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Alain Ayache : Champion, "pointer"
et grand patron


  Grand patron de presse populaire, Alain Ayache, disparu en 2008 à 71 ans, est entré dans la carrière par une porte pas plus grande qu'une balle de ping-pong. C'est en effet sa jeune notoriété dans ce sport (voir les écrans qui précèdent) qui l'a fait engager au début des années 50 comme pigiste à La Dépêche Quotidienne d'Algérie. Il y tenait la rubrique de "tennis de table", ce qui revenait souvent à être au four et au moulin. Et les fleurs de presse (méritées, mais appuyées) qu'il se jetait lui attiraient quelques moqueries de la part du Tout-rue Michelet, dont il était un "pointer" bon teint, selon les critères définis par notre ami Jacquemin. (cliquez ICI pour retrouver les pointers rue Michelet)

  Mince, élégant, disert, il prenait presque chaque jour sa dose d'aller-retours coupés de haltes-flipper aux Quat'Z'arts et à l'Université.

   On était encore loin de ses exploits de placard chez Drouant (1) mais lui pensait peut-être déjà à son bureau de P.-D. G. de groupe de presse  (Le Meilleur, Spécial-Dernière, Réponse à tout), sinon aux cigares de Fidel Castro ou au Paris-Saint-Germain (2). Il a toujours su ce qu'il voulait, Alain. Mais le vrai "meilleur", il en a joui, comme nous tous, sans le savoir : c'était le métronome des "ping" et des "pong" dans le sous-sol d'Antomarchi ; c'était la passerelle de fer vers le môle et la piscine du RUA ; c'était la rue Michelet, le banc vert devant la quincaillerie Hayoun, d'où l'on regarde passer les cailles sans en avoir l'air (n'est-ce pas la petite Geneviève, là, qui donne du coude à sa copine ?). Oui, le meilleur, c'était tout ça, et même la réponse qu'il provoquait comme à plaisir (- Va à Dache, Ayache !) chaque fois qu'il harcelait de vannes le tendre tête-à-tête d'un copain à la terrasse de l'Otomatic... (3)

(Texte et dessin de Jean Brua)

(1) Son scoop "historique" de reporter parisien fut de réussir un enregistrement de la délibération du jury Goncourt en se cachant dans un placard du célèbre restaurant.

(2) Grand amateur de "barreaux de chaise", Alain Ayache se flattait d'en recevoir régulièrement de la part du chef d'État cubain. Par ailleurs, il avait confié à Pierre Théolier en 1988 que le rachat du club de foot parisien faisait partie de ses grands projets.

(3) Alain n'a t-il pas écrit, l'année de ses 24 ans, un "Guide du parfait dragueur", publié chez Pierre Horay ?



"Prunelle, si tu savais... Il faut, pour vivre, ne pas se laisser vivre, mais vivre dans l'urgence, ne pas laisser le temps filer, glisser entre les doigts. Si tu cours, tu iras plus vite. Si tu marches, tu iras plus loin. Si tu cries, tu seras entendue. Si tu parles, tu seras écoutée. Si la vie est un puzzle, comment en dénicher les pièces magiques ? Il faut du talent : audace et sagesse, un grain de folie, un zest de chance, beaucoup d'optimisme, de patience et de volonté de gagner. Rêver aussi ! Porter ses yeux au-delà de l'horizon. L'espace nous appartient, pour peu qu'on sache l'observer..."

Alain Ayache, extrait de "Lettres à Prunelle" (sa fille alors âgée de deux ans).

Sur Alain Ayache, cet article de Wikipedia (cliquez)