Georges Izzo

Né le 14 octobre 1924 à Saint-Ferdinand (département d'Alger),

Mort pour la France le 15 octobre 1945 â Lyon 69, Rhône.

Croix de guerre avec Étoile de Bronze.




   En 2019, sa nièce, Mme Danièle Izzo, a obtenu que le nom de Georges Izzo soit gravé sur le monument aux morts de la commune de Nohic, en Tarn-et-Garonne, devenue depuis 1974 lieu de résidence de la famille Izzo. À l'occasion de ce geste exceptionnel, hautement symbolique, la cérémonie traditionnelle du lundi 11 novembre 2019 se déroula de façon un peu différente… En cette journée nationale d'hommage à tous les Morts pour la France, les Nohiçois s'étaient rendus nombreux au monument aux morts : écoliers, enseignants, personnels de mairie, gendarmes du groupement de Grisolles-Villebrumier, sapeurs-pompiers de Villebrumier et porte-drapeaux. Le maire, Nadine Guillemot, ouvrit la cérémonie. Puis M. Fernand Gongora, président départemental de l'Union Française des Anciens Combattants, lut le message de la Fédération nationale. Il fut suivi des interventions du sénateur François Bonhomme et de M. Jérôme Beq, représentant le président du conseil départemental. Le message de Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, a été lu par Nadine Guillemot. Enfin Mme Danièle Izzo prononça l'hommage qui fut le point d'orgue de ce 11 novembre :

    "Monsieur le Sénateur, Madame la Maire, Mesdames, Messieurs,

    S'il est des jours dans une vie à marquer d'une pierre blanche, aujourd'hui en est un !

    Nous sommes réunis en ce lieu pour honorer, 74 ans après sa mort, mon oncle Georges Izzo, né le 14 octobre 1924 à Saint-Ferdinand.

    Affecté au génie le 14 octobre 1943, il a débarqué à Naples le 23 mai 1944, puis à Tarente le 07 août 1944, enfin dans le Var le 17 août 44. De là son unité fit route vers l'Alsace.

    Cité à l'ordre du génie, il fut très vite nommé chef d'équipe en déminage, puis caporal et enfin caporal chef. Je cite : "d'un dévouement inlassable et d'un courage tranquille, il a relevé, au mépris de tout danger, de décembre 1944 à mars 1945, des champs de mines particulièrement dangereux, dans des conditions extrêmes. Les 15, 16 et 17 avril 1945, a fait preuve d'un dévouement et d'une abnégation remarquables, en effectuant le déminage des accès au Pont de Kehl, dans une zone soumise aux feux de l'ennemi". Et Strasbourg fut libérée !

    Il reçut pour cet acte de bravoure, la croix de guerre avec Étoile de Bronze.

    Démobilisé, en cours de rapatriement dans son village, son avion militaire victime d'une défaillance technique, s'est écrasé au sol et prit feu, à proximité du Mont Thou, au Mont d'Or le 15 octobre 1945.

    Voilà, résumés en quelques lignes, 21 ans d'une vie simple mais exemplaire.

    Toi qui as payé le lourd tribut pour la liberté de la France, toi qui en dépit des horreurs de cette guerre, avais la douceur et l'angélisme de ta jeune vie, toi qui de surcroît étais très brillant et te destinais à entrer en école d'ingénieur, nous honorons ta mémoire pour la postérité, car un héros ne meurt jamais.

    Je remercie très chaleureusement Madame la Maire d'avoir entendu et répondu favorablement à ma requête. En effet, ma famille n'est pas originaire de la commune, mais nous y résidons depuis 1974 et dans la région de Fronton depuis 1962. À ce titre, vous êtes certainement l'une des premières représentantes de l'État à effectuer ce geste hautement symbolique ! Car ce n'est pas seulement de Georges Izzo dont il est question, mais à travers lui, vous honorez tous ces jeunes combattants, venus d'Afrique du nord, notamment d'Algérie, qui était alors un département français, Alger étant la capitale de la France libre, et se sont sacrifiés pour un idéal de liberté.

    Aujourd'hui vous réparez un préjudice en permettant qu'il ait son nom sur un monument aux morts, où il sera honoré chaque année et ne tombera pas dans l'oubli.

    Cette cérémonie, vous l'aurez compris, revêt donc une importance toute particulière et c'est avec beaucoup d'émotion, qu'au nom de mon père, mes oncles, et mes grands-parents, je manifeste gratitude et respect envers vous Madame Guillemot. Merci !".



Quelques autres souvenirs de Georges Izzo, par Danièle Izzo :

"Le peu que je sais de Georges, je le tiens de mon papa, de la famille, mais cela reste assez flou.
Georges est le 4ème enfant d'une famille de 5 enfants. Je crois que tout le monde l'appelait affectueusement "Giorgio", en tous les cas c'est le souvenir que j'ai enfant d'avoir entendu mes parents quand ils parlaient de lui.
Bien que né à Saint-Ferdinand, Georges a toujours habité Douaouda. Il y avait un cousin, François Izzo, également mobilisé dans la première Armée française (au 6e R.C.A.), et également "mort pour la France" à 22 ans le 19 mars 1945 à Lauterbourg (Alsace).
Le père de Georges, Mathieu, exploitant agricole, était né à Cefalu, en Sicile, d'où il était parti enfant suite au décès de son père, qui était tailleur de pierre. La maman de Georges était femme au foyer.
Georges était très doué pour le dessin, et très bon élève. Il se destinait à entrer en école d'ingénieur agronome.

Georges est parti à la guerre le jour de ses 19 ans. Affecté au génie, il a fait la campagne d'Italie, puis celles de France et d'Allemagne (voir ci-dessus). Il a été un vaillant et très courageux soldat, et a déminé au péril de sa vie sous la mitraille et le feu ennemi, le pont de Khel.

Le pont de Khel après la victoire. En passant la souris sur la photo,
découvrez au verso la mention manuscrite de la main de Georges.


Pour cela il a reçu les honneurs militaires. Le 1er juillet 1945 il y eut un défilé devant les généraux Dromard et Jaubert au cours duquel il reçut la Croix de guerre avec citation à l'ordre du régiment : "Chef d'équipe de déminage d'un dévouement inlassable et d'un courage tranquille, il a relevé au mépris de tout danger, de décembre 1944 à mars 1945, des champs de mine particulièrement dangereux dans des conditions extrêmes. Les 15, 16 et 17 avril 1945 a fait preuve d'un dévouement et d'une abnégation remarquables, en effectuant le déminage des accès au pont de Khel, dans une zone soumise aux feux de l'ennemi". Il a donc eu droit de son vivant à cette reconnaissance ultime de par ses pairs, et de par sa hiérarchie !

Dans ses lettres il ne se plaignait jamais et tenait toujours à souligner que "les nouvelles étaient bonnes" et souhaitait qu'il en fût de même pour sa famille.

Il appréciait semble-t-il l'Alsace qu'il trouvait être un très joli pays, où l'on mangeait bien et où il y avait du bon vin. Il semblerait qu'il ait noué en Alsace de vraies amitiés avec des civils, et se réjouissait de peut-être revenir passer avec eux et d'autres copains de régiment les fêtes de Pâques 1945. Mais Pâques tombait le dimanche 1er avril, et à cette date la guerre ne serait toujours pas finie, la paix ne sera signée qu'un mois plus tard.

Démobilisé, il appelle ses parents pour les prévenir de son arrivée imminente. Mais l'avion militaire qui le ramène va s'écraser peu après le décollage sur le mont Thou près de Lyon. 16 tués et quatorze blessés. Dont Georges. Transporté à l'hôpital militaire Desgenettes à Lyon, il y décède le 15 octobre 1945, au lendemain de ses 21 ans. Il est enterré au cimetière militaire de Lyon jusqu'en 1948, année où il pourra être rapatrié en Algérie. Quelques années après l'indépendance, son corps sera ramené en France près de nous.

Sa mort dévasta sa mère, son père et toute la famille".



Georges en communiant (le plus petit à gauche),
avec son frère Jean.



L'insigne en fond d'écran - cuirasse et "pot-en-tête" - caractéristique des unités de l'arme du Génie
est là pour nous rappeler que Georges appartenait au 180e B.G. (Bataillon du Génie).