CINÉMA LE FRANÇAIS, 25 FÉVRIER 1954, 21 H
PLEIN LES MIRETTES AVEC SANGAREE !
Pour Adrienne Ruby
Publié dans les "Kémias XV" (10/02/07)
À gauche, la façade du Français, photographiée par Yves Jalabert en 2006. La photo de droite a été prise peu après l'ouverture du Français, en décembre 1953. Rien n'a encore trop changé depuis 50 ans. La vitrine horizontale à droite, et les deux verticales de part et d'autre de l'entrée principale, où nous regardions les photos des films, sont toujours là, de même que l'encadrement où avait dû prendre place l'affiche de "Sangaree" (non pas celui au-dessus de l'entrée principale, mais celui à droite de la lanterne de droite. En agrandissant la photo de 2006, vous verrez l'entrée du 16 rue Denfert-Rochereau (le Français est au 16 bis), et plus loin, faisant l'angle avec la rue Tirman, la boutique du coiffeur, qui en 2006 était toujours un coiffeur... Les branches qui dépassent en haut à droite sont celles des arbres de Sainte-Marcienne... La façade du cinéma, à l'architecture lourde et solennelle, mais pas déplaisante, est ornée des symboles mussoliniens, dont le blason avec la croix de la maison de Savoie, le faisceau de licteur et la vestale, puisqu'avant que ce soit "Le Français", c'était ici la "Maison des Italiens", construite avec l'aide de l'Italie d'avant-guerre (celle de 39-45).
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En 3 images, on appréciera comment, au gré de la fantaisie de ceux qui préparaient le matériel de promotion, Fernando Lamas se rapproche peu à peu d'Arlène Dahl... On retiendra bien les deux techniques complémentaires : la poigne pour saisir les épaules et faire ressortir la poitrine, et le coup de naseau de Fernando qui semble humer le parfum de l'héroïne qui, elle, relève à chaque fois un peu plus la tête (ça suggère qu'elle est pas insensible... Troublée ? Désemparée ?). Les dessins en rajoutent une louche dans ce qui n'était pas si évident au départ dans la photo tirée du film. Coquins de publicitaires !
Des photos comme celles que nous avons dû voir dans les vitrines du Français...
Extrait du Livre d'Or d'Es'mma
RUBY Adrienne (1928)
11/12/2006 09:43
Cinémas d'ALGER: il y avait aussi la publicité : Jean MINEUR PUBLICITE, BALZAC 00 01, avec le petit bonhomme qui faisait tournoyer sa hache et la lançait sur le panneau où figurait le n° de téléphone. Aux entractes passait l'ouvreuse vendant bonbons, caramels, esquimaux, notamment les fameux "Coeurs", qui avaient leur réclame : "Rodrigue, as-tu du coeur ?"
Le premier film en cinémascope, "LA TUNIQUE", nous l'avons vu au cinéma "MAJESTIC" ; il passait aussi dans d'autres cinémas d'ALGER. Ce fut un moment extraordinaire.
Puis, sont arrivés les films "en relief", pour lesquels on nous distribuait des lunettes spéciales en carton, avec les micas de couleur ; le premier film relief s'appelait "SHANGAREE" (il me semble) ; à un moment, quelqu'un dans le film lançait un couteau, et on avait l'impression qu'il arrivait sur nous ; et c'était époustouflant de voir tout en relief !
RÉPONSE
Bonjour Adrienne. Pour "la Tunique", on peut voir l'affiche du film dans la rubrique "cinéma de chez nous", en allant à "Quand vous descendrez, montez donc..." (CLIQUER ICI POUR LE PARIS, LA TUNIQUE, ET LA RUE TANCRÉDE).
Pour "Shangaree" (quelle mémoire, Adrienne!), c'était "Sangaree" ! À une lettre près, c'était ça ! Oui, je confirme, il a bien été le 1er film en relief 3D à Alger, il est sorti dans deux cinémas, le Français et le Marignan.
Mais revenons à "Sangaree"... Nous sommes le 25 février 1954. Au Colisée, au Vox, au Plaza, au Mondial, demain sortira le film "Les Orgueilleux", avec Michèle Morgan et Gérard Philippe, à l'ABC, au Musset et à la Perle, c'est "Limelight" ; ce soir à 18 heures "l'illustre pianiste autrichien" Jorg Demus a joué à la Salle Bordes. Mais l'évènement, aujourd'hui, c'est "La grande première de Gala" de "Sangaree", au Français, rue Denfert-Rochereau. Et "L'histoire des 3 amours" à l'Empire et au Majestic ne supporte pas la comparaison. Ce jeudi à 21 H 15. Souvenez-vous...
Aux spectatrices sur leur 31, on remet un flacon de parfum Carven. Il y en a de 3 marques différentes... Vous, Adrienne, vous avez eu lequel? "Ma griffe" ? "Robe d'un soir" ? "Chasse gardée" ? Êtes-vous là d'ailleurs, ce soir, Adrienne, avec vos 26 ans et votre joli sourire ? Dans l'annonce - racoleuse - de l'Écho d'Alger, en pages "spectacles", on voyait bien que l'acteur principal du film, c'est le relief. Les vedettes ne sont pas parmi les plus connues, Arlène Dahl a dû être choisie pour ses générosités. Pour ses poumons qui surgissent hors du cadre de l'annonce, avec en plus une flèche qui vient désigner son décolleté vertigineux, comme si c'était utile, d'un "en relief" redondant. On est assuré que, quelque soit son talent, à la Arlène, punaise, elle va crever l'écran ! Car vous avez raison, Adrienne, ce qui compte, ce sont les cris des spectatrices quand le couteau arrive sur nous ! Quelle belle soirée, en ce début d'année 54, une soirée de juste avant la tempête.
UN AUTRE GRAND CLASSIQUE DU CINÉMA EN "3D", "L'HOMME AU MASQUE DE CIRE", REVU PAR JEAN BRUA
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