(retourGRsept2006.htm)

GÉRALD À ALGER, 19-24 SEPTEMBRE 2006

20 SEPTEMBRE : AU VERSAILLES

(EXTRAIT AVEC QUELQUES COMPLÉMENTS)



   (...) Retour rue Michelet-Didouche, je fais quelques pas avec le flux des Algérois, et je suis en face de notre Versailles, devenu depuis bien longtemps "l'Algéria". Sa dépendance attenante, juste à gauche, le bar "Fouquet" (eh oui, on tapait le genre ! On s'la jouait à la Parisienne, ay, le tcheklala, dji !), auquel on accédait soit de la rue, soit par le hall, a disparu au profit d'une quelconque boutique. Mais le hall du cinéma n'a pas été modifié. Si sa décoration a varié, l'ancienne (des visages de vedettes signés "Studio Harcourt" ?) ayant laissé place à des portraits d'artistes algériens, son volume et sa majestueuse beauté restent intacts. Même la double volée d'escaliers, comme l'envolée de deux ailes vers la salle, demeure. Un "moins", toutefois par rapport à "notre temps" : le grand panneau en métal repoussé (1) représentant - je crois - des allégories mythologiques et maritimes (horreur, avec des femmes peu vêtues !), qui s'inscrivait dans le "V" des escaliers, a été remplacé par un tapis mural, avec, posé devant, un pot de fleurs. Goûts moins baroques ? Invitation à un envol davantage dans le style des "1001 nuits" ? Bof...

J'ai la chance de trouver présent sur les lieux Monsieur Lamarti, responsable des cinémas d'Alger, il est de passage, il me fait visiter... L'Algéria-Versailles est l'un des ultimes fleurons d'un cinéma algérien en coma dépassé. Monsieur Lamarti est sur les dents, les quelques salles héritées de l'époque française encore présentables, devraient recevoir l'an prochain, dans à peine 3 mois, les manifestations de "l'année de la culture arabe", dont Alger pour 2007 sera la capitale. Y'a du boulot... J'ai vu en travaux certaines salles pas encore prêtes : le Majestic et l'Empire ; le Français, lui, à la salle paraît-il toujours superbe, est fermé. (2)

   Et la salle ? La décoration, comme celle du hall, a dû changer. Un film est en cours de projection, la salle est dans la pénombre, je peux pas le vérifier, mais en 50 ans, au moins un p'tit raffraîchissement a dû être le bienvenu (surtout que, si l'on en croit Jack, les fleurs de lys à portée de main avaient disparu !). Par contre, le magnifique volume est intact, le Versailles n'a pas été fractionnée en multiplex, comme j'ai pu le lire au moins une fois. Les fauteuils sont combles, les amoureux comblés (c'est eux et leur besoin d'intimité qui doivent assurer une bonne part de ce qui reste de chiffre d'affaires cinématographique en Algérie), chut... Pas CLIC-CLAC. Je rends visite à la cabine du projectionniste, équipée de projecteurs italiens ultra-modernes, le nec-plus-ultra pour ce genre d'équipements.

   Au sous-sol, "destiné à devenir un lieu d'échanges culturels", me dit Monsieur Lamarti, les anciennes vitrines, encastrées dans le mur, carrées et basses, sont toujours là, vides, et le bar itou. Les 2 anciens projecteurs 35mm sont exposés, je fais les photos en pensant que ça fera plaisir à Jack. Nous remontons vite, car une terrible odeur d'égout prend à la gorge et limite toute vélleité de séjour prolongé. Vraisemblablement est-ce là ce qu'on appelle un "bouillon de culture" ? Monsieur Lamarti m'explique que des canalisations ont cédé, mais que la situation est sous contrôle.

   Monsieur Lamarti m'indique que c'est ici, à l'Algéria (oui, notre Versailles), que "Kirikou et la Sorcière" a été projeté, et il se rappelle les débats dans la presse d'ici, et dans les familles, sur le zizi de Kirikou et les seins nus des villageoises ! Que le film que j'ai eu le plus de plaisir à contribuer à produire ait connu ici les mêmes succès et polémiques qu'ailleurs me ravit. Eh oui, c'était "Femmes court-vêtues, la revanche !"). Oh pardon, j'ai encore traîné ! Je continue...





(1) À jamais perdu, ou pas perdu pour tout le monde ? On vous met sa photo, parue dans la presse professionnelle lors de l'inauguration, elle est pas terrible, mais ainsi chacun s'en souviendra. Considérez la comme un "Avis de recherche". Et de quel artiste ce panneau était-il l'oeuvre ?

(2) Samedi 6 janvier 2007 : "Le programme de la manifestation "Alger capitale de la culture arabe 2007" n'a pas encore été communiqué alors que son inauguration est prévue dans moins d'une semaine."
(http://www.algerie-dz.com/article7713.html, synthèse de Souad, d'après le Jeune Indépendant).
Il me semblait bien aussi...
Je pensais pas qu'on pourrait faire pire que "l'Année de l'Algérie en France"... Ben si.



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