LE COIN DES BONNES CHOSES

FÉVRIER 1935 : AU 37 RUE D'ISLY,
"SAM" SUFFIT...
À LA CRÈME DES GOURMANDS D'ALGER


(Article paru dans les Kémias d'Es'mma de janvier 2006)


   Il y a peu, les Es'mmaiens évoquaient leurs souvenirs de quelques patisseries (gateaux ou boutiques) dans les années 50... Remontons encore de 20 ans en arrière...

   Feuilletons la revue "PARIS-ALGER" qui fut un peu le "Vogue" algérois entre 1934 et 1940.

   Dans son numéro de février 1935, on y apprend l'ouverture "à l'élite de la sociéte algéroise" (pauvres s'abstenir) de la patisserie-salon de thé "SAM", au 37 rue d'Isly . Une halte-repos idéale pour ces dames dans leur trotte-shopping de l'axe lèche-vitrines rue Michelet-rue d'Isly. Le "chef" de SAM n'est autre que l'ancien chef-pâtissier de la cour impériale d'Autriche, secondé d'un assistant de Rumpelmayer ("c'est tout dire !", ainsi que le souligne le magazine) .

   "PARIS-ALGER" consacre une page à l'inauguration, qu'honorèrent de leurs présences gourmandes Monsieur Tremel, consul d'Autriche et Madame (cautions indispensable pour des viennoiseries de qualité ! À quoi servirait sinon un consul d'Autriche ?), S.A. la princesse Marie de Ligne, la Princesse Galitzine et la Princesse Galitzine (oui, double ration), Monsieur et Madame Didier de Saint-Quentin, Madame de Vesinne-Larue, etc. Enfin, la crème, quoi ! Les publicités de "SAM" allaient se succéder régulièrement dans "Paris-Alger"...

Jean Brua n'a pas voulu manquer cette inauguration...

   Qui d'entre nous se souviendra de cette patisserie de grand'luxe ? Et surtout, qui était SAM lui-même, intrépide initiateur de ce temple du sucré classieux ? Enfin, quand disparut cette patisserie qui n'existait déjà plus en 1954 ?


Une autre réclame de SAM dans "PARIS-ALGER"

Un prochain article sur Es'mma devrait vous faire un topo édifiant sur ce mensuel suprêmement insouciant, scandaleusement frivole, causant mode, beauté, vacances à Chrea, sports de luxe, galas à l'Aletti, soirées costumées, rallyes automobiles (punaise, qu'est-ce qu'elles sont belles !), magazine destiné au gratin féminin de la belle société algéroise de l'entre-deux guerres.

Le 37 rue d'Isly est sur le trottoir de gauche en allant vers les Galeries de France, en partant de la Grande Poste, un peu avant la place Bugeaud. C'est une adresse bien connue des Algérois, en particulier des petits Algérois que nous fûmes. Pour nous faire photographier le popotin, à plat ventre sur une peau de bête, puis plus tard en communiants (sérieux comme des papes), nos parents nous amenaient chez "Paris-Photo", le studio de Charles Moll. En redescendant de chez Moll avec leur bébé, les mamans pouvaient dans les années 50 faire un tour chez Materna, dont une boutique ouvrira ici en avril 1952 (voir les kémias de septembre 2005). Le 37 fut aussi l'adresse du "Bonheur des Dames" des frères Benaiche, et celle du "Café-Restaurant Mondial" de Fernand Poulet (c'était le patron, pas une spécialité). Ce fut aussi l'adresse du chausseur "À l'Ideal", ou de la "Teinturerie Dauphinoise" (la lavandière du gratin ?).





Rumpelmayer : pour ceux qui ne sont pas abonnés à "Paris-Alger", c'est l'ancien nom de la célèbre patisserie "Angelina", sous les arcades de la rue de Rivoli à Paris.