par Gérald Dupeyrot



Je suis, vous êtes, ils sont, nous sommes tous les enfants d'espaces-temps disparus... Enfants des fifties, des fourties, des thirties et des (roaring) twenties, tous nous avons des références communes, vécues de part et d'autre de la Méditérranée, voire de part et d'autre de l'Atlantique : la Dauphine, bambino, Spirou, Herzog vainct l'Everest, Only you, Tintin, le scooter, Grace épouse Rainier, la Caravelle, un manuel d'Histoire, le rock'n roll, le premier satellite artificiel... Mais lorsque Jacques voit la première pochette d'un disque de Brenda Lee, c'est dans la vitrine du Petit Duc et nulle part ailleurs, lorsque Rémy achète ses soldats Britains c'est chez Bissonnet et nulle part ailleurs, quand Jean-Louis se procure son fusil à patates c'est chez la mercière de la place Hoche et nulle part ailleurs, quand Pierre voit "Dynamite Jack" c'est au Versailles et nulle part ailleurs, quand j'achète le premier numéro de Pilote c'est chez madame Leblois et nulle part ailleurs... On n'en finirait pas d'émurérer ces spectacles ou ces objets évocateurs: rarement par eux-mêmes plus spécifiques qu'une madeleine, mais associés à des lieux et des moments précis, ils restent indissociables de notre enfance là-bas. J'espère que ces biscottes Prior seront pour beaucoup d'entre vous comme autant de madeleines de Proust... G.D.

PRIOR, c'était d'abord des réclames dans nos illustrés...

Comme cette pleine page dans Pilote n°53 du 27 octobre 1960.

Prior était certainement une entreprise innovante, mais le concept de "sandwich aux fraises" était-il le meilleur "positionnement" (comme on dit aujourd'hui) pour nous faire saliver avec ce goûter?

C'est en juin 1997 qu'aux puces d'Annecy j'ai acheté à un brocanteur les deux cartes Prior ci-dessous! Depuis quarante ans, c'était la première fois que je les revoyais ! Une émotion violente et délicieuse! Et même pas chères! Même si elles étaient une production d'outre-méditérrannée (de Marseille!), c'est un peu de mon enfance dans le Alger des années 50 qui me revenait...

Je me souviens tellement bien de ces deux cartes, en particulier de la seconde, celle des inventions. C'était derrière la porte de notre salle à manger, rue Burdeau, que nous les punaisions tout le temps de leur progressif remplissage.

-L'une (la carte de France avec dessus toutes les voitures de l'époque) devait être, une fois remplie, et le bulletin complété, renvoyée à Prior le 15 mai 1957. Appelons la "la 56-57". En lisant le règlement, on lit qu'elle était la deuxième édition. Il y avait donc eu précédemment au moins une première carte Prior 55-56. la 56-57 comporte 80 images.

L'autre ("Les étapes de notre civilisation", présentation des époques de l'humanité et des inventions) était à renvoyer avant le 15 mai 1959. C'est la 1958-59. Elle comporte 88 images.

80 et 88 images! Ceci veut dire que chaque semaine il avait fallu engranger presque deux images! En réalité bien davantage, puisque forcément on tombait sur des qu'on avait déjà ! Des doubles que Prior échangeait à raison de trois qu'on leur envoyait contre une (choisie par nous) qu'ils nous retournaient en échange.

Les deux cartes furent conçues par Jean A. Berthier, publicitaire à Marseille, dessinées par Nicolas Barrera, et imprimées par l'imprimerie Giraud-Rivoire à Lyon. Merci de bien vouloir nous faire parvenir toute information sur ces personnes qui unirent leurs talents pour nous faire tant plaisir, ainsi que sur la société marseillaise qui fabriquait et distribuait les biscottes Prior.


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En 1997-99, la société Le Gaulois (Sarthe) a eu la bonne idée d'accompagner ses steaks de dinde panée d'une pièce de puzzle. Chacune, revêtue au dos d'une couche aimantée, représentant un département. C'est ainsi que j'ai vu mes deux fils reconstituer peu à peu, sur la porte du frigo, une carte de France. Et ça m'a fait quelque chose... Merci Le Gaulois, c'était une bonne idée! Ce qu'on a pu manger de steaks de dinde ces deux années là! Noël à tous les coins de la semaine !

Et pour voir la carte de France, cliquez ici

...et c'était nos goûters...


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Prior, des prix qui nous faisaient rêver...

Voici les photos des cadeaux qui figuraient aux versos des deux cartes ci-dessous.

... mais ce sont les cartes à remplir d'images qui restent notre meilleur souvenir.
Carte n°2 (1955-1956)
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Elles sont toutes là, les voitures de notre enfance, celles qui traversaient notre quotidien comme celles qui nous faisaient rêver. Mais que toutes nous collectionnions. Soit en métal (les classiques Dinky Toys, CIJ ou Solido, valeurs sûres) soit en plastique, avec leur petite antenne flexible, dans cette nouvelle collection, Norev, qui faisait furieusement moderne avec ses couleurs pastel et en même temps un peu toc.



Certains d'entre nous 40 ans après...
Carte n°4 (1957-1958)
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57-58 : nous sommes dans les années Caravelle. Dans la généalogie des inventions volantes, l'avion au nom de bateau hardi figure - à juste titre - l'ultime avancée de l'exploration technologique, le nez déjà dans le futur. Pour les quinquas de ce début de XXIème siècle, tout empreint de communication mutimédia, les cartes Prior de notre enfance restent, avec quelques autres produits de la galaxie Gutemberg, comme le Petit Larousse illustré, les Belles Histoires de l'Oncle Paul (dans Spirou), les rubriques genre "Le saviez-vous", les albums Nestlé-Kohler, ou les Encyclopédies par le timbre Cocorico, les bases les plus vivantes de notre culture.

Ces deux cartes avaient été envoyées à Prior par Claude Rossi, qui habita 4, rue Sainte, à Marseille, puis au Hameau du Blat, à Beaumont (Ardèche).

Ceux qui auraient la carte 1954-1955 (la première?) ou la carte 1956-1957 (celle qui manque entre les deux ci-dessus), nous les remercions d'avance de bien vouloir se mettre en relation avec nous.