Rue de Nîmes

Par Gérald Dupeyrot


   J'habitais au n°15 de la rue Burdeau, un immeuble qui faisait l'angle avec la rue de Nîmes. Notre balcon donnait sur cette dernière.Voici ce quon voyait. La photo est prise en 1958. Les passants descendent la rue Charles Vallin vers la rue Michelet. Hors-champ à droite, débute la très courte avenue Dujonchay. En face, les petits escaliers au fond à droite mènent vers l'école Volta. Juste à gauche, dans l'immeuble qui fait l'angle : la Compagnie des Machines Bull. /

   Dans cet immeuble, tout récent à l'époque - j'en avais vu la construction - habitait la fille "la plus belle de tout le quartier" (selon moi). De mon balcon, là où on est, je guettais ses sorties (sa porte d'entrée est pile dans l'angle). Tout en écoutant "My destiny" bramé par Paul Anka (45 tours pochette bleue), très romantique. En priant pour qu'au lieu de disparaître à gauche, par la rue Charles Vallin, elle descende vers moi par la rue de Nîmes.

   Le jeudi 14 mai 1959 en fin de matinée, avec sa famille, elle est revenue de l'église Saint-Charles par la rue Burdeau, ensuite elle est remontée, là, juste sur le trottoir d'en face que vous voyez à gauche, à la hauteur de la 4CH et de la traction-avant, ses cheveux auburn bien rangés sous sa coiffe de communiante, elle avait jamais été aussi belle, mort d'amour, j'étais. De timidité aussi, elle l'a jamais su. Enfin, si, mais beaucoup plus tard, dans une autre vie.

G.D., juin 2000.




   Début avril 1962 (le 1er ? Le 2 ? Ou alors c'était le 2 mai ?) la rue de Nîmes a été le théâtre d'une embuscade sanglante (dix morts), tendue à un groupe de musulmans par un commando de tueurs de l'OAS (racontée par l'un d'eux, Giacomoni, dans son livre "J'ai tué pour rien"). Ce matin là, du balcon où nous nous trouvons, en entrouvrant prudemment les persiennes, nous avons pu découvrir après la fusillade, les corps étendus. Giacomoni raconte aussi l'attaque par son commando "delta", le 29 mars1962, depuis le haut de ce pont Burdeau, d'un convoi de gendarmes mobiles arrivant par le bas du boulevard Saint-Saëns (se reporter à la rubrique "livres").

Longueur : 45 mètres. Largeur: 12 mètres (Grand annuaire Fontana frères, 1922).

   Déjà en 1922, seulement trois numéros : 22, 24 et 26. En 1922, au n°22 : Albert Dieta, bourrelier; au n°24 : Marc Prunier, mécanicien; au n°26 : M. Bouillon, cartographe au Gouvernement Général, et A. Revel, lingère. Dans la seconde moitié du XXème siècle, il n'y a plus que deux entrées d'immeubles sur le trotoir de droite en montant vers la rue Charles Vallin. Le troisième numéro doit être celui qui fait l'angle avec cette dernière rue.

Mais : où sont passés les autres numéros ? (au moins ceux du 2 au 20).

   Le petit bout de rue en face, qui conduit à gauche vers la rue Ampère est la rue Gustave Lemaître, aujourd'hui rue des frères Braik.



   Sur le plan à droite : la rue de Nîmes c'est cette petite artère de rien du tout qui relie la rue Burdeau à la rue Charles Vallin (sur ce plan, elle s'appelle encore "Rue de la Solidarité"). La rue de Nîmes s'appelle aujourd'hui rue des frères Bouferrache.