INSTITUTION SAINTE ELISABETH, ALGER

QUELQUES SOUVENIRS, 1950-1957
(texte de mai 2018)

par Nicole Paternot


Au sujet de l'institution Sainte Elisabeth à Alger.

J'ai lu l'article de Geneviève Beltran Follacci avec beaucoup d'intérêt.

J'ai fait une grande partie de ma scolarité à Sainte Elisabeth : je suis entrée en 8e et j'y suis restée jusqu'en seconde : 1956-57.
Nous habitions une ferme à Felix-Faure, 60 km à l'est d'Alger en Grande Kabylie. J'étais scolarisée à la maison avec trois de mes soeurs et une voisine avec les cours Hattemer et notre préceptrice.

Arrivée en 8e, je ne savais pas ce qu'était une classe et je n'avais pas la notion du temps. À la première récréation, je pensais que l'école du matin était terminée. Je me suis retrouvée seule dans la classe, j'ai pris mon cartable et je suis sortie. J'ai erré dans les couloirs interminables de l'école. Une soeur a pensé que je voulais m'enfuir et j'ai été punie.

Je ne trouvais pas l'école snob, bien qu'il y ait quelques élèves très snobs. C'étaient surtout les parents qui étaient snobs.

Personne parmi les élèves et les professeurs que j'ai connus n'avait l'accent pied-noir.

L'enseignement était assuré par des soeurs, dont Madame Gabrielle. Mais dans le secondaire, je pense qu'elles n'enseignaient que le français, le latin, le dessin, la couture, le solfège et la lecture, je me souviens avoir appris la mythologie grecque et romaine à l'école.

Les religieuses portaient un vêtement de couleur ivoire. Je n'ai pas de souvenir de soeurs vêtues de noir.

J'ai eu comme professeurs en secondaire :

• Mademoiselle Morvan en mathématiques qui m'a fait aimer cette matière.
• Mademoiselle Fuster en espagnol, elle m'a fait aimer la peinture classique car nous étudions les maîtres espagnols. Une fois, elle nous a montré La Maja vestida et La Maja desnuda de Goya. À cause de cette dernière, des parents avaient demandé son renvoi, mais la directrice, Madame Tissot, stricte mais juste, avait refusé.
• En physique nous avons eu Madame Lapoussière dont j'ai retrouvé le fils sur le groupe "Les anciens d'Alger" sur facebook et j'ai appris son décès récent.
• Mademoiselle Tuffou en anglais qui avait un accent bien français, de ce fait, nous la comprenions, puis Miss Thornton qui ne parlait pas français, le cours se limitait à des dialogues entre elle et les élèves qui avaient eu la chance de faire des séjours en Angleterre.
• Madame Mallan en grec, mais je n'en suis pas sûre.
• En éducation physique, nous avions un professeur homme. Nous allions au stade Leclerc pour toutes les disciplines qui ne pouvaient pas faire l'objet de l'enseignement dans le préau de l'école. À notre passage, les garçons sifflaient et se moquaient de nous.

Il y avait très peu d'élèves de confession juive et musulmane. Elles étaient dispensées de cours d'éducation religieuse.

À la récréation, je me souviens des belles parties de ballon prisonnier.

Nous portions effectivement un uniforme : chemisier blanc à manches qui devaient couvrir le coude, jupe bleu marine. Nous portions également un tablier. Pour les maternelles (il y avait aussi des garçons) le tablier était rose, en primaire et premier cycle tablier bleu, les second cycles avaient un tablier gris. Mais le port du tablier a été abandonné, je ne me souviens plus à quelle époque.

Même par grandes chaleurs, nous n'étions pas autorisées à porter des sandales, sauf si nous mettions des socquettes. Le port du pantalon était interdit.

À la fin de l'année, nous avions droit à la distribution des prix, j'ai eu un prix et quelques accessits dans toute ma scolarité. Nous devions apporter des bougies pour cirer les pupitres noirs et de quoi nettoyer les encriers.

Voilà mes souvenirs de Sainte Elisabeth. Même si une soeur a été d'une extrême injustice envers moi, je garde un bon souvenir de cette école.

Nicole Paternot, 1941     


Avec Mademoiselle Tuffou :


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De bas en haut, de gauche à droite :

1er rang (assises par terre) : Colette Odry - Marie-France ? - Elisabeth Cardonne - Catherine Fleury - Lucienne Tuffou

2e rang (assises sur des chaises) : x - Richard-Chauvin - Anne-Marie Perrot - Chantal Villeneuve - notre professeur Mademoiselle Tuffou - Monique Le Bris - Anne-Marie Yvorra - X

3e rang (debout) : x - x - x - Anne-Marie Guiraud* - Nicole Baron - x - Véra Albertini - Denise Maury - Marie Noëlle ?

4e rang (perchées) : x - x - x - Liliane Colinet - Maryse Jacono - x - Aline Corbin - x - Nicole Paternot


* décédée tragiquement en juillet 1956 (nous allions rentrer en seconde) sur une plage d'Alger, les jambes sectionnées par un hors-bord.

N.B. : Vous aurez remarqué que la photo de classe ci-dessus provient de l'excellent site alger-roi.fr. On ne remerciera jamais assez Bernard Venis de s'être fait le dépositaire d'innombrables photos de classe de l'Histoire de notre ville (comme Jacques Prat sur Es'mma), ce qui permet à celles et ceux qui entretemps ont égaré leurs photos, de savoir qu'elles restent sur nos sites soigneusement conservées, préservées, disponibles. Faut bien qu'on serve à quelque chose ! Merci aussi au CDHA d'assurer la pérennité de tout ceci pour les temps à venir. In secula seculorum. Amen.


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