Au 52 rue Michelet (3)


C'est Versaaaailles !

Le 19 octobre 1955 s'ouvre le cinéma "Le Versailles", avec à l'affiche "French Cancan" de Jean Renoir.
L'immeuble de belle allure où il se situe s'est élevé de fraîche date
sur l'emplacement de trois petits bâtiments vétustes qui correspondaient aux Nos 50, 52 et 54 rue Michelet.
Le tout-beau tout-nouveau remplaçant portera le numéro 52. Voici ce que nous avons pu réunir sur ce ciné
où beaucoup d'entre nous connurent le plaisir des meilleures exclusivités de ce temps-là.
Parmi ces enfants, Elisabeth, fille d'un grand chirurgien algérois, se souvient...



En quelle année cette photo du Versailles a-t-elle été prise ? Quel mois ? (Allez, de plus en plus fort !) Quelle semaine ?
Es'mma s'est donné les moyens de "vaire barler"
(comme disait Francis Blanche), zette voto, et oui, on a la réponse !
Découvrez les coins et les recoins de cette image en cliquant dessus !




Et en souvenir de cette semaine de l'automne 1955,
peut-être la plus mouvementée de l'histoire du cinéma en notre ville,
puisque ce fut aussi celle de l'ouverture du cinéma "Hollywood",
Es'mma vous offre le faire-part de naissance du Versailles...


En cliquant sur la coupure ci-dessous, accédez
à d'autres extraits de l' "Écho d'Alger" relatant l'évènement.






   "C'est la séance du samedi soir. À la caissière que tu as accouchée, dont tu as opéré le mari et la belle-mère, tu laisses le numéro de ta place. Au beau milieu du film, parfois pendant la publicité Jean Mineur - " Oui, vraiment, papa et maman peuvent être fiers de leurs enfants, grâce à OMO, ils ont le linge le plus propre du monde ! " -, l'ouvreuse vient presque toujours te chercher. Je guette le filet lumineux de sa lampe de poche. Pourvu que non ! " Docteur, la clinique Solal vous demande au téléphone !". Tu pars, une caresse sur ma joue, le film a moins de charme...

   Mon père adorait les westerns, les magnifiques espaces lui rappelaient certainement ses Aurès natales, les formidables chevauchées de ses années de guerre à cheval. J'ai toujours soupçonné que le monde merveilleusement reposant du saloon et du feu de bois sous les étoiles, au son de la guitare et du cri des coyotes, univers si rassurant dans lequel bons et méchants étaient repérables dès le chapeau de feutre ou la parure de plumes, devaient rouvrir en lui la vieille blessure des croyances brisées très tôt.

   Pour moi, j'étais L'Homme du Kentucky, Burt Lancaster dépeçant dans un éclat de rire carnassier un pilon de volaille, cuite sur une branche d'arbre au bord de la rivière limpide.

   Au Versailles, mon père ne m'a pas seulement montré jusqu'où peut aller la passion pour un métier. Il m'a aussi appris à être sans complexe une midinette."

Elisabeth Schemla,
extrait de son livre "Mon journal d'Algérie"
(Flammarion Éditeur, 2000)


En couverture, le beau regard d'Elisabeth, et au dessus une photo d'elle avec son papa.

Nous remercions de tout coeur Elisabeth de son consentement à la publication de ce texte.