La rue Burdeau




    Photo ci-contre : chez moi, le n°15 de la rue Burdeau (à chaque fois mon coeur y bat), à l'angle de la rue de Nîmes, dont on aperçoit le trottoir de droite qui monte jusqu'à la rue Charles Vallin. La photo a été prise en septembre 1984, depuis le boulevard Saint-Saëns, du haut des escaliers du "passage de Turenne".
Oui, y'en a une qui est garée sur le trottoir.
En prenant la rue Burdeau à gauche, on arrive rue Michelet.
En la prenant à droite, on découvre la vue ci-dessous, avec le vieux pont où passe le boulevard Saint-Saëns.

    Au n°15, au deuxième, habitaient ma tante et mon oncle : Paulette (championne toutes catégories en couscous, chorba et pour l'apéro : anchois aux oignons ) et Charles Angeletti. Et mon cousin Jean-Pierre. Tous contribuèrent à mon enfance heureuse. Salut, Jean-Pierre ! Chaque dimanche en fin d'après-midi, mon père descendait du troisième au second "faire un jacquet" (on ne disait pas alors un backgammon) avec tonton Charles. Tandis qu'avec Jean-Pierre et mon frère nous ne trouvions jamais ces fins de dimanches assez longues. Chez Jean-Pierre il y avait des livres formidables : la collection des "Albums de France" de chez "Gründ", qu'on ne pouvait toucher qu'avec la permission, et des recueils reliés de Spirou. Entre autres.

    Souvenir ému de nos voisins d'alors : madame Barochet (au 4ème); les Simoni (3ème); les Chalandard (2ème), couple de parisiens nés de Dubout et San-Antonio réunis; monsieur Duvilley (au 1er), l'aveugle aux lunettes de soudeur et à la tignasse romantique, il avait la trogne et les gueulantes de Klaus Kinski; et madame Xicluna (entresol), notre concierge. Nous étions un petit peuple heureux.


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Le pont de la rue Burdeau. A gauche, là où il y a le groupe de passants, part une ruelle toute en escaliers, foutue en Y, elle relie la rue Burdeau à l'avenue Dujonchay (ancien passage Burdeau, actuellement Belhamach Hocine) et au boulevard Saint-Saëns (ancien passage de la Chaise, actuellement passage Garti Med).


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    En sortant du n°15 : c'était le magasin de Rabah notre laitier. Un type sympa et taciturne. Une blouse grise, un petit béret vissé sur la tête, une mouche en guise de moustache. C'est chez lui que j'ai vu pour la première fois une baratte. Rabah a été tué (fin 61 ? début 62 ?) de plusieurs coups de pistolet. Les récits des circonstances de sa mort divergent. Certains dirent l'OAS, d'autres une affaire familiale... Qui nous reparlera de notre laitier ? En 1984, c'était devenu une boutique de réparation de vélos-motos. Plus loin à gauche : un bâtiment de béton construit en 1959 à l'emplacement d'un autre, presque identique, réservé aux chariots des balayeurs. Et juste après à gauche partent les escaliers de la rue de Turenne (voir ce nom) qui montent boulevard Mohamed V (ex-Saint Saëns).


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    Au n°6 : l'ex boulangerie Orts (orthographe ?), entre les escaliers de la rue de Turenne et la rue du Languedoc. Les "cocas" (pour les malheureux qui sauraient pas, c'étaient des chaussons mais pas feuilletés, en pâte à pain, avec dedans une purée de tomate et de poivrons) y étaient formidables ! A ne pas confondre avec la boulangerie-patisserie sur le trottoir juste en face, où ils faisaient eux des toupies de première bourre ! (là aussi,pour les malheureux qui sauraient pas, allez voir "toupies" au "Coin des bonnes choses").


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    Le bas de la rue Burdeau. En cinéma, on dirait de ce couple de photos que c'est un "champ-contrechamp". On arrive rue Michelet : à gauche la "Taverne du Plateau" (en 1984 elle porte toujours le même nom), et en face la "Brasserie Victor Hugo" (en travaux, devenue "Restaurant Victor Hugo"). De l'autre côté du boulevard Victor Hugo (après le deuxième palmier), le croissant de l'enseigne a remplacé la croix, mais c'est toujours une pharmacie.

    Dans l'autre sens : Vue depuis le "Victor Hugo" : la taverne à un angle, et à l'autre angle l'ancienne droguerie Cotte. Sur le trottoir de gauche de la rue Burdeau, juste après l'ex-droguerie, il y avait le réduit du marchand de journaux, où j'achetais bien souvent mes illustrés. et un peu plus loin sur le même trottoir, le restaurant "Le Relais" (voir publicité ci-dessous).


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    Publicité pour le restaurant "Le Relais" parue dans "Symphonie" de décembre 1951. Tenu par une personnalité bien connue à Alger, Roger Goutailler. A ne pas confondre avec l'autre restaurant "chic" de la rue, "Le Béarnais", qui se trouvait au n°5.


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La rue Burdeau dans sa partie haute rejoint le boulevard du Telemly à la hauteur de la place de la Robertsau. Le rond rouge correspond au n°15. Sur ce plan qui date de l'entre-deux guerres, la rue de la Solidarité ne s'appelle pas encore "rue Charles Vallin".

(photos © GD, septembre 1984)