CINIMA

Un récit de Charles Brouty, du 20 février 1932.


Charles Brouty a 40 ans. Son dessin a acquis depuis longtemps sa pleine maturité. Observateur attentif et attendri de tout le petit peuple algérois, il en saisit la vie dans ses dessins si expressifs et dans ses aquarelles. Du stylo et du crayon, il capture le monde des yaouleds dans son jaillissement et son éphémère, nous restituant l'atmosphère de lieux de notre ville qui ne seraient bientôt plus qu'un souvenir. Il réalise ce reportage, "CINIMA", pour le magazine "L'Afrique du Nord illustrée". À plus de quatre vingt ans de distance, il est émouvant de voir ressucité le petit commerce de Kouïder ben Belkassem, dit "Rouget". À qui, sinon à Brouty, aurions-nous pu devoir cette magistrale et délectable renaissance de ce protagoniste essentiel de la rue Algéroise, et de sa "Maison de confiance" ? Aussi vivant, aussi spontané, aussi intact qu'en cette fin de dimanche après-midi de février 1932 ? Vous trouverez un peu plus bas un petit plan pour vous permettre de situer ce cinéma "La Perle", rue des Trois Couleurs, dans le vieux quartier de la Marine qui en ce début des années 30 commence déjà à disparaître sous les coups des démolisseurs. Pour vous y reconnaître : la rue Bab el Oued, et la place du cheval, même si, lui aussi, le povre, il a disparu depuis.

PS : parmi les personnages du "semis" de ce fond d'écran, retrouvez quelques unes des grandes figures du cinéma qui faisaient la joie du public populaire (si je me souviens bien de ce qu'en disait mon père, qui fréquentait lui, en cette année 1932, celle de ses 16 ans, le cinéma Musset à Belcourt) : Chandu le Magicien (joué par Bela Lugosi !), Double Patte et Patachon, Docteur Fu Manchu (cette année 32, dans "le Masque d'Or", interprété par Boris Karloff, celui qui fait aussi le monstre de Frankenstein)… Pour les autres, c'est trop facile pour que je vous souffle !