Regardez bien le monument ci-dessous. Vous le connaissez. Des centaines de fois vous êtes passé devant, de gauche à droite et de droite à gauche. En pédalant ! Oui, sur votre voiture à cheval, votre "sulky". Non ? Pourtant, la carte postale porte bien la mention "square Guynemer"... Vous ne reconnaisez pas votre ancien petit square ? Et vous avez raison. Cliquez sur l'image, agrandissez-la. Oui, ce sont les jardins du boulevard Laferrière ! Pourtant, c'est bien le même monument que nous connûmes dans le petit square à la convergence des boulevards Baudin, Laferrière et Carnot: En forme de "borne kilométrique" de pierre blanche (ou maçonnée ?), haute d'environ 2,50 mètres, présentant dans sa partie supérieure un large médaillon rond à l'effigie du héros, et au-dessous une plaque rectangulaire portant un texte commémoratif, l'un et l'autre en bronze. Mais auparavant, il avait été d'abord installé là en 1919, sur l'un des gradins supérieurs du boulevard Laferrière, et cet endroit fut appelé "Square Guynemer".

   C'est ce dont témoigne (ainsi que le Guide Bleu de l'époque) la carte postale ci-dessous que l'on peut ainsi dater précisément : entre 1919 et 1928. Ni avant, ni après.

   À la place de la modeste stèle à Guynemer de Louis Fourquet, il fut prévu de dresser l'imposant Monument aux Morts, oeuvre de Landowski (le sculpteur du grand groupe) et Bigonet (qui sculpta, lui, les bas-reliefs latéraux), inauguré le 11 novembre 1928, et qui donna à l'endroit la solennelle et martiale physionomie que nous lui connûmes.

   Du coup, le monument à Guynemer dut être déplacé. Si l'on me permet cette expression, Guynemer perdit de l'altitude, et il vint atterrir un peu plus bas, dans le square jusqu'ici dénommé square Bab-Azoun (parce qu'installé à l'emplacement de l'ancien fort turc du même nom), qui pour l'occasion récupéra à son compte l'appellation "square Guynemer". On voit ci-dessous le monument là où nous le connûmes durant trois décennies, sur un tableau d'Albert Marquet, "Le square aux drapeaux", peint en 45 ou 46 depuis son balcon du 29 boulevard Carnot, donnant aussi sur le boulevard Baudin. Voilà toute l'histoire de ce mini-monument.

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   Toute l'histoire ? Non, car il nous manque la fin du plan de vol.. La stèle subsista-t-elle encore après 1962, dans l'actuel square de Sofia ? Dans le très émouvant livre "Monuments en exil" (qui remonte déjà à 1979) Alain Amato recense une bonne partie des monuments de l'Algérie française et leurs lieux d'exil, maison n'y trouve rien de ce qu'il advint de la stèle à Guynemer... Pourtant le "Foyer du Soldat" était à deux pas : ses habitués songèrent-ils la faire récupérer ? Et de ces associations d'anciens combattants qui devaient une fois l'an déposer l'inévitable gerbe commémorative, reste t-il quelque survivant qui lirait ces lignes et nous dirait quelles dispositions furent prises, ou ne furent pas prises ?

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Albert Marquet a peint aussi, outre de très nombreuses vues du port et de l'arrière-port de l'Agha, deux vues du Bastion 15, et une autre du square Guynemer, intitulée "La fête au jardin" (merci à Jean-Paul Follacci !).

Troisième appellation de ce square, qui lui fut donnée après l'indépendance.

Cette photo nous a été envoyée en 2001 par un de nos camarades. Horreur, je suis tellement bien organisé que je ne sais plus qui ! J'en suis désolé ! Merci à lui de bien vouloir se signaler, afin que nous créditions correctement sa photo. Et éventuellement que nous puissions recueillir son commentaire.