À la Fac de Lettres.
Canova
sur le Livre d'Or d'Es'mma en avril 2020,
Texte et dessin de Jean Brua
sur un souvenir commun de Jihel (ICI)
et d'Anne-Marie Chéchan-Soufflet.
Le Canova d'Anne-Marie. Je pourrais presque dire qu'il faisait partie de notre bande, tellement il se mêlait à nous, devant ou derrière la lourde grille des Facultés. Il avait toujours quelque chose à dire sur "les événements", le foot, les femmes, les tracasseries de la haute administration. Et la Corse, bien sûr. Un réseau social à lui tout seul. En tant qu'appariteur en chef de la Fac de Lettres et sentinelle en blouse grise à la minuscule entrée de la vaste salle Gsell, il était censé veiller, tel le garde-champêtre d'Esmma, au strict respect du règlement. Avec une certaine bonhomie, il faut bien le dire, surtout si l'on avait quelque lien de généalogie avec l'île de Beauté… Mais fallait pas aller trop loin, cristacce ! Par exemple, il nous bouda plus d'une semaine pour la blague de trop.
Ce fut quand nous introduisîmes dans les derniers rangs de Gsell, en le couvrant de près à la manière des gardes du "Secret Service" américain, l'un des plus emblématiques "kilos" du carré magique Michelet-Charles Péguy-Charras-Richelieu. Nous espérions tenir la position pendant toute l'heure de cours de grammaire et philologie de M. Moignet, un ancien de Gautier, lui aussi, qui finirait en Sorbonne, sur une somme d'ouvrages mondialement connus… Hélas, nous devions être démasqués au bout de vingt minutes ! Non pas par Moignet lui-même, qu'une escouade de clodos n'aurait pu distraire de sa fouille savante dans les fondations latines de l'ancien français ; mais par la trahison d'une co-étudiante qui, n'en pouvant plus des effluves "harrachéens" répandus par notre invité, s'en alla requérir la force publique, à savoir Canova en personne, pour le reconduire fermement à la sortie.
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