Myosotis pour mon oncle Hébert Lucien
Lucien Hébert est né le 16 mai 1923 à Rouïna (département d'Alger, région d'Orléanville)
Son père - mon grand-père donc - est garde forestier dans ce secteur qui est le fief du Bachaga Boualem.
Lucien est le septième enfant d'une famille de sept, dont 5 seulement ont survécu. Il a marqué ma jeune enfance par sa joie de vivre, je le revois encore chanter la Madelon alors qu'il est à la veille de partir pour le front en 39.
Après le décès de mon grand-père, la famille doit quitter Rouïna pour Alger où elle s'installera au 8 de la rue Mizon à Bab-el-Oued.
Lucien fréquente le collège Guillemin dont le directeur est Mr Désobris, il est bon élève, il décide d'entrer dans l'armée, dans les Zouaves.
La guerre est loin d'être terminée, Alger est capitale provisoire de la France, sous-officier, il répond à l'appel du Général De-Gaulle, s'engage dans les forces Françaises libres. Je ne sais pas que ce sera la dernière fois, je revois cet oncle chanter sur le bord de la fenêtre de ma chambre de notre logement rampe Vallée, proche du jardin Marengo ou nous habitons, souvenir encore présent dans ma mémoire.
Il débarque en Provence, atteint le Jura avec son régiment, le 9eme Zouaves, il se porte volontaire pour monter à l'assaut dans les lignes Allemandes, il est blessé, mais secouru trop tard, une balle dans l'artère fémorale, il meurt le 24 novembre des suites de sa blessure. Il a vingt et un ans.
Sa tombe provisoire
à Lure (Haute-Saône).
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Citation, Lucien Hébert, 9ème régiment de Zouaves, 1ère compagnie :
"Sous-officier plein de courage, blessé mortellement le 19 novembre 1944 à Morvillars, en se portant à l'assaut d'une position ennemie". La citation comporte l'attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze.
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L'assaut du 1er Corps d'armée (dont le 9e Zouaves de Lucien) et du 2e Corps d'armée
contre les lignes allemandes le 13 novembre 1944. On voit la résistance de la "poche"
dont Morvillars marque la limite ouest. Les deux corps d'armée la prendront "en tenaille"
à la hauteur de Burnhaupt à partir du 26 novembre. Elle sera fermée le 28 à 14H30.
Nous remercions le site qui a bien voulu que nous adaptions cette carte à notre propos.
Beau déroulé de cette bataille sur le site de Jean Delamare en cliquant ICI.
Autre excellente relation de l'offensive en cliquant ICI.
Enterré dans un cimetière militaire à Lure, la remise de la croix de guerre avec palmes sera conditionnée au retour de son corps en Algérie, ou il sera inhumé dans le carré militaire du cimetière de Saint-Eugène.
J'ai moi-même fréquenté le collège Guillemin, j'étais admiratif et fier que sur une plaque de marbre apposée dans le préau, plaque dédiée aux anciens élèves du collège morts pour la France lors de la guerre de 39-45, figurât un seul nom : « Hébert Lucien 1923-1944 ». Si j'avais su que par la suite nous devrions quitter notre Pays, j'aurais pris une photo de cette plaque qui a dû certainement disparaitre. (1)
Faire figurer cet oncle dans les Myosotis est ma seule consolation de savoir que ce héros n'est pas oublié, ce qui n'est pas le cas à Alger où sa tombe ne porte ni croix ni nom.
Jean Hébert b>
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Vers 1930, Lucien premier communiant.
Vers 1943, Lucien sous les armes,
sentinelle à la caserne d'Orléans.
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Avis de décès de Lucien
dans l'Écho d'Alger du 7 mars 1945. La guerre n'est pas finie, pour des raisons de secret militaire le n° du régiment est occulté.
En fond d'écran; figurent
l'écusson du 9e Zouaves
("Chacals en Afrique,
Tigres à Verdun",
et les armes de la commune de Morvillars
que le sacrifice de Lucien et de quelques autres
permit de libérer.
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(1) Le nom de Lucien Hébert figura aussi gravé sur la stèle apposée sur le monument aux Morts du boulevard Laferrière, parmi les 932 Algéroises et Algérois de toutes confessions morts pour la France durant la seconde guerre mondiale. Stèle inaugurée en 1950 par le maire d'Alger, M. Gazagne, détruite après l'indépendance avec le "coffrage" du monument aux Morts.
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