La supercherie
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en 1961
Par une magnifique matinée en ce début de printemps 1961, il est déjà 8 h 00 à ma montre. Je ferme la porte de notre villa au Telemly rue Alexandre Ribot, quartier marché Geay, entre la Robertsau et l’église Sainte Martienne. La descente vers mon Lycée Delacroix a toujours été, surtout en ce début de printemps, une magnifique balade au milieu des odeurs de glycine et de mimosas, une odeur si caractéristique qu’après toutes ces années passées, c’est ce parfum qui restera toute ma vie dans mon cœur ... -- 8 h 10, la descente des escaliers par le passage se fait vite et déjà je traverse le Boulevard Saint-Saëns, vite l’escalier des Chemins de Fer Algériens (C.F.A.). Me voilà enfin rue Michelet, devant la pâtisserie «La Genevoise». -- 8 h 20, je regarde vers la droite. Edith, mon amie, ma copine d’école, Edith Pin n’est bien sûr pas là ; ah! si, je la vois, qui de son pas chaloupé, à l’aise dans ses "baskets" comme on dit aujourd’hui, descend tranquillement vers moi. Elle n’est pas pressée, elle a tout son temps comme d’habitude !! Vite, vite !! on va se faire enguirlander. A Delacroix, on ne rigole pas avec le règlement. On arrive un peu essoufflées car on a allongé le pas devant Bissonnet, puis le passage de l’Otomatic, sous les sifflets des garçons (déjà ! eh ! oui !!)... «ça sifflait sec à Alger, mais même pas on regardait …..enfin presque» Il faut dire qu’à 14 ans, on roulait un peu les mécaniques .. -- 8 h 28 , la lourde porte du lycée est à demie fermée pour les retardataires. Il faut vite enfiler la blouse à carreaux bleu et blanc, coloris obligatoires pour toutes, et direction les cours ... Un bruit de discussion très vive nous fait dresser l’oreille. On discute ferme avec la «Surgé» en haut du petit escalier du vestiaire. Une "grande élève" de terminale, essaye d’entrer en classe vêtue d’une blouse certainement fabriquée par elle même, le devant bleu uni, le dos blanc…. - «qu’est ce que c’est que cette blouse bleue unie ??» ... Et l’élève de répondre : - «mais madame, je porte bien une blouse à carreaux ; regardez, un carreau bleu devant, un blanc derrière !!» ... La «surgé» fait de grands moulinets avec ses bras ... - «… serez punie ... heures de colle ...» On pouffait de rire derrière nos mains en entrant en classe. La punition a sûrement était sévère, mais ce fut une sacrée bonne journée de printemps !.. …sales mômes !!!
janvier 2003 - Christiane Mille-Brouillet |