
La
leçon d’anatomie, Rembrandt,1632, Amsterdam, Rijksmuseum
Disparues ou presque de nos jours, les classes
d’anatomie basées sur la dissection du cadavre humain, d’abord discrètes
puis institutionnalisées, constituèrent, depuis la fin du XIII° siècle
le parcours initiatique obligé de tout candidat médecin.
Sous des apparences affectées de désinvolture macabre
elles étaient formatrices et nous obligeaient à une réflexion de fond
que l’on cachait soigneusement, y compris à soi-même.
En brisant le tabou de l’intervention sur le corps humain
elles rendaient le futur médecin responsable de ce corps et humble vis à
vis de son art.
Elles le familiarisaient aussi avec le contact et l’image
de la mort.
Il s’en suivait une mue nécessaire.
Le jeune apprenti qui rentrait en troisième année de
médecine pour aborder enfin les responsabilités hospitalières n’était
plus un étudiant comme d’autres, c’était déjà un « médecin » qui
apprenait non pas un métier mais l’exercice d’une vocation à risques.
Entre ces classes de dissection à l’entrée et le serment
d’Hippocrate (où je n’ai jamais vu personne frimer) en fin d’études, le
jeune médecin ne pouvait ignorer qu’il avait choisi un métier sacralisé
lui conférant plus de devoirs que de droits.
Les carabins de tous poils et de tous temps masquèrent
très soigneusement cet aspect, inavouable en public, sous la truculence
d’une gaîté factice en dissection (qui nous valut naguère le surnom de
morticoles) et par les plaisanteries d’un goût parfois douteux des
séances de « bidochage » ( pas de faux semblants, nous l’avons tous
fait...). Mais c’était plus encore pour exorciser cette gravité secrète
que par respect des traditions « carabines ».
Accessoirement il faut bien reconnaître qu’il n’existe
qu’un seul moyen de comprendre l’anatomie humaine et d’en percevoir les
rapports, c’est d’avoir disséqué.
Dans les grandes Facs à forte identité et celle d’Alger,
héritière et filleule de Montpellier était du lot, l’anatomie faisait
partie des « monuments » historiques incontournables et des grands
moments du cursus (lire les écrans consacrés à notre très cher Maître René-Marcel de Ribet).
L’image de sa table ou de sa classe d’anatomie reste,
pour chaque médecin, le souvenir majeur de ses études. Esmma se devait
d’y contribuer. Tous les médecins et chirurgiens lui en sauront gré.
Ci-dessous, l'amorce d'une galerie
des promotions
successives. S’il
vous plaît, tous à vos archives et à vos vieux cartons oubliés,
envoyez-nous vos photos pour la compléter ; aidez-nous aussi à retrouver
les noms qui manquent sur celles qui sont publiées.
J.-L. Jacquemin
(26/02/2005)
Classe d’anatomie promotion
1930-1931
(envoi de Jean-Louis Jacquemin)

Le grand brun au centre, assis très digne
(comme d’habitude) avec la moustache et une chevelure à décrocher les
araignées c’est Pierre Jacquemin, mon cher père, à une époque où je
n’étais pas encore au programme (vous vous souvenez le petit garçon avec
la veste rayée, déjà très digne,
près d’Henri Garcia sur la photo de Gautier 1922 ?... Comme le temps
passe...).
Malheureusement je ne reconnais aucun autre visage sur cette photo.
Classe d’anatomie promotion
1957-1958
(envoi de Claude Lamboley)

Colette Juan, X, Claude Lamboley.
Une autre photo de cette classe à découvrir
dans l'écran "Mes débuts à Mustapha".
Classe d’anatomie promotion
1958-1959
(envoi de Jean-Pierre Multédo)

Dissection dirigée ici par Hadida, debout,
petites lunettes.
à la
table de gauche : Lachkar debout, Zerdab devant et derrière, Multedo en pleine
action à côté de Feldman. A gauche du tableau, Suaudeau.
Classe d’anatomie promotion
1960-61- La table 16
(envoi de Jean-Louis Jacquemin)

De gauche à droite : Abely, Jean-Louis Jacquemin,
Jacques Villard
au « couteau », aidé par
Roger Sudry,
Jean-François
Mourier est derrière l’objectif.

On prend les mêmes et on recommence, avec Jacquemin derrière la caméra
et Mourier au couteau.
Au deuxième plan le 6ème homme de la table dont j’ai oublié
le nom.

Une vue de la salle : au premier plan Mlle
Ganeval, Droz en partie masqué et,
au dessus de lui, Papritz. Au deuxième plan on reconnaît Marc Gasser
(Aide d’Anatomie) avec son petit bouc et, se détachant sur le tableau
noir, Trouilleur avec sa pipe au bec.
Entre autres souvenirs, l'écran de Claude
Lamboley cité ci-dessous traite aussi,
comme celui de Jean-Pierre Multédo, de ses classes d'Anatomie.
René-Marcel de Ribet, vous nous avez tous
marqués à vie !
Mes débuts à Mustapha
par Claude Lamboley
Cliquer
NB - cet écran, qui retrace le
souvenir de la classe d'anatomie de de Ribet, comporte une photo de
cadavres assez rude pour des yeux sensibles ; elle est protégée par un clic
d'accès.
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