LA TIRADE DU PIED
Ce pied, que sous la tabe, vous pouvez pas le oir,
Ce pied, que comm' les nôtes, il a bronzé tout noir,
S'i serait pas muet en dedans son souyer,
Ce pied, qué des histoir's qu'i pourrait raconter !
D'abord, en Kabylie qu'il était yaouled
Et qu'i marchait tout nu d'en haut en bas l'oued,
I s'a pris de la gîte comm' çuilà du tchibeck
Ou bien d'un vieux sidi des Beni Ould Melek.
Grâce à ça, grâce à Dieu, pour marcher tirailleur
À la guerr' d'Italie, tu trouv' pas pluss meilleur.
Au RUA, c'est pareil : de tant qu'il est penché,
Et tordu, et cambré, ce pied, même attaché,
I dribble, i passe, i shoote que la tête ell' leur tourne
Aux goals, aux défenseurs... Purée ! Une vraie schkoumoune !
Ce pied, qu'il a niqué la balle à Oualiken,
Aussi à Santiago, au stade du Dey Hussein,
Ce pied qu'on le dirait qu'i rentr' au lieu qu'i sort,
Qu'i freine au lieu qu'i court, qu'i saute au lieu qu'i dort,
Et toujours en zig-zag pour qu'on march' pas dessur,
À quatre-vingt quelque ans, il a l'os encore dur !
Ce pied, ce pied d'honneur, marqué "made in Akbou",
Lévez-lui le chapeau, c'est çuilà de Missou !
Jean BRUA
|