobile, avec plusieurs magasins et ateliers à Mustapha, mais n'en aura plus au 9 rue Michelet. Elle représentera en particulier la société Volkswagen au magasin du 107 bis rue Michelet.

En 1961, on trouvera encore un Darche dans l'annuaire, pour une boutique "Baby Chou", au 6, rue Louis Roumieux (entre rue Michelet et avenue Claude Debussy ; petite rue qui eut l'honneur d'abriter "Le Livradois", le restaurant du père de notre amie Jacqueline Blanc).

Ou bien seras-tu décédé ? Tué à la guerre ? En 39-45 ? Non, c'est peu probable... Si tu étais déjà pharmacien en 1922, tu avais alors au moins 25 ans. En 1940, tu aurais eu dans les 43 ans, ce qui fait bien âgé pour un mobilisable combattant. Enfin, on le saura bien un jour... Ou jamais, qu'importe ?

Puisqu'on en parle, y avait-il en ces temps-là, un crématorium à Alger ? Oui, sans doute... Au Cimetière de Saint-Eugène ?