Hommage à André Diehl

 


André Andreu, son camarade du Red Star Algérois, et Roger Ruby ont évoqué sur le Livre d’or la disparition d’André Diehl à Nice, où, après avoir été l’un des meilleurs gardiens de buts d’Alger, il avait poursuivi à Nice-Matin une carrière de journaliste sportif commencée à L’Écho d’Alger et au Journal d’Alger. Les écrans "Myosotis" d’Es’mma font désormais une place à cette personnalité si attachante et emblématique de notre monde de fraternité sportive, en reprenant l’hommage de son vieil ami Jean Brua, publié le 14/12/06 dans Nice-Matin.

 

DÉDÉ LE FIDÈLE

Il y a une image de "Dédé" Diehl, une image ancienne, que nous ne sommes plus très nombreux à partager "vivante", c’est-à-dire : autrement qu’en photo. C’est celle d’une silhouette bondissante, dans un pull noir à chevron vert, un des ces gros pulls de laine à col roulé dont on habillait les gardiens de but d’une époque marquée par la renommée de Julien Darui et de René Vignal.

Dédé était le Vignal du Red Star Algérois, par sa détente, son courage à sortir dans les pieds d’avants pas toujours résolus à sauter par-dessus l’obstacle. Mais il aurait pu aussi en être dit le Darui, par son sens de l’anticipation et par sa vision du jeu au-delà de la "ligne Maginot" à trois "arrières" qui constituait alors le seul schéma défensif.

Ces qualités de gardien (on disait plutôt "goal") auraient pu le conduire au professionnalisme. Mais il lui aurait fallu pour cela quitter Alger, ses amis du Red Star, de l’ASMontpensier (où il avait également gardé les buts flottants des poloïstes juniors), et du quartier Belcourt-Champ-de-Manœuvre. Il a donc continué à se râper coudes et genoux et à se contusionner les côtes sur les dures surfaces de tuf des stades d’Algérie. Par fidélité.

Aujourd’hui, le stade municipal d’Alger, qui fut son terrain d’attache, a été revêtu d’une pelouse synthétique. Je lui en ai parlé l’une des dernières fois que je l’ai vu et il en a ri comme d’une plaisanterie. Je pense qu’il a dû trouver que cette innovation défigurait son souvenir du vieux tuf jaune et dur. La fidélité, encore. La fidélité de Dédé, c’était quelque chose d’aussi résistant, d’aussi inoubliable que son gros pull noir à chevron vert de "goal" du Red Star Algérois.

Jean BRUA
décembre 2006