Aletti, fin avril 1931 : des Miss en mission !
(article dans l'Afrique du Nord illustrée du 02 mai 1931)


      Depuis l'ouverture de son hôtel l'an dernier, M. Joseph Aletti s'ingénie pour qu'il se passe chaque jour quelque chose de neuf, d'inattendu, de classieux, et de médiatisable dans sa "Ville dans la Ville", comme il conviendra bientôt d'appeler son établissement, le Casino Municipal alias l'Aletti. Il lui faut bien, d'une part, donner à ses riches et influents clients la certitude qu'ils mettent bien ici les pieds dans un palace littéralement extraordinaire, et d'autre part distraire leurs épouses et amies qui viennent dépenser leurs sous aux thés dansants quotidiens, aux fêtes de charité, et dans les salles de jeu. L'objectif de Joseph Aletti est que tous se disent, en pensant à son hôtel : "Parce que je le vaux bien". Et pour rester dans les vaniteux slogans du monde du luxe, on pourrait dire que L'Aletti, dès ses débuts, aurait pu avoir pour devise celle d'un grand magasin parisien dans un avenir lointain : "À tout instant il se passe quelque chose… à l'hôtel Aletti !"

     Et il faut dire que, question trouvailles propres à faire la promotion de l'Aletti, Joseph est d'une inlassable fertilité. D'accord, on ne peut pas tous les jours avoir Charlot comme invité pour faire parler de soi, ça, c'était un gros coup ! Mais il recourut à bien d'autres trouvailles. Parmi elles, les défilés de mode. Mais attention, pas des défilés comme pouvaient en faire des couturiers de notre ville, non, des défilés en y associant des Reines de beauté ! Et pas du fretin de notre colonie, des Miss Bab-el-Oued ou Miss Plateau Saulière, que chacun connait déjà ! Non, des "Miss" venues de l'autre côté de la Méditerranée ! C'est ce qui vient de se passer ces jours derniers à l'Aletti, ainsi que nous le commente l'article ci-dessus. Cette propension de Joseph Aletti à rehausser le prestige de ses mondanités avec des "essaims" de belles venue d'Europe trouvera son apogée en 1937, avec l'invitation des concurrentes au titre de "Miss Europe" (cliquez ici pour vous y rendre).

Gérald Dupeyrot