Entre le 35 et le 37 rue Michelet, la rue Tirman la voilà !
Au coin à droite, au n° 37, la libraire Nostre Dame.
"Le modernisme s'installait lentement. Il y avait, dans la rue Michelet, une librairie, très sympathique, tenue par trois demoiselles. Bien située, bien entourée : d'un côté la pâtisserie Princière que la sortie de la grand-messe emplissait de paroissiens à l'âme allégée, à la gourmandise réveillée, de l'autre côté la boucherie Accault dont le patron n'était pas encore réputé pour être l'oncle d'un nommé Albert Camus mais seulement pour l'excellence de ses viandes «de France», qu'il échangeait parfois, bon coeur et amateur d'art, contre quelque gouache d'un peintre désargenté.
La librairie des trois demoiselles était bien pourvue de bons ouvrages, mais elle avait cette particularité de s'appeler A Nostre-Dame, d'être confite en produits saint-sulpiciens et très achalandée de bigotes. Quel diable malin poussa un émissaire des éditions Gallimard à y organiser une vitrine publicitaire pour mon roman Héliotrope ? D'avant-garde, la vitrine, au moins pour Alger : des filets de pêche, une paire d'avirons entrecroisés à pelles de couleur orange, du Rowwing-Club auquel j'appartenais, et des photos de rameurs, de nageurs, aux torses virils, aux cuisses olympiques. A onze heures du matin la vitrine rayonnait de nouveauté; à deux heures de l'après-midi elle avait disparu, balayée par le scandale".
Gabriel AUDISIO, L'OPÉRA FABULEUX (Deuxième partie : LE RETOUR).
Merci à Francis RAMBERT de cet envoi !
Au n° 35, au coin à gauche, celui qu'on voit pas : un opticien.
Allez, venez, maintenant, on s'engage dans la rue Tirman.
Ah, la voilà vue d'en haut. Photo prise en septembre 1984. A cette date, il semble bien que l'église espagnole soit en travaux. Pour vous repérer, les palmiers qui dépassent plus bas sont ceux de la photo ci-dessous.