Marie-Antoinette Renucci,
l'héroïsme tranquille.


Par sa petite-fille, Dominique Renucci.

    Ma grand-mère paternelle, Marie-Antoinette, était infirmière, dans les années 1920. D'abord à l'hôpital Mustapha, elle a ensuite demandé sa nomination à El-Biar, où elle a exercé ses talents dans le service des tuberculeux. Son dévouement, son abnégation l'on amenée très vite à devenir infirmière-chef, et à recevoir la médaille des épidémies. Ah, elle ne comptait pas ses heures, ni ses dimanches et encore moins ses congés. Elle était présente 24h/24, habitant un logement de fonction au sein même du service. A elle et à toutes celles qui, comme elle et à ses côtés, ont lutté pour soigner ces maladies abominables qui sévissaient à l'époque, merci du fond du coeur.

Dominique Renucci           




    Ma grand-mère est née le 16 avril 1888 à Akbou. D'un premier mariage avec un très lointain cousin, Petru Renucci, elle a eu mon père, René, né en 1920. Mon grand-père est décédé, quelques mois avant la naissance de Papa, des séquelles des graves blessures reçues durant la première guerre mondiale. C'est à la suite de ce veuvage que Marie-Antoinette, infirmière, s'installa à Alger et entra à l'hôpital Mustapha dans les premiers temps, puis à Birtraria, à El Biar, où elle occupait un logement de fonction au sein même du service où elle était infirmière-chef ; cela lui permettait d'être sur place 24 h sur 24, nuit et jour, dimanches et jours fériés. En cette lointaine époque, point de 35 heures, ni de 5 semaines de congés…

    En 1928 elle a soigné, parmi de nombreuses autres, deux personnes, Emilie Canonero et Jeanne sa fille, toutes deux atteintes de tuberculose. Elles en sont malheureusement décédées en quelques mois. Leur époux et père, Nicolas, était menuisier de marine, employé aux chantiers navals ; pendant la 1ère guerre, il a servi dans un régiment de Zouaves. Il a été extrêmement reconnaissant envers Mémé pour l'immense dévouement dont elle avait fait preuve. Deux ans plus tard, en 1929, tous deux ont décidé d'unir leurs solitudes. C'est ainsi que le seul grand-père que j'ai connu a été Nicolas, qui s'est occupé de Papa et ensuite m'a élevée et aimée comme sa propre petite-fille.

    Lorsque je suis née, Grand-Père et Mémé habitaient 26 rue de Lille (1), dans notre quartier, où j'ai vécu auprès d'eux jusqu'en 1962. Je ne sais pas comment, à leur arrivée en France, ils se sont retrouvés à Captieux, en Gironde, car nous n'y avions aucune attache. C'est là que Grand-Père nous a quittés, le 31 janvier 1967. Après ce décès, Mémé est venue habiter avec Papa, Belle-Maman et moi, à Bordeaux. Elle est décédée le 30 décembre 1972, et a été inhumée auprès de Grand-Père au cimetière de Captieux.



Médaille d'honneur des épidémies,
telle celle reçue par Marie-Antoinette,
dans sa version du ministère de l'intérieur pour l'Algérie.
Source : France-phaleristique. Contribution image de Alain Gilles.

    Je ne dispose malheureusement pas des deux cadres qui trônaient dans la salle à manger à Alger, exposant fièrement le diplôme d'état et la médaille des épidémies de Mémé. Seuls souvenirs qu'il me reste, ce sont ces deux photos en "costume". La date exacte à laquelle ces clichés ont été pris, où et par quel photographe me sont inconnus, mais on peut penser que cela a été fait un peu avant la "Grande guerre". Dans la famille, après notre arrivée en métropole, il n'a plus été fait allusion à notre vie "d'avant". Le traumatisme avait été trop grand pour eux, et ils ont voulu tourner cette douloureuse page à tout jamais.

(1) La rue de Lille à Alger allait de la rue Naudot à la rue Sainte-Beuve (vers le chemin Yusuf).

Cliquer pour la photo complète.

Nicolas Canonero, mon grand-père,
dans son uniforme de Zouave du début
de la 1ère guerre mondiale.



PETIT PRÉCIS GÉNÉALOGIQUE :

Marie-Antoinette est née le 26 avril 1888 (un jeudi) à Met, près d'Akbou, dépt de Constantine.
Décédée le 30 décembre 1972 (un samedi) à Bordeaux, 33000, à l'âge de 84 ans.
Inhumée à Captieux, 33840.
Mariée le 6 avril 1929 (un samedi), avec Nicolas CANONERO.

Nicolas CANONERO
né le 16 mars 1881 (un mercredi) à Arzew,
décédé le 31 janvier 1967 (un mardi) à Bazas, 33430, Gironde, à l'âge de 85 ans.
Menuisier, Compagnon du Tour de France.
Ses parents étaient : Jean Léonard CANONERO, né en 1840, et Joanna HENRICH.

René Jean RENUCCI
Fils d'un premier mariage de Marie-Antoinette RENUCCI.
Il est né en 1920 à Bône,
décédé le 17 février 2000. Ses cendres ont été dispersées en Corse. 
À Alger, il travaillait à la mairie, service du personnel.

René épousa en 1948 Gisèle Irénée CAPDEVIELLE,
née le 26 septembre à Trois Marabouts (Oran).
À Alger, elle était laborantine à l'hôpital de Mustapha.
René et Gisèle se séparèrent en 1951.
Leur divorce n'a été prononcé définitivement que vers 1955-56.

René et Gisèle sont les parents de Dominique Renucci
(née le 26 janvier 1949, et auteure du présent écran),
ancienne élève de l'école Barnave, Alger centre.

René eut ensuite pour compagne Marcelle NAVARRO.
Elle faisait partie du personnel civil de l'armée,
et travaillait à l'État major, place Bugeaud.
Ils habitaient au Clos Salembier,
au premier étage d'une villa sise rue des Hortensias (sous réserve).





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