SOUVENIR DE LA SALLE PIERRE-BORDES


Le méga mérou de Marcel...

par Gérard STAGLIANO.
Dessin : Jean Brua




   Marcel Isy-Schwart était à l'époque recordman du monde de chasse sous-marine et animateur de "Connaissances du monde" pour lesquelles il donnait des conférences très courues. C'était dans les années 1950.

   Il était donc venu à Alger pour parler longuement de ses exploits sous-marins et notamment de ce fameux record du monde, car il avait chopé un mérou de 178 kilos dans les eaux troubles de Rio de Janeiro en usant d'une pointe explosive sur sa flêche de harpon, tellement le monstre était gros. Il l'avait ensuite ramené dans une toute petite embarcation que le poisson occupait d'un bout à l'autre, laissant peu de place à tout autre occupant.

   Cette conférence avait eu lieu à la salle Pierre-Bordes de la rue Berthezène, dont la clientèle était plus accoutumée aux concerts de musique classique ou de jazz qu'à la chasse sous-marine. Clientèle qui était néanmoins venue entendre Marcel Isy-Schwart avec toute l'attention souhaitée.

   Mais, chasse sous-marine oblige, une autre clientèle s'y était invitée également et s'était mélangée à la première. En fin de séance, un petit gars de Bab-el-Oued s'était donc permis un commentaire à trop haute et intelligible voix qui fit "tilt" dans le public de la salle Pierre-Bordes : "Çuila-là qu'il lui a fallu s'la monter la mayonnaise, il a dû se faire ch... et pis bien !"

   Difficile à quiconque de ne pas pouffer de rire en l'entendant.

Gérard STAGLIANO.


Récits et rêves d'aventures rue Berthezène


Rebaptisée "Ibn Khaldoun", célèbre philosophe et historien, la salle Pierre-Bordes (photo Y. Jalabert) ne peut être que toujours habitée par le souvenir des porteurs de rêves de notre temps. Vous souvenez-vous être venu ici voir leurs conférences ? Sauriez-vous les reconnaître ? (pour les solutions, retournez votre écran, ou pendez-vous par les pieds)


    L'anecdote rapportée par Gérard Stagliano nous rappelle que la salle Pierre-Bordes fut à Alger un haut-lieu d'éclectisme culturel. Nous avons évoqué ici le "Petit music-hall du jeudi" (cliquez ici pour vous y rendre !) où, sous la houlette de l'animateur de radio Alec Barthus, le tirage de la Loterie algérienne donnait l'occasion à des artistes en herbe de se produire devant un public de parents et d'amis, dans les numéros les plus variés.

    La musique s'invitait très souvent, là aussi sans exclusive de genre, mais avec, à partir des fivties, une préférence de plus en plus marquée pour le jazz. C'est à "Pierre-Bordes" que, pour ma part, j'ai découvert, en chair et en notes, Sydney Bechet, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et Lionel Hampton, entre autres...

    Enfin, comme il en est question dans l'article ci-dessus, les conférences-films, préfigurant les grandes émissions télé d'aujourd'hui, permettaient, sans bouger de son fauteuil de velours rouge, de se frotter à l'aventure des plus renommés explorateurs-cinéastes du moment : le commandant Cousteau, bien sûr, mais aussi ses "collègues" du monde sous-marin Marcel Isy-Schwart et notre compatriote Freddy Tondeur ; les "montagnards" Frison-Roche et Samivel ; les explorateurs Haroun Tazieff et Paul-Émile Victor.

Jibé.





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