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...et en une belle et bonne tranche Grosoli, 24 heures de la vie d'Alger :
vendredi 11 novembre 1949, en une période marquée par les drames aériens...



D'abord, l'évènement brut,
en 4 photos...


(prises de son balcon du boulevard Laferrière par M. Lopresti,
celui-là qui tenait la Taverne Michelet, 117 ter rue Michelet)




La descente des escaliers du Forum
(en direct de mon balcon)

   Chez nouzôtres du quartier Estonie-Duc des Cars - et en un temps où la plupart des foyers n'étaient même pas équipés de "fixes" - la téléphonie "arabe", diffusait les nouvelles plus vite et plus sûrement que les portables à tout faire de l'univers "télécomique" moderne.

   Aussi, vers le milieu de l'automne 49, des nuées de jeunes badauds étaient-elles accourues aux créneaux d'observation autour du Forum, sitôt entamés les préparatifs de lancement d'un engin qu'on ne connaissait que par les gravures de la collection Hetzel et quelques images trouvées dans les emballages de chocolat.

   À dire vrai, le spectacle initial n'avait rien pour fouetter l'imagination. Étalée sur le dallage, l'enveloppe de l'aérostat évoquait un énorme oeuf au plat jaune orangé, au centre d'une agitation de fourmis humaines et d'engins divers. Parmi tout cela serpentaient cordages et tuyaux. Les premiers devaient retenir l'engin jusqu'à son envol, les seconds, reliés à des véhicules citernes, assuraient le gonflage. Celui-ci dura au moins 48 heures, protégé par des cordons de police et sujet à des commentaires alternativement moqueurs (Eh ben, Gambetta, s'il aurait compté sur ce ballon pour partir à l'heure...) ou apocalyptiques (S'il esplose, adieu le quartier !). On vit, insensiblement, l'oeuf au plat évoluer en beignet arabe, puis en miche, puis en potiron flasque, avant de daigner se soulever pour errer sur ses amarres, avec quelques oscillations qui arrachaient des cris d'effroi aux spectateurs : autochtones du Parapet et des immeubles voisins (j'en étais), badauds descendus du Télemly et des Tagarins ou montés de la ville comme pour observer un phénomène astrononomique (voire, ce qui revient au même, entendre un discours RPF de De Gaulle )...

   Enfin, le jour prévu pour le lancement (11 Novembre, anniversaire de l'Armistice), sous les jardins en paliers et les balcons noirs de monde, le ballon en attente de ciel tire impatiemment sur ses cordages. À bord de la nacelle ont pris place trois ou quatre personnages casqués. On reconnaît l'aérostier à son aisance à enjamber la paroi d'osier, mais on n'apprendra qu'après coup que l'un des passagers est une vedette du journalisme sportif, Charly Finalteri, reporter à Radio Alger.

   Le ballon, à ce moment, ne se trouve pas au centre du Forum, mais dans son quart supérieur droit, proche des escaliers, où les équipes au sol, agrippées à deux ou trois amarres, peinent à le maintenir. Est-ce cette position de départ qui va provoquer l'échec de l'envol ? Ou alors une saute de vent, un lâcher trop tardif ? Toujours est-il que, à peine largué, le ballon semble hésiter à prendre de la hauteur puis, après quelques ballottements, entame, non pas un essor souverain, mais une descente au ralenti des grands escaliers, où il s'efface à la vue de la foule des jardins, à la manière dont le soleil disparaît à l'horizon. Les spectateurs des balcons les plus élevés et des terrasses le verront s'affaler rue Berthezène, devant le Monument aux morts et vider ses occupants sur la chaussée, sans dommage, heureusement. Les journaux (voir ci-contre L'ÉCHO D'ALGER) nous apprendront le lendemain que c'est un choc avec le premier lampadaire des escaliers qui a provoqué la déchirure de l'enveloppe et la chute de l'engin. Certains témoins, d'ailleurs, ont dit avoir senti une forte odeur de gaz entre la rue Berthezène et la rue Serpaggi. Ce type de gaz (hélium ou autre) a-t-il une odeur ? La parole est aux savants du Livre d'Or.

   En tout cas, même si elle n'a pas eu d'odeur, cette aventure malheureuse a eu une saveur : l'amertume des aérostiers et des organisateurs livrés à la dérision du public. Pendant plusieurs jours, en effet, dans les rues et les cafés d'Alger, il ne fut plus question que de la tchoufa du ballon du Foron.

J.B.
(Remerciements à Gérard Séguy pour ses recherches au CDHA d'Aix-en-Provence)



1) Éditeur des oeuvres illustrées de Jules Verne.
2) Allusion à l'évasion en ballon du ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire de la IIIe République, pendant le siège de Paris par les Prussiens (1870).
3) C'est en 43-44 que, en tant que chef du Gouvernement provisoire de la République française établi à Alger, a ouvert le cycle de ses discours du Forum, refermé comme on sait le 4 juin 1958.



Mais ...mais ... mais ... à quelque chose malheur est bon, car...


... aussitôt le ballon drossé à terre, les préposés des postes ne tardent pas à se précipiter pour récupérer les sacs contenant les 2.000 aérogrammes numérotés. Et comme à chaque catastrophe aérienne quand on parvient à sauver du courrier, ils apposent le tampon rouge "Courrier accidenté". Et du coup, ces 2.000 enveloppes, qui auraient dû représenter un intérêt philatélique certain mais limité, voilà qu'elles se retrouvent dotées d'une cote très supérieure grâce à cet accident somme toute assez anodin, surtout si l'on pense à celui des Açores d'il y a quelques jours, ou à celui, à la fin de ce mois, qui coûtera la vie à notre compatriote Pierre Viré. On peut voir ci-dessus l'une de ces enveloppes, elle porte le n°754.



Les Salons du Moment

   Exposition philatélique : elle s'est ouverte le 9 novembre, et se tiendra jusqu'au 13 à la salle des conférences, Maison de l'Agriculture, boulevard Baudin. On peut en voir le programme jour par jour, en cliquant sur l'extrait de l'article en haut de la colonne de droite, il annonce l'envoi du ballon qui aurait dû être le clou de cette semaine, et qui, d'une certaine façon, le fut. Car nous souviendrions-nous encore de ce ballon s'il ne lui était pas arrivé cette mésaventure dès son départ ?
(Photo : Yves Jalabert)




   Le Xème salon des Arts ménagers et de la Radio a refermé ses porte depuis déjà dimanche soir (le 7 novembre). On ne vous en parlera donc pas. Mais les salons se suivent à un rythme effrené ! Aussitôt lui a succédé, dans les mêmes locaux (le Palais du Foyer Civique), le "Salon de l'Horticulture". Inauguré hier matin à 10 heures par le Gouverneur Général Naegelen, il se déroule donc en ce moment, et fermera après-demain, dimanche 13.



Les Spectacles
La page des spectacles de ce 11 novembre 1949 : cliquez pour agrandir, et re-cliquez pour agrandir encore !



   En plus du récital Andres Segovia au Paris le mardi 22, les trois spectacles qui s'imposent à Alger cette semaine, c'est "Jour de Fête" de Jacques Tati (en exclusivité au seul Colisée, rue Alfred Leluch), "La fosse aux serpents" (dans les quartiers du centre, il passe à l'ABC et au Paris), et "Manon", qui a décroché le Lion d'Or au festival de Venise. Manon va faire un tabac, avec un trio de vedettes épatantes, et une affiche - de Paul Colin - qui ne passe pas inaperçue : elle est magnifique ! Aux côtés des populaires Serge Reggiani et Michel Auclair, la toute nouvelle et ingénue Cécile Aubry fait chavirer les coeurs des spectateurs... En couverture du "Paris Match" (le choc des photos, qu'en face les mots ils font pas le poids !) du 24 décembre prochain, elle sera même le premier sein à s'y trouver découvert ! Ô, très très pudiquement ! "Paris-Match", c'est pas "Paris-Hollyvoude" ! Un sein de virginale maternité, en ces temps de Noël !

   Mais il ne faudrait pas croire que les autres films sont sans intérêt ! Même les "petites" salles, en tout cas celles qui ne peuvent pas se payer plus d'une ou deux lignes en tout petits caractères dans la rubrique des spectacles, pour la plupart programment des films récents et intéressants. Tenez, "la Scandaleuse de Berlin", qui passe au Trianon (non non, ce n'est pas comme son nom pourrait nous enduire d'erreur, le théâtre des Trois Baudets, mais un cinéma qui sous le nom de "Trianon Palace" se trouvait 29 avenue de la Bouzaréah à Bal-el-Oued), eh bien, ce n'est pas un film de rien du tout : c'est un Billy Wilder, et pas l'un de ses moindres. La très ravissante Jean Arthur, dans le rôle de l'austère et intraitable Phoebe Frost, est députée du Congrès des États-Unis en mission à Berlin en 1946 pour enquêter sur la moralité des troupes américaines d'occupation. Elle ne découvre que marché noir et relations amoureuses entre soldats et jeunes Allemandes. Pis, une chanteuse de cabaret, au passé nazi (Marlene Dietrich a fini par accepter ce rôle), est protégée par un officier américain, celui-là-même que Phoebe avait chargé de l'enquête de départ... Au final, un Billy Wilder de la meilleure cuvée !


Les trois vedettes de "La scandaleuse de Berlin", et son interprétation par l'artiste Lopez Reiz.

   Se passant aussi dans la capitale allemande, "Sabotage à Berlin" (à "l'Olympia", au "Camera" et au "Marignan") est un excellent film de guerre de Raoul Walsh, avec Errol Flynn, mais aussi avec un futur président des USA, Ronald Reagan. Tous deux tiennent les rôles d'aviateurs américains tombés avec leurs co-équipiers en territoire ennemi. Ils essaient de rejoindre leur patrie, seuls trois y parviendront. "Et maintenant, cap sur l'Australie, et sus à ces japs !", s'exclame à la fin un Errol Flynn, très crâne et un rien présomptueux.


À gauche, Errol Flynn et Ronald Reagan. À droite, John Garfield et Jennifer Jones.

   Au VOX, rue Charras, passe le dixième film de John Huston, "Les Insurgés", avec Jennifer Jones, John Garfield et Ramon Novarro.

   Notre REX a programmé "Mélodie du Sud", un bon dessin animé signé Walt-Disney, avec le trio de l'ours, du renard et du lapin. La publication de leurs aventures en bandes dessinées vient de débuter ce mois de novembre 49 dans "Le Journal d'Alger" (çà s'appelle "Oncle Remus"). Puis elles paraîtront en 1953, sous le titre de "Bibi Lapin, Basile (le renard), Boniface (l'ours) et Cie", dans les premiers numéros du "Journal de Mickey".

   Le Cameo, boulevard Baudin, propose "Intrigues en Orient", excellent film d'espionnage de 1943, de Raoul Walsh encore, avec la sublime Brenda Marshall (oui, aussi avec George Raft et Peter Lorre, mais, bon, surtout avec Brenda Marshall ! Souvenez-vous, elle était la partenaire d'Errol Flynn dans "l'Aigle des Mers"). Sous la couverture d'un respectable commerçant, Joe Barton (George Raft), un agent secret américain, arrive à Ankara pour contrecarrer les plans du chef de la Gestapo, qui veut faire sortir la Turquie de sa neutralité... Brenda Marshall est dans le film la soeur du fourbe Peter Lorre. C'est tout à fait invraisembable, la génétique a des lois, tout de même ! Tenez, jugez vous-même :


   "Certaines péripéties aberrantes montrent que le scénario a dû être écrit à l'arrache, mais ces 80 minutes sont suffisamment mouvementée, rythmées et fantaisistes pour constituer un agréable divertissement." (la critique)

   "Une grande fille toute simple", d'après la comédie d'André Roussin, est à l'affiche du Rio, cinoche d'Hussein-Dey. Et "Le Mur des Ténèbres", un saisissant "thriller" avec Robert Taylor, c'est au Lux (cliquez dessur pour vous y rendre !). Et pour voir la bande-annonce d'époque, cliquez ICI.


Pour "une jeune fille toute simple", Madeleine Sologne est en haut de l'affiche,
comme elle fait la UNE des revues de cinéma.

   Cette semaine, même les amateurs de la science-fiction la plus kitsch vont être gâtés, avec "Le sexe fort", un film (mexicain) passant au "Midi-Minuit" (le ciné siamois du Lux, au 1, rue de Chanzy, à la hauteur du 56 rue d'Isly, cliquez ICI pour vous y rendre). Ça se passe en l'an 3.050 : deux naufragés abordent au royaume d'Eden, gouverné par la Reine Eve XLV. Dans ce pays de civilisation "ultra-atomique" (sic), les femmes, devenues le sexe fort, gouvernent, et les hommes, obligatoirement barbus, maintenant le sexe faible, vaquent aux travaux ménagers... De la pure science-fiction, comme on le voit ! Surtout dans notre pays natal de mâles dominants, quelle que soit leur communauté.


Sa conseillère donne à la Reine des précisions tout à fait exagérées sur les naufragés.
À droite, la Reine veut en avoir le coeur net, et vérifie par elle-même, mais elle n'a pas tout compris.

   C'est ce 11 novembre que, rue d'Isly, le nouveau Régent ouvre ses portes, avec à l'affiche la "Manon" de Clouzot. Voici ci-dessous, dans la rubrique "De tout un peu" de l'Écho d'Alger", la relation de son inauguration hier matin, jeudi. Vous noterez que c'est bien entendu Charles Baroli qui officiait comme traiteur...




Parmi les victimes du 27 octobre,
aussi des Algérois !

   La victime la plus célèbre de l'écrasement du Constellation contre une montagne des Açores, le 27 octobre dernier, est, bien entendu, Marcel Cerdan. C'est encore de toute première actualité. Ce matin, à la "UNE" de nos quotidiens, sont annoncées avec photos les obsèques du champion qui ont eu lieu hier, jeudi, à Casablanca. La désolation est à la mesure de l'adulation dont le grand champion était l'objet, et pas seulement celle d'Édith Piaf ! L'affliction est immense. Ainsi, des milliers d'Algérois contribuent-ils, de leur modeste écot, à la souscription qui aboutira au buste à son effigie au stade de Saint-Eugène, auquel on va donner son nom. C'est au sculpteur André Greck que sera attribué le produit de la collecte pour créer ce buste qui sera inauguré dans un an, le 16 novembre 1950. Vous pouvez, en colonne de droite, consulter la 3ème liste de souscripteurs, publiée ce 11 novembre. Peut-être y relèverez-vous le nom d'un parent ou d'une connaissance.

   Mais la tragédie de la disparition de la gloire de la boxe a pour inconvénient d'avoir relégué dans l'ombre les autres victimes de la catastrophe. Ah, si ! On cite bien, en même temps que celui de Cerdan, le nom de la grande violoniste Ginette Neveu, et celui de Stradivarius, qui était, non pas l'une des victimes, mais l'appellation du violon que Ginette Neveu avait avec elle ce jour-là (pour ceux qui se demanderaient ce qu'il est advenu de ce violon hors de prix, "Radar" nous apprend qu'on retrouva la violoniste "serrant encore dans ses bras la boîte contenant le précieux Stradivarius"). Mais il y avait en tout 48 victimes (49 avec Stradivarius), qui toutes n'eurent pas, comme Cerdan et Neveu, l'honneur d'être aussitôt décorées de la légion d'honneur. Être catastrophé n'est pas à proprement parler un titre de gloire, n'est-ce pas ? Sinon, j'aurais la croix plusieurs fois par jour ! On notera que pratiquement jamais il n'est question au nombre des disparus de l'excellent peintre et illustrateur Bernard Boutet de Monvel, lui-même fils du non moins excellent Maurice Boutet de Monvel, auteur en particulier d'illustrations de livres pour enfants (dont un superbe "Jeanne d'Arc") faisant encore de nos jours l'objet de rééditions.

   Parmi ces victimes, qui pour la plupart devraient demeurer anonymes pour le reste des temps, deux étaient Algéroises, et l'une était de Constantine. C'est en lisant "l'Écho d'Alger" de ce 11 novembre que je m'en suis aperçu. Faites comme moi, en cliquant ci-dessous sur le titre des "Avis de décès", allez prendre connaissance de leurs noms... (et ensuite, cliquez sur les avis qui vont apparaître pour les agrandir)

   Commençons par celui des pilotes et co-pilotes qui était algérois : Charles Wolfer. Il n'était pas chef de bord, la revue "Radar" nous apprend que ce poste était tenu par le commandant Jean Delanoue. Si l'on en juge par les avis de décès, Charles Wolfer était d'Hussein-Dey, ou en tout cas y habitait. Sans doute sa tombe s'y trouve t-elle toujours. Charles Wolfer fut au nombre des 4084 pilotes, bombardiers, radios, navigateurs, armuriers, mitrailleurs, mécaniciens et photographes français formés aux États-Unis pendant la seconde guerre Mondiale dans le cadre des CFPNA (Centres de Formation du Personnel Navigant en Amérique). On le voit ici sur une photo prise en mars 1944. En cliquant sur celle-ci, vous aurez le droit d'en voir une seconde.

   Vous aurez lu aussi les deux avis concernant Suzanne Roig. Le "remerciement" n'est pas très lisible... Suzanne était-elle née en 1929 ? En 1919 ? Elle était la fille du colonel Georges Roig, vieil ami de Saint-Exupery, dont elle était la filleule. Georges Roig était lui-même l'un des pionniers de l'aviation. "Je ne me lasserai jamais de voler", écrivait Suzanne il y a encore quelques jours à un ami. Dédions lui cette affiche magnifique de Paul Colin pour le film "Manon" qui vient de sortir dans les salles. Sa tombe est-elle encore au cimetière de Saint-Eugène ? Merci aux prochains "pélerins" de bien vouloir aller y jeter un oeil, et, si elle est bien toujours là, de nous en faire une photo.

   L'autre pilote, Camille Fidency, habitait, lui, Constantine. On laisse à nos amis de là-bas le soin de nous parler sur leurs sites de leur "pays", et de le rendre à la ville qui était la sienne.









Hier, aux Assises d'Alger, Joro est arrivé...
à se prendre 7 ans de travaux forcés !
Pourtant, la partie civile avait demandé un max pour Joro !


Cliquez pour lire le compte-rendu de cette deuxième journée d'audience,
et aussi quelques autres articles dans l'Écho d'Alger de ce 11 novembre

   Un criminel défendu par une pointure du barreau d'Alger, Maître Sansonetti, une partie civile représentée par un avocat non moins talentueux, à l'envoûtant accent slave, Maître Goutermanoff, un pourfendeur implacable, l'avocat général Pezaud, voilà un procès comme en goûtait fort le public algérois amateur de ce genre de prestation !



Le Palais de Justice au début du XXème siècle. La rue s'appelait alors "de Constantine".
Du temps de nos enfances, et du procès de Joro, elle s'appellera "de la Liberté".
Qu'on ne retrouvait qu'à condition d'avoir été acquitté. Elle s'appelle toujours, je crois, rue de la Liberté.



À propos de Libertés ...

   Ce mois-ci, l'Indonésie a accédé à l'indépendance, ce sera officiel le 27 décembre prochain. Le 24 avril dernier, c'était le tour de la Jordanie, lorsque l'émir Abdallah, déjà roi de Transjordanie depuis 1946, s'en est fait proclamer le roi, et en avril aussi, le 18, celui de la République d'Irlande. Le mois dernier, en octobre, c'était la création de la République Démocratique d'Allemagne (RDA, Allemagne de l'Est). 21 novembre : L'ONU vote l'indépendance de la Libye et de la Somalie. Comme plus tard 1960 et 1991, cette année 1949 aura été un bon cru pour les marchands de drapeaux !



Pour ces deux beaux combats, c'est trop tard :
c'était hier soir, au Majestic ...


Cliquez pour lire le compte-rendu de ces combats...


Le grand feuilleton qui paraît en ce moment
quotidiennement dans l'Écho d'Alger :



   Signalons que ce roman, dont un exemplaire se trouvait à la "New-York Public Library", a été numérisé par Google : alors ceux qui l'auraient lu en cet automne 1949 et en garderaient la nostalgie peuvent relire cette belle histoire romanesque en allant sur http://books.google.fr/. C'est pas beau le progrès et l'Internet réunis ?











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L'évènement annoncé dans l'Écho d'Alger
du 8 novembre...


(cliquez pour voir tout le programme de la semaine philatélique,
et cliquez une seconde fois pour agrandir encore !)






...et à la "Une" de l'Écho d'Alger
du 12 novembre :





Eh non ! Comme dit le journal,
le Rallye n'a pu avoir lieu !


   En exclusivité et à chaud, quelques minutes à peine (environ 31.500.000) après le crash, voici le témoignage du petit Jean-Paul Follacci (il vient de rentrer en 6ème à Gautier, cliquez pour le voir avec sa classe, dont Roger Soirat, Gaston Breuneval... et M. Césari) :

   "Descendus de Mustapha pour assister au décollage, nous nous étions retrouvés côté rue Dubief contre l'enclos où les voitures des rallyemen, dans des relents d'huile de ricin et des rugissements d'échappements débridés, attendaient de bondir à la poursuite du ballon.

   Au lendemain de la guerre, les "bolides" étaient bien loin de nos Formule 1 : quelques Juvaquatre et 202 repeintes en rouge ou bleu, une ou deux décapotables type Salmson et aussi une grosse américaine style Incorruptibles portant sur la portière un grand numéro et la réclame d'un carrossier.

   La tenue des pilotes laissait aussi à désirer : chandails, blousons américains, casquettes Front popu ou bérets basques enfoncés. Émergeait toutefois un grand gaillard moustaché Clark Gable, en veste "canadienne" avec un casque d'aviateur en cuir mou et des lunettes de motocycliste ; peut-être le chauffeur de l'américaine ?

   Malgré le vacarme, les conversations allaient bon train. On parlait mécanique, cylindrée, culbuteurs, avance à l'allumage mais aussi aérologie :

   - "Le vent d'Ouest, il se lève, fais le tour et fonce à Matifou
   - attention à la "campenssation", des fois en haut dans l'atmosphère, le vent il tourne en sens inverse, mieux tu vas à Zéralda ou Sidi-Ferruch,
   - s'il vient le vent du Sud, le ballon il part en France, on est marrons
   - oh quand même, c'est pas la saison du sirocco mon coco...
   - ..."

   Le malencontreux lampadaire et la déplorable crevaison firent avorter la ruée dans un concert de lamentations et de jurons :
   - 'Atchidente...
   - Zebi !
   - Qu'est-ce tu fous ?
   - Où tu vas calamar ?
   - Tu montes ou tu descends ?
   - Il va s'exploser !
   - La putain du démon !
   - Aïe aïe aïe !
   - Opopo !
   - Ça il manque !
   - Remboursez !
   - ... "
   Le présumé chauffeur de la Packard, dans un hurlement :
   - "Et où je vais, moi, main-nant ?"
et la réponse en choeur :
   - "VA CHEZ TA MÈRE !".





Eh oui, mai-nant on fait quoi dans Alger, de tout ce 11 novembre qu'il est férié ?
Oh, c'est pas les lieux de promenade, ni les distractions qui manquent, allez !
Vous allez voir... Regardez tout ce qui suit... Vous allez pas avoir assez de votre journée pour tout faire ! Allez, on vous laisse dans notre bel Alger d'avant-guerre, d'avant qu'il soit une mémoire, un passé... Quand il était juste un présent, et qu'on savait pas la chonce qu'on avait !








Le bout du Tunnel !
inauguré hier soir !
(dans la rubrique "de tout un peu" de l'Écho d'Alger)





 Où dîner demain ?


Rappelons que ce restaurant huppé se trouve 27 boulevard Victor Hugo.


   Autre destination où se sustenter : l'Hôtel Albert 1er qui annonce aujourd'hui dans l'Écho d'Alger qu'il ouvre ces jours-ci son nouveau restaurant.
   On notera aussi, un peu plus haut ci-dessus, qu'on peut sacrément bien manger à quelques pas de là, au Pasteur, pour seulement 150 francs (réclame parue dans l'Écho d'Alger de ce jour, en rubrique "De tout un peu").
   Sinon, on trouve aussi cette annonce, juste au dessus du feuilleton, le "Mondy" : c'est pas un endroit bien connu, peut-être que ça vaut le coup d'essayer ? Si pour y aller vous prenez le bus des TA, emportez une petite laine, il faut descendre à l'arrêt "Mont-Frisquet", El-Biar, c'est sur les hauteurs...






Hier, jeudi, vous avez acheté votre illustré
de la semaine... Tintin  ?




   Ce que vous aurez trouvé dans ce Tintin Numéro 55 du 10/11/1949 : Corentin : "L'extraordinaire odyssée de Corentin Feldoe" ; Jo, Zette et Jocko : "Le Stratonef H22" ; Hassan et Kaddour : "Hassan le voleur de Bagdad" ; "Leclerc, soldat de légende", par Le Rallic ; Teddy Bill, par Le Rallic encore dans "La flèche du soleil" ; Alix dans "Alix l'intrépide" (oui, la première de ses aventures, en train de s'achever !) ; Toutoune et Cie, la seule aventure dessinée par Alain Saint-Ogan jamais publiée dans Tintin ; "Don Quichotte" par Trubert ; un roman à suivre : "Dieux rouges".

   Et Tintin et Milou ? Il seront de retour dès ce 15 décembre avec "Tintin au Pays de l'Or noir". L'aventure avait été interrompue par la guerre, "Le Petit Vingtième" ayant cessé de paraître le 8 mai 1940, "Tintin au pays de l'or noir" abandonné au bas de la page 26 de l'actuel album en couleurs.
   On ne verra pas Bob et Bobette (et M. Lambique, bien sûr) avant le 13 avril 1950, dans "La clef de bronze". Et pour Blake et Mortimer, "Le Secret de l'Espadon" s'est terminé le 20 octobre dernier avec la déroute des jaunes et de leurs séides. Les deux gentlemen ne nous reviendront que le 4 mai de l'an prochain avec "Le Mystère de la Grande Pyramide" où ils retrouveront leur ennemi attitré, Olrik. L'aventure commencera dans un "Constellation" en route pour Le Caire... Voilà pour l'essentiel.



  Notons aussi que c'est l'époque où bien des couvertures de Tintin sont signées Cuvelier, Trubert, Laudy, Husy, comme celle du Tintin de cette semaine, ou Raoul Auger (merveilleux illustrateur d'aventures guerrières, nos "Rouge et Or" en seront de prochaines autres démonstrations !), et qu'elles n'atteindront plus un tel degré de talent et de beauté.


... Ou Spirou ?

   Dans le numéro de Spirou d'hier s'est terminé "La revanche des fils du ciel", un épisode où Buck Danny et ses amis pilotes, les "Fils du Ciel", ont pu se faire traiter de "yankees" par les japonais, eux-mêmes qualifiés de "face de citron", "faces de coing" ou "faces de prune" par Sony. Ce serait un verger charmant si Hubinon ne dessinait aux "japs" des têtes comme celles qu'auront les martiens de "Mars attaque" !

   Ce que vous aurez trouvé d'autre dans ce Spirou : Jean Valhardi : "À la poursuite de Max Clair" ; Tif et Tondu : "La cité des rubis" ; Spirou et Fantasio (et Spip) : "Chez les Pygmées" ;


Image tirée du Spirou d'hier.

   Et aussi : "Baden Powell" ; Jo Lumière : "1ère série" ; "La patrouille des Aigles" ; Red Ryder : "Séries d'histoires" ; "L'île au trésor" ; Lucky Luke : "Le retour de Joe la Gachette" ; l'Épervier bleu : "L'ennemi sous la mer".

   C'est dans le "Spirou" de la semaine prochaine (n°605 du 17 Novembre) que Surcouf, "le Roi des corsaires", fera ses premiers pas dans Spirou. Une magnifique fresque, haute en couleurs, qui nous racontera les mille et une aventures de ce personnage hors du commun. L'histoire ? Elle est née de la rencontre de deux "pointures" de la BD : Jean-Michel Charlier et Vic(tor) Hubinon. Hubinon, qui a déjà créé Buck Danny, adore dessiner des bateaux. D'une rencontre avec le scénariste va naître cette véritable saga maritime qui nous tiendra en haleine pendant plusieurs années. Hubinon, au graphisme élégant et dynamique, concocte une longue histoire où grands combats navals, abordages sanglants, duels sans merci, prises d'assaut ont la part belle. Le tout est "réglé" d'un trait pur, classique, qui attire l'oeil... et le garde.



Et l'Intrépide ?

   Comme vous avez raison de poser la question ! Car depuis hier, après une interruption de 15 jours, voilà qu'il reparaît, en une nouvelle formule, et c'est reparti pour encore une douzaine d'années ! Pour l'instant, c'est en couverture "Les exploits de Babinet" (nom ridicule, "Bugs Bunny" retrouvera son patronyme original dans un an, au numéro 52). Au sommaire : "Arthur et Zoé", les deux gosses dessinés par Ernie Bushmiller (avec surtout la tante Suzie, qui connait par ailleurs aux USA une carrière autonome de pin-up à succès, cliquez sur le lien !).


   Au sommaire également : "le Petit Shérif", qui va durer 421 numéros, et nous accompagner jusqu'en 1957, "le Messager de la Reine" de Cazanave (image ci-dessous), "le Prince Charmant" (non, c'est pas le même !)...

   Peu à peu, d'autres séries vont rejoindre l'hebdo, jusqu'à cette année 1955 où "Les aventuriers du Ciel" (épisodes sur Mars, avec les "Slavoks"") ou "Hardi John" (épisodes de l'homme invisible) marqueront l'apogée de cet illustré quant à l'intensité des histoires (avec, aussi en 55, "Fanfan la Tulipe", "Cadet Rousselle", "Kid le Libérateur"...).

Et les illustrés de nos parents ?

   Paris-Match" ne paraîtra pas avant demain, voici celui de samedi dernier. Vous pouvez peut-être encore le trouver ce vendredi dans les porte-revues, et sur la table basse ou les fauteuils du coiffeur. En couverture, Linda Christian, la jeune et récente Madame Tyrone Power (épousée le 27 janvier 1949), avec, au dessus, cette question angoissante "les mâles vont-ils disparaître ?".

   Oui, "Vues et Images du Monde" ou "Radar", c'était bien aussi.

   Le "Radar" qui traîne aujourd'hui sur nos tables, celui en cours, c'est celui daté du 6 novembre ("Radar" sortait le dimanche), avec en couverture une illustration de Rino Ferrari, de l'accident du Constellation aux Açores, saisissante, comme à son habitude. "Mais comment il a fait le photographe, pour être dans l'avion ?", se souvient s'être inquiété le petit Yves Jalabert, de la rue Claude Debussy, 5 ans. Et c'est un fait, jamais la photo ne fera mieux que ces dessinateurs réalistes qui choisissaient le meilleur cadrage et "appuyaient sur le déclencheur" juste à la seconde où il fallait, ni juste avant ni juste après !

(cliquez pour agrandir)


On remarquera la documentation solide sur laquelle Ferrari s'appuie pour sa reconstitution : la photo en colonne de gauche lui a certainement servi pour ses personnages, Cerdan sur l'image de la couverture porte bien le même manteau de tweed à chevrons que sur la photo. Et vous avez vu la mâchoire serrée, l'air calme et tragique comme l'antique, et le geste de la main pour enjoindre le calme aux passagers affolés ? De la très grande composition !


ÉCHO D'ALGER DU 11 NOVEMBRE 1949
3ème liste de souscripteurs


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puis cliquez à nouveau pour l'agrandir



Et si vous voulez aller au Debussy voir un film, d'abord, an-tten-tian les entorses !



   ... et ensuite, circulez, il n'y a (encore) rien à voir. Vous pouvez vérifier en page des spectacles : en 1949, notre "Debussy" n'existe pas encore ! Il sera au n°23, juste en face de là où il y a les travaux en ce moment. Ce 11 novembre, c'est l'inauguration du "Régent" rénové, rue d'Isly, chaque chose en son temps !
   Sinon, vous aurez saisi l'humour de ceux qui tiennent le salon de Thé des Gourmets de Dar-el-Aalia, à la Bouzarea : ils moquent gentiment les innombrables thés de ceci ou de celà, plus ou moins dansants, dont on est coutumier à l'Aletti, au Saint-George et ailleurs, pour affirmer haut et fort que chez eux, on vient pour quoi ? Pour savourer du thé, un point c'est tout (et des petits gâteaux, aussi, non ?). Non mais...

(Rubrique "de tout un peu" du 11 novembre 1949)



Les 3 baudets

(dans "l'Écho d'Alger" de ce 11 novembre,
voir aussi en page des spectacles)




   En ce qui concerne Joëlle Kervane, la "nouvelle biche" qui semble avoir tapé dans l'oeil de F. Miralles, le journaliste de l'Écho d'Alger, on la retrouve en 1950 jouant dans une pièce, les "Les Marrants terribles", un autre spectacle des Trois Baudets, au Théâtre des Célestins à Lyon. Puis, plus rien. Dommage, on aurait aimé voir le minois de la mignonne !



Toujours dans les colonnes de l'Écho d'Alger de ce 11 novembre 1949 :



Il n'y a pas que des évènements tragiques ou des faits divers foireux à annoncer en ce 11 novembre 49 : c'est aujourd'hui qu'à El-Biar, dans une famille kabyle, naît Rabah Inasliyen. Pour l'instant simple nouveau-né (antantian à pas lui mettre la lumière dans les yeux pour la têtée de la nuit !), il sera plus tard un auteur-compositeur réputé.
   Chanteur engagé dans le combat pour l'identité kabyle, ou plutôt amazigh, une de ses chansons assurera "Ur netrouz ur n kennu" ("On ne rompra pas, on ne pliera pas"). Des articles sur Rabah :

http://assalas.centerblog.net/rub-les-Artistes.html
http://www.elwatan.com/Musique-Inaslyen-revient-avec
http://www.elwatan.com/Une-autobiographie-et-un-album-en


Mercredi prochain, 16 novembre,
papa et maman Dupeyrot vont faire souffler ses 3 bougies
au petit Gérald, futur GDLLDB de ce site.
Pierre, son petit frère, soufflera sa première le 7 janvier prochain.

Et, dans quelques jours, le 19 novembre, un évènement qui va faire fondre nos mamans :
Rainier III, 26 ans, un nouveau prince pour Monaco !



Et puisqu'on parle de musicos...


   Avez-vous vu les noms des orchestres à la fin de la page des spectacles ? Orchestres Bob Erard, Menella, Jean-Jack Bernard (qui joue salle de l'Entraide Féminine, rue Valentin), Paperon... Certains vous disent-ils quelque chose ? (je m'adresse en particulier à toi, Gaby, qui en as connu tellement !).

   Le seul qu'on connaisse, c'est Georges Menella, qui était bien chef d'orchestre, et était domicilié 23 rue Meissonnier. Mais les autres ?

   On connait bien aussi un Paperon, grâce à son neveu, Patrick Ouzilou, mais c'était Léon Paperon, qui tenait la boutique Brummel vers la fin des années 50, au 11bis rue d'Isly. Mais rien ne dit que c'est lui qui faisait de la musique.

Pour écouter quelques succès de cette année 1949...
Cliquez ICI !



Ce 11 novembre, les groupements communiquent...




D'autres évènements de cette année 1949...

L'inauguration du passage de l'Étoile, le 12 octobre dernier.
CLIQUEZ ICI !
(et mettez la sono !)

Le 16 juin 49, ce fut la célébration
du centenaire de la mort du Maréchal Bugeaud.
Une petite video sur le site de l'INA... CLIQUEZ ICI

Avec un bel esprit d'équité, était inaugurée, le 15 octobre 49,
par le gouverneur général Naegelen,
une stèle à la mémoire de l'Émir Abdelkader.
Sur la stèle, cette phrase de l'Émir :
"Si les musulmans et les chrétiens me prêtaient l'oreille,
je ferai cesser leurs divergences
et ils deviendraient frères à l'intérieur et à l'extérieur."

Une petite video ? Alors, CLIQUEZ ICI











Le 22 octobre dernier, Christiane de Stampa a établi le record d'A.F.N. féminin de l'heure... http://babelouedstory.com/cdhas/33%20cyclisme/33_cyclisme.html