L'église de Saint-Eugène

Souvenirs de Francine Papillon et Jean-Pierre Malinconi



Vers 1910. Cliquez pour voir aussi Notre-Dame d'Afrique


Souvenirs de Francine Papillon


Ces visages, ces personnages, ces lieux, ces évènements, ces circonstances
ont contribué, malgré eux, malgré nous, à faire ce que nous sommes.
Ils ont existé, sont ineffaçables de notre vie.
J'ai eu envie de leur rendre hommage et de leur dire,
comme l’a écrit si gracieusement
la merveilleuse Françoise Héritier ("Au gré des jours") :
"Prenez place, s’il vous plaît".
F.P., mai 2020.


    Philippe Battesti nous a envoyé un lien video sur Saint-Eugène/Deux-Moulins.
C'est là que j'ai vu ce qu'il reste de "notre" église : un édifice martyr, vandalisé, sans porte, jonché de détritus, sans clocher.

    Ont alors afflué dans ma tête des théories de visages et de scènes qui ont peuplé, habité, fait vivre ces lieux.

Je revois
Les deux cours : celles des garçons réservée aux matches de foot ; celles des filles, théâtre de parties de chat perché, de confidences, de rigolades, de rondes dont je me souviens encore des paroles.
On y arrivait bien avant l'heure du catéchisme, professé très débonairement par le père Vitalis qui roulait les "r" d'une façon très italienne.

Je revois
Mr. DECHENE, qui nous passait, le dimanche après-midi, dans une petite salle au fond de la cour des garçons, des films muets : Charlot, Beaucitron, Laurel et Hardy… C'était mixte et il y avait de l'ambiance !
On était auparavant passé soit chez Choucal pour acheter une provision de sucettes pointues et de Globo (qui claquaient si bien) soit chez Ovide près de la Pharmacie Colomb, soit encore à la Civette (deux réglisses achetés, 4 chewing-gum piqués).
C'était "le cinéma du curé".

Je revois
La messe du dimanche : les filles à gauche, les garçons à droite.
Melle ANNA et son "tsss" sifflant et son regard sévère pour obtenir le silence dans les rangs.
AIMÉE qui faisait la quête et qui revenait s'asseoir en nous chuchotant toutes les bêtises qu'elle avait entendues de la part des garçons ("abonné !").
LES ENFANTS DE CHOEUR (qui n'en n'étaient pas, justement) :
Jean-Paul GATO, qui avait toujours envie de rire, tel autre, qui agitait les clochettes de l'élévation à contretemps. Je me souviens qu'ANDRÉ, mon frère - jeune acolyte - faisait "pot de fleurs" aux enterrements.

Je revois
La première participation des scouts marins, leur entrée en chantant dans l'église ; une vraie attraction !

Je revois
La grande fête de la communion solennelle : les filles en "Chantilly", les garçons en costumes, brassards qui faisaient des duels avec leurs cierges.
La procession à Notre-Dame d'Afrique, chez les soeurs qui nous ouvraient leur beau jardin
avec les allées couvertes de pétales de roses, et sur le parvis de la basilique écrasé de soleil
qui nous faisait tourner de l'oeil (à jeûn depuis 2 ou 3 heures !)

Je revois
Le mois de Marie (couronnement de la Vierge)
Pendant tout le mois de mai, les filles du cathé répétaient hymnes à la Vierge
et défilé autour de l'église, pour aboutir de chaque côté de l'autel où deux filles
(choisies en principe pour leurs bonnes notes au catéchisme)
grimpaient sur des escabeaux dissimulés et plus ou moins stables pour couronner la vierge au sommet de l'autel.
À cette occasion, tous les jardins de la commune étaient plumés de leurs fleurs blanches : arums, roses, oeillets, pour fleurir l'autel.
Nous étions habillées et couronnées de blanc.
À la tribune, accompagnée par l'orgue tenu par Mme DUC, ma future belle-famille PAPILLON/EIME donnait de la voix : soprano légère, ténors etc.
Bon souvenir : ce bain suave de parfums et de musique me faisant imaginer le paradis.
Mauvais : la séance de bigoudis à l'eau sucrée que j'avais dû subir avant la cérémonie.

Parfois, un délire me prend : une fracture de l'espace-temps s'est ouverte et je m'y suis glissée pour revivre un de ces moments, sentir ces odeurs, reprendre ma place au milieu de ces scènes.

Ça vous le fait aussi, des fois ?

Francine PAPILLON.        
      
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GALERIE   DE   PHOTOS

Communion solennelle du 13 juin 1954.


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Au centre : Pierre Papillon. Entre deux Bérenguer.
Tous deux prénommés Jean-François et n'étant pas cousins.
Pour les différencier, on appelait le plus blond Blondblond.


Ça c'est du cierge !

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1er rang, de g. à dr. : Giraud - Gratadour - X - X - Gatto - X - Guy Lambert - X .
2ème rang, de g. à dr. : X - Pierre Papillon - Sancho (penché) - Berenguer - Ajello - Dauge - Ripoll.
Autres : non identifiés. (photo : envoi de Guy Lambert)

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De G. à Dr. 1er rang : X - X - X -Guy Lambert (veste claire entre 2 sombres) - Gaston Bernard - X .
(photo : envoi de Guy Lambert)

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Communion solennelle 1954. À gauche devant les garçons : Anne-Marie Comberory.
(photo : envoi de Guy Lambert)


"… les garçons en costumes brassards
qui faisaient des duels avec leurs cierges."



Dessin de Jean Brua "en hommage au joli texte de Francine Papillon".


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Communions garçons 1952. À droite : l'abbé Vitalis (curé de la paroisse).
L'enfant de choeur au premier plan : Jean-Pierre Malinconi.

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Les prêtres : Père Bonnet (missionnaire) (ou Abbé Lucien Bézuillen de Lyon ?),
Abbé Vitalis (curé de la paroisse).
Et, de gauche à droite : Jean-Paul Teissere - Jean-Pierre Malinconi - Philippe Menevis -
Louis (ou Marc ?) Cassot - Alain Cuni - Alain Sangle-Ferriere - Michel Esposito - Patrice Laget.


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1 Abbé Vitalis – 2 Vaysse – 3 Zara – 4 Berenguer - 5 Bagou - 6 Gauci (bouche ouverte) - 7 Fabiani – 8 Jean Papillon (croise les bras) – 9 Gauthier (à rayures) - 10 Dechêne – 11 J.M. Lopez – 12 Quinquel – 13 Pierre Papillon (avec ballon) – 14 ? - 15 Robardey – 16 J.F. Berenguer – 17 ? - 18 ? – 19 P. Peart – 20 Galea – 21 ? - 22 Haberz – 23 J.Pierre Malinconi - 24 P. Hiver (de profil) – 25 Angel – 25 ? - 26 Romano – 27 pas de nom - 28 ? (de profil) – 29 Jean-Paul Gatto - 30 ? - 31 ? - 32 Noël Lopez – 33 ?





C o m m u n i o n    s o l e n n e l l e,   1 9 5 0

(envoi de Jean-Pierre Malinconi)

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Celui dont on voit dépasser la tête à l'arrière-plan : l'abbé Vitalis (curé de la paroisse).
L'enfant de choeur à droite, brandissant un cierge : Jean-Pierre Malinconi.
Désolé-e-s pour celles qui restent cachées derrière les autres !
Vous venez de louper une belle occasion de passer à la postérité !



C R È C H E   V I V A N T E    N  O  Ë  L    1 9 4 8

mise en scène par Mademoiselle ANNA directrice de l'école religieuse.

(envoi de Jean-Pierre Malinconi)




Ci-dessous, les deux "ailes" de la même photo.
En cliquant sur l'une et l'autre, vous pourrez voir mieux les visages. Une fois agrandies, vous pouvez cliquer encore et les agrandir à nouveau. On s'y croirait, non ? N'est-il pas merveilleux de se trouver là,
en ce Noël du temps de paix, comme si nous y étions ? La guerre est en embuscade, ce sera pour dans six ans. Deux des enfants qui sont ici, en seront martyrisés, pas tellement plus âgés qu'en cette nuit de Noël. Il sera question d'eux par ailleurs.

 

Ci-dessous, cliquez sur la photo pour lire les noms !





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S  C  O  U  T  S    M A R I N S

par Jean-Pierre MALINCONI


Photo prise en 1957. C’était la bénédiction du drapeau des patrouilles des Dauphins
et des Marsouins de la Troupe Commandant l’Herminier. (photo : envoi Guy Lambert)

   Il y eut un temps pour le patronage, avec comme responsables André COLOMB, André DECHENNE et ZARA : séances de ciné - en 9mm noir et blanc - dans la salle paroissiale le dimanche après-midi, à 20 centimes la place ; matchs de foot (1) inter-paroisses sur le terrain du séminaire à ND d'Afrique, et contre les indigènes au rondpoint de la rue Salvandy derrière l'église ; maquettisme…
   Puis, l'âge aidant (12/14 ans !), le temps du patronage se trouva révolu. À l'initiative de Charles VIEL (transfuge de la troupe scoute "Saint-Dominique" d'Alger), il fut proposé à l'abbé VITALIS de créer une troupe à Saint-Eugène. En 1956, Charles VIEL, Serge MERET, Jacques BENNES prirent les choses en mains pour créer la Troupe de Scouts Marins dénommée "Commandant L'HERMINIER".

Trois patrouilles de six garçons :

- Les Dauphins (devise : "d'un seul bond !")
- Les Espadons (devise : "droit au but !")
- Les Marsouins (devise : "sautant vent !")

    Les premiers marins en herbe (car nous n'avions pas de bateau, mais un beau bâchis à pompon bleu) étaient :

        Guy LAMBERT
        Guy GAUCI
        Jean Marie LOPEZ (mercerie à côté de l'Église sous le logement des PERTHUS)
        Nono LOPEZ
        Jean PAPILLON (frère de Pierre)
        Pierre PAPILLON (futur mari de Francine)
        Bernard ANGELS
        GALEA (le fils du boulanger pâtissier à côté de l'Église)
        Jean-Paul GATTO
        MASSON
        CROUZIL
        André MAYET
        MOREIRE
        Jean-Pierre MALINCONI
        Marc CASSO
        Le frère de Serge MERET
        Robert VELLA
        Jean VALENCE
        Denis RICARD
        Jean DEMENEZ

Puis :
        André SINOIR (de la patrouille des Dauphins, frère de Francine)


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La patrouille des Dauphins : à gauche, en "civil", Serge Méret, chef de troupe.
Puis, de gauche à droite : Jean-Paul Maillet - Jean-Marie Lopez - Jean-Pierre Malinconi
- Berenguer - Guy Lambert. (photo : envoi de Guy Lambert)

   Des belles sorties le dimanche ou le weekend, mémorables, notamment chez les Pères Blancs à Maison-Carrée où il y a eu une invasion de sauterelles, on ne voyait pas à 5 mètres.

   En juillet 1957 un camp à QUERIGUT dans l'Ariège, où Guy GAUCI "avait la touche" avec l'épicière : marche à l'étang de Laurenti ; raid jusqu'au Château de PUYVERT en passant par ESPEZEL (d'où était originaire un prof d'espagnol du Lycée Bugeaud), et ESPERAZA.

   C'est au château de PUYVERT que les promesses scoutes ont été prononcées.

   En juillet 1958 un camp à Sillans-la-Cascade sur le domaine du Château de la BRESC : marches, courses à l'azimut (un petit Koh Lanta) dans le magnifique arrière-pays provençal

   L'assassinat de Serge MERET par les terroristes mit fin en automne à ces moments inoubliables d'un peu de la jeunesse Saint-Eugénoise


(1) Notre équipe était redoutable avec de bons joueurs comme Marc BAGOU, Michel ESPOSITO, Pierre HIVER, GOBINOT…



AUTRES IMAGES DE NOTRE ÉGLISE

Envois de Jean-Pierre Malinconi


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Ci-dessous, le traditionnel "certificat" que nous recevions suite à notre communion solennelle, sur lequel était reportées manuscritement les étapes de notre parcours comme "enfant de Dieu" : baptême, communion privée… Ils étaient pour chaque paroisse sur le même modèle, imprimés du même ton sépia, mais les images dans chaque "compartiment" différaient, elles étaient spécifiques à chaque paroisse.


Cliquez pour voir mieux l'intérieur de L'église.



CLIQUEZ POUR AGRANDIR - La flêche rouge désigne l'église. Les non-Saint-Eugénois se repè-
reront par rapport à Notre-Dame d'Afrique, aux deux grands cimetières à l'entrée de Saint-Eugène (qui, malgré leur nom d'usage, se trouvaient sur la commune d'Alger), et bien sûr par rapport au stade.

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Au premier plan, Notre-Dame d'Afrique. Notre église se trouve sous la flêche rouge.


En fond d'écran, le portrait "nuageux" d'Eugène Guyot, bienfaiteur de Saint-Eugène (et fondateur de Guyoyville. Il est sur Wikipedia). En son honneur, on rebaptisa le village Saint-Eugène, et l'église ne porta pas d'autre nom de Saint patron que celui de son prénom. Également en fond d'écran : des animaux marins que choisirent pour totems les patrouilles de scouts dont nous parle Jean-Pierre Malinconi. Il semblerait que Saint-Eugène n'ait pas eu d'armoiries, voici à posteriori une suggestion de quelques possibles composantes pour un blason rêvé. Bien sûr, il manquerait encore la vierge noire, et aussi une huître, deux chameaux, deux moulins, un olivier, tous rappelant cette succession de coins de côte charmants qui formaient Saint-Eugène, tous feraient bien aussi, non ? Mais bon, c'est de l'église qu'il est question ici.


En savoir plus sur Saint-Eugène :

https://jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/info_491_st_eugene.pdf

http://jf.vinaccio.free.fr/site1000/alger11/alger053.html

Écrans sur Es'mma ayant trait à Saint-Eugène :

"Mardi 19 octobre 1954 : François Mitterand dïne à Saint-Eugène" (sur Es'mma le 16/05/08)

"Les 2 Moulins", avec M. le Gouverneur Général Tirman croqué par Jean Brua (sur Es'mma le 21/11/07)