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Denise Ferrier

Née à L'Arba, le 16 novembre 1924.
Engagée volontaire à 18 ans ;
Aspirante conductrice ambulancière.
"Morte pour la France" à 20 ans,
le 24 janvier 1945 à Bichwiller (Alsace).


Médaille militaire, Croix de guerre avec palme, 3 citations,
fourragère Légion d'honneur du R.I.C.M., Distinguished unit.

Une rue de son quartier d'Hydra a porté son nom,
ainsi que l'école de la rue Tirman, dans le centre d'Alger
où elle fut élève d'octobre 1937 à juillet 1941.


Pour son histoire, lire en cliquant ICI l'excellent texte que John Franklin,
alors Secrétaire Général du C.D.H.A., avait consacré à Denise Ferrier
.

Autres textes la concernant : ICI et ICI.

    Comme on le voit, la littérature sur Denise Ferrier est suffisamment importante et de qualité pour ne pas ici faire de doublons inutiles. Il faut espérer que le livre "Vie et mort de Denise Ferrier" sera un jour prochain intégralement mis sur Internet, afin que chacun puisse prendre connaissance de la vie de cette touchante héroïne, et en particulier de ses courriers si émouvants à ses parents, tout empreints de son immense courage tranquille.

    Es'mma va simplement ci-dessous fournir quelques informations sur la trace profonde qu'a laissée Denise Ferrier chez les habitants - et leurs descendants - de la commune dont elle fut, avec d'autres soldats de l'Armée d'Afrique, la libératrice.



Denise Ferrier, le 24 janvier 1945 et après…


C'est le 7 février 1945 qu'Alger apprit la mort de Denise Ferrier
par cet article dans l'Écho d'Alger :



Elle fut d'abord enterrée dans le jardin de l'hôpital de Pfastatt.



Puis le 23 mai 1948 sa dépouille fut rapatriée à Alger
avec celles de 15 autres "morts pour la France".

Cliquez sur le titre ci-dessous pour vous rendre
à l'écran d'Es'mma consacré à ces retours…


    Ensuite, bien du temps a passé. Les parents de Denise l'ont à leur tour rejointe dans la tombe du cimetière de Saint-Eugène. Puis survint l'exode de nous tous. La famille Ferrier se dispersa. On pourrait penser que la mémoire de Denise n'allait encore subsister que quelques décennies sur des sites d'anciens d'Alger nostalgiques comme le nôtre. Eh bien non, pas du tout. Il est une ville d'Alsace dont les habitants se souviennent de ce qu'ils doivent à la petite ambulancière. Et qui lui rendent toujours l'hommage bien vivace de leur reconnaissance.

   C'est ce que j'eus l'occasion de découvrir lorsqu'en 1995, m'intéressant aux circonstances de la mort de Denise Ferrier, je m'adressai à la mairie de la petite ville où elle avait été tuée. Et là, surprise ! Je reçois en réponse une lettre extrêmement chaleureuse accompagnée de la plaquette que la municipalité de Pfastatt venait d'éditer pour le cinquantième anniversaire de la libération de la ville ! Une plaquette assez luxueuse, de soixante pages (oui, carrément !), dont trois consacrées à notre petite ambulancière. Les rédacteurs de la Société d'Histoire de Pfastatt, sous la houlette de leur président M. Daniel Schaerer, avaient accompli un travail considérable, allant jusqu'à rassembler les témoignages des anciens combattants du 23e Régiment d'Infanterie Coloniale, libérateurs de la ville avec le 2e Cuirassiers. Certains témoignages sont ceux de témoins directs de la mort de Denise Ferrier :

   "Il y a des périodes d'accalmie durant lesquelles Debarre essaie d'arranger sa jeep pour combattre le gel, et Cervera pour une vidange. À peine à l'ouvrage, ça remet la gomme (1). Je suis obligé de m'y prendre à trois reprises pour débâcher la remorque.
    À 100 mètres de là, Denise Ferrier, qui effectue des manoeuvres analogues pour son ambulance, a la tête arrachée par un obus de mortier. C'était une chic fille blonde. Ça refroidit !". (2)

   Ainsi, Denise Ferrier ne fut pas "mortellement blessée", contrairement à ce qui se copie-colle ici et là, non, elle mourut sur le coup. Et ce ne fut pas d'un éclat d'obus en plein cœur comme on peut le lire parfois, une fin presque romantique, peut-être le pieux mensonge que fit son père à sa mère pour la ménager. Non, la guerre et la mort qu'avait accepté d'affronter Denise Ferrier ne sont pas celles des héros dans les westerns et les livres d'Histoire de nos enfances. Elle sont souvent hideuses. Notre petite ambulancière, depuis deux ans qu'elle les secourait, savait les blessures atroces, la souffrance des mutilés et des agonisants. Le sacrifice qu'elle avait fait était d'autant plus grand qu'elle avait accepté par avance, en toute conscience, une fin qui pouvait être terrible, et c'est bien ainsi qu'elle mourut.

   Une autre ambulancière (3) nous raconte la suite…

   "Le matin du 24 janvier, alors que nous transportons des blessés au 2e poste de secours, une terrible nouvelle nous foudroie : notre camarade ambulancière Denise Ferrier vient d'être tuée à Richwiller. Transportée à l'hôpital de Pfastaat, c'est l'assistante du médecin-capitaine Fleuriot, Mireille Bonelli-épouse Durand, qui se dévouera à réparer les dégâts du corps brisé de notre chère Denise et à l'installer dans une petite pièce où viendront s'incliner pour un douloureux adieu, et entre deux évacuations, nos camarades ambulancières. C'est le 25 janvier au matin qu'a lieu un office célébré dans la chapelle de l'hôpital, et notre Denise reposera dans le parc durant de longues années – sa tombe entretenue et honorée par les Pfastaattois reconnaissants."



(1) La gomme : il parle d'un violent bombardement par mortiers.
(2) Louis Vogelé, infirmier au P.S.B., 1/23e R.I.C., journal de guerre 1944-1946, plaquette du 50e anniversaire de la libération de Pfastatt, page 54.
(3) Marie-Louise Molbert, ambulancière à la 2e compagnie de Ramassage de la 9e D.I.C., plaquette du 50e anniversaire de la libération de Pfastatt, page 46.



Dans cette plaquette, trois pages sont consacrées à Denise Ferrier.
Cliquez sur chacune pour l'agrandir et la lire :

`    

Dans un encadré, se trouvent cités les 20 libérateurs de Pfastatt,
tous du 23e Régiment d'Infanterie Coloniale, tombés au champ d'honneur.
20 tués, juste pour une petite ville !

   Ainsi, contrairement à ce que laissa récemment entendre un Président de la République au moins mal informé, la "Métropole" ne fut pas toujours ingrate avec ceux qui se sacrifièrent pour la délivrer : à Pfastatt, aujourd'hui banlieue de Mulhouse, il y a un lotissement qui s'appelle Parc Denise Ferrier. La maison du n°71 rue principale où elle passa sa dernière nuit, et devant laquelle était garée son ambulance quand elle fut tuée par un obus, porte une plaque à sa mémoire, régulièment fleurie.

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Enfin, sur le site Internet de la ville, on parle d'elle en un texte émouvant qui conclut ainsi  :

    "Les vicissitudes de l'histoire ont peut être relégué les cendres de Denise dans l'anonymat d'un cimetière à l'abandon, mais son souvenir en terre d'Alsace restera vivant aussi longtemps que les futures générations passant devant la maison n°71 de la rue principale à Richwiller ou devant la cité que les Mines de Potasse ont construite pour leur personnel et baptisée Parc Denise Ferrier, poseront aux aînés la question : "Mais qui était Denise Ferrier ?" et qu'on saura leur répondre que, venant du pays du soleil, elle est tombée à l'âge de 20 ans sous la mitraille ennemie, comme des milliers de jeunes soldats, par une froide matinée d'hiver, pour que vive la liberté".

    Et pour finir de contredire une généralité sur l'ingratitude de la Mère-Patrie, voici une nouvelle parue dans l'Écho d'Alger du 1er septembre 1948, qui nous confirmera dans la certitude que les Alsaciens sont des gens qui ont de la gratitude et qu'ils savent la manifester. Quant à ceux des Français, ailleurs sur l'hexagone, qui avaient été libérés par l'Armée d'Afrique et n'ont remercié d'aucune façon, que dire ? D'abord qu'il est bien tard, et qu'ensuite on ne saurait forcer un bourricot qui n'a pas soif.

Gérald Dupeyrot
      





En tête de cet écran, portrait de Denise Ferrier en médaillon
sur sa tombe au cimetière de Saint-Eugène (Alger).
Il a été photographié spécialement pour Es'mma par Yves Jalabert, début octobre 2019.

Le semis de fond d'écran comporte l'insigne
du 25e bataillon médical de la 9e Division d'Infanterie Coloniale,
qui était celui de Denise, ainsi que son fanion.

Nous devons d'avoir reçu la plaquette éditée à l'occasion du 50e anniversaire de la libération de Pfastatt
à M. Daniel Schaerer, Adjoint au député Maire et Président de la commission d'Histoire de Pfastatt.
De même que les deux photos du n°71 rue principale qu'il a bien voulu prendre.
Qu'il en soit remercié.