(retourGRsept2006.htm)

NOS RUES

LES ME(C)CANOS DE LA RUE SADI-CARNOT

(EXTRAITS SOIJIS DU LIVRE D'OR, AVEC 2 DESSINS DE JEAN BRUA !)



Du temps qu'elle s'appelait "rue de Constantine", elle était la plus longue rue d'Alger, puis on lui donna le nom de Sadi-Carnot, un Président de la République qui n'évoque plus grand'chose aujourd'hui, si ce n'est, assez vaguement, qu'il se fit assassiner en calèche par un anarchiste à Lyon (oui, bravo, c'est exact, c'était en 1894 !). Du coup, en s'appelant Sadi-Carnot, la rue s'est trouvée placée sous le parrainage de ce personnage issu d'une famille à laquelle la technique et le machinisme doivent beaucoup. Pensez ! Il était le neveu du Nicolas Sadi-Carnot fondateur de la thermodynamique (sans vouloir vous ennuyer, le principe de Carnot, le théorème de Carnot, la machine de Carnot, c'est lui !). C'est déjà pas mal. Quant à son grand-père, le grand Lazare Carnot, il n'avait pas seulement été "le père de la Victoire" en 93 (1793, bien entendu), il était aussi savant de renom et avait fondé l'École Polytechnique (1). Et c'est les cours de cette école, que suivra son petit-fils, le François-Marie Sadi-Carnot qui nous occupe (2). Et qui, après un parcours d'ingénieur génial, finira (c'est le cas de le dire) Président de la République. Comme on le voit, la rue Sadi-Carnot avait été placée sous d'heureux et mécaniques augures... Et avec le recul, on peut dire qu'elle n'a pas fait mentir cette consécration !

C'est rue Sadi-Carnot qu'on a construit les rares planeurs sérieux produits en Algérie, des "sans queue" (3), c'était au n° 103, la Société S.A.L.S. C'est au n° 26 bis, que Georges Estienne installa sa société, la SATT, d'où partaient vers le grand Sud les cars "isobloc" Pullman, dont lui-même avait conçu le "design" et l'aménagement, réalisés dans ses ateliers de Fort-de-l'Eau (que pour y aller, vous pouvez pas vous tromper, vous suivez la rue Sadi-Carnot, la rue de Constantine, etc, et c'est là). Toujours rue Sadi-Carnot, tout le long du Hamma, se trouvaient les immenses ateliers des chemins de fer...

Il faudra bien un jour faire le point sur tous ceux qui vécurent et travaillèrent dans cette rue, où les ateliers et les hangars se succédaient sur des kilomètres, et sur ce qu'ils ont représenté d'activités essentielles à la vie de notre cité (4). Polytechnique, qu'elle était, notre rue Sadi-Carnot : carrossiers, serruriers, mécaniciens, électriciens... Et quand on est un mordu de ces choses-là, on continue à l'être une fois sorti du boulot, en tous temps et en toutes circonstances. Souvenons-nous de notre cher Henri Garcia, fils du fondateur des Forges Garcia, lui-même tout aussi passionné de mécanique que ses anciens... Déjà tout petit, à la foire du Champ-de-Manoeuvre, qu'est-ce qui le marquait le plus ? C'était la taille des écrous du manège où il tournait !

Alors, forcé que quand ils rentraient chez eux, ils continuaient à vivre leur passion... Jeanjean nous raconte ci-dessous les exploits domestiques de deux d'entre eux, qu'à côté, Hercule et ses travaux (et aussi de ses vingt compagnons, ceux-là même qu'y z'ont fondé Alger, faut pas l'oublier), c'est rien que de la zoubia !

Et puis Jeanjean s'est rappelé que c'était aussi dans la vitrine d'un magasin de la rue Sadi-carnot (et ce n'est évidemment pas un hasard) qu'ils avait convoité son premier Meccano, et que c'est là qu'on le lui avait acheté.



Un beau catalogue Meccano qui était vendu sur e-bay en ce début février 2007.
Oui le catalogue avait été remis au Petit Duc !




(1) Lazare Carnot est mondialement connu pour ses travaux scientifiques. Dans son "Essai sur les machines en général" (1786), il précisa les lois du choc et énonça la loi de conservation du travail. Il écrit "Métaphysique du calcul infinitésimal" en 1797. Avec sa "Géométrie de position" (1803), il apparaît en même temps que Monge comme l'un des créateurs de la géométrie moderne. Il participa d'ailleurs avec celui-ci à la fondation de l'École polytechnique. Et, cerise sur le gâteau, Lazare fut aussi un poète. Grand admirateur du poète persan Saadi, chantre des femmes, du vin et des roses, il décida que ce prénom serait porté par ses descendants !

(2) Il sera ensuite élève des Ponts et Chaussées. Puis, pas plus tôt nommé ingénieur en chef en Haute-Savoie, vous vous souvenez bien sûr qu'il conçoit et fait construire le fameux système de régulation de la sortie des eaux du lac d'Annecy, communément appelé "les vannes du Thiou", joyau technique et architectural, vous faites bien de le souligner. Du coup, il se retrouve sous-secrétaire d'État aux Travaux Publics, puis Ministre des Travaux Publics.

(3) Il se construisit d'autres avions et d'autres planeurs dans l'Algérie d'avant 62 (par exemple, pas loin de chez nous, à Boufarik, Mr Gomila), mais pas des aussi bien, évidemment ! Les Es'mmaïens intéressés par l'aviation en Algérie pourront se procurer ou consulter les précieux livres que Pierre Jarrige lui a consacrés : "Le vol à voile en Algérie 1862-1962", "L'aviation légère en Algérie 1909-1939, "L'aviation légère en Algérie 1945-1962".

(4) Hein ? Oui, vous avez raison, au n°201 c'étaient aussi les usines de sodas et de pâtes alimentaires de Hamoud Boualem, immortel producteur du SELECTO, mais ceci est une autre histoire. Votre gourmandise vous égare...



173 RUE SADI-CARNOT

"HARLEY L'ARTISTE, HARLEY L'ARTISTE, HARLEY ...
HARLEY L'ARTISTE, HARLEY, L'ARTISTE, HARLEY !"




LLORENS Jean-Jean 1934 (ALGER Belcourt les halles)

24/01/2007 17:00

Christian, mon voisin, j'ai habité 34 ans l'Essonne comme toi mais à côté de Longjumeau, à Epinay-sur-Orge. Pour les motos je n'ai cité que les petites cylindrées, car bien sur il y avait toutes les belles moto Anglaises. BSA, Norton, AJS, Matchless... Mais c'étaient des grosses bécanes qui nous faisaient envie, es-tu sûr de ta moto BMW avec la marche arrière, je crois que c'était une autre marque Allemande une ZUNDAPP, avec le side-car, et elles avaient une marche arrière, d'ailleurs le coureur Santucci en avait une ; et j'adorais le voir se garer avec ça, exactement comme une voiture. Ce sont des vieilles marques qui ont disparu, telles que Adler, ou Sach, et bien d'autres. Après la guerre tu allais aux stocks des armées, et je crois qu'ils les vendaient par lots de trois, beaucoup d'Algérois ont acheté des Harley avec des guidons immenses. Je le sais car un voisin un peu bricoleur et mécano, avec trois motos il en a fait une très belle, Mais le hic c'est qu'il les avait démontées aux ateliers des CFA au Hamma, et récupéré les pièces valables, et il avait "monté" sa moto pièce par pièce mais sur la terrasse du I73 rue Sadi-Carnot. Et qu'après il a fallu la descendre, est-ce que tu vois le cirque ???? Il y avait six étages, et on l'a descendue par la cage d'escalier. Ah, l'expédition ! Ils étaient, je crois bien, vingt ou trente avec des cordes, il y avait ceux qui tenaient, ceux qui guidaient, ceux qui poussaient, et ceux qui gueulaient. Le vrai folklore Pieds noirs. Dommage qu'il n'y avait pas de camera pour filmer ça. Une véritable expédition tout un dimanche après-midi, et après on a eu droit à un tour d'Harley pour le remerciement. Là j'ai compris que le mot impossible, pour un pied-noir n'existait pas, car il y a eu d'autres expéditions, dont celle d'un oncle à moi qui a fait une pastera dans sa salle à manger, la tata FIFINE a cru devenir folle, il fallait rentrer dans l'appartement par la fenêtre de la chambre. Rien que d'y penser j'en ris encore.






120 RUE SADI-CARNOT : PASTERA, PASTERA PAS ?

LE CHANTIER NAVAL DE TONTON NICOLAS


Car le tonton Nicolas (celui qui était cordonnier au Hamma) était fou de pêche, donc un jour avec Felix Le danois, ils se lancent dans les chantiers navals (ou vaux) mais il fallait bien un endroit ou faire leur "paquebot" donc ce serait la salle à manger, et la pastera faite en diagonale pour être un peu plus grande. Après avoir déménagé les meubles dans la cuisine, les voila partis ; donc comme la porte d'entrée était condamnée, il fallait rentrer par la fenêtre de la chambre car la vie continuait, donc sur le palier il avait mis une caisse d'oranges, et de l'autre coté dans la chambre un banc en bois très solide, et quand nous allions sur le "chantier", et croyez moi s'en était un, il nous fallait passer par la fenêtre et vice versa pour sortir, je vous vois rire à tous; mais c'était trop beau. Car cela a duré au moins un mois, et après il a fallu démonter la porte de la salle à manger pour sortir l'engin, qu'à cela ne tienne, vas-y que je te démonte. Alors il y avait le balcon et une terrasse et une cour. Le jour de l'inauguration, tout le quartier des halles était là pour aider à descendre le rafiot. Car tout ça se passait au 120 Rue Sadi-Carnot derrière chez Kiko le boulanger. Après il a fallu le descendre au port, avec le char à banc à Rouget et son beau cheval. On aurait dit Ben-Hur, tonton et Felix qui tenaient le bateau, et tous les gosses des halles et même des parents qui accompagnaient le transatlantique !!!!!!! La pauvre tata Fifine doit se retourner dans sa tombe. Pour tous ces hommes, le mot limite n'existait pas, rien ne les rebutait et ils avaient des femmes adorables.
Vous voyez maintenant un mec faire ça ?????? Il y a longtemps que les femmes se seraient fait la jaquette, et nous on se marrait, et de plus ça ne nous étonnait même pas, on en voyait tellement que nous étions blindés. Il faudra que je vous raconte le mariage de Tonton Nicolas avec Tata Fifine.








RUE SADI-CARNOT, EN BAS DE LA RUE HOCHE : LE DEALER DE MECCANO



Yves SENDRA (Alger /Nice)

23/01/2007 16:00

Pendant que JeanJean matait les clientes du remailleur de bas, nous les mioches ont regardait le magasin juste à côté, c'était un magasin de jouets dont j'ai oublié le nom où je crois bien avoir vu pour la première fois des Dinky Toys avec le car "isobloc", le camion d'essence d'ESSO (oui, il était rouge), une 2CH et bien d'autres. Le magasin était à proximité du passage "clouté" qui menait du bas des escaliers du Lycée à l'arrêt de tram qui partait vers l'Agha. Merci Jeanjean, d'avoir fait remonter à ma mémoire ce souvenir de gosse de 6 ou 7 ans !!



AU PASSAGE, EN RÉPONSE À YVES (SENDRA) ...
DES PRÉCISIONS DE SAURIEN GATOR 43 (pseudonyme) ET DE YVES (JALABERT) ...


Saurien Gator 43 (Floride)

12/03/2007 03:28

Pour Yves et Jean Jean : le magasin de jouets dont vous parlez, rue Sadi Carnot, ce serait pas "Le Poussin Bleu" par hasard ? Les propriétaires en étaient Mr et Mme Charnoz.



Yves Jalabert (RP 94)

12/03/2007 09:24

... /... Pour le magasin de jouet de la rue Sadi carnot, c'est bien "le poussin bleu", c'est bien Mme Charnoz, qui était ma tante, la soeur de mon père.



ET CE QU'EN DIT L'ANNUAIRE DE 1954 : ROSE QU'IL ÉTAIT, LE POUSSIN !





LLORENS Jean-Jean 1934 (ALGER Belcourt les halles)

23/01/2007 19:04

Est ce que l'arrêt des trams en bas des escaliers avait pour nom "arrêt du Moulin" ?????? Yves, je me souviens très bien du magasin de jouet, ma tante m'avait acheté un "vrai" Meccano, N°1, et oui car il y avait 5 boites, c'était un jeu évolutif, avec des belles pièces en fer trouées, bleues et rouges, et des petites boites de vis et boulons chromés "comme avant" et même avec un petit tournevis, et une clé plate, tout fait pour des mains d'enfants, c'était le nec plus ultra de l'époque, ça valait de loin les trucs de maintenant où tu passes des heures devant la télé comme un stourdoute.







Christian TRUCHI-1935 (ABBO/ALGER) (EVRY 91000)

24/01/2007 01:33

Voilà Jeanjean parti sur l'évocation de THE jouet dont pouvait rêver tout petit garçon de l'époque : le MECCANO avec ses 5 boîtes de plus en plus complètes. Moi, mon premier meccano, très probablement la boîte N° 1, m'a été apportée (je devais avoir 6 ans ou à peu près) par le Père Noël bien sûr qui avait eu le temps, en plus, de monter une superbe grue que je tiens dans mes bras (je n'ai pas trop des deux car elle était imposante) sur une photo que je tiens à la disposition des intéressés et que je transmets aussi à Jacques Abbonato. Je me rappelle avoir versé toutes les larmes de mon corps lorsque mon père a entrepris, devant moi pourtant, le démontage de mon beau joujou pour tenter de construire autre chose. Un livret de modèles figurait dans chaque boîte et était nettement plus compréhensible à lire que le mode d'emploi d'un appareil informatique actuel... Quant au temps que j'ai pu passer avec ce sublime jeu éducatif, je pense qu'il doit s'estimer en moult dizaines d'heures à monter et démonter inlassablement toutes sortes de modèles, y compris ceux qui sortaient immanquablement de mon imagination très fortement titillée. Avec un de mes cousins, nous avions même mis nos richesses en commun pour aborder d'autres modèles plus élaborés.




"La photo date des années 40, vraisemblablement 41 ;
elle est prise avec tout ce qui pouvait y avoir de plus simple à l'époque,
une vulgaire boite "Kodak" (format 6X9, petit trou pour les bobines).
En tous cas, l'essentiel est là : on voit la grue et ses dimensions". Christian.



POUR LES MECCANOPHILES

Nos visiteurs passionnés de MECCANO connaissent déjà le "Webring" (circuit de sites mis en réseau) des fans de MECCANO.
Pour les autres, nous donnons l'adresse de l'un de ces sites à partir duquel vous pouvez entamer ce tour des Meccanophiles du Monde entier.
Bonne promenade !

http://www.geocities.com/hornbymeccano/index.html








24 juin 1894 : cette illustration représente le Président Sadi-Carnot constatant qu'il est poignardé par une lame en acier T12, de longueur 12,5 centimètres, et, s'il en juge à la finesse du grain, vraisemblablement forgée un peu trop froid, ayant subi une trempe à l'huile à 60° et un revenu au four à 220° pendant 1h30, et se disant qu'il aurait mieux fait de ne pas monter dans cette calèche à six chevaux, modèle décapotable 1873 modifié 1879, seize lames ressorts double col de cygne AV et Dennett AR, freins à disque AR, avec essieux d'entraxe 150 cm AV et 160 cm AR, train AV cheville ouvrière avec rond, jante de rond sellette et lisoir à l'ancienne...