L'avis du Génie de la lampe de bureau :

- Ben si, et c'est pas moi qui le dit, c'est elle, c'est une ancienne pensionnaire qui l'écrit. Regardez, c'était au dos d'une des deux cartes postales : "Pensionnat Sainte Geneviève, 236 rue Michelet, Alger".

- C'est qu'elle s'est trompée grave !

- Mais non, elle s'est pas trompée, la rue Michelet, avant, elle allait jusqu'aux limites de la Ville d'Alger. Jusqu'à la Colonne Voirol ! Après on l'a rapetissée, on l'a dépouillée de quelques dizaines de numéros, une partie est devenue l'Avenue Franklin Roosevelt, et la suite elle s'est appelée l'avenue Foureau-Lamy. D'ailleurs, en 1961, le pensionnat Sainte Geneviève il est toujours au 236 de la rue Michelet, sauf que personne ne le sait, tout le monde lit que c'est le 10 avenue Foureau-Lamy.

Mais dessous la peau de la réalité (musique), soulevez la, regardez bien, il y a une petite fille, c'est 30 ans plus tôt... On est le 5 janvier 1930. Avant-hier, c'était la Sainte-Geneviève, patronne de l'Institution. Elle est triste... Elle pousse le portail du 236 rue Michelet. De sa pension... (poussait-on le portail ? Ou bien était-il toujours soit ouvert soit fermé ?). Elle est tendre et romantique... Elle s'appelle Jeanyne. Jeanyne Cau. Elle va dans un instant écrire une carte, non deux, à son amie Lucienne. Qu'elle avait espéré revoir pendant les vacances de Noël... mais elles sont finies.. Et Lucienne pourtant était à Alger, et elle ne lui a pas fait signe... Et on aimerait bien consoler Jeanyne, mais il est trop tard... 30 ans trop tard... Hola, non, j'avais pas vu le temps passer, il est 74 ans trop tard... Au troisième top, comme disait l'horloge parlante, que nous seuls on a encore son timbre dans l'oreille. Comme Es'mma est partout, et qu'on est les Maîtres du Temps, on sait même ce qu'elle va lui écrire...

- Ben, vous alors...

- Oui, appelez-moi HI-FI Génie... À votre service... Vous cliquez juste sur l'adresse manuscrite ci-dessous. Et n'oubliez pas le guide... Encore un regret, oui, c'est le jour des regrets, ça ne vous fait pas comme un mini-désespoir au creux de la poitrine que pour toujours on ne saura jamais quel était le timbre de sa voix ? Non ? Moi, en ce moment je donnerais la Terre entière pour entendre quelques mots d'elle...