LA RUE DROUET D'ERLON

Par Gérald Dupeyrot G.D.L.L.D.B., et les souvenirs de Gaby.



Notre rue Drouet d'Erlon, oui, vous l'avez reconnue… Bien entendu, nous sommes arrivés par la rue Richelieu à laquelle nous tournons le dos. Il doit aussi y avoir derrière nous une baraque en planches peintes en vert, qui trône au milieu de l'escalier (point vert sur le plan). Nous allons descendre, passer entre rue Cabot à gauche et rue Denfert-Rochereau à droite, traverser la rue Clauzel, la rue Sadi-Carnot, et enfin aboutir rue de la Gare. Cette photo a été prise en 2005, le marché à gauche a été modernisé, avec des bandes rouges et blanches, c'est une halle à l'hexachlorophène (pour que les poissons aux étals y z'aient l'haleine fraîche ?).







AU N°1
"AUX PRODUITS DE FERME",
CHEZ FRANCINE


Un superbe envoi
(décembre 2007)
de Gaby
(sa photo est un peu plus ancienne).
Des images comme on aimerait
en recevoir plus souvent
de nos visiteurs


Décembre 1957 : il y a juste 50 ans…
C'étaient les fêtes de fin d'année.



Sur les trois premières photos, la dame avec des lunettes fumées, c'est elle, c'est Francine, de son nom complet Francine Rabal, la patronne, celle qui règne sur ce royaume de plumes et poils.
Sur une autre photo Francine se trouve en compagnie d'une autre dame en blouse blanche : c'est sa belle fille Mathilde Rabal (Hernandez de son nom de jeune-fille).
Sur la dernière photo, en tablier blanc, c'est bien Mathilde dont le visage émerge d'entre les volailles. L'homme riant, la main gauche dans la poche du pantalon de son costume, c'est Paul Rabal, le fils à Francine et le mari de Mathilde. Les autres, c'est "Inconnus au Bataillon". Le chien est peut-être de la famille, c'est pas sûr.
Ah, en cette période de fêtes,
il est prudent de commander, alors, vite un p'tit coup de fil à Francine,
et voilà votre réveillon assuré ! (au 64.91.32)

Cliquez sur chacune des images ci-dessous
pour la voir apparaître agrandie


  
  


… FINISSONS DE DESCENDRE LA RUE …



La rue Drouet d'Erlon en septembre 2006 (photo prise depuis la rue Sadi-Carnot).
On voit, tout au bout, les escaliers qui montent vers la rue Richelieu,
en laissant en leur milieu la baraque (celle du fleuriste ?).

Dans ce bout du bas de la rue, il n'y avait pas, nous dit-on, d'entrée d'immeuble.
Pour le n°1, on entrait par le 12 de la rue Sadi-Carnot (à gauche, donc).
Ici, la rue Drouet d'Erlon "traverse" la rue Sadi Carnot,
et se prolonge dans notre dos, en un escalier aboutissant rue de la Gare)
"Chez Francine", au n°1, c'était un peu en montant à gauche,
juste après la pharmacie faisant l'angle
(le croissant a remplacé la croix verte, mais c'est toujours une pharmacie).

C'était, au n°12 de la rue Sadi-Carnot, celle de Jean Crehange.
Vous voyez ci-dessous sa photo en 1962 et celle de la pharmacie en 2005.
(Merci à son fils Marc de cette contribution)



Sur la rue Drouet d'Erlon, et sur Francine, on lira ou relira,
avec bonheur le texte de Georges Levy :

"Enfance heureuse au fil de la plume, ou Chronique d'un quartier"

… Ainsi que ce complément que Georges a laissé sur le Livre d'Or d'Es'mma, après avoir vu l'écran :

"Juste en face de la pharmacie du regretté Jean Créange (merci pour sa photo en encart), était la droguerie tenue par une dame dont j'ai oublié le nom, où j'allais acheter du… mastic à la place de pâte à modeler. À vrai dire j'ai reçu un choc en voyant les vues actuelles de cette rue et du Marché où il n'y a pas même plus de place pour un chat. Le magasin de Vins de Santa-Maria était sur le même trottoir que Francine, ainsi que l'échoppe du Cordonnier. Je me souviens de Francine comme une femme… musclée avec des cheveux gris coupés à la garçonne …/… Il manque aussi dans ce reportage, mais ce sera possible dans le futur …pour les héritiers d'Es'mma, l'odeur de crottin des chevaux des maraîchers qui attendaient à l'entrée de la rue Cabot, et surtout les odeurs fraîches de la campagne algéroise qui fournissait sa provende au Marché Clauzel, et celles de la poisonnerie généreuse du marché couvert. Quant aux cris des vendeurs toujours souriants qui chantaient leurs marchandises et des petits porteurs avec leurs paniers de raffia plus grands qu'eux, je les ai encore en mémoire."


… et sur le marché Clauzel, la très jolie promenade d'Annie Suc :

"Clauzel : il est beau, il est beau mon marché!"


P.S. : Nous avons décoré le fond de cet écran de gibier et autres volailles (normal), mais aussi du portrait de Drouet d'Erlon : il fut Gouverneur de l'Algérie en 1834 (pour 2 ans). Avant d'être Pair de France, Comte d'Erlon, et Maréchal de France (en 1843 seulement), il avait été, encore sans particule et en son très jeune âge (17 ans ! Son premier boulot !), enrôlé volontaire dans le régiment du "Royal Beaujolais". Il en sera congédié cinq ans plus tard. Est-ce cet épisode de sa carrière qui lui valut de se retrouver ici, affecté au rôle de plaque de rue en plein marché Clauzel ? Son nez un peu rougi est un affectueux rappel de ce passage par ce régiment d'élit(r)es… Et puis rappelons-nous qu'après la chute définitive de Napoléon, poursuivi par les agents du roi qui ne lui pardonnait pas sa fidélité à l'Empereur, condamné à mort, Drouet d'Erlon se réfugia à Bayreuth où il tint une brasserie (eh oui !) jusqu'en 1825, année de l'amnistie qui lui permit de rentrer en France. Souhaitons qu'il puisse ainsi participer aux agapes et libations de cette fin d'année 1957, et pas seulement en contempler les fébriles préparatifs, émaillé qu'il est en bleu et blanc et plaqué sur son mur de rue. D'ailleurs, il est fin prêt pour la fête, si l'on en croit ce dessin de Jean Brua…




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