Alger, 1942-1943
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Après le débarquement anglo-américain à Alger, comme s'il n'y avait pas déjà suffisamment de monde à loger et à nourrir comme ça, voilà que le lundi 30 novembre 1942 se pointent dans la rade d'Alger les deux sous-marins Casabianca et Marsouin. Ils viennent d'échapper au sabordage de la flotte française à Toulon sur le point d'être investi par les armées allemandes ! Et de se glisser entre les mailles des flottes de l'Axe, bien décidées à ne pas les laisser gagner Alger, et à les envoyer par le fond. Enfin, plutôt à ne pas les laisser en remonter. D'accord, c'est un bel exploit, mais un sous-marin, à l'époque, c'était quand même dans les 85 bouches à nourrir !
Je plaisante. Car non seulement Alger n'eut pas à les héberger, mais ceux qui ont vu le film "Casabianca" (CLIQUEZ pour le voir aouf et en entier ! ) le savent : il fut aussitôt réexpédié en mission en Corse ! Dans les mois suivants, sous les ordres du capitaine Jean L'Herminier, il participera à la libération de l'île par de nombreuses et périlleuses opérations d'assistance à la résistance insulaire (1).
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En reconnaissance de ces faits d'armes, le Casabianca recevra le "Jolly Roger", le pavillon noir à tête de mort, des mains du capitaine Fawkes, commandant de la huitième flottille des sous-marins britanniques. C'est ainsi que le Casabianca deviendra le seul navire français à pouvoir hisser ce pavillon. Seuls jusque là des sous-marins britanniques pouvaient en retour de mission arborer le pavillon des "frères de la Côte". Ci-dessus, le Casabianca battant pavillon à tête de mort dans la rade d'Alger, ce qui ne s'était pas vu dans notre port depuis le XVIII° siècle, du temps des pirates barbaresques ! Et ne s'est problablement plus revu depuis. Et encore, si j'ai bien compris, le pavillon ci-dessous ne se hissait-il qu'à l'approche d'une proie refusant de se rendre !
Enfin, non, ce n'est pas tout à fait exact… Parce que depuis, ce fait s'est renouvelé : lors des merveilleux défilés de chars du Carnaval auxquels dans nos enfances tous nous avons assisté, voire participé, les chars suivaient le boulevard du front de mer. Et, à plusieurs reprises, l'un de ces chars fut consacré à des pirates, ou à des corsaires, avec des figurants qui se faisaient des têtes pas tibulaires que ça. Et bien entendu, au dessus d'eux flottait le pavillon noir à tête de mort ! (même si on ne le voit pas bien sur la photo ci-dessous, caché qu'il est par la voile).
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Corso du 3 avril 1954. Le char vainqueur du concours est "le Corsaire Noir", oeuvre des p'tits gars du Groupe Transport "520" de Beni-Messous.
Souvenons-nous… Du moins les anciens petits garçons. Mais peut-être y eut-il parmi nous des filles que la flibuste tentait ? La panoplie de pirate faisait partie des déguisements qui étaient immanquablement proposés à notre convoitise, lors de la traditionnelle visite au rayon des jouets des Galeries de France
(CLIQUEZ ICI POUR Y RETOURNER), avant que nous n'établissions la liste des commandes au Père Noël. Ceux d'entre nous qui jouaient avec des petits soldats se souviendront aussi de la belle série de pirates éditée par
Starlux, la marque vedette des figurines en plastique. Plein de bandes dessinées étaient dédiées aux pirates, corsaires et autres flibustiers, et on voyait régulièrement des films les mettant en scène ! (voir en fond d'écran quelques uns de ces gredins, vous les reconnaissez ? Mais si, allons, un petit effort ! Burt Lancaster, Charles Laughton, Yul Brinner, Errol Flynn, Tyrone Power… tous garantis, ainsi que leurs collègues de papier, d'avant 1962)
Mais jamais jamais jamais on ne vit d'équipage de corsaires du Corso d'Alger enlever des badauds pour en faire des esclaves ! Du moins sans le consentement des petites cailles qui acceptaient de monter à bord ! Alger avait bien changé…
(1) "Enfant, je connus très tôt cette épopée du Casabianca, du fait de notre proximité avec notre tante Paulette, épouse de Charles Angeletti, qui assumait bien sa corsitude, sans ostentation mais crânement. Pour "Tonton Charles", le Casabianca, était non seulement porteur du nom du plus prestigieux des marins corses, mais avec ses exploits, il venait de s'inscrire dans des annales marquées autant par une tradition de farouche indépendance que par une histoire d'amour pas simple avec la France. Ah ça, le Casabianca, ce que j'ai pu en entendre parler au 15 de la rue Burdeau ! Et bien sûr, la famille alla voir le film dès sa sortie en 1951. Pour je ne sais quel Noël, je reçus aussi dans mes chaussures le livre ci-dessous." (G.D.)
6 dagues d'argent, pour autant de missions réussies.
(image tirée du film)
Pour tout contact : dupeyrot.philippon@orange.fr