La rue Hoche,
avant avant.
(Cartes postales du début du siècle)




   Le palmier est déjà là. Petit et seul, un peu con. Les deux enfants blottis contre lui le font se sentir moins seul.Plus tard, on lui fera un rond-point pour faire le giratoire. Pour l'instant, c'est pas franchement nécessaire, juste trois carrioles, les chevaux ont pas l'air nerveux. La rue Hoche monte vers la rue Michelet. A l'angle à gauche, l'immeuble d'où une cinquantaine d'années plus tard seront prises les photos que nous présente par ailleurs Jacques Marçais. A l'angle à droite, au n° 18, là où un jour sera la tabac-journaux de madame Leblois, une boutique qui finit en "erie" (mercerie ?) avec de chaque côté de la vitrine des panneaux portant les mentions verticales "Nouveautés" à gauche, et "Articles de Paris" à droite. Juste à côté, à droite, une "Epicerie provençale".

   Bon, on remonte un peu sur la place... Et on se retourne! On voit quoi ? Oui, d'accord, le palmier. Vous auriez voulu quoi ? Un baobab ? On voit la rue Hoche ! Qui descend vers la rue Sadi-Carnot. Un peu plus bas à droite, l'emplacement du "Petit Lycée de Mustapha", plus tard lycée Gautier, et ensuite lycée Victor Hugo, et puis et puis... Le palmier nous cache là où se trouve peut-être déjà le "Café Hoche".

   Nous voici en haut de la rue Hoche, la rue Michelet est derrière nous. Dans l'immeuble à droite entre la rue Meissonier (la première) et la rue Edgar-Quinet (la seconde) : une boulangerie-patisserie à un angle, celle de V. Natoli, pâtissier-biscuitier (téléphone 19-72). Sur le même trottoir à l'autre angle, au 33 rue Hoche et 31 rue Edgar-Quinet, une "Pharmacie Henri Valls". En 1922, elle aura changé de propriétaire et s'appellera pharmacie Georges Ronot (téléphone 16.17-7.71). On trouvera alors un Henri Valls "rentier" au 71 rue Michelet, et une pharmacie Charles Valls au 101 rue Michelet.

   L'expéditeur de la carte l'a annotée d'un certain nombre de repères, dont "le tramway", les étages de "notre maison" (il habitait au 31 rue Hoche, au 4ème; sur le toit, la publicité d'un photographe), et assez curieusement, il indique "la montagne" vers la gauche, du côté du boulevard Victor Hugo, de l'Agha et du port.

   Dans l'angle infèrieur gauche, une carriole vient de passer, on ne distingue plus que les chaises cannées qu'elle transporte.

   C'est le même endroit. Une trentaine d'années plus tard (la carte a été envoyée le 23 mars 1941). On voit à droite les deux angles du début de la rue Meissonier. Le magasin à droite est une confiserie. Au dessus de la porte : "Au Bébé Gourmand".

   A la hauteur de la voiture garée à gauche, on distingue sur la façade du magasin "C?ves" et quelques autres lettrres... L'annuaire Fontana de 1922, nous confirme qu'il s'agissait des "Caves du Château", dépôt de vins, au n° 42.

   Sur le même trottoir, un peu plus bas, juste après la voiture garée, il semble que l'étroit passage entre les deux immeubles, qui reliait rue Hoche et boulevard Victor Hugo, soit obstrué par un édifice sans étage aux fenêtres munies de grilles.

   Ensuite, de part et d'autre de l'entrée du n° 40, à gauche la boutique de mercerie "Le petit Trottin" (J. Journo), une boutique fermée sans auvent (en principe celle de Messieurs Baba-Moussa et Dziri, épiciers), et à droite de la porte d'entrée de l'immeuble, un petit bar, le "Bar Vincent" (V. Castiglione).