Le lycee Fromentin
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Le Lycee Fromentin pendant la guerre 1939 /1945
Pour les plus jeunes, le 1er. Octobre 1939 marque la rentree en 6eme et la prise de contact des pensionnaires au Lycee Fromentin . L’ambiance etait bonne, les surveillantes accueillantes et les professeurs, tous agreges, nous entraînaient à aimer le latin, le français, l’anglais, l’histoire, les sciences, les maths. Nous aimions notre Lycee qui nous le rendait bien en la personne de Mme Toupine, la Directrice et de Melle Crousse, l’intendante du «Nid ». Il est vrai qu’à cette epoque, le Lycee Fromentin pouvait être classe comme le plus beau lycee de France avec son parc splendide, sa situation dominant la baie d’Alger, ses pavillons gais et colores, ses salles de lecture, de musique et de jeux. La guerre se rappelait à nous de temps en temps :on nous faisait tricoter des passe montagnes pour les soldats au cours de couture et, au refectoire, les restrictions se faisaient sentir. En Juin 1940,j’ai ressenti pour la premiere fois un sentiment de peur :les Italiens etaient en guerre et venaient survoler Alger en avions de reconnaissance, nous obligeant à nous terrer dans des tunnels creuses dans la « molasse de Mustapha ». L’hiver 1940 / 1941 fut beaucoup plus sombre : l’occupation de la France nous a marque, le « Lamoriciere » a coule en mediterranee où la tempête faisait rage, nos camarades juives ont quitte le Lycee. Apres la rentree des classes d’Octobre 1942 , en troisieme, les Americains ont debarque le 2 Novembre, un Dimanche matin . Les premiers coups de canon avaient ete tires dans la nuit par l’Amiraute . C’est en ouvrant les fenêtres que nous comprimes ce qui etait arrive : la rue etait dejà envahie par les troupes americaines qui distribuaient chocolats et cigarettes aux gosses du quartier. Le Dimanche soir nous etions cependant de retour au Lycee et le Lundi, les cours reprenaient en principe comme d’habitude. Mais tres rapidement la decision etait prise de liberer le Lycee : l’internat se repliait à Tizi Ouzou pour les eleves de l’interieur et l’externat, pour celles d’Alger, sur le Lycee Delacroix. Ce fût un dechirement pour nous d’abandonner notre lycee et nos camarades. Tous les jeudis, nous allions à Delacroix et les heures de cours que nous avons suivies nous ont permis de finir l’annee scolaire tant bien que mal. A partir de 1943,le Lycee Fromentin a abrite le Comite Français de Liberation Nationale. Deux magnifiques tirailleurs senegalais aux visages zebres des balafres rituelles en gardaient l’entree. Le Secretariat General confie à Louis Joxe occupait le Splendid. Les Commissaires etaient installes dans les differents pavillons : les Affaires Etrangeres au Nid, l’Education Nationale à la Ruche, la Sante à l’Oasis…Dans ce magnifique site embaume par les pins, tout etait camoufle dans des teintes kaki. Nous avons retrouve Fromentin en octobre 1944, en premiere, pour le bachot, avec une nouvelle Directrice, Madame Budon. Et, le 8 Mai 1945, nous etions vers 16 heures en classe de français avec Mme Le Vaillant, quand les cloches de l’Eglise de La Redoute se sont mises à sonner à toutes volee. C’etait l’armistice, la fin de la guerre. Mme Le Vailland, les larmes aux yeux, nous dit : « partez, partez, c’est la victoire » Tout le Lycee est sorti dans la rue et nous sommes descendues à pied jusqu’à la Grande Poste dans la liesse generale, la foule grossissant de minute en minute. Les rues, les boulevards etaient noir de monde, les gens chantaient et dansaient ;c’est un de mes meilleurs souvenirs . Mais tres vite nous avons regagne le Lycee pour la preparation de la premiere partie du Baccalaureat. Nous avions le cœur leger quand nous l’avons passe. Apres la fin de la guerre les cours ont repris normalement mais le Lycee n’a pas perdu son camouflage immediatement, et en 1946, à la fin de notre classe de philo et de nos etudes à Fromentin, il l’avait encore, temoin de ces annees de guerre.
Extrait d’un article de Josette Amatruda-Girard
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