FR 3-CHANNEL 4, 1991-1992



TÉLÉTOON, C'EST LULO !

Une enquête du Menestrel
Tous les dessins de Lulo sont © Thierry Steff,
leur reproduction est interdite sans son autorisation.



"Je considère cet écran comme quasiment abouti, il ne reste plus à installer que les liens avec les Télétoon lorsqu'ils seront visibles sur des sites de partage, et quelques données comme les images des Téléton n°33 "Musique Classique", n°36 "Italtoons", n°38 "Images de synthèse 2". Les textes du présent écran proviennent des récits et des archives des trois auteurs, ils ont été lus et validés par eux, ainsi que par quelques collaborateurs et partenaires de Télétoon, plusieurs apportèrent d'utiles compléments. Mais d'éventuels apports supplémentaires restent les bienvenus !". Le Ménestrel.




   1989 : Trois amis se réunissent régulièrement après le turbin pour travailler à un projet commun : une émission de télé qui serait un magazine amenant au public les richesses de l'actualité et de l'histoire du cinéma d'animation. En fait l'aventure remonte à plus longtemps que ça : "C'est Philippe, se rappelle Thierry, qui m'avait contacté à Banc-Titre, je pense vers 1982, quand nous étions encore installés rue Baudricourt dans le XIIIe. Il avait même un premier dossier pré-projet (que je dois avoir quelque part) avec un nom compliqué, Image-Imagine... Je n'y pensais vraiment qu'à l'occasion, Philippe me le rappelait régulièrement mais c'était compliqué d'y travailler (mes collègues de Banc-Titre s'en foutaient) jusqu'au jour où c'est devenu plus pressant. Entre-temps j'avais fait la connaissance de Gérald plus précisément, et je me suis dit qu'il était le troisième larron idéal. J'avais eu la bonne idée…" (Thierry Steff, août 2012).

   Deux des trois larrons sont des "spécialistes", en fait des amateurs fous, de ce genre de cinéma : Thierry Steff et Gérald Dupeyrot. Le premier est associé du studio de création graphique Tarcus (et son directeur artistique) ; il est aussi et surtout créateur et rédacteur en chef de "Banc-titre", l'irremplaçable et irremplacée revue française du Cinéma d'Animation. En 1984, il a aussi édité le premier "Annuaire-guide du cinéma d'animation en France". Un outil épatant qui hélas ne connaîtra qu'une seconde édition en 1985. Par la suite plus rien jamais ne sortira de semblable ni de comparable.

   Gérald Dupeyrot, lui, après avoir été "publicitaire" durant une vingtaine d'années, vient de faire le grand saut : début 1989, il a changé de métier ! Il est passé de sa prospère agence de pub, dont il laisse la gestion à son associé François, à la production de films en animation : il est pour l'instant directeur du développement d'une filiale de Thomson et de l'INA , Ex Machina, société spécialisée dans la production de films en images de synthèse. Gérald a été le complice de Thierry pour de nombreux "thèmes illustrés" dans "Banc-Titre", et il a régulièrement écrit sur le cinéma d'animation, en particulier dans "BAT" ("Bon-À-Tirer"), le très somptueux magazine de la création publicitaire de ce temps-là. Thierry et Gérald sont des spectateurs assidus du festival d'Annecy et des autres festivals spécialisés "animation" à travers le Monde.

   Le troisième de l'équipe, Philippe Ronce, sans être aussi "pointu" sur le cinéma d'animation que ses deux comparses, est un réalisateur aguerri et coté, qui s'est fait connaître pour ses émissions télé branchées à destination des ados : "Les enfants de la télé", "Fraggle rock", "L'Écho des bananes", etc. Il a des idées aussi innovantes qu'efficaces pour l'émission qu'ils préparent.


- Par ordre alphabétique : Gérald Dupeyrot - Philippe Ronce - Thierry Steff

   Le projet est conçu dans ses moindre détails : ce sera un magazine hebdomadaire de 13 minutes. Numéro après numéro, il abordera une technique, un auteur, une école ou un thème du cinéma d'animation. Les extraits de films illustrant le sujet seront présentés par un personnage en dessin animé, qu'ils nomment "Lulo" (car les enfants s'écrieront à chacune de ses apparitions "C'est Lulo !", et comme chacun sait, le cellulo est la feuille de plastique transparent, ingrédient de base du dessin animé traditionnel). C'est Thierry qui de son crayon, très vite, quasiment sans tâtonner, donne au personnage son apparence, et il est très, très réussi.


- Frrrrt...Frrrrrt...

   Les cheveux de Lulo forment une mèche qui peut se "flipper" comme un "feuilletoscope", ces petits dessins animés de poche sous forme de carnets. Excellent pour faire jaillir des séquences de film ! Thierry le flanque aussi de deux larrons : une lampe articulée et un toaster, qui viennent envahir et distraire son dessus de bureau (celui de Lulo, pas de Thierry. Encore que...).

   Les auteurs ont prévu qu'au fur et à mesure des émissions, de nouveaux plans en dessin animé de Lulo viendront enrichir une "banque" de séquences dans laquelle le réalisateur trouvera à sa disposition de plus en plus de situations, de raccords, d"expressions pour son présentateur. Bref, le tout est un beau projet atypique et complexe, qui réunit tout ce qu'il faut pour que tout directeur de programme de chaîne télé digne de ce nom, dise NON.



Le double dossier de présentation !

   Au printemps 89, pour présenter leur "Télétoon" (ils ont ainsi baptisé l'émission) , ses auteurs créent un double dossier de présentation : un petit, pour décrire l'émission, ses mécanismes, ses auteurs (voir en cliquant ici l'article d'encyclopédie que les auteurs avaient imaginé pour Télétoon dans ce premier dossier), et un grand, format 30x30, avec calques imprimés et petits objets gadgets (une grande idée de Thierry !), assez prodigieux, tout à fait somptueux, ce qu'on pourra constater à l'examen des photos ici produites. Un boulot d'éditeur de grand luxe, en tirage limité ! (on a dû tirer à tout casser une centaine de ces couples de dossiers)

Cliquez sur chaque photo pour l'agrandir





- Le plus grand des deux dossiers propose 10 thèmes : "Plumes Pudding" (oiseaux), "Pour ou contre Ut ?", "Robot pour être vrai !", "L'Enfer du décor", "Tout feu, tout femme", "Crazy Zoo", "Portraits crachés", "O ! My Super Hero", "Come Black", "Le jeu des 7 terreurs". La page en calque porte les noms de dizaines de films se rapportant au thème proposé. Chaque page de titre est suivie d'une double page faite d'un montage d'images de films sur le sujet. En cliquant sur les images, agrandissez-les, et avec celle-ci-dessous, découvrez les noms de ces dessins animés avec "Blacks".


Cliquez pour agrandir

   En troisième de couverture, après ces 10 suggestions d'émissions thématiques, il est demandé au lecteur "Sommes-nous KIT ?". Eh bien non ! Car voilà que le dossier se termine par ces 9 sachets contenant chacun un objet incontournable du cinéma d'animation : de vrais brins de balai, en hommage à toutes les sorcières depuis "la nuit sur le Mont Chauve" de "Fantasia" à la "Kiki" de Miyazaki ; du sable rouge du désert du Névada, celui où se poursuivent éternellement Coyotte et Bip-Bip ; de la poudre de fée (on dit que Jack Lang, destinataire du dossier, l'a essayée) ; des écrous et des vis tombés de robots ; le pétard (on dit que Jack Lang l'a essayé), véritable et malheureux héros de tant de cartoons ; une authentique décalcomanie d'ancre de marine pour se tatouer comme Popeye (on dit que Jack Lang l'a essayée) ; un crayon gras qui en animation a pour complément naturel le cellulo ; un bout de pellicule 35mm et une plume vaccinostyle en hommage à la technique du grattage sur pellicule chère à Norman Mac Laren ; et enfin un sachet vide (on dit que Jack Lang l'a essayé), intitulé "l'introuvable", pour rappeler qu'il n'est quasiment aucun des matériaux existants sur cette planète qui n'ait été animé image par image.


Pour parachever l'oeuvre et lui donner l'écrin qu'elle mérite, c'est Philippe, fort habile de ses dix doigts (pas comme Lulo), qui crée, pour protéger et acheminer chaque double dossier, une boîte de bois brut, avec chic fermoir, et un beau "Télétoon" marqué au pochoir sur le couvercle. Ça jette ! Le tout constitue un objet très urf ! Et en plus, vu sa taille et son encombrement, ses heureux destinataires ne peuvent pas l'enfouir dans les piles de dossiers sur leur bureau ou leur desserte ! Obligés qu'ils sont de le mettre sur leur dessus de cheminée, bien en vue ! Fabriqué de leurs petites mains par les auteurs, en pas moins d'une cinquantaine d'exemplaires, il faut bien ça pour prospecter suffisamment de décisionnaires ! Pas vrai, Lulo ? Et merci quand même du coup de main !




- Oui … Presque 20 ans après, remontée de la cave,
la boîte est un peu moins… pimpante. Oui.


La prospection (printemps 89 - automne 90)

   Le beau dossier est envoyé le 19 mai 89 à Jack Lang lui-même en personne, Ministre de la Culture de l'époque. En juin, dans le cadre de la commémoration du bicentenaire de la Révolution, le film "Paris 1789" de Ex Machina (la boîte dont Gérald est directeur du développement, donc) fait l'ouverture du festival du film d'animation d'Annecy. Jack Lang inaugure le MIFA (le Marché du film du même festival), et sur le stand de Ex Machina, Gérald l'accueille et lui présente Jerzy Kular, l'un des deux réalisateurs du film. Il en profite pour toucher au Ministre un mot du projet - vous savez, "Téléton" - dont il a dû recevoir le dossier, n'est-ce pas ? Jack dit s'en souvenir parfaitement (ce doit être vrai, on n'oublie pas comme ça la réception d'un projet dans une caisse en bois qu'on a dû faire ouvrir par le service de déminage), et assure à Gérald en faire "une affaire urgente et personnelle". Et il tient parole ! Le Ministre se fend le 2 août d'une vigoureuse lettre d'intérêt, il va, écrit-il, s'impliquer de façon très directive auprès des chaînes publiques. Mouais... Parlons-en... Par une lettre en date du 7 septembre 89, Mireille Chalvon, en charge des "programmes jeunesse" à FR3, répond aux auteurs que "les membres de son comité ont noté l'intérêt et la qualité du dossier", mais que, non, c'est vraiment pas un truc pour eux. Seule une petite boîte de production nouvellement créée, SMART, contactée par Philippe, s'est intéressée au projet, vers le printemps 89 semble t-il, et pour des raisons dont les auteurs se souviennent mal, cette esquisse de collaboration a capoté. Sans doute les petits producteurs en question manquaient-ils de bouteille…


De ce festival, il reste le badge de Gérald, avec griffonnés dessus
les numéros des "casiers" (boîtes à courrier) de ses déjà complices
(n°265 pour Philippe et n°167 pour Thierry),
et aussi celui des petits producteurs de SMART (n°266).
Celui de Gérald était le 6-96.

   La prospection piétine. Les auteurs sont proches d'abandonner. Thierry et Gérald, salariés, sont coincés dans leurs boîtes respectives par des boulots très accaparants. Aussi c'est Philippe, plus disponible, qui s'est collé à l'essentiel du démarchage. Les mois défilent… Une année se passe sans autre résultat que bien des fausses pistes. Mais Philippe, modèle de tenacité, s'acharne : en septembre 1990, il se rend au tout premier "Forum Cartoon", qui se tient à Lanzarote, île sublime des Canaries (les administrateurs des Communautés Européennes aiment bien les endroits de rêve pour les changer de leur brouillard bruxellois). Le "Forum Cartoon", c'est à la fois un congrès et un marché, qui va devenir annuel, au cours duquel les producteurs de films d'animation rencontrent les décisionnaires européens des chaînes de télévision. Quelques auteurs, individuellement, tentent aussi l'aventure, chacun venant ici avec son projet et ses espoirs pour bagages, c'est le cas de Philippe. Et ça va marcher !

  Alors que les gens des chaînes considèrent avec une bienveillance amusée, avant de dire "non", l'OVNI que leur soumet Philippe, un petit producteur, pas novice mais pas loin, quasi débutant dans le domaine du dessin animé est séduit, et décide de tenter l'aventure. Il s'agit de Trans-Europe Films (TEF), la société de Jean-Pierre Gibrat et Didier Brunner. Ce dernier, vrai amoureux d'animation, a vite vu, si le projet aboutit, le parti qu'il pourrait tirer d'une telle émission, et des connaissances (au propre et au figuré) conjuguées de Thierry et Gérald : pouvoir se placer sur le marché de l'animation, et aborder ainsi tous les auteurs qui comptent en ce domaine. Bonne pioche, puisque c'est ainsi que Gérald en cette année 91 va lui présenter Michel Ocelot, futur auteur de "Kirikou et la Sorcière". Gérald est un inconditionnel de Michel Ocelot dont la série télé "La Princesse Insensible" est pour lui un ravissement, tellement prometteur de chef-d'oeuvres à venir… Pour l'instant fort déprimé, Michel Ocelot envisagerait bien, confie t-il à Gérald, sans y croire mais quand même, de troquer sa carrière d'animateur contre celle du vendeur de "Gelatti Mota" (de sa fenêtre Michel le montre à Gérald) qui pousse sa carriole à baldaquin torsadé sous ses fenêtres, sur le parvis du Forum des Halles, aux pieds de l'église Saint Eustache. Michel a multiplié le prix moyen du cornet par le nombre de fois où il voit des passants en acheter, conclusion et soupir : ce type vit très bien, et en plus il travaille au grand air ! Michel ne sait pas encore qu'avec Télétoon se met en place la conjonction qui va mener à "Kirikou et la Sorcière"… Mais ceci est une autre histoire…


Enfin ! Les Dames de coeur de Télétoon.

   Malgré l'implication de TEF, c'est toutefois au seul Philippe Ronce que va quand même revenir le mérite d'avoir trouvé les financiers nécessaires : après un nombre de refus absolument historique, c'est une intrépide directrice de programmes jeunesse, contactée par Philippe à Lanzarote, qui finalement dit oui à Télétoon : Agnès Vincent, alors déléguée générale à la jeunesse pour France 2 et France 3 . Auprès d'elle, une souriante et efficace "chargée de programmes", Frédérique Doumic (oui, c'est sa photo), va assurer, durant tout le temps de la production, la liaison avec les auteurs et les producteurs. Et ce ne sera pas une mince affaire ! Il faudra la grande diplomatie toute de sourire et de fermeté de Frédérique pour que s'aplanissent pas mal de choses. Les auteurs eurent plusieurs anges gardiens… Frédérique fut peut-être le plus primordial (merci à toi, Frédérique, de nous avoir permis, en cet été 2012, de rajouter ici ta photo !).

   Une autre directrice de programme, non moins intrépide, spécialiste de coeur du cinéma d'animation, puisqu'elle a largement ouvert les écrans de Channel 4 aux auteurs du cinéma d'animation britannique, faisant de sa chaîne la toute première au monde pour ce genre de programmes, va à son tour dire "oui" : Clare Kitson, que Gérald connaît depuis une vingtaine d'années pour l'avoir rencontrée à Zagreb en août 1970, quant se jouait le sort international du festival local, et qu'elle accompagnait son patron d'alors, le "grand" John Halas, réalisateur et producteur hungaro-londonien et président de l'Association Internationale du Film d'Animation.

   Channel 4 et France 3 + deux directrices de programmes à la fois pertinentes et impertinentes, de celles qui n'ont pas froid aux yeux + un producteur, même pagailleux, qui assure, même approximativement, le suivi technique, comptable et administratif + trois auteurs gonflés à bloc : il n'en faut pas plus pour qu'un budget, si insuffisant soit-il, se trouve mis sur le projet, et permette sa mise en chantier.

   Le 3 novembre 1990, les 3 auteurs de Télétoon ont en tête des proverbes du genre "Faute de grives…", "À cheval donné…", etc. Mais bon, "on va pas faire les difficiles" qu'ils se disent… ils soupirent et signent le contrat les liant à TEF.


Nous sommes début 91. Lulo se prépare…


C'est bon ? On y est ? Antenne dans 10 secondes…
"CLAP !" Allez… c'est parti !



   Installés dans un chiche bureau des Studios de Boulogne loué par la production , les trois auteurs se partagent ainsi le travail : Thierry, père de Lulo rappelons-le, numéro après numéro, en fonction des interventions prévues pour le Lulo-présentateur dans chacune des émissions, assure la préparation graphique : expressions et attitudes de Lulo, accessoires, storyboards de chaque épisode (un travail énorme, où Thierry met toute l'immense fantaisie dont il est capable !) … tout en continuant son job de directeur artistique chez Tarcus ! Un exploit ! Et en plus, durant tout le temps que va durer la production, il ne va pas cesser de pondre des cartes de voeux (cliquez) et des invitations, des dessins de Lulo pour des magazines (cliquez), des maquettes pour le design du pin's FR3-Lulo (Ah, les pin's la grande folie de ces années-là !), le papier à en-tête pour les fax (cliquez !), et mille autres choses… Il est la prodigalité faite geek ! (comme on dira au XXIème siècle). Gérald, lui, en a presque terminé avec son boulot chez Ex Machina (il va encore contribuer à son essor durant quelques mois), et se retrouve "rédacteur en chef" de Télétoon. Avec Thierry, ils conçoivent les sujets (avec la participation de plus en plus avisée et savante de Philippe), ils dénichent, en puisant dans leur immense mémoire du cinéma d'animation, les bonnes séquences, ils appellent les réalisateurs de leurs relations pour obtenir qu'ils acceptent de se faire interviewer...



- Au nombre des amis de Lulo : Osvaldo Cavandoli, le père de "La Linea".
Osvaldo nous quittera le 3 mars 2007.

   C'est une noria incessante de cassettes video, en provenance des studios et des producteurs des quatre coins du monde, elles envahissent le bureau, s'entassent partout. Heureusement, Odile Abergel et Jean-Paul Pannetier, assistante et assistant de production diligents, étiquettent, prévoient les séances de visionnage commun pour les trois auteurs, et organisent les allers et retours de cette matière première sublime. Une fois les séquences choisies, Gérald propose la trame de chaque sujet, écrit les textes que dira Lulo, et, avec son pittoresque anglais à l'inattendu accent pakistanais , passe une bonne partie de son temps au téléphone, à négocier aux quatre coins du monde les prix des extraits de films que les auteurs souhaitent intégrer à chaque sujet. La consigne des producteurs : tout obtenir gratuit ! Imaginez le geste par lequel leur répliquait invariablement Lulo...



Ah oui, c'est vrai, il manque celui du milieu !

   Pourtant, les auteurs se montrent assez responsables, et ils ne se font pas faute de faire valoir à la production que l'émission ne perd pas d'argent… Au contraire, du fait de cette gestion circonspecte, quasi monacale, ses comptes devraient théoriquement se trouver largement en excédent ! Alors ?


Zagreb les yeux  !

   Parfois, les deux producteurs se rendent aux raisons des auteurs, et acceptent de financer des "extras", comme ce voyage insensé mais fructueux de Gérald en compagnie de Jean-Paul Pannetier , pour obtenir les interviews et les bobines de films nécessaires au Télétoon consacré à "l'École de Zagreb" (le n°12) : leur avion se pose à Vienne, et à bord d'une voiture de location, via Graz (où ils passent la nuit à l'hôtel Daniel), Maribor, et la Slovénie fraîchement indépendante, tous deux pénètrent le 20 octobre 91 dans une Croatie en pleine guerre. Avec leur voiture et le "guide" (tu parles ! En fait un agent retraité de la Stasi locale !) dont on les a flanqués, ils manquent de sauter sur le champ de mines disposé sans pancartes (les cons !) autour de l'immeuble de la télé de Zagreb ! Leur bel et imposant hôtel style Habsbourg, L'Esplanade (devenu depuis le "Regent Esplanade", cliquez pour voir la bête), est désert, des sacs de sable s'entassent sur la façade, et la nuit des tentures sombres aux hautes fenêtres font le black-out... C'est qu'il y a quelques jours, les bombes tombaient sur Zagreb : l'aviation serbe essayait de tuer le président croate dans son palais ! (des gens délicieux, ces serbes !).

   L'immeuble de Zagreb Film a été curieusement transformé en PC d'on ne sait quel corps d'armée : des bâches camouflées recouvrent tables de montage, banc-titres, bureaux et tout ce qui a une forme. Jean-Paul et Gérald sont accueillis par les amis réalisateurs encore présents avec l'enthousiasme qu'on devine (et un certain étonnement : que viennent-ils faire dans cette galère ?). Tous se prêtent longuement aux interviews. Parmi eux : Krešimir Zimonič, un petit nouveau, directeur artistique du studio, Joško Marusič, qui parle de son film "Fisheye" de 1980, sidérant film d'épouvante et chef-d'oeuvre absolu, et Ante Zaninovič, dont Gérald a fait la connaissance vingt ans plus tôt, quand il était venu ici pour la première fois, soutenir - avec Manuel Otero - la candidature de Zagreb comme festival international "officiel". Autre vétéran, Boris Kolar, l'un des réalisateurs-fondateurs des débuts, est là, lui aussi, il évoque pour Lulo les années héroïques du studio. On n'imaginait pas que Lulo avait pu être correspondant de guerre, hein ? Eh bien, si ! C'est "Lulo en Syldavie" ! Il va même ramener un mini dessin-animé de propagande encore chaud, tout juste sorti des bancs-titres de Zagreb-Film (1 minute signée Zlatko Pavlinič) expliquant pourquoi la prédominance serbe, ça va bien comme ça ! (comique de répétition douloureux : on y voit un Croate se faisant faire les poches siècle après siècle par l'exploiteur serbe)


Télétoon, ses galères !

   Philippe, réalisateur donc, après avoir contribué à la conception commune des sujets, réalise. Avec, outre son talent habituel, une endurance et une abnégation que mettent régulièrement à mal les insuffisances de la production : fabriqués à droite et à gauche pourvu que ce soit pas cher (aux studios Moro à Madrid entre autres fournisseurs), les bouts de dessin animé de Lulo qui lui parviennent (toujours au dernier moment quand ils lui parviennent), ne sont jamais "raccord" avec les plans déjà existants, Lulo parfois ne se ressemble pas, le jaune, sa couleur essentielle, est rarement du bon jaune. Tout ceci va s'améliorer grâce à la compétence et à la tenacité de Catherine Fleury, jusqu'ici diligente "assistante de réalisation et scripte" qui, du coup, se voit confier la tâche de "coordinatrice de l'animation" : naviguant entre Espagne , Paris, et Nancy, elle s'acharne héroïquement et s'épuise en allers et retours d'un studio de fabrication des animations de Lulo à un autre…. Télétoon va lui devoir beaucoup. Elle fait ce qu'elle peut, et va rattraper bien des coups, mais c'est souvent mission impossible, la délocalisation à des sous-traitants lointains à bas coûts engendrant bien des déboires incontrôlables. C'est Catherine, pour avoir travaillé sur les premières palettes graphiques numériques, qui avec Philippe suggère à la production de faire scanner les celluloïds et de les coloriser en numérique. C'est aussi elle, vers le n°17 de Télétoon, qui suscite finalement le rapatriement de l'animation de Lulo à Paris, et organise l'équipe des animateurs (dont le très talentueux Gilles Hurtebize) dans les locaux de la société AAA (celle de Jacques Rouxel, de Marcelle Ponti et des Shadoks), rue du Faubourg Saint-Antoine.

   En attendant ces tardives améliorations, Philippe à Nancy doit faire des prodiges sur les bécanes de FR3 pour essayer de rééquilibrer les couleurs, étirer des séquences, répéter sans que ça se voie trop des cycles de mouvements… Tout ça avec la complicité au "Harry" des techniciens de FR3 Nancy, Bernard Pichot-Duclos et Yves Houille. Le tout sous la houlette de Nicole Guincetre. C'est épuisant. Philippe, avec la collaboration de Sylvie Hammann, l'une des "scriptes" émérites de Télétoon, tente l'impossible, et à chaque fois renouvelle le miracle : aux dates prévues, les émissions se retrouvent au studio de post-production Demarquet, à Paris. Là, un petit comédien épatant, Cyrille Artaux, leur apporte leur touche finale : la voix de Lulo ! Ah ! Il ne serait pas juste d'oublier, en cette ultime mise en forme de l'émission, le talent de Bernard Pichot, le magicien truquiste de Télétoon, oui, le bruiteur, puisqu'on est, avec Télétoon, dans le dessin animé de tous les dessins animés, et que la bande son se doit d'être particulièrement riche, expressive et souvent inattendue. Et on n'oublie pas Fabrice Chantome qui chez Demarquet assura le mixage son avec un doigté d'une subtilité dont témoignent les Télétoon sur lesquels il officia.

   Au nombre des autres collaborateurs de Télétoon, plus ou moins bénévoles ou éphémères (pardonnons aux auteurs les noms qu'ils auraient omis de citer, au bout d'un quart de siècle, les souvenirs s'effilochent), il faut citer Isabelle Lohier et Michèle Bauer Cette dernière, hôtesse de l'air fan d'animation (et aussi de plongée sous-marine), ramène en douce dans ses bagages documentations et cassettes de films confiés par des studios de l'autre bout du monde sur les escales de ses lignes ! Oui, le trafic de dessins animés à l'échelle mondiale a bel et bien existé, on peut en témoigner, et Lulo en était le dealer en chef !

   À toutes et tous, collaborateurs d'il y a vingt ans, merci !


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- Deux petits collaborateurs occasionnels et enthousiastes :
le jeudi 4 juin 92, Raphaël (maintenant 6 ans) et son copain Julien
posent avec Cyrille Artaux, la voix de Lulo, au studio de post-production
"Demarquet" (6 rue Alain Chartier, 75015, devenu "Creative Sound").
Ils viennent de faire les voix (des miaulements en folie !)
pour le Télétoon n°37 sur les chats.

   Pour n'avoir pas tranché entre Channel 4, à qui ils ont vendu une émission documentaire "adulte", et FR3, qui s'attend à l'émission "jeunesse" qu'ils lui ont promise, les producteurs se défaussent sur les auteurs, qui doivent se débattre avec cette incompatibilié. Comme elle est absolument irréductible, les trois comparses s'en soucient relativement peu, trop occupés qu'ils sont à s'ébattre dans leurs extraits et leurs émissions comme des gamins qu'on aurait enfermés une nuit dans un grand magasin en période de Noël ! Ils vont des rayons de friandises à ceux des jouets en passant par les livres illustrés et retour, et ils se servent ! Et pas le moindre gardien de nuit ! Vous n'auriez pas aimé ça, vous ? Eh bien c'est exactement ce qui leur arrive ! C'est aussi bien que ça, c'est trop beau pour être vrai ! Jamais ils n'auraient imaginé pour leur passion, et le goût qu'ils ont à la faire partager, une telle liberté et une telle bombance !!

   Le bonheur des auteurs ne sera décidément pas parfait : outre l'entre-deux-chaises qu'on vient de mentionner, ils vont être obligés de faire avec une organisation de la production de beaucoup inférieure à ce que prévoient les budgets sur lesquels les chaînes se sont engagées. Philippe, depuis les studios de FR3 Nancy, depuis les studios de Boulogne, depuis chez lui, depuis Londres, depuis partout, ne cesse d'inonder les producteurs de fax furibards (oui, ces échanges ont été conservés !). En vain. La production de Télétoon sera chaotique jusqu'au bout. Il faudra même prévoir, pour compenser le retard pris, et aussi pour faire plaisir à FR3, que certains Télétoon ne soient pas composés d'extraits, mais d'un ou plusieurs dessins animés entiers (quand même sur un sujet commun, et présentés par Lulo). Ce seront les "Oscartoons", une appellation purement domestique , 12 en tout : tous les numéros pairs de la série à partir du 16ème (si l'on soustrait le n° 22, qui ne se fit pas, et si l'on compte le n°24 qui se fit mais ne fut pas diffusé). Mais en définitive, à part ces deux ratés, grâce à l'obstination de Philippe et à la régularité sans défaillance en amont de ses deux co-auteurs, les Télétoon, vaille que vaille, sortent, et ils sont magnifiques.



Parlons chiffres !



- 1 … 2 …3 … 4 … ? ? ? ? Lulo compte sur ses doigts… et se rend compte…
qu'il n'est qu'un Toon !

   Le dimanche 19 avril 92, le Télétoon n°26, comportant trois films de Bruno Bozzetto rafle 51,7% de part de marché ! Le 17 mai, c'est "Skywhales" qui fait 43,7% ! Parce que ce sont des dessins animés tout seuls ? Oui et non. Non, puisque le 1er mars, le spécial Astérix avait déjà fait 37,3% ! Et plusieurs autres Télétoon thématiques, comme "Musique classique" ou "Picha", dépassent la barre des 30% ! Le Miyazaki ne fait "que" 26,8% de part de marché pour la tranche des 11-14 ans. En plus d'être en général épatants, tous les Télétoons ont en commun d'être présentés par Lulo, et ça, oui, les petits téléspectateurs apprécient drôlement.

   Tellement, que dès l'automne 91, pendant que les trois auteurs se décarcassent à produire leurs numéros de Télétoon, FR3 a l'idée de confier Lulo à un couple de réalisateurs maison, les Ferraro père et fils, dans l'espoir que le présentateur en dessin animé fasse la nique à la Dorothée en chair et en os qui, en face, sur TF1, rafle la mise pour les émissions "jeunesse" du matin. Par précaution, FR3 retire au producteur de Télétoon la fabrication des séquences de Lulo pour le nouvel "habillage". Ça, c'était une bonne précaution ! Par contre, FR3 oublie de demander au même producteur quels sont les droits que détiennent les trois auteurs, et en particulier Thierry, son créateur, sur le personnage de LULO. Cette maldonne donnera lieu à des mises au point et à des revendications plus que légitimes de la part des auteurs, alors que sans certaines désinvoltures, les chose auraient pu se passer entre gens de bonne compagnie. Mais évoquer ceci ne serait guère palpitant et risquerait de nous entraîner loin de nos Télétoons. En tout cas, le nouveau présentateur à la houppette flippante tout de jaune vêtu des émissions jeunesse de FR3 entre en lice, et ça ne loupe pas : Lulo grignote des parts de marché et mord sur celles de Dorothée ! Pour d'obscures raisons, cette prestation si bien commencée de Lulo s'arrêtera , interrompant une diversification et une carrière qui s'annonçaient brillantes.

   On peut voir Lulo dans son nouvel emploi ici, dans "les Vacances de Monsieur Lulo" (allez à 5 minutes 50), diffusé en janvier 1992 sur FR3.

   L'été 92, la production de Télétoon se termine avec son 41ème numéro, le très réussi "Spécial Michel Ocelot", les trois auteurs se séparent… "Avec le sentiment, pour moi du moins, d'avoir eu la chance de participer avec mes deux co-auteurs à une aventure commune pleinement heureuse malgré les aléas, à une véritable création collective, à une complicité de notre trio, comme on en connaît peu dans toute une vie professionnelle." (Gérald)


Thierry, Philippe, et Gérald, aux studios de Boulogne. Un journaliste
de passage, pour le temps de la photo, les a tirés de leur bureau,
un matin où ça caillait… En plus, au moins les deux à droite ont les mines
de papier mâché, les p'tits zyeux l'air frigorifié et le grisé de barbe
de ceux qui viennent de passer une nuit "charette".


L'Après-Télétoon …

   Début 1994 Gérald sera, avec Didier Brunner et Michel Dutheil, l'un des trois fondateurs des "Armateurs", la société qui de 1994 à 1998 va produire "Kirikou et la Sorcière". Il y sera - entre autres rôles - l'auteur d'une série "Belphégor" en dessin animé qui, en 2010, continuera de laisser un souvenir inoubliable à ses ex-petits spectateurs regroupés en un fan-club sur Facebook sans qu'il soit pour rien dans cette initiative ! Gérad, détenteur du tiers seulement des parts des "Armateurs", quittera la société fin 1999, refusant son absorption par le groupe Carrère, véritable reniement des options fondatrices. L'une de ses plus grandes fiertés : qu'un jour, de très jeunes gens, tout frais sortis de l'École des Gobelins, décorateurs et créatifs employés aux Armateurs sur une série maison (oui, dont toi, Christine !), lui disent - sans savoir qu'il en avait été l'auteur - que leur vocation leur était venue six ou sept ans plus tôt, en regardant Lulo et Télétoon ! Gérald, en cette occasion, en même temps qu'il boira du petit lait, prendra un sacré coup de vieux.



- Non, Lulo, on a dit du petit lait !

   Philippe, lui, persistera dans ses méfaits de réalisateur de grands fonds en perpétrant quelques documentaires de haut vol comme "Mystères Mayas" et "Tous cannibales" pour France 2, un portrait de Fidel Castro pour TF1, une soirée thématique : "Crime passionnel" pour Arte, un DVD "la 2ème guerre telle que les français l'ont vue aux actualités cinématographiques", etc. Il sera également consultant pour "Te Amo, la Terre vue du ciel" de Yann Arthus Bertrand, et même enseignant… en réalisation, à L'INA !

Thierry, enfin, fondera les maisons d'édition "Dreamland", puis en 2007 "Bazaar and Co", et sortira en quelques années davantage de livres sur sa passion, le cinéma d'animation, que tous les autres éditeurs de la planète réunis n'en ont jamais publié. Des livres uniques, indispensables et précieux, qui auront fait de Thierry un éditeur non moins unique, indispensable et précieux. Une fois quitté Tarcus, et mis fin à "Banc-Titre", Thierry, lors de sa période "Dreamland", lancera un nouveau magazine (en mai 1998) consacré à l'animation, et intitulé, comme de juste, "Animation Reporter". Ce fut une belle revue, toute en couleurs, d'une mise en page très attrayante, qui hélas ne durera que quelques numéros (cliquez sur sa couverture pour l'agrandir). Dommage. En 2008, il y a toujours une place pour une telle revue pour le marché sinon français, du moins européen.


- Quelques uns des livres édités par Thierry…
Mais il n'a pas édité que des livres sur le cinéma d'animation ! Par exemple, le B.O.F., sur les compositeurs du cinéma français, est une somme que tout cinéphile doit avoir sous la main ! Et qui plus est, richement illustré, ce qui ajoute encore à la jubilation !


   Nous vous laissons prendre connaissance de ce que furent les 41 numéros de cette émission mythique, d'autant plus mythique que totalement volatile : toute diffusion en plus des quelques unes prévues au départ par les contrats d'achats de droits, aurait été impossible, du fait de la multiplicité des extraits que comprenait chaque numéro. Il aurait fallu, à nouveau, négocier leurs droits les uns après les autres. Pas un producteur ne s'y serait risqué, d'autant que, le temps passant, il aurait fallu, en plus, actualiser chaque sujet (par exemple, le Télétoon spécial Miyazaki se terminait par la bande annonce de "Porco Rosso", qui à l'époque était seulement sur le point de sortir dans les salles au Japon). Dommage.

   Mais aujourd'hui, en 2008, une bonne partie de ces Télétoon, dont on aurait pu craindre de ne plus jamais les revoir, et que soit oublié jusqu'au souvenir de cette série, auraient tout à fait leur place sur You Tube ou Daily Motion ! Eh bien, réjouissons-nous, justement ils commencent lentement mais sûrement à y faire leur réapparition !

   Et le présent écran n'a d'autre but que de renseigner les éventuels curieux qui, en ayant entraperçu ça et là quelques éclats éblouissants mais fugaces de Télétoon, voudraient en savoir davantage. Sans doute cet écran est-il un peu fourre-tout, fait de tout et de petits riens, de dates retrouvées dans des agendas, de notes des uns et des autres, de copies de fax heureusement conservées… Mais il y en avait tellement à raconter, après vingt ans de silence ! Et puis il servira aussi aux enfants, et aux enfants d'enfants, de tous ceux qui, en ce début de la dernière décennie du XXème siècle, ont fait Télétoon, pour les remercier, et pour se souvenir… Voilà.

Le Ménestrel.
juillet 2008
(avec plein de modifications ultérieures,
au fur et à mesure de nouveaux apports)



À mes merveilleux fils,
mes deux petits Maîtres d'un temps d'il y a déjà si longtemps,
et à Françoise, leur maman et ma compagne,
qui dans le réel n'a cessé de tout diligenter
pour qu'ils grandissent si bien.
Gérald


Merci à René Laloux pour cette image de Piel.





Alors ? Prêts à plonger 41 fois avec Lulo dans le temps et l'espace du cinéma d'animation ? Pour permettre à Lulo de se livrer à ces incursions spatio-temporelles, les auteurs l'ont doté d'un engin d'exploration, le "Toonoscaphe", auquel il recourt de temps à autre. Un casque sphérique est requis pour piloter l'engin : il est doté de deux paupières rondes (refermées quand il n'y a personne à l'intérieur ou quand Lulo veut dormir peinard), qui s'ouvrent en oreilles de Mickey si Lulo veut voir où il marche. Autrement, ce casque ne sert pas à grand-chose, sinon à ne pas se taper la tête dans le chambranle de la portière quand Lulo pénètre dans le Toonoscaphhe, et à ne pas entendre les récriminations des deux producteurs. Parés ? Alors allons-y !


Cliquez sur chaque image pour l'agrandir
 

 



N    O    T    E    S


La marque "Télétoon" sera plus tard vendue à TF1, qui l'utilisera pour baptiser sa chaîne jeunesse. Mais ceci est une autre histoire…

Agnès Vincent, l'une des bonnes fées de Télétoon. Sur désignation de Jacques Chirac, Agnès sera nommée en janvier 2003 Conseillère au CSA ("Conseillère" au Conseil supérieur de l'Audiovisuel, signifie, en fait, membre de plein droit de cette haute instance, elle le sera jusqu'en janvier 2009). Ceci démontre que l'on peut être audacieux et libre d'esprit, et accéder à l'une de ces fonctions dont le vain peuple pourrait penser qu'elles ne s'atteignent qu'après une carrière de prudence et de risques calculés. Eh ben, non !


En 1991, ils ne paient pas de mine, les Studios de Boulogne. C'est vieillot, décrépit, écaillé… Mais sur les plateaux, il se tourne encore de grands films, dans des décors extraordinaires, réalisés par des équipes de techniciens, de peintres, de décorateurs, d'électriciens, de machinistes, les meilleurs qui soient. L'un des plaisirs des auteurs sera, finissant de travailler tard la nuit, de descendre, d'éclairer un plateau ou un autre, et de se promener dans ces décors déserts à cette heure. Des lieux plus vrais que la vie. Le bungalow d'"Indochine"… les rizières sous le soleil (superbe peinture sur le "cyclo") à travers les voilages (mais on n'a quand même pas osé actionner l'interrupteur du ventilo pour faire la brise qui les soulève), les objets familiers posés par Catherine Deneuve sur la commode coloniale… et la tache de sang au milieu du drap du lit à baldaquin… Un temps suspendu. Comme un vaisseau fantôme qu'on vient de déserter. Un souvenir ébloui et entêtant.
   Le restaurant interne était sympa, un décor banal, une cuisine simple et bien faite. Un restau pour se nourrir, quoi… Seuls, ensemble, ou en compagnie d'autres membres de l'équipe de Téléton, les auteurs y ont déjeûné assez souvent. Depuis 1942, année de la création des studios dans leur forme de 1991-92, combien de techniciens et d'artistes ont cantiné ici ?

   D'un déjeuner expédié le Vendredi 4 octobre 91 au "bar-buvette des studios", il reste à Gérald la note ci-contre…

   Avant leur fermeture en 1999, 343 films auront été tournés ici, dont "Fanny", "La Grande Illusion", "La Bête humaine", "Hôtel du Nord" et "Le jour se lève", "Le Diable au corps", "Le Salaire de la peur", "Touchez pas au grisbi", "Le Jour le plus long", "Un dimanche à la campagne"… Ces studios-là, avec leur âme que nous humions la nuit, seront totalement rénovés, pour une nouvelle inauguration en 1999.

Vous voulez vraiment avoir une idée de ce qu'était l'accent de Gérald quand il causait anglais ? Bon, tant pis pour vous ! Cliquez sur l'image ci-contre. Son accent, c'était celui du serveur qui dit "A chicken birrryani forrr you, sirrrr, and forrrr Hagarrrr the horrrrible, our house spechiality, arrrrtic moose vindaloo extrrra hot !". Curieux, n'est-il pas ? Et non, il ne s'est pas améliorrrré depuis ! On se perd en conjectures sur l'origine de cette déviance, Gérald n'ayant mis le pied en territoire pakistanais que dans quelques restos du pourtour de Soho Square à Londres, où l'emmenait son ami Lee Stork, qui l'accueillait à chacun de ses passages à Londres avec une égale humeur quelque soit sa charge de travail et ses préoccupations.

   Sosie de Pierre Dac (dont il avait l'humour pince-sans-rire et la placidité) et vénérable reliquat d'Empire (il était né à Ceylan en 1913 !), Lee bossait chez "Wyatt and Cattaneo". Il était leur producteur, leur conseiller artistique, leur éminence grise, l'inspirateur de l'humour maison. C'est lui, Lee, qui fut l'instigateur des premiers films d'auteur des deux animatrices maison, futures grandes de l'animation britannique, Allison de Vere et Dianne Jackson. Des studios d'animation en activité à Londres dans ces années-là, "Wyatt and Catteneo" fut celui qui produisit les pubs musicales les plus allègres, les plus "british", les plus jubilatoires. Et pourtant, en ce temps-là autour de Soho Square, les studios d'animation de talent pulullaient ! Il y avait sur des étagères courant autour du hall d'accueil de W&C une galerie de trophées (dont beaucoup de lions) qui n'avait rien à envier à celle de la "Richard Williams" voisine !

   En ces restaurants pakistanais, Lee initia Gérald aux cuisines du sous-continent et à des consommations excessives - quoique halal - de Rooh Afza, de Lassi et de Sherrrrrbet (d'où l'accent ?). Lee et Gérald, outre leur passion pour l'animation, avaient en commun d'avoir passé leurs enfances dans ce que tous deux considéraient comme leurs paradis perdus : Ceylan pour Lee, l'Algérie pour Gérald. Ils en comparaient sans fin leurs attraits respectifs.

   Ci-contre, la carte de visite de Lee (cliquez pour l'agrandir). Vers 1980, il offrit à Gérald un porte-clés représentant les petits hommes en chapeau melon de la farine "Home Pride", la plus fameuse série de pubs sorties de chez W&C. On n'imagine pas l'incroyable succès de ces personnages dans la Grande-Bretagne des années 80 ! Dans les boutiques de souvenirs, de papeterie, de vaisselle et d'ustensiles de cuisine, on trouvait un nombre considérable d'objets à leur effigie ! En 2014, ce porte-clé est toujours au fond de la poche de Gérald à réunir son trousseau de clés, et depuis plus de trente ans, son émail tient le coup, la toute bonne qualité ! Trente et quelques années que Gérald pense à Lee chaque fois qu'il ouvre ou ferme la porte de chez lui… Pour vous assurer d'éternelles amitiés, offrez des porte-clés increvables !

   Le petit chef d'oeuvre "Skol" que vous avez vu ci-dessus ne provient pas de chez Wyatt & Cattaneo, non, c'est une pub réalisée par Oscar Grillo. Il est extrait du "Télétoon" n° 4 qui lui est consacré. Oscar signa de nombreux films Skol, tous sont des bijoux d'humour et d'animation de haut vol. On retrouve curieusement dans la bouche de l'acteur Alan Young ce même accent roulant les "r" (écossais, parait-il ! Alan Young fut aussi la voix anglophone de Picsou !) dans le rôle de David Filby, l'ami du voyageur du temps dans le film "The Time Machine" de 1960. C'est l'un des films de prédilection de Gérald qui l'a beaucoup vu (il a comme ça des lubies pour des nanars grandioses). Alors ? Mimétisme ?


Ron Wyatt, Allison de Vere, Lee Stork et Tony Cattaneo.

engagé par TEF le 25 juin 91. Début 94, Jean-Paul suivra Didier Brunner et Gérald Dupeyrot à la fondation des "Armateurs", puis les quittera presqu'aussitôt.

Catherine se souvient : "Pour les 17 premières émissions, j'allais à Madrid récupérer les animations de Lulo faites dans le studio des Frères Moro (c'était leur nom ?) qui était l'ancien studio qui réalisait les films de Disney. Ils exploitaient des jeunes de l'Est (nous étions peu de temps après la chute des régimes communistes d'Europe de la fin 1989 et de l'ouverture des frontières) et autant les animations étaient pas mal, autant le filmage des celluloïds un à un était une catastrophe. Je me souviens de cet énorme personnage mâchouillant son sandwich dans le noir. Il opérait au banc titre (la caméra au dessus des celluloïds, donc), et à chaque fois que sous la caméra il changeait le cellulo (12 pour une seconde quand même !), des miettes de sandwich tombaient ! Je le lui faisais remarquer à chaque prise (12 pour une seconde, hein !), et lui - bon enfant - passait sa manche de pull sur le cellulo, le frottant avec bienveillance. AAAAARGH ! Mes cheveux se dressaient et je vérifiais que la peinture ne soit pas rayée !! Quand je parlais du retard aux Moro, ils me disaient : "il n'y a pas mort d'homme !". Ils n'aimaient pas beaucoup mon accent argentin, et mon stress parisien ! Quand je revenais à Paris avec les bobines de films impressionnés, et que je les emmenais au studio de télé-cinéma pour les transformer en bandes vidéo, je me faisais assassiner par Philippe (Ronce) qui trouvait dans les fonds bleus plein de miettes de pain qui se retrouvaient à l'écran quand on incrustait les films."
   Petit jeu : regardez les Télétoons, et comptez les miettes. Celui qui en trouve le plus a gagné !

Isabelle Lohier ayant quitté la société Advance, rejoint le lundi 23 septembre 91 l'équipe de Télétoon pour aider à la négociation de droits. En 1987, avec Gérald, elle avait été à l'origine du premier "Coup de Coeur" du Festival d'Annecy (consacré à Oscar Grillo), et ils assureront le second "Coup de Coeur" en 1993, en invitant Hayao Miyazaki pour sa première venue en ce festival. À Télétoon, elle ne fait que passer, dommage. Isabelle, que Gérald appelle "Nadra" pour le si singulier éclat dans son regard, est prodigieuse d'efficacité toute en souplesse. Une merveille d'organisation souriante ! D'ailleurs elle sera avant la fin de cette année 91 productrice chez "Caméras Continentales". Elle y produira en particulier la série en dessin animé "Les Contes du Chat perché", y restera jusque vers juin 1994. Sa photo s'agrandit en cliquant dessus.

"Oscartoons", c'est ainsi qu'innocemment les 3 auteurs avaient imaginé d'intituler l'une des rubriques de Télétoon. Ils comptaient même déposer la marque. C'était compter sans les sourcilleux et vigilants juristes de l'Académie des Oscars qui s'opposèrent à cette idée sous peine de monstrueuses poursuites. Les auteurs ne se sont pas fait prier pour laisser tomber. La marque "Oscartoon" ne fut pas déposée, mais l'appellation et la statuette n'en furent pas moins largement utilisées au fil des émissions "bis". En témoignent ces captures d'écran de Lulo avec le trophée à son effigie, qui, du coup, se retrouva avec le nom de "Lulo d'Or" !


Cliquez sur chaque image pour l'agrandir


Il faut dire qu'Agnès Vincent en 1993 quitte sa fonction, et l'on croit se souvenir qu'en septembre 92, Mireille Chalvon, déjà citée, est passée de l'unité Jeunesse de France 3 vers l'unité Jeunesse de France 2. Ceux qui ont le souvenir plus précis peuvent apporter ici la précision qui manquerait.




Trois ans plus tard, en 1994, Edouard Herskovitz aidera Gérald à convaincre son vieil ami Silver, l'auteur de BD italien, de confier la première série télé basée sur l'univers de son "Lupo Alberto" à la société "Les Armateurs" dont en cette année 94 Gérald aura été l'un des trois fondateurs. Un peu plus tard encore, en 1998, Edouard quittera son appartement de la rue du Château, puis il rentrera en Israël, où le 21 mai 2006 il mourra à Rishon Le'Zion (sur la carte, c'est juste un peu en dessous de Tel-Aviv). Sa tombe est dans le cimetière de cette ville.

   On l'aimait bien "Tonton", même et surtout quand il se mettait à nous parler de son pays natal, l'Égypte, de son enfance à Alexandrie (où il était né en 1921), du cirque où adolescent il travailla, de l'Irgoun, "quand il faisait le pilote sur des coucous rafistolés pour transporter des armes pour la résistance juive, avec d'autres pilotes de fortune, comme ce copain qu'il appelait George "Buzz" Beurling, canadien je crois, qui y laissa sa peau… Il avait de vieilles coupures de journaux toutes jaunies dans une petite valise qu'il me demanda une ou deux fois de descendre du sommet d'une armoire de sa chambre" (Gérald). Il nous parlait aussi de son studio de production de dessins animés à Tokyo, la "Cartoon Factory", et de l'Association des Cinéastes japonais d'animation dont il avait été en 1981 l'un des fondateurs. Avec le réalisateur Renzo Kinoshita, il en conduisit la première délégation au festival d'Annecy : sur la photo officielle de leur groupe, la seule bouille aux yeux non-bridés, c'est celle d'Edouard ! Il nous parla de sa femme japonaise aussi… Quand après qu'il ait eu son attaque, elle le conduisit à l'avion dans son fauteuil roulant, vu que sa boîte de prod, il l'avait mise à son nom à elle… Et hop, destination Paris ! Sans elle ! Elle liquida l'affaire à son profit. Le Japon est une matriarchie, comme chacun sait… Et Edouard en aura eu la confirmation à ses dépends.

   Nous fûmes quelques uns à continuer de manifester notre amitié et notre aide à Edouard durant les quelques années qu'il séjourna à Paris, en son petit appartement du 176 de la rue du Château dans le XIVème. Gérald se souvient avoir souvent déjeûné ou dîné avec lui à la brasserie du Maine, elle était juste au bout de la rue du Château. D'autres fois, Edouard optait pour l'un ou l'autre des restaurant japonais de Montparnasse. Il avait la nostalgie… Il essayait alors d'engager la conversation en japonais avec une serveuse ou un serveur. Peine perdue ! La plupart des personnels des restaus nippons de Paris viennent de n'importe quel pays où l'on a les yeux bridés, et jamais, ou presque, du Japon. Et Edouard restait là, un peu triste, avec ses souvenirs et son japonais inutile. "Kinisouna yo" soupirait-il pour lui-même, "kinisouna yo", ça ne fait rien… Mais on sentait bien qu'il en avait gros sur la patate.

   "Je me rappelle aussi un soir où, après une journée passée à bosser sur Télétoon, Thierry et moi avions emmené Tonton - qui avait le bourdon - dîner dans un resto vers Alésia, puis au Bataclan, pour assister à un "match d'improvisation", ambiance québecquoise ! Balancer quelques charentaises sur des compétiteurs pas réglos, ça remonte le moral ! Ça amusait beaucoup Tonton qui en pleurait de rire comme un gamin ! C'était le 11 mars 91. Ce soir-là Edouard, avec son humour habituel, toujours malicieux et un peu masochiste, nous dit que le titre du film de Tim Burton qui allait sortir le mois suivant, le faisait bien rire : "Edouard aux mains d'argent !" pouffait-il en considérant ses propres mains ! (selon Gérald encore, toujours après avoir ressorti un autre vieil agenda)

   Car les neurones d'Edouard restaient infatigables ! Il eut même le projet d'une série en dessin animé qui aurait mis en scène son propre personnage : "Uncle Eddie". Thierry, qui en ce mois d'août 2012 procède à de grandes incursions dans ses archives pour son site "Annecy Memory", a même retrouvé des "model-sheets" de ce personnage (cliquez sur le Tonton à droite pour les voir). À qui Tonton avait-il fait dessiner ces quelques planches ? Dataient-elles de son époque Tokyoïte ? Mais pour tous ses projets, il était déjà bien tard…

   Ce cher Edouard et sa vie comme un roman… Merci de prononcer son nom : Edouard Herskovitz.


P.S. : La photo de Tonton que nous faisons figurer ci-dessus en début de note, est un fragment d'une photo prise au château lors du festival d'Annecy 1983. Vous pouvez cliquer sur la photo pour en voir la totalité. Bob Gardiner reçoit des mains de Tonton la récompense de Will Vinton qui a obtenu le "Crayon d'Or" (Prix Cartoon Factory-Banc-Titre) pour son film "the Great Cognito". Tout à droite, tenant le chèque, il y a François Mayu de Tarcus/Banc-Titre. Sur cette photo, quatre amis déjà disparus en cette année 2008 : Jean-Luc Xiberras en barbu, puis Edouard, puis derrière Edouard le cher Pierre Jacquier, et, derrière François Mayu, Jean-Claude Jourdan, "la voix" (sublime et inégalée depuis) du festival. Cette photo est la seule de Tonton que nous ayons trouvée à ce jour. Nous remercions André Gobelli, son auteur, de son aimable autorisation de la reproduire.


TOUTES LES IMAGES CI-DESSUS OUVRENT SUR D'AUTRES… CLIQUEZ !







LES 41 TÉLÉTOONS

(dont 12 "Oscartoons" dans un tableau spécial,
plus bas sur cet écran .
Les numéros de travail ont été conservés,
y compris ceux des n° 22 et 24,
tous deux réalisés mais non diffusés.)


Sont mentionnées les dates de diffusion
quand elles sont connues.
Il peut ne pas s'agir de la 1ère, mais de la seconde,
voire de la 3ème.


1 - ANNECY
Tourné au festival d'Annecy en juin 1991. Les trois auteurs sont là, affairés et fébriles. Engrangeant interview après interview en prévision des Télétoons à venir. Comme à chaque fois, un thème récurrent se dégage des films présentés. C'est curieux, mais c'est ainsi ! Cette année, c'est l'araignée : les auteurs s'en donnent à coeur joie avec ce fil conducteur, et Lulo se fait une toile ! (oui, Lulo, on pourrait continuer encore longtemps à tisser la métaphore arachnéenne, mais on n'est pas là que pour ça !).


   En introduction à ce Télétoon, notons une superbe curiosité : un dessin animé de Jean-Christophe Villard nous emmène depuis l'espace jusqu'à l'écran du festival en un vertigineux travelling dessiné, survolant monts et canaux, et passant par les arcades de la rue Royale sous lesquelles on distingue fugacement le cher Michel Boschet dessiné attablé en train de déjeûner ! Plannant ! Bon, maintenant, passons aux araignées…

- la plupart de ces images s'agrandissent en cliquant dessus -
 
 
 
 
De gauche à droite, et de haut en bas : "Granpa", de Dianne Jackson, "Robinson et Cie" de Jacques Colombat, "Computer Home" de Pierre Buffin, "Nursery Crimes" de Dave Borthwick, "L'apprenti" de Richard Condie, puis une image de Lulo appelé à régner, et "A spider in the bath", réalisé par Graham Ralph (ici répondant aux questions de Lulo, et portant le T-shirt le plus recherché du festival d'Annecy 91). Son film est visible sur :
http://www.metacafe.com/watch/855485/spider_in_the_bath_animation_clip/>

2 - LOS ANGELES
Le meilleur de la production en images de synthèse de la côte Ouest. Pour Gérald, c'est facile : il vient de quitter "Ex Machina", première société européenne en ce domaine, il connaît bien les boîtes californiennes pour leur avoir rendu visite, et il va collaborer régulièrement ces années-ci avec "Fantôme Animation. Les plus drôles des films de cette belle sélection : "Technological Threat" (le loup bureaucrate et le robot qui doit le remplacer) de Bill Kroyer, et "Knick Knack" (les amours contrariés d'un bonhomme de neige et d'une sirène) de John Lasseter.


Le premier est visible à cette adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=PLAGn3isH4o
Parmi les autres moments forts de ce Télétoon : des extraits de "Wired", de "Luxo Jr", et… et…


   …et Georges Lacroix, patron de "Fantôme Animation", l'un des plus créatifs et des plus inspirés, assurément le plus drôle des réalisateurs français de films d'animation de cette fin de siècle. En introduction à ce Télétoon, il est venu nous parler de cette technique et de ses films (dont "le Grand Ouah Ouah bleu" et "La tortue et les deux canards", l'un des joyaux de la formidable série des "Fables Géométriques"). Voir aussi ci-dessous en "Téléton 8-Laloux".

3 - BUDAPEST
Un beau panorama du meilleur de la production des studios "Pannonia", mais pas seulement. Parmi les morceaux de bravoure : "Augusta se fait une beauté", de Csaba Varga, "La mouche" de Ferenc Rófusz (l'Oscar 1981 !), et de sidérants extraits d'"Heroïc Times" (les 3 images du bas), épique animation de gouaches historiques, présentés par l'auteur, József Gémes, interviewé lors du festival d'Annecy 91.



4 - OSCAR GRILLO
Les films d'animation publicitaires britanniques, dans leur grande majorité fabriqués par une myriade de studios pour la plupart installés autour de Soho Square à Londres, sont la passion de Gérald. Dans "BAT" ("Bon À Tirer", le beau magazine mensuel de la création publicitaire) et dans "Banc-Titre", il leur a déjà consacré, au fil des années 80, plusieurs gros articles. Et de tous ces réalisateurs ultra-talentueux et pour beaucoup géniaux, son préféré, c'est lui, c'est Oscar Grillo ! De l'avis de Gérald, l'un des plus grands dessinateurs ayant jamais existé !


Lulo interview et Oscar mime.

   C'est à Oscar que Gérald avait consacré en juin 1987 le 1er "Coup de Coeur du festival" qu'il a créé avec Isabelle Lohier dans le cadre du festival d'Annecy. Avec Philippe, ils vont le rencontrer lors de la série d'interviews qu'ils font à Londres pour Télétoon. Une bonne partie de ce Télétoon est consacrée à la bière "SKOL", et à "HAGAR" le Viking, dont de larges extraits peuvent se voir à l'adresse suivante :
"http://www.hagardunor.net/skol_fr.php



Les deux vignettes très colorées ci-dessus proviennent de "Seaside Woman", le film qui valut à Oscar le grand Prix du court-métrage à Cannes en 1980. Le blog perso d'Oscar reste en 2008 une pure merveille, constamment renouvelée par son auteur, artiste inclassable et jubilatoire. Quel dessin ! Quelle inspiration ! Assurément l'un des plus grands dessinateurs du monde !
http://okgrillo.blogspot.com/
et aussi : http://oscartoons.blogspot.com/
et encore, son écran professionnel : http://www.klacto.com/oscar.html

5 - OSAMU TEZUKA
"Manga no Kamisama" (le dieu du manga), c'est au Japon le surnom de Tezuka. Un dieu à béret basque. Un Télétoon qui va se faire grâce à la complicité des auteurs avec leur vieil ami Edouard Herskovitz. Edouard fut producteur au Japon, et l'un des fondateurs de l'ASIFA (association des professionnels du cinéma d'animation) nippone. Il est resté ami de M. Matsunaga, de la Sté Tezuka à Tokyo. Les auteurs peuvent entrer en relation avec lui et confectionner ces 13 minutes d'hommage au grand Maître japonais. Il s'y trouve des films de Tezuka parmi les moins connus à l'époque ("Jumping", "Le Film cassé"...) et des interviews alors inédits en France. Merci, cher Edouard !



   C'est le vendredi 19 avril 91 qu'aux "Boucholeurs", le restau charentais de la rue de Richelieu à paris (il était juste à la hauteur de la Fontaine Molière), Gérald invite à dîner Edouard Herskovitz et son ami M. Matsunaga. Bonne pioche ! Tout japonais qu'il est, M. Matsunaga est surpris et ravi de la singulière façon qu'on a ici, en terre charentaise, d'accomoder poissons et fruits de mer : on les cuit ! Du coup, il va apporter tout son concours à ce Télétoon n°5 consacré à Osamu Tezuka. C'est comme ça que les auteurs vont pouvoir, le 3 mai, se goinfrer d'un visionnage des cassettes de tous ses films, d'un arrivage en provenance de Tokyo ! Avec l'addition de ce dînet (835 francs pour 3), le budget de Téléton en prend un sacré coup !

6 - BRUXELLES : CARTOON
Cette émission est un peu imposée par la production aux auteurs : comme "Cartoon" et MEDIA ont mis des sous sur Télétoon, il faut renvoyer l'ascenseur et faire valoir l'importance du rôle joué par les Communautés Européennes dans la vitalité du cinéma d'animation européen. Pourquoi pas... Ceci nous vaut tout de même de bien beaux extraits de films : "Hill Farm", "Body Beautiful", "Grand Day Out" (Aardman Animation), etc. Le "Cartoon d'Or", c'est Nick Park, avec "Creature Comforts" (ci-dessous).


Quelques liens pour aller se régaler de quelques uns de ces "commercials" de 1991 :
http://www.culturepub.fr/videos/electric-cook-penguins.html
http://www.culturepub.fr/videos/electric-heat-turtle.html
http://www.culturepub.fr/videos/electric-dishwasher-pandas.html
http://www.culturepub.fr/videos/electric-dishwasher-pandas-2.html


7 - WINSOR McCAY
Diffusé le 3 novembre 1991
Tout l'oeuvre de Winsor McCay est là. Philippe se fait une joie, avec la complicité de Bernard Pichot, le bruiteur, de donner une bande son à ces films muets. C'est un vrai régal ! Il faut avoir entendu le dompteur demander à Gertie de lever la patte ! Ou le bruit que fait la trompe du monstrueux moustique à haut-de-forme (image à gauche ci-dessous), quand elle s'enfonce (Arrrrrrrgh !) dans le nez du malheureux dormeur !



   Pour la circonstance, Lulo s'est défoncé : il a même expérimenté pour nous la fameuse recette de l'abominable (olfactivement) "fondue au chester", qui selon Winsor McCay est censée provoquer des délires hallucinogènes chez ses consommateurs. On en doutait un peu, vu que le chester n'est classé à aucun des quatre tableaux de la convention de 1961 sur les stupéfiants, pas plus qu'à ceux de la convention de 1971 sur les psychotropes, et qu'il est toujours en vente libre dans toutes les bonnes fromageries. Mais on a vu le résultat… On vous laisse le découvrir en voyant l'émission.


8 - RENÉ LALOUX
Diffusé le 24 novembre 1991.


Le mardi 20 août 91, René vient se faire interviewer aux studios de Boulogne, en même temps que Georges Lacroix, père des "Fables Géométriques" (et bientôt de "Insektors" et de "Krabo"). Georges apparaît dans le Télétoon n°2, improprement appelé "Los Angelès".

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   Puis déjeuner très cool, au soleil, en terrasse, au restau en face des studios ("La Tonnelle de Bacchus", 120 avenue Jean-Baptiste Clément). Pour la photo, Georges (qui en a toujours plein les poches) distribue des nez rouges à chacun. Pour le sien, il s'est réservé la truffe rose de la statuette du "Grand Ouah Ouah Bleu".

   Raphaël, juste 5 ans, l'aîné des fils de Gérald, est là. Il connaît par coeur "le Corbeau et le Renard" version Pierre Perret, l'une "Fables Géométriques" de Georges, et il est fasciné par Gandahar, le long-métrage de René, dont il se passe et repasse la cassette. D'ailleurs, devant la caméra et le micro de Lulo, il vient de dire à René tout le bien qu'il pense de son film. Il n'en revient pas d'être là, entre Georges (nez rose) et René (nez rouge), il est aux anges. Et en plus, Georges lui fait le dessin ci-contre, d'un "Grand Ouah Ouah Bleu" super jaloux (cliquez pour agrandir le dessin).



9 - L'ANIMATION ÇA S'APPREND !
Diffusé le 10 novembre 1991.

En direct du "CFT Gobelins" (Paris), haut lieu de la formation d'excellence en animation, où le jeudi 26 septembre 91, Lulo et l'équipe de tournage (dont Gérard Scher à la caméra) sont guidés par notre cher Pierre Ayma, directeur du département "animation". Les amis René Foin et Roger Grange, tous deux enseignants ici, ont répondu "présents" et se prêtent de bon coeur au tournage. Stephane Bernasconi, ancien des Gobelins, nous parle de son travail sur les films de Disney à l'époque fabriqués à Paris. (crédit photo : Alain Seraphine)

   Cette incursion au pays des Gobelins et des apprentis animateurs est suivie d'une visite à deux autres écoles de l'enseignement top niveau de l'animation en Europe : celle de Gand, où Lulo est reçu par Raoul Servais, et le Royal College of Art à Londres. On en profite pour voir des extraits de films d'étudiants dont au moins deux sont à couper le souffle : un match de boxe en noir et blanc par lequel Luc Vrydaghs nous suggère de quelle façon magistrale et inspirée pourraient s'animer les dessins de Tardi, et à Londres "Rain Dance" de Susan Hewitt.

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De gauche à droite, de haut en bas : Lulo nous cause en direct devant l'entrée des Gobelins ; les élèves de la promotion 91-92 des Gobelins assistent à la projection d'un Felix le Chat ; une image du film sur lequel a travaillé l'un d'eux, Bertrand Mandico, pour la fête de la musique du 21 juin 91 ; "Rain dance" de Susan Hewitt ; le match de boxe de Luc Vrydaghs ; et Metamorflip, flip-book de Peter Foldès.

   Ce tour des hauts lieux de l'apprentissage de l'animation est suivi d'une digression toute en froufrous et feuilletages sur LES FLIP-BOOKS ! Ce sont ceux de la collection de Gérald que Philippe met à contribution, leurs animations défilant entre ses doigts ou sous les feux du banc-titre. Il se feuillette sous nos yeux, entre autres flip-books, l'admirable Metamorflip de Peter Foldès, une prouesse d'enchaînements de métamorphoses ayant du sens.


10 - WILL VINTON 1
Diffusé le 17 novembre 1991

11 - WILL VINTON 2
Diffusé le 17 novembre 1991 (il n'est pas très probable que les deux "Vinton" aient été diffusés le même jour, mais c'est ce qui figure sur les documents communiqués par France 3).
Oui, il fallait bien 2 numéros de Télétoon pour rendre compte de l'éclectique et prolifique activité de "Claymation", ce studio californien, spécialisé dans l'animation de plasticine (pâte à modeler). Dans ce second volet, on découvre comment Will Vinton a étendu son art d'animer la "pâte-à-Toons" à tous les genres du cinéma : la publicité, avec des chefs-d'oeuvres d'allégresse comme "Raisins de Californie", le film fantastique ("Return to OZ"), le documentaire (voyez ces dinosaures !), le film musical ("Moonwalker", où Vinton fait danser Michaël Jackson avec un lapin en pâte porte-bonheur ! Ce jeu de mots abominable nous a été soufflé par Lulo).


- Will Vinton et trois de ses si nombreuses créatures.


12 - ZAGREB
Comme il est dit ci-contre, le tournage à Zagreb, en cet automne 91, est une aventure pas banale : "Zagreb Film" est transformé en PC d'une quelconque autorité militaire, des bâches de camouflage recouvrent les tables de montage, des matelas obstruent les fenêtres, des militaires bariolés façon "tenue de campagne" vont et viennent, les bancs-titres servent à filmer les icônes en pièces, seules épaves de leurs églises dévastées par les milices serbes, que des paysans en larmes ramènent du front. Oui, Jean-Paul et Gérald les ont - de leurs yeux - vus.

   Mais que ceci ne nous fasse perdre de vue ni la moisson de films clés que Lulo est venu chercher, ni les cevapčiči et la slibovič dégustés en face la cathédrale (au "Kaptolska Klet"), ni les interviews des amis réalisateurs encore présents, dont Ante Zaninovič, Krešimir Zimonič et Joško Marusič, qui nous parle de son "Fisheye", chef-d'oeuvre absolu (ci-dessous à gauche). Sous l'assiette de cevapčiči, le Pr Baltazar, héros national. Sous le poisson bleuâtre de "Fisheye", cette image de "Satiemania", film indicible : la plus belle des métaphores de l'orgasme féminin.



13 - ROBOTS
Diffusé le 27 octobre 1991 - le 29 novembre 1992.


- On vous laisse les reconnaître ?


14 - PIXILLATION
avec la participation bénévole, délibérément pédagogique, et tout à fait décisive de Jan Kounen, auteur de "Gisèle Kerosene". Filmé le matin du mardi 5 novembre 1991, à la Grande Halle de La Villette. Il fait gris et frisquet. Jan va acheter deux ou trois baguettes au boulanger du coin (de l'avenue Jean-Jaurès), et devant la caméra, nous apprend en quelques leçons, de façon claire et très concrètement démonstrative, comment faire de la pixillation. Des morceaux d'anthologie (et d'un excellent pain) !


Et des extraits des meilleurs films dans cette technique, dont les inoubliables "Pinkie Pou" de Gabriel Cotto, et "Vicious Cycles" de Chuck Menville and Len Janson. Oui, et des extraits de Norman Mc Laren, et de Charlie Bowers, bien sûr ! Et aussi de "Nursery Crimes, Tom Thumb" (1989, de Kerry Drumm et Kelly Ling)...



"Pinkie Pou" de G. Cotto - "Les Voisins" de Mac Laren - Jan Kounen

… sans oublier le clip "Sledge Hammer", avec le chanteur Peter Gabriel, "pixillé" par toute une équipe de pointures ou futures pointures : the Brothers Quay, Peter Lord, David Sproxton, Nick Park, Richard Goleszowski ! WAOUW !



15 - ROCKETSHIP
Diffusé le 11 octobre 1992.
Marv a été interviewé par Lulo lors du festival d'Annecy 91. Dans ce Télétoon, Lulo, aux commandes de son Toonoscaphe, prend à l'abordage le "Rocketship" de Marv (le logo de sa société, vaisseau spatial et spacieux, animé dans le générique de leur bande de présentation), et s'y introduit par l'un de ses hublots.


Aux commandes du Toonoscaphe, Lulo entame sa manoeuvre d'approche du Rocketship, la nef des fous… Un abordage qui s'annonce mouvementé tant Lulo est prêt à tout pour la S.P.A. ! (Société Protectrice des Animés).


   Il semblerait que le résultat ait beaucoup plu à Marv... "WE LOVE IT", écrit-il, parmi quelques autres gentillesses. Ça tombe bien, les auteurs adorent les films fous de Rocketship : "Sing, beast, sing" ou "Lupo the Butcher" figurent en bonne place à leurs palmarès personnels. Oui, comme l'écrit Marv : "You have done a superb presentation … / … it's a fine Télétoon épisode" !

cliquer sur le nez de Marv pour lire sa lettre

La nef des fous : un festival de hurlements en tous genres !
Du dessin animé pas du bon côté de la ligne blanche… Miam !


Avec, en vedette, le préféré de Thierry : "Sing, beast, sing" !
(cliquez pour agrandir l'image)


16 - Premier "Oscartoon" : "Hooray for Sandbox Land" du canadien Marv Newland (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

17 - FANTASIA (de Disney)
Le film fétiche de Thierry ! Celui dont les auteurs se faisaient une fierté d'avoir obtenu l'autorisation de la Walt Disney pour sa diffusion dans Télétoon ! Il semble aux auteurs qu'il n'y eut qu'UNE seule diffusion de ce prestigieux numéro. C'est à la suite de celle-ci que chez Disney on se serait étouffé : on ne mélange pas du Disney-serviette avec une autre animation-torchon (celle de Lulo). Les auteurs, au passage, remercient tous les réalisateurs qui eurent l'humour et la bienveillance d'accepter, tout au long de 40 Télétoons, que leurs oeuvres-grives soient mélangées aux séquences-merles de Lulo. Les auteurs avaient alors  :(   :O  Anoush Kevorkian, pour interlocutrice chez Disney. Elle avait donné, sembla t-il, les autorisations un peu à la légère (c'était le 12 décembre 91), avant d'être désavouée par sa hiérarchie. À quelque chose malheur est bon : ce Télétoon sera compensé par le n°41, le "Spécial Michel Ocelot". Un auteur tout d'humour et de bienveillance. Lui.

18 - OSCARTOON n° 2 : dessins animés de Zagreb Films. (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

19 - ASTERIX
Diffusé le 25 octobre 1992.
Un Télétoon magnifique (encore un !), traitant des voix et des chansons dans les longs-métrages d'Astérix. Le lundi 13 janvier 1992, Gérald s'est collé au scénario, et va écrire un premier canevas aux p'tits oignons. Ces trois jours, Philippe est en tournage sur une autre prod, et il est H.S. sur ce coup. Très gentiment, il envoie ce petit mot à Gérald...

   Il faut évidemment lire "c'est du bichonné" et non "c'est du bidonné" ! Gérald a conservé précieusement cette carte… Ces petites marques d'estime des auteurs les uns pour les autres furent d'un grand réconfort dans une aventure où l'on naviguait en pleine purée de pois.

   Outre des extraits des longs-métrages, l'émission se remplit des interviews d'Uderzo (si simplement abordable, dont on ne dira jamais assez l'extrême gentillesse et la paradoxale modestie), de Gérard Calvi (compositeur des chansons des Astérix devenues cultes), de Micheline Dax (la voix de Cléopâtre), et de Julien Guiomar (la formidable voix du Devin Prolix), tous venus tout exprès aux studios de Boulogne le mercredi 15 janvier 92 !

   Roger Carel, la voix d'Astérix, est là, lui aussi. Tout à la joie de se retrouver, lui et Micheline Dax sont déchaînés ! Spécialement pour Télétoon, il fait le chien (oui, il fait super bien le chien : Idefix, c'est aussi lui !). Il nous rappelle que c'est avec Line Renaud qu'il avait fait ses débuts de bruiteur canin : l'aboiement du chien dans la vitrine, "ce joli p'tit chien jaune et blanc", c'était lui ! Bernard Lavalette, la voix d'Amonbofis, pas plus que Jacques Balutin (celle de Tournevis), qui se donnaient la réplique pour la recette du pudding à l'arsenic, n'ont pu venir, dommage.


- Ah, la recette du pudding à l'arsenic : "Et un peu de sucre en poudre !" … "Je vais en mettre 2 !"… Et aussi : "Quand l'appêtit va, tout va !" - Et encore : "C'est le lion de Cléopâtre - C'est le roi des animaux - Du courage comme quatre - Et de l'esprit… alors ça zéro ! Hein !". Trois chansons mémorables en trois séquences inoubliables ! Et on peut les revoir toutes les 3 sur "You Tube" ! Ne vous en privez pas !


20 - OSCARTOON n° 3 : courts-métrages russes (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

21 - PILOTES
Ah ! Un Télétoon qui a beaucoup plu aux producteurs : il ne leur a RIEN coûté en droits ! Pas un rond ! Rien que des "pilotes" de séries ou de longs métrages, vous savez, ces films-échantions que les producteurs utilisent comme appâts pour les chaînes de télé. Leurs auteurs sont venus se faire interviewer aux Studios de Boulogne. Jouant à fond la métaphore du pilote sur sa ligne de départ, Lulo dessine au tableau noir un feu de signalisation, et selon qu'il le laisse au rouge ou le fait passer à l'orange ou au vert, il indique au spectateur où en est chaque projet dans ses espoirs d'aboutir.


   Certains de ces pilotes sont somptueux, comme celui que nous présente Michel Gauthier, son réalisateur, venu tout exprès aux studios de Boulogne (merci Michel ! Tu vas bien ?) nous parler d'"Ys la Magnifique", la série engloutie, indéfiniment bloquée après la fin de la Sté Belokapi. D'autres projets sont naïfs et délicieux comme "Les Bulbesques" d'Agnès Fauve-Deygas, d'autres encore, ambitieux et malins comme "Artoon" de Jean-Pierre Roda, qui n'aboutira pas, ou "Les Quarks", en images de synthèse, qu'est venu nous présenter Maurice Benayoun, pour une série qui, elle, va déboucher. On va voir aussi le pilote du serpent de mer qu'est "Starwatcher", le film en images de synthèse dont Moebius a le classieux projet avec la Sté "Videosystème", et qui restera définitivement au rouge.


Cliquez sur chaque vignette pour l'agrandir.



De gauche à droite, de haut en bas : "Starwatcher",
"le Concombre Masqué", "Les Quarks", "Ys la
magnifique", "Subsonic Bee", "Tom Sweep".
Et trois des auteurs interviewés : Michel Gauthier,
Frédéric Nagorny, Maurice Benayoun.

   Également en images de synthèse, Subsonic Bee dans "Bee a Winner", un pilote que nous commente son auteur, Frédéric Nagorny, et qui n'aura pas de suite . Pas plus que "les aventures potagères du Concombre masqué", série restée mort-née, dont Denis Olivieri nous a apporté le pilote, c'était aux tout débuts de sa société "Belius". Et encore quelques autres, dont "Tom Sweep", série pour la protection de l'environnement sur laquelle Lulo avait interviewé son auteur, Michaël Dudok de Wit, lors du festival d'Annecy 91. Au total, une bien jolie émission pour pas un rond !

22 - Ce qui aurait dû être un OSCARTOON, qui se fit, mais ne fut pas diffusé (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

23 - PUBS ANGLAISES
Comme on l'a dit plus haut pour le Télétoon n°4 consacré à Oscar Grillo, c'est le centre d'intérêt de prédilection de Gérald. Voici treize minutes parmi les plus chères de l'Histoire du cinéma d'animation, car la pub en ce temps-là voulait le meilleur, et on va voir des "commercials" signés "Richard Williams" dignes des plus beaux Disney : "Count Pushkin Vodka", "Sleeping Beauty", "Samson Tobacco" (3), "Jovan the Power" (4), "The Guardian", "Cresta Bear", les plus époustouflants parmi des milliers ! Ce Télétoon nous fait découvrir aussi les rois de la pub musicale et primesautière avec "Wyatt and Cattaneo" (1, 5), deux associés chez qui des immenses pointures comme Alison de Vere ou Dianne Jackson* ont fait leur apprentissage.


   Oscar Grillo, déjà présenté ci-dessus, nous ravit avec ses "Skol", "Franck Sinatra promo", "Glenrick Pilchards", ou "Buzby" (2). On trouve dans ce Télétoon des "commercials" de plein d'autres studios encore, comme "Speedy Cartoons" de Paul Vester (salut Paul !), ou "Hibbert Ralph Animation" (salut Jerry ! Ton site en 2011, c'est ici ), dont on voit des spots pour les Postes Britanniques (6). À l'arrière-plan de chacun se passent des tas de choses bizarres comme un type qui tombe d'un toit... Des personnages tirés du quotidien britannique, d'après des illustrations de la vieille dame indigne qu'était la grande illustratrice populaire Beryl Cook (Beryl est décédée en mai 2008. Cliquez pour aller voir le site qui lui est consacré).

* Dianne, dont Philippe à Londres obtient une interview superbe où elle parle de ses films : "The Snowman", "Granpa"... Dianne, la belle, la si vivante, si pétillante et si talentueuse Dianne nous quittera l'an prochain, en 1992, emportée par un cancer à l'âge de 48 ans. Cet entretien accordé à Télétoon aura peut-être été le dernier, il aurait mérité que ses rushes soient conservés.


Dianne interviewée par Lulo (cliquez pour agrandir),
dans le Télétoon n°1 consacré à Annecy 1991,
que l'on peut retrouver ci-dessus.

   Pour un bel hommage à Dianne sur Internet : http://anemotionbysusan.blogspot.fr/2011/12/snowman-diane-jackson.html ; et pour son film "The Snowman" : http://www.youtube.com/watch?v=oCEvL_hdN2A. Vous trouverez là un bien émouvant David Bowie, et aussi la musique tendre et poignante de Howard Blake. C'est elle qui désormais, pour le reste des temps, accompagnera le souvenir de Dianne… Elle lui va bien.

24 - OSCARTOON n° 4 : à base de films avec hommes volants, émission finalement non diffusée (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

25 - BOZZETTO
Les apparitions des films de Bruno Bozzetto dans les festivals sont toujours synonymes de réjouissance et de jubilation. Ben, dans Télétoon, c'est pareil : une émission enlevée et joviale, qui nous annonce la n°26 (des très courts-métrages de lui), et la n°32, où l'on pourra voir l'intégralité des "sketches" de son film "Opera".

Son site perso : http://www.bozzetto.com/

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26 - OSCARTOON n° 5 : en illustration du Télétoon ci-dessus, 3 films de Bruno Bozzetto (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

27 - PICHA
Diffusée le 8 novembre 1992.
Encore un Télétoon superbe et très drôle. À cause des nombreux extraits des trois longs métrages de Picha produits à ce jour, que les auteurs ont pu obtenir ? Oui, bien sûr, mais pas seulement... Philippe tient la toute grande forme, et ses trouvailles de montage, son et image, contribuent grandement à mettre en valeur toute cette matière première. Par exemple, Picha est venu gentiment se faire interviewer aux Studios de Boulogne. Il ne parle pas vite… "Bonjour… Je m'appelle…" Alors il faut voir au montage Lulo, dans le grand "blanc", lui souffler : "Picha". Et Picha semble répéter après lui : "Picha". Oui, vraiment, de beaux moments, d'abord passés à mettre ça en forme, et ensuite à savourer. Miam !



Tarzoon - Le chaînon manquant - Le Big Bang


28 - OSCARTOON n° 6 : "Seaside Woman" d'Oscar Grillo et "Sunbeam" de Paul Vester (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

29 - MIYAZAKI
Diffusée le 20 décembre 1992.
Une grande première ! Jamais auparavant on n'avait en France consacré beaucoup de place et de temps à Hayao Miyazaki. Pour l'instant, il n'est connu par ici que d'une poignée de chanceux, ceux qui ont pu voir son long-métrage "Nausicaa et la Vallée du vent". Les revues de mangas n'existent pas encore, ou presque. "Animeland" en est à ses tout débuts. Ce matin, d'un seul coup d'un seul, ils vont être des millions de petits Français à découvrir celui qui est déjà une gloire au Japon, à l'égal au moins de Disney, bientôt un dieu vivant : il a déjà derrière lui 4 longs métrages sublimes (sans parler des séries de ses débuts), et il est en pleine préparation du non moins formidable "Porco Rosso".



Satsuke (dans "Totoro") - Nausicaa
Kiki, la petite sorcière - Sheeta (dans "Laputa")
Miyazaki - Fio (dans "Porco Rosso")

Gérald s'est assuré la complicité de Madame Futuba Ueki, présidente de la société UCORE : elle est la représentante de Miyazaki à Paris, et grâce à elle, Lulo, tout fauchés que soient les budgets de Télétoon, va pouvoir interviewer le Maître à Tokyo ! Non, les auteurs de Télétoon sont restés à Paris, mais ils ont dressé une liste de questions. Et grâce à une équipe de tournage locale, rassemblée et dirigée par Futuba elle-même, Miyazaki parle… Dans ce Télétoon encore plus exceptionnel que les précédents, au fur et à mesure que, sous forme d'extraits plus époustouflants les uns que les autres, le téléspectateur fait connaissance avec ses héroïnes (car vous avez remarqué, bien sûr, que tous ses héros sont des héroïnes) et de ses thèmes de prédilection, Miyazaki nous parle de sa carrière, de sa conception de l'animation, des femmes, des arbres… Un très grand moment.
Le Télétoon Spécial Miyazaki se voit à l'adresse suivante :
http://www.dailymotion.com/relevance/search/miyazaki/video/x28pc8_special-miyazaki-emission-teletoon_creation

30 - OSCARTOON n° 7 : "Skywhales" (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

31 - MANULI
Guido Manuli est un peu l'alter-ego de Bruno Bozzetto. Amis, ils ont travaillé ensemble sur beaucoup de films. Tous deux font dans l'humour qui tue, en films courts ou en séquences expéditives, en des styles polymorphes, mais toujours d'un graphisme classique et clair. Mais Manuli n'a pas la tendresse et la dimension philosophique de Bozzetto, il se complaît dans la transgression gratuite, dans la perversion du réel ou le détournement du conte de fées pasteurisé, par un imaginaire horrible. Il est le "Freddy" de l'humour en dessin animé. Tout ce qu'il faut pour plaire à nos petits téléspectateurs !




32 - OSCARTOON n° 8 : intégralité du court-métrage "Opera" de Bruno Bozzetto (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

33 - MUSIQUE CLASSIQUE
Finalement, des 10 thèmes que proposaient les auteurs, en des pages superbes dans le dossier de présentation de l'émission, seulement 2 vont se trouver traités : les robots, et celui-ci, la musique classique. Mais quel thème ! Ce sera l'un des Télétoon les plus regardés par le public ! La toute belle audience !

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34 - OSCARTOON n° 9 : que des films en images de synthèse ! (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

35 - BIG APPLE
C'est New-York, et ce sont bien sûr les réalisateurs de la côte Est. C'est vrai, quoi, en général, il n'y en a que pour ceux de la côte Ouest ! Lulo, casaque jaune, leur rend successivement visite en taxi jaune... Voici donc des extraits des films au trait grelottant de Bob Blechman ("Le Jongleur de Notre Dame", "A Soldier's Tale", des films publicitaires), de ceux encore quelque part entre rêve et réalité de John Hubley ("Moonbird", Oscar du meilleur film d'animation 1959, "Cockaboody", etc), des "Pencil Booklings" de Kathy Rose (1), des sketches ravageurs de Bill Plympton (en 1988 son "Your face", a été nominé pour l'Oscar du "best animation short"), du sensationnel "Jimmy the C." de Jimmy Picker, où le président Carter chante "Georgia" avec la voix de Ray Charles, et qui sera à jamais un modèle de ce que peut la pâte à modeler animée. Quant à Michaël Sporn, dont Philippe s'est entiché à mort, "c'est trop bon, on se le garde pour un Télétoon tout exprès pour lui !" (ce sera le n°39, et avec le n°40, sera diffusé son "Dr de Soto" dans son intégralité !)

Voici "Jimmy the C.", "Moonbird" (splendeur visible ICI), "Cockaboody" (qu'on peut aussi - bonheur !- voir en entier ICI),
"Pencil Booklings", "le Jongleur de Notre Dame", une pub pour "Kleenex", "25 façons d'arrêter de fumer"… et leurs auteurs.


(1) Depuis, Kathy s'est magnifiquement consacrée à ses deux passions, la danse et le dessin animé, mais pas séparément, non, ensemble, comme elle l'envisageait déjà dans les années 80, ainsi qu'elle le confiait à Françoise et Gérald lors d'un de leurs séjours à New-York. Le résultat est formidable… Jugez-en…
http://www.krose.com/
et aussi : http://www.krose.com/current_shows.html


36 - OSCARTOON n° 10 : "Italtoons", un programme de films italiens (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

37 - CHATS
Diffusée le 13 septembre 1992.
Parmi les milliers de chats du dessin animé, voici un prélèvement de quelques greffiers remarquables. Avec la contribution fondamentale de Raphaël Dupeyrot : avec son copain Julien, ils font les miaulements d'une bande de chats agressant Lulo. Pour quand même pourvoir ce Télétoon en chats "incontournables" mais immobilisés sur d'autres chaînes pour des problèmes de droits, les auteurs ont déniché des films publicitaires faisant appel à Tom, Sylvestre, etc.

… À vous de mettre un nom sur chacun !



38 - OSCARTOON n° 11 : le second composé de films en images de synthèse (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

39 - MICHAEL SPORN
Diffusée le 27 septembre 1992.
Il est la référence absolue en matière d'adaptation en dessin animé de livres illustrés pour les enfants. Là où d'autres se contentent de plaquer des petits mouvements toujours assez suffisants pour que des histoires puissent se parer de l'étiquette "dessin animé", lui investit l'univers des auteurs, et met son talent et sa science de l'animation au service du style spécifique de chacun et de la narration. C'est ainsi qu'on découvre dans ce Télétoon des échantillons de son savoir-faire et de sa modestie d'artisan génial : "Dr de Soto", "Histoire de la grenouille qui dansait", "L'Île d'Abel", "Les chaussons rouges", "The Marzipan Pig", sa plus récente production à l'époque. L'immense connaissance qu'a Michaël de l'animation, et l'amour à la fois sans borne et très raisonné qu'il lui porte, retrouvez-les sur son blog, certainement le plus érudit, le plus foisonnant en documents souvent exceptionnels, et le plus passionnant des sites sur l'animation en général :
http://www.michaelspornanimation.com
(n'oubliez pas d'aller voir dans "Splog" !)




40 - Douzième et dernier Oscartoon : DR DE SOTO de Michaël Sporn (voir dans l'encadré "12 Oscartoons" ci-dessous).

41 - MICHEL OCELOT
(Un Télétoon "Spécial" de 26 minutes)
Avec ce dernier numéro, la série s'achève en beauté : Michel Ocelot lui-même, le futur bienheureux auteur de "Kirikou et la Sorcière", nous explique la technique des ombres chinoises animées. Avec le concours de son assistant, Georges Sifianos (oui, c'est sa photo ici à gauche, salut Georges !), le tournage a lieu à Valence, chez Folimage, le jeudi 30 juillet 92. L'émission met l'accent sur la part royale que tiennent les femmes dans l'univers de Michel Ocelot : à l'évidence, de toutes jeunes femmes fortement androphobes et sereinement cruelles ("des petites pestes, oui, amorales et littéralement piquantes !", nous souffle t-on). Michel s'amuse de cette "révélation". - Mais la vieille dame et son manteau ? - Oh, c'est juste que les petites pestes d'aujourd'hui sont les vieilles pestes de demain !

Une bonne part des extraits de ce "Tététoon" proviennent de la série "Ciné-si", que vient de produire (en 1989) La Fabrique". Ce sont six de ses épisodes que recycleront "Les Armateurs" dix ans plus tard, pour constituer le long-métrage "Princes et Princesses". Merci à Jean-François Laguionie, patron de La Fabrique", qui fut le producteur inspiré de ces joyaux !


Michel au milieu de ses princesses.





… S U I  T  E   D  E  S    N  O  T  E  S


Dans le cadre des "Coups de Coeur du festival" qu'il a créés en 1987 avec Isabelle Lohier, Gérald (avec l'aval enthousiaste de leur ami Jean-Luc Xiberras, alors directeur du festival) aura le plaisir d'inviter Miyazaki au festival d'Annecy 1993, et de le présenter pour la première fois, officiellement, en chair et en os, au public français. En même temps que sera projeté ce "spécial" n°29 que Télétoon lui a consacré, et dont Miyazaki, en le découvrant, se déclarera enchanté. Ceci se passera au théâtre de Bonlieu, sur la scène de l'Espace 300 plein à craquer, le matin du vendredi 4 juin 1993.
   Gérald va mettre en relations d'affaires Futuba Ueki, représentante de Miyazaki à Paris, avec Canal+ et le "Studio Canal" par l'intermédiaire de Philippe Gildas, et c'est ainsi que va commencer en France la carrière cinématographique des films de Miyazaki.

   Gérald remercie Philippe Moins, fondateur et directeur du festival du film d'animation de Bruxelles, d'avoir été parmi les rares à avoir eu la mémoire de ces faits, et d'en avoir spontanément et publiquement fait état sur ses écrans.

   "Le cinéma et singulièrement le cinéma d'animation, a souvent la mémoire courte. Il est bon parfois de raconter les choses telles qu'elles se passèrent. Il y a un peu trop d'oubliés selon moi, pas seulement parmi les animateurs bénévoles des festivals, ce qui peut se comprendre, mais surtout, ce qui est plus grave, parmi les centaines de réalisateurs, dont les oeuvres firent les bonheurs des festivaliers. Beaucoup ont disparu corps et films, nul ne sachant ce qu'ils devinrent après avoir assuré la prospérité des producteurs et des "montreurs" que sont les directeurs de festivals et les critiques de cinéma".

G.D.




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Les 12 "Oscar-toons"



16 - HOORAY FOR SANDBOX LAND !
Intégralité de ce film de Marv Newland, tendre et lent (le film, pas Marv), destiné aux petits. Le Télétoon n°15 présentait sa société de production au Canada, qui se signale pourtant par des films à l'humour "adulte", pas éloigné de celui de Hara-Kiri. Marv est un ogre au coeur pastel et mashmallow.


Hooray for Sandbox Land


18 - ZAGREB
Le Télétoon n°12 avait présenté le studio "Zagreb Film". Voyons voir un peu maintenant trois de ses plus beaux fleurons en entier. Comme il faut penser aux enfants, ce ne sont pas les admirables "Satiemania" ou "Fisheye", ou les films de Zlatko Bourek que vous allez voir, mais des "cartoons", genre dans lequel Zagreb Film excellait également… Et parmi de nombreux réalisateurs du studio qui illustrèrent ce genre, Zlatko Grgic occupe la toute première place…


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… d'abord avec son "Maxi Cat", dont on peut voir "Tennis" (première image), puis avec un autre des personnages qu'il créa : celui de l'Oiseau, volatile en baskets incapable de voler, équivalent à l'Est de ce que fut à l'Ouest son collègue "Bip Bip". Sauf que les rôles sont inversés : ici, c'est lui le chasseur malheureux (en 5 images : "l'oiseau et le vermisseau"). Le troisième film de cet Oscartoon était "Toutankhamon" de Sasa Vejnovic, un réalisateur de la nouvelle génération, ou les débuts littéralement tâtonnants d'un pouvoir absolu. À la fin de ce Télétoon, Lulo termine avec sa rubrique "Flip Books". Il nous en feuillette deux parmi les nombreux reçus des téléspectateurs : ceux de Philippe Silva, d'Asnières. On voit ici une image de son "Saut du Ninja". Les fans de Lulo avaient du talent ! Comment va, Philippe ?


    Il vient de m'en arriver une bien bonne ! J'écris le 07 septembre 2018, soit presque trente ans après que nous ayons fait Télétoon, et dix ans environ aprés que cet écran ait été mis en ligne, et qu'ait été lancé ce "Comment va, Philippe ?", sans trop de conviction, c'était davantage une boutade affectueuse qu'un appel vraiment convaincu de jamais recevoir une réponse.
    Et voilà t'y pas que je viens de recevoir sur ma boîte perso le message suivant :

    "Bonjour. Je suis tombé sur l'article à propos des émissions de Télétoon.
    Je suis le "Philippe Silva d'Asnières" qui a fait le flipbook "Saut du ninja" pour Télétoon.
    Une question question m'a été posée sur l'article.
    Je vais bien, j'ai travaillé dans le monde du jeu vidéo en tant que graphiste et un peu animateur, et je suis devenu développeur.
    Actuellement dans la finance, mais en perso, je bosse sur des projets en VR. Voilà.
    Cordialement
    Filipe Silva"


    Punaise, Filipe, qu'est ce que votre réponse, répondant à une bouteille à la mer lancée voilà si longtemps, m'a fait plaisir ! Je suis heureux que tout semble aller bien pour vous. Votre précoce talent nous avait impressionnés, et que se manifeste si longtemps après un ex-petit téléspectateur qui fut à sa manière un protagoniste de cette belle aventure, émeut à un point que vous n'imaginez pas le vieux bonhomme qui, avec ses deux comparses, il y a tant d'années, prit tant de plaisir à vous offrir ces émissions pas comme les autres. Avec toute mon amitié. Portez-vous bien. Gérald Dupeyrot.




20 - RUSSIE
Mis à part Gari Bardine (qui vient d'avoir le Grand Prix d'Annecy 1991 avec "le loup gris et le petit chaperon rouge") ou Alexandre Petrov (futur auteur du vieil homme et la mer" pour le cinéma IMAX en 99), les films d'animation d'aujourd'hui en Russie, ce sont ceux du "Studio Pilot", à Moscou, qui se singularisent par leurs graphismes aigüs et leurs histoires cruelles ou absurdes. Ce sont ces émules du Hara-Kiri de la grande époque que Lulo nous fait découvrir aujourd'hui…

Lulo et l'ours russe

   En fait nous allons, tout au long de ce Télétoon, assister à la projection d'un seul film du studio, "l'ascenseur", constitué - comme autant de sketches - de sept mini-dessins animés oeuvres des auteurs-maison. À chaque nouvel étage, nous débarquons pour un nouveau délire, autant graphique que scénaristique.

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De gauche à droite, de haut en bas : - 1er étage : "La cérémonie du Thé" de V. Sakov et Y. Villela, ou comment leurs faces jaunes et plates viennent aux Japs ! Ça plairait à Buck Danny ! (comprendront : les anciens petits lecteurs de Spirou) - 2° étage : "la Tour qui tombe" de Andreï Vitlovsky. Ou comment un fil à plomb dénaturé fout de travers la tour de Pise… et tout le reste ! - 3° étage : Une bande de pirates et leur indestructible souffre-douleur. Un graphisme dégueu pour des personnages répugnants… Et pourtant, c'est si bien ! - 5° étage : le joueur de flûte au secours des champs de rutabagas. - 6° étage : la triste histoire des amours d'un centaure et d'une sirène. Le graphisme est classique, l'histoire aussi, carrément mièvre, même. Une erreur de casting ? - 7° étage : le court-métrage du dernier étage s'appelle… "Chute libre". Alexander Tatarsky raconte comment d'un ballon en perdition, de curieux aéronautes expédient des S.O.S. dans des bouteilles…


22 - PILOTES
Ce qui aurait dû être un "OSCARTOON" : il se fit, mais ne fut pas diffusé
   Le Téléton n°22, "La bien jolie émission pour pas un rond", selon un principe qui avait tant plu à nos producteurs, séduisit beaucoup moins FR3 dont la vocation, fut-il jugé, n'était pas de resservir les rogatons dont personne n'avait voulu, ou de passer les pilotes de séries que la chaîne avait laissé filer chez les concurrents. Alors passe pour un premier Télétoon (le n°21) avec des extraits de pilotes, mais un "Oscartoon" fait uniquement à base de pilotes, fallait quand même pas pousser ! Manquerait plus que les petits spectateurs, après avoir vu les pilotes, se mettent à réclamer les séries qu'ils préfiguraient ! Et dont la chaîne n'avait pas voulu ! Bon bon…

  Mais c'est ainsi que n'auront pas été diffusés le délicieux "Bulbesques" d'Agnès Fauve-Deygas, ni "Artoon" de Jean-Pierre Roda, ni le pilote d'une série "Idefix" présenté par Uderzo soi-même, ni "les Bidochon" (dont est venu nous parler Denis Olivieri, l'un des "Cartooneurs associés"), autant de pilotes que les auteurs avaient, avec d'autres, incorporés à ce Télétoon n°22. Mais comme en ce XXIème siècle il en subsistait une copie, vous allez quand même pouvoir voir ce Téléton jusqu'ici jamais vu ! Allez, feu vert !

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De gauche à droite, de haut en bas : Denis Olivieri, des "Cartooneurs associés" nous parle de son projet de série avec "les Bidochons", puis une image de "Artoon" de Jean-Pierre Roda. Dessous : Agnès Fauve-Deygas, avec deux de ses personnages des "Bulbesques", délicieux projet traité en une animation fluide, libre, assez fantasmagorique (au sens d'Émile Cohl).




24 - HOMMES VOLANTS
Émission annulée (jugée par FR3 trop peu pour les enfants), et remplacée.

26 - BOZZETTO
Trois films de Bruno Bozzetto composent cette émission : "Baeus", la métamorphose de Kafka revue en conte de fée avec une fin qui finit bien ; "MOA", un dialogue au dessus d'un nid de requins pour deux naufragés très dans la manière de Mordillo ; et "Big-Bang", fable écologique selon la morale "ne faites pas à notre Terre ce que vous ne voudriez pas qu'elle vous fasse". Édifiant, mais drôle.

  
  
  


28 - CLIPS ANGLAIS
En complément au Télétoon n°23 sur les pubs britanniques des années 80, voici - tout aussi musicaux qu'elles - trois purs délices :

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"Butterfly Ball", de Lee Mishkin, sur la musique de Roger Glover,
l'une des plus fameuses productions des studios Halas and Batchelor.


 
  

"Clothes Animated" de Osbert Parker, l'un des plus beaux films d'animation jamais réalisés, où chaque geste des danseurs et des musiciens tire sa renversante beauté de la grâce infinie que procure la saisie idéalement juste de chaque mouvement dans ce qu'il a de plus expressif ! C'est l'art du croquis de modèle poussé à ce point où il rend compte de la vie avec une acuité d'autant plus bouleversante qu'elle nous est d'ordinaire étrangère. Passez-vous ce film image après image, et vous verrez comment chaque image contribue à cette perfection !


 
  
… et "Seaside Woman" d'Oscar Grillo sur la musique de Linda Mc Cartney et des Wings, un hymne radieux et nonchalant au bonheur et à la vie, dont les couleurs aveuglantes de lumière semblent forgées de soleil (visible sur http://www.youtube.com/watch?v=aRg8wxZym6k)



30 - SKYWHALES
(1983), de Derek Hayes et Phil Austin, film superbe, singulier, planant, au propre comme au figuré. Les "petits" qui vont le voir en garderont un sentiment inoubliable. La musique de Dirk Higgins n'y est pas pour rien, c'est sûr…

   Gérald se souvient : "Mon fils Raphaël avait les cheveux coupés en brosse. Dans le film, le papa Perleian (c'est le nom des habitants de cette planète) avait pour son fils un geste affectueux qui consistait à lui caresser sa "crinière" à rebrousse-poil. Frrrrt, Frrrrrrt… Raphaël et moi adoptâmes ce geste de complicité tendre, il perdura assez longtemps. Une quarantaine d'années. Au moins".


Sur Internet :
http://www.youtube.com/watch?v=zVmKhNG6S3o
Voir aussi :
http://www.totoronoki.com/news.php?news=24&allnews=1
http://www.planete-jeunesse.com/sources/series.php3?cle=390&sec=1


32 - OPERA
L'intégralité des 11 minutes du court-métrage où Bruno Bozzetto revisite, à sa façon, Bach, Beethoven, Wagner, Paganini, Verdi, Rossini et Puccini. L'une des plus belles audiences de l'émission !




34 - IMAGES DE SYNTHESE 1

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De gauche à droite, de haut en bas : pour commencer "Knick-Knack" de John Lasseter, pour beaucoup le meilleur de ses courts-métrages, la petite musique énervante et goguenarde de Bobby McFerrin n'y étant sans doute pas pour rien ! Suite du programme : deux films, chacun en deux images . "Tin Toy", encore de John Lasseter, et pour finir "Le Triangles des Bermudes" d'Éric et Bruce Krebs.


36 - ITALTOONS
Un Télétoon dont les auteurs n'ont pour l'instant pas retrouvé de quels films il se composait. Mais ça va venir !


38 - IMAGES DE SYNTHESE 2
Pareil pour ce numéro !


40 - DR DE SOTO
de Michaël Sporn, une animation inspirée, d'après le livre pour enfants de William Steig. Dans la continuité du Télétoon n°39 consacré à l'ensemble de l'oeuvre (en 1991) de Michaël Sporn.




Et c'est toon !

FIN






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Mais j'ai pas fini. actuellement ça représente 6 gros classeurs archive. 2 pour études graphiques et divers, 2 pour les story d'émissions et 2 pour les courriers, fax avec la production, et autres missives. Thierry