
Beaux-Arts (debout): Roman, « Zizou » Bec (cap.), Baletti,
Lorentz, Gaudin, Moreau, Artiste inconnu.
Lettres (accroupis,
de g. à dr.) : José Bou, J.-L. Rodineau, René Trémège
†
(cap.), Claude Bourgeois, Jean Brua, Chekli.
Le « temple » du Foyer civique et le championnat universitaire 56
livrés au folklore lors de
l’unique match nul de l’histoire du volley
Beaux-Arts contre Lettres. C’était le match de
l’année. Pensez, les facultés-sources des deux grands courants
d’expression de la culture: Art et Littérature. Un sommet, dont il y
avait lieu d’attendre, plus qu’un choc sportif, une vraie communion
du talent et de la pensée, en ce temple du volley-ball
nord-africain.
Calicots et cantiques proclamaient la foi des
fidèles des deux camps. Aux « Beaux-Arts, calamars », répondaient
les « Littéraires au derrière! » et aux salves d’un quintette en
maillots rayés et chapeaux melon, des pluies de tracts rédigés par
de blanches mains en salle de travail : « Haut les Lettres »! « Au
clou les barbouilleurs » !
À sa chaire d’arbitre, l’officiant eut quelque
peine à rétablir la sérénité indispensable aux débats. Deux sets
durant, on vit alors de grandes choses : côté Lettres, le service
théâtral de Rodineau aîné, la rhétorique de réception du « Martien »
Bourgeois, le smash prosaïque de Brua, la passe « claire, nette et
précise »
[1]
de l’hidalgo Bou ; côté Arts, une fresque de trajectoires
dont Maître Bec s’efforçait de discipliner la fantaisie, dangereuse
pour les lampes.

Egalité 1-1. Le troisième set commença dans une
ambiance de corrida. Sur un incident d’arbitrage (balle touchée ou
pas touchée au contre), la foule prit feu et plusieurs livraisons de
fruits et légumes déguisèrent l’auguste plancher en marché Clauzel.
C’en était trop pour Slimane, gardien du Foyer
civique. Le digne fonctionnaire coupa l’éclairage et se retira sous
sa guitoune, sourd à toutes les protestations et supplications.
Le rhabillage dans le noir fut la cause de
quelques surprises (chaussettes dépareillées, pulls à l’envers,
slips égarés). On quitta la place, banderoles et chansons basses.
L’arbitre déclara le match nul et la presse
aussi.
J.B.
[1] Les
professeurs de la classe de propédeutique avaient pourtant prévenu,
en début d’année, qu’ils ne voulaient pas lire cette formule
passe-partout à propos du style des auteurs du programme.
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