75 ans avant Es'mma
(signé Jibé)

Ouais ! Moi aussi — et grâce à l'ami Jean-Claude DDC — j'ai réussi à joindre Gérard Séguy, mon frère des plus jeunes années, que, comme tant d'autres désolés par ignorance, je croyais retourné aux Champs-élyséens d'Estonie-Duc-des-Cars.
Il est maintenant sage pensionnaire d'une maison de repos varoise, d'où il m'a témoigné au téléphone une mémoire égale de nos jeux, frasques et rites de langage d'antan : entre ces derniers, les dames me pardonneront de citer celui dont j'use parfois pour relativiser une circonstance regrettable : ÇA N'A TROUDUCUNE IMPORTANCE !
Gérard n'est sans doute plus, à un âge si proche du mien, le lutin bondissant et farceur qu'il fut en ces temps heureux de l‘insouciance hyperactive. Mais notre récent entretien haché de rires témoigne d'une mémoire et d'un attachement fidèles à nos occupations de jeunes faons dans les quartiers hauts d'Alger. Par exemple, il n'a rien oublié du lieu que nous nommions "La Comédie-Française" : un espace végétal des escaliers Maréchal-Foch proches du Forum où nous mettions en scène quelques réminiscences d'Alexandre Dumas, Walter Scott ou Fenimore Cooper et reproduisions des cascades de films d'action vus en bande dans nos cinés d'Isly-Michelet.
À ce propos, il n'était pas le dernier, pendant les séances, à faire rire la salle entière en lançant injures ou encouragements aux méchants ou aux gentils de l'écran. Même l'apparition du générique de fin ne tarissait pas sa verve quand, pointant le nom d'un (ou une) quidam du casting technique, il lui prêtait une célébrité universelle dans sa spécialité.
— "Puéril", dites-vous ? - Bien sûr, mais…
ÇA N'A TROUDUCUNE IMPORTANCE !
J.B.
9 août 2023
Pour retourner en page d'accueil d'Es'mma, cliquer ICI
|