Jeudi 2 octobre 1952

Es'mma continue à s'intéresser de près à nos agents de police et à nos cinémas.
Parfois réunis, comme ici, en un seul fait divers. Voici...




"Le Désir et l'Amour", Françoise Arnoul,
Martine Carol, le Panier à Salade,
et Zatopek


Envoi de M. Choc, dessin de Jean Brua

L'article ci-dessus est paru dans les chiens écrasés
du lendemain, vendredi 03 octobre.



   Voici le lieu de l'action... Le cinéma "Le Colisée", annexe de l'Aletti. La rue qui part en face de nous, c'est bien sûr la rue Alfred Lelluch, et c'est dans notre dos qu'elle se prolonge, sous le nom de rue Colonna d'Ornano. C'est là aussi que s'est arrêté le fourgon de police, devant la Brasserie des 5 Avenues.

   Cette photo ne date pas de 1952, et nous vous prions de bien vouloir nous en excuser. Elle date de 1948. C'est cette année-là en effet qu'est sorti le film qui est à l'affiche, ou plutôt "au néon", au dessus du cinéma. Un bien intéressant film de Christian Jaque sur la vie d'Henri Dunant (vous savez, le fondateur de la Croix-Rouge, un Suisse qui avait séjourné assez longtemps en Algérie). Ce qui est surtout notable avec "D'hommes à hommes" c'est que ce fut la première apparition au cinéma du cher Claude Piéplu. Il se faisait une joie de se retrouver sur un écran, aux côtés de Bernard Blier et Jean-Louis Barrault, avant de découvrir son rôle : celui d'un grand blessé méconnaissable car recouvert de bandelettes.

   Cette belle carte postale édité par "La Cigogne", d'une très bonne définition, va nous permettre de focaliser sur plusieurs de ses détails (voir en colonne de droite).






   On vous a agrandi l'annonce... On remarquera que "Le Désir et l'Amour" passe ce jeudi soir pour la dernière fois. Il sera remplacé demain vendredi par "La P... respectueuse".

   Et si nos pandores cherchent "L'évadé du bagne", c'est plutôt du côté de l'Olympia, du Marignan ou du Caméra qu'il doivent diriger leurs chaussettes cloutées.







AVANT DE VOUS LAISSER REGARDER LES PHOTOS DU FILM,
UN P'TIT TOUR DANS LE QUARTIER ...



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Ce premier bout de photo agrandie, c'est pour vous mettre dans l'ambiance des abords du Colisée ...



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... Sur ce second fragment, on voit très bien le boulevard Bugeaud comme on ne le verra jamais plus : le bel Hôtel d'Angleterre, à l'angle de la rue des Généraux Morris (qui monte vers la place Bugeaud) a explosé vers 1997, et rien ne l'avait remplacé en 2006. Au coin, juste de l'autre côté de la rue, tout le pâté d'immeubles (1) jusqu'à l'angle avec la rue Maréchal Bosquet a aussi disparu, pour laisser place à un terrain vague qui essaie de ressembler à un espace ludique
(CLIQUER ICI POUR VOIR DES PHOTOS RÉCENTES.
Mais vous êtes pas obligé si ça doit vous faire mal au coeur).

(1) qui comprenait l'école des Beaux-Arts : on aperçoit, sur la façade côté boulevard la mention
"HÔTEL DES BEAUX-ARTS".

Pour l'instant, nous sommes en 1948 : juste avant l'Hôtel d'Angleterre (au n°11), le restaurant "Le Berry", au n°9, est bien là (il le sera toujours sous ce nom au XXIème siècle). Au dessus de lui, l'humble "Hôtel Bugeaud" jouxte modestement son luxueux voisin (il semblerait qu'il n'était plus là dès 1954).
Dans l'immeuble d'à côté, au n°7, le "Comptoir Franco-Belge" annonce du "caoutchouc", et il s'agit effectivement d'une manufacture de caoutchouc (en 1954, tél 359.55), celle de M. R. Lepreux (le dépôt se trouve au 3 rue Blanchard, tél 329.08). Au second étage, un panneau fait la réclame d'un tailleur.
Passée la minuscule rue Blanchard (qui aboutit rue d'Isly), Louis Isoard nous attend dans son commerce de "TABACS EN GROS" (au n°5 du bd., tél 328.11 et 337.85). En continuant, vous tombez au n°1 sur la bijouterie "INNOVA" des frères Zaoui (tél en 1954 : 366;13), et juste après sur un coiffeur.
Au n° 1 encore en 1954 : un atelier de fabrication d'enseignes, "NEON GAZOLUX" (tél 368.45).
En finissant de descendre, vous arrivez bien sûr au bas de la rue Joinville et au beau café de La Rotonde.




Vous aussi, vous êtes pourchassé et vous souhaitez semer vos poursuivants ? Vous voulez, comme le gars en fuite, vous perdre dans la foule des Algérois qui font la queue au guichet, en ce beau jeudi de l'automne 1952 ? Et reluquer comme eux les photos punaisées dans leur petites vitrines à l'entrée du Colisée ? Pas de problème : Es'mma, toujours soucieux de vos voeux de Chrononaute, est là pour ça... Voici les photos dans la contemplation desquelles notre évadé faisait semblant de s'absorber...





... Martine Carol et Françoise Arnoul, les deux vedettes qui font que ça vaut mieux que la salle elle soit réfrigérée ... Dans le film, elles font partie d'une équipe de cinéma en tournage, dont elles sont respectivement l'actrice pricipale et la script-girl ...





... Antonio Vilar et Carmen Sevilla ...





Au stand de tir de la fête, presque tout le générique du film réuni : de gauche à droite, Joaquín Roa (avec le béret), Martine Carol, Albert Préjean, Antonio Vilar et Carmen Sevilla.





... Martine Carol est éprise du pêcheur, joué par Antonio Vilar ...





... et Martine Carol encore, qui se refait une conduite. Le regard du chauffeur semble fortement attiré par sa chaîne en or ...





... et Martine Carol, toujours.





... toujours pour passer inaperçu, vous pouvez bien sûr vous absorber dans une revue de cinéma comme "Film Complet", mais si vous plongez le nez dedans, après, vous saurez la FIN, et ça, c'est vraiment pas malin ! ...






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