Texte et dessin de Jean BRUA En réponse à une remarque de Gil (11/05), quelques lignes et un dessin ne sauraient suffire à évoquer la carrière et la valeur humaine du grand footballeur que fut Lucien Jasseron, emblématique joueur du RUA des plus belles années, du Racing Club de Paris et de l'équipe de France. La planète football, en ces temps antédiluviens, n'étaient peuplée que de "mordus" au sens sentimental. Le flouss, certes, y circulait, mais au niveau de l'argent de poche. Au RUA, on aurait dit "de cacahuètes". L'incorruptible toubib Badaroux y veillait plus jalousement qu'un immigré calabrais à la vertu de ses filles. Même l'illustre Jasseron était astreint à ce régime jockey ce qui donne une idée de la fidélité du longiligne Lucien à son cher et vieux RUA. Oui, il aurait pu poursuivre en France (on ne disait pas encore "la Métropole") une carrière professionnelle si brillamment entamée à la fin de la guerre. Mais le "pays", les amis, le RUA, lui manquaient. Et il était revenu, pour taper aouf le ballon aux côtés de ses potes, les Faglin, Vidal, Poizat... Avec, de surcroît, une casquette d'entraîneur-formateur, d'où sortiront, comme les lapins d'un gibus d'illusionniste, des dizaines et des dizaines de jeunes talents qui s'illustreront bientôt sur les stades d'Afrique du Nord, et, plus tard, de France. Lui-même, emporté avec ses poulains par le reflux de 62, glanera succès sur succès, comme entraîneur du Havre et du grand Lyon (auxquels il apportera la Coupe de France) et de Bastia. Cet incorrigible modeste n'en parle pratiquement pas dans le texte qu'il a confié à l'album du RUA. Quelques années avant de les quitter pour toujours, il a préféré affirmer une dernière fois sa fidélité au souvenir du vieux club universitaire et des joies partagées avec ses camarades en bleu et blanc : "Je pense toujours au RUA et aux ruaïstes. Ils m'ont enseigné beaucoup de choses précieuses. Ils m'ont permis de vivre des périodes sportives captivantes et enrichissantes. Périodes pleines d'ineffaçables souvenirs. Quand j'ai le bonheur de les rencontrer, mon coeur fond de joie et de reconnaissance." J.B. |