Je suis sincèrement désolée d'avoir pu paraître choquante aux yeux de quiconque avec mes récits de frasques de potache à Sainte Elizabeth. Dans mes souvenirs d'élève indisciplinée (mais pas tant que ça!), je ne faisais qu'évoquer quelques instants précieux non dénués de sensibilité. Ce ne sont tout de même pas quelques anecdotes qui peuvent entacher l'excellence de l'enseignement dispensé dans cette remarquable Institution d'Alger. Ni amoindrir les grandes compétences et l'immense mérite de nos chères Trinitaires - Madame Tissot, incontestablement une sainte femme, en étant la digne représentante.

    De même, en ce qui concerne les aptitudes et la patience des membres laïques du corps enseignant. La totalité de l'encadrement nous dispensait non seulement le savoir mais aussi une certaine éducation au sens noble du terme. La "diablotine" n'y a connu qu'une seule et unique année scolaire "infernale" (en seconde : 1956-57). Juste le temps de passer de l'insouciance au sens des responsabilités (ce qu'il est convenu d'appeler "crise d'adolescence"). Passage hélas très (trop) rapide dans le contexte troublé qui fut le nôtre là-bas. Voici, les quelques mots que j'envoyais récemment à JiBé au sujet de Madame Tissot :

    "Elle avait un aspect sévère qui terrorisait les Elizabethaines. Ce qu'elle n'était pas au fond mais je ne le sus que beaucoup plus tard. Quelle ne fut pas ma surprise le jour où je l'ai vu rire franchement : je ne l'en aurais jamais cru capable ! Ce fut pour moi un grand moment."

    Indépendament de son intégrité morale, son aspect physique était ce qu'il était : nul n'est parfait ! M'aurait-elle autant marquée si elle n'avait eu une telle personnalité ? Il est des impressions d'enfance qui perdurent. Et pourtant, avec l'âge, on fait la part des choses. Je n'ai pas eu le bonheur de revoir Madame Tissot sur le sol métropolitain et je le regrette. Tant il est instructif de confronter ses souvenirs à la réalité avec du recul sous un autre éclairage.

    Aussi, que celles qui seraient choquées par mes propos sachent que leur apparente légèreté n'enlève rien à l'estime que je porte à notre ancienne Directrice pour tout ce qu'elle m'a inculqué.

    Cela dit, je tiens à faire remarquer que j'ai demandé dans un message sur ce LO, que les anciennes de Sainte-Elizabeth se mettent en rapport avec moi afin de confronter nos souvenirs et ce, précisément afin d'éviter tout impair. Il est regrettable, n'est-ce pas Bagheera (à laquelle je ne peux écrire en direct because pas de petite enveloppe), de ne pas avoir saisi cette opportunité.