Pétrole, carnet de bord 

Par Jacques Varlot


Jacques Varlot à la Madrague pendant son service (1958-1959) 
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Mars 1960, je termine mon service militaire à Air de France.

Il me faut trouver un emploi, et une annonce dans TAM, proposant une embauche dans une société pétrolière pour un spécialiste des transmissions, semble me convenir parfaitement.

Depuis mon arrivée en Algérie, j’ai en effet su que j’avais trouvé le pays ou je désirais vivre.

Et puis, j’y croyais, j’y croyais ferme à cette Algérie française…

À ma libération, je rejoins donc l’effectif de cette société chargée de la pose et de l’exploitation des pipe-lines entre Hassi Messaoud -Bougie et Hassi r’mel -Arzew.

Après quelques mois passés à Alger (Hydra) et Port aux Poules (Oranie) je pars pour les chantiers du Sud.

Je fais donc maintenant partie de ces techniciens un peu aventuriers dont la vie est rythmée par des périodes de trois mois sur les champs pétroliers suivis de périodes de récupération d’un mois à Alger ou en métropole.

Pendant les séjours dans le Sud, ce sont les passages de l’avion transportant les équipes montantes et descendantes et surtout le courrier qui marquent la vie.

Les équipes se croisent sur le taxi way.

Il faut entendre les boutades adressées à ceux qui rentrent, concernant les épouses qu’ils n’auraient jamais dû abandonner si longtemps à leurs copains en récupération !

Selon la teneur du courrier, les visages sont radieux ou fermés.

Les relations de travail s’en ressentent.

Hassi Messaoud est déjà un petit paradis !

Maison Verte a de nombreux jardins potagers et des parcelles de gazon.

Tous les chantiers ne sont pas aussi confortables.!

Hassi R’mel est plus récent et la "base vie" se résume à des préfabriqués ascétiques et à un bar- foyer

La nourriture, amenée d’Alger est par contre plus que satisfaisante.

Il fait froid la nuit et très chaud le jour.

Le vent souffle parfois sans discontinuité pendant une semaine et plus.

Les torchères brûlent en permanence et font un bruit de réacteur.

Elles illuminent le site

Parfois, un avion spécial amène des visiteurs, collègues de travail du siège parisien de notre société ou des privilégiés curieux qui rêvent de trouver un peu d’aventure dans ce voyage.

Parfois nous recevons la visite d’une troupe de théâtre ou d’un cinéma en plein air.

Normalement nous sommes de service ou d’astreinte, mais nous nous débrouillons pour aller à Laghouat, Bériane ou Ghardhïa.

Le bar de l’hôtel saharien et sa barmaid blonde attirent les camionneurs de passage et les célibataires géographiques du coin !

Certains originaux ont fini par ne plus prendre leurs congés pour je ne sais quelle raison.

Leur éloignement avait peut-être détruit leur couple ?

Je me souviens du responsable de la centrale électrique qui entretenait son matériel avec grande méticulosité pour ne pas dire amour, mais qui avait fini par loger avec ses chiens dans la caisse qui avait servi à livrer un transformateur !

J’ai vu aussi des phénomènes surprenants, lorsque je participais à des vols de contrôle des installations : le désert était devenu vert en une journée de pluie !

J’ai quand même aimé cette vie de chantier.

Je ne pense pas avoir été le seul car plus tard lorsque j’ai rencontré, au hasard de mes affectations, des gens qui avaient participé à l’aventure, nous nous sommes tout de suite trouvé des affinités !

JV

 

 


pose de pipe
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chameau-Jeep

 


Tour HR1
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Poste de commande
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Gardhïa
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Laghouat
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Avion Taxi

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