(kemias13.htm)





Texte et dessin de Jean BRUA         

   Né pendant la Grande guerre, il avait été, à l'aube de la suivante, le benjamin du "onze" qui succédait à la plus grande équipe de l'histoire du club universitaire, au côté d'"anciens" comme les frères Couard et Lucien Jasseron.

   Maurice "Missou" Faglin nous quitte à 96 ans, "doyen" du ruaïsme dans ce qu'il avait de meilleur, et toujours "junior" dans l'âme, l'esprit et les chansons. Il ne se contentait pas, comme la plupart d'entre nous, de soupirer de nostalgie à l'évocation de notre ruaïsme de là-bas : le stade, la piscine, les blagues d'étudiants (Et voilà la vie, la vie chérie, ah ! ah ! Et voilà la vie qu'les ruaïstes font !). Il était le "chevalier de garde" fidèle, intransigeant et actif de la flamme du RUA de toujours, celui des bouchlaghem (moustachus) et des boudjadis des deux ou trois générations RUA survivantes (on lui doit deux albums et une compilation de l'hebdo le RUA). C'est à plus d'une centaine de participants originaires de toutes les sections du club, qu'à son initiative, les "congressistes" se retrouvaient chaque année à Marseille pour des agapes bruissantes de sympathiques radotages.

   Plus tard, les rangs s'éclaircissant, ces réunions s'étaient espacées. Mais, toujours, "Missou" y occupait la place d'honneur et n'était pas le dernier à entonner le Pilou. Dans les dernières années, cela se passait en tout petit comité, chez le doyen et sa soeur Christiane ou l'un de leurs amis du carré rapproché. C'est chez Paul Lafage que j'ai vu Missou pour la dernière fois, à Saint-Cyr-sur-Mer, en 2011, autour d'une chorba. Le natif d'Akbou conservait sa mince et courte silhouette de nomade kabyle et dispensait tous azimuts ses flèches de taquinerie, comme au temps où il animait dans la feuille violette hebdomadaire de la Maison des Étudiants, sa chronique d'échos de "RUA-Cocktails", souvent urticante pour ses têtes de Turc du moment.

   Notre mémoire du RUA ne serait pas ce qu'elle est si Missou Faglin n'avait jamais existé. Grâce à cette communion qu'il a entretenue après le "Ruapatriement", comme il le disait plaisamment ; mais aussi par des centaines de souvenirs du temps où nous ne pouvions imaginer qu'il raccrocherait un jour les crampons, au sens propre comme au sens figuré.

   Car Missou, comme Stanley Matthews, a joué en compétition au-delà de 40 ans.

   Je me rappelle qu'au début des années 50, alors que le RUA était descendu en division inférieure, il avait repris du service pour aider à la remontée. Qu'on me permette ces quelques lignes de compte-rendu sportif "de mémoire" :

   C'était à Marengo, contre l'Union Sportive Musulmane locale, qui jouait en maillot cerclé vert et blanc. Le RUA était mené 1-0 à la mi-temps, et j'avais dû essuyer dans les tribunes quelques moqueries de "Tarzan" un supporter marengouin avec qui j'avais failli en venir aux mains au match aller. Et puis, le miracle : après l'égalisation par Florit, voilà notre Faglin qui dribble deux ou trois adversaires dans la surface et donne l'avantage au RUA. Finalement, cela ferait 4-1, après un coup franc du regretté Jacky Ferrari et, en apothéose, un lob de 40 m. du même sur le gardien avancé.

   Nous voilà repartis dans les récits de match… Mais il faudrait aussi raconter les parties de volley "Vieux "Turcos" contre "Jeunes Bourricots" à la piscine et les pitreries de Missou et de son compère, le colonel Duranton, pour déstabiliser les cadets bleu et blanc.

   Turco, Faglin l'avait été en Tunisie et en Italie, où il avait été blessé devant Cassino. Attaquant de race au foot, il s'était montré, dans la plus belle épopée de l'Armée d'Afrique, tout aussi volontaire et habile à s'insinuer dans les lignes de défense, à la tête de ses tirailleurs.

   Je sais combien il était fidèle à ces souvenirs. Et c'est pourquoi - que les dames d'Es'mma me le pardonnent - je ne trouve pas de meilleur adieu à lui adresser que le traditionnel ban de tirailleurs, qui s'exécute en synchronisation avec de vigoureux claquements de mains et… de bras d'honneur :

1, 2, 3, 4, 5, ZOB ! 1, 2, 3, 4, 5, ZOB ! 1, 2, 3, 4, 5, ZOB !

1, 2, 3, 4, 5, ZOB ! ZOB ! ZOB ! ZOB !





Une des dernières réunions de ruaïstes, à Solliès-Pont (2007).
Maurice Faglin est au centre (canne) et Jibé au second plan (4e en partant de la gauche).
Cliquez pour agrandir la photo.




RETROUVEZ MAURICE "MISSOU" FAGLIN AILLEURS SUR ES'MMA…
(cliquez sur chaque titre pour parvenir à l'écran correspondant !)

…en écran d'accueil du RUA

Lisez ensuite comment son histoire se confond avec celle du RUA…

Maurice Faglin se souvient des mémorables "troisièmes mi-temps"
et les soirées festives autour de la piscine !


Retrouvez les chansons du RUA rapoportées par Missou !

Il nous raconte comment le Racing Universitaire d'Alger devint meilleur club 1951

Enfin, son entretien avec Michèle Salério



AVERTISSEMENT

Quelques uns des écrans suggérés ci-dessus n'ont pas supporté l'outrage des ans !
Tout en restant à peu près lisibles,
ils se révèlent destructurés, tout de traviole,
les navigateurs d'aujourd'hui ne les "lisent" plus correctement,
bref, ils ont besoin d'une solide réfection ! Nous nous y employons !