US et costumes
LA TEINTURE À L'EAU, C'EST BIEN PLUS BEAU...
par Jeanjean Llorens (de Belcourt)
Dans le Livre d'or le 27/08/2007 16:35
Dessin de Jean Brua
Vous entendez l'hymne national américain.
Je me souviens la semaine avant la rentrée, pour les chaussures, toutes les mamans se retrouvaient chez BATA, il y avait un monde fou, et le jour de la rentrée, nous étions tous sur un pied d'égalité, car nous avions tous le même modèle de chaussures aux pieds. Il y a des photos de la rentrée de l'école Aumerat et, aussi bien les mamans que les enfants, on voyait bien que tout venait de chez BATA. En plus on sortait de la guerre, et il n'y avait pas grand choix, c'était soit des "mevas" soit des tennis en toile blanche que l'on nettoyait avec du blanc d'Espagne. Au fait pourquoi on disait du Blanc d'Espagne ????? Est-ce que ça existe encore ??????? Je crois que maintenant on met tout dans la machine à laver et zou !!!!!!!!! en route Simone, comme je donnerais cher pour revivre tout ça, et les tabliers venaient de chez "La Petite Denise" au marché de Belcourt, avec le nom brodé à la main, sur le côté, heureusement qu'on avait des mères, et des tantes, très habiles de leurs mains, elles savaient tout faire, comme on disait, elles avaient des mains d'or.
Pendant la guerre 39/45, mon père avait "emprunté" dans un garage une grande caisse aux Américains, sans savoir ce qui se trouvait à l'intérieur, je me souviens avec un pied de biche il l'avait ouverte, et surprise, c'était des couvertures vertes de l'armée, elles étaient très belles et chaudes, mais, eh oui, il y a toujours un bémol, elles étaient toutes marquées US ARMY en noir, plus toutes avaient un matricule, comme les "Jeep", ma mère et les voisines avaient décidé de les teindre en noir. Donc je ne sais pas avec quel produit elles avaient trempé les couvertures dans les baignoires, pour les faire changer de couleur, tu parles d'une affaire, et vas-y que je te remue la couverture avec un manche à balai et pendant des heures, pour qu'elles soient bien noires, après nous les avions montées à la terrasse pour les faire sécher.
Une fois qu'elles avaient bien séché, elles étaient bien noires, elles avaient été bien repassées, et tata Carmen qui avait des doigts d'or, nous avait taillé des beaux manteaux à ma soeur et à moi, mais toutes les voisines et amies qui avaient hérité de couvertures avaient fait exactement pareil, soit des manteaux soit des pantalons ou des vestes, pour les enfants, et une voisine s'était confectionné un trois quart, comme on disait, mais elle avait teint sa couverture en bleu marine, et un jour qu'elle se promenait rue d'Isly, voilà qu'il se met à pleuvoir, et plus il pleuvait et plus son trois-quarts changeait de couleur, à la fin arrivée à la Grande Poste, il était d'une drôle de couleur, et dans le dos de bas en haut ressortait la marque du généreux donateur. US ARMY plus un beau numéro, et la pauvre avait les jambes toutes bariolées, par la teinture, qui devait être de très mauvaise qualité, et elle ne s'en était pas aperçue, elle était montée dans le tram d'en bas, ceux qui passaient aux halles, et tout le monde la regardait, si vous aviez vu sa tête quand elle a débarqué du tram devant chez Kiko le boulanger, et qu'elle s'est aperçue du drame. Elle en pleurait, mais c'était la guerre, et on faisait avec !!!!!! Encore bien content de "trouver" des caisses de couvertures, car il n'y en avait pas, et au marché noir ça coûtait cher. À plus...
Jeanjean... de Belcourt