L’école Daguerre revisitée !
Grâce aux souvenirs et documents de Michèle Salério
Fille de Lambert Salério, notre ancien maître
Par
Jean-Louis Jacquemin

Michèle Salério, sa petite sœur et une petite voisine, assises,
dans les années 40, sur les marches de l’escalier de l’école juste après le
premier palier (en premier plan) qui donnait (à gauche) sur la cour-jardin de la
classe du « Certif » de Mr Marcadet où se trouvait également la porte d’entrée
des appartements de fonction de ce bâtiment de « direction » qu’elle habitait
avec ses parents. Derrière elles il faut imaginer la deuxième volée de marches
qui, à angle droit montaient, à gauche, jusqu’à l’entrée principale et la
« grande cour » de l’école. En haut de l’image on voit la plaque de marbre dont
je n’arrive plus à me souvenir du texte (hommage à Daguerre ou aux maîtres de
l’école morts pour la France ?)… Quand je vois cette photo j’ai l’impression
physique d’être en train de grimper ces marches, cartable sous le bras et sac
de noyaux balancé de l’autre main.
Une bouteille à la mer
ramène l’amie d’enfance toujours « à rencontrer »…
Quand j’ai écrit « À Daguerre comme à Daguerre », dans les
premiers temps du site pas encore nourri des souvenirs de la foule des
visiteurs, c’était une bouteille à la mer. Je la jetais, plein d’espoir, lestée
de ceux d’un gosse de 8-10 ans qui a aimé son école et s’est efforcé de graver
dans sa mémoire ce qu’il lui en restait d’images heureuses. Parfois nettes comme
des bandes vidéo, d’autres fois nimbées d’une lumière masquant certains détails
mais néanmoins fidèles. Il m’était insupportable que cette école qui nous a
forgés, toutes origines confondues, à l’âge le plus malléable de notre vie,
disparaisse comme tant d’autres choses derrière l’imbécile voile de discrédit
qu’une opinion mal renseignée et abusée, jette, de manière péremptoire, sur
notre passé.
Les flots d’Es’mma sont devenus marée et la bouteille a été ramassée. Par
Jean-Claude Saladin, d’abord, qui a utilement complété. Puis par les photos
généreuses de Kaerdin qui m’ont permis de redescendre la rue Daguerre avec les
yeux grand ouverts cette fois et de retrouver, il y a peu, Georges Vassiliadis,
bon pied bon œil et toujours souriant (mais, aux dernières nouvelles, sans la
cape !)
Le destin n’est pas si aveugle qu’il y paraît. Il s’était appliqué entre temps à
une de ces facéties dont il cultive le secret : me procurer, de l’intérieur de
l’école, une alliée de choix, un témoin irrécusable : Michèle Salério.
Fille de notre instituteur de CM2., elle habitait avec sa famille dans l’école
et la connaît mieux que personne. Cadeau très précieux que cette « amie
d’enfance rencontrée sur le tard », statut que nous nous sommes joyeusement
octroyé l’un à l’autre a posteriori !
Nous nous étions en effet croisés (à distance) certains soirs en sortant de
classe tandis qu’avec une petite camarade, elles se faufilaient discrètement,
sous le regard vigilant de Salério, vers les bancs du fond pour subir, en
« privé », le coaching vigilant du cher papa. Regards curieux, de planète à
planète : quoi de plus inconnu, avant 10 ans, que « l’autre face de la
médaille » ? Mais l’image était restée.
Dans le plaisir de reparler de l’école et de ses maîtres nous avons recolonisé
ce long chemin de silence et rattrapé le temps perdu.
Michèle n’est pas Salério pour rien : elle a autant de caractère que de
vivacité ! Elle m’en voulait un peu d’un portrait de son père trop rapide (voir
sa lettre ci-après) et il est vrai, trop facilement résumé en une boutade
féroce. Et elle prenait au tout premier degré le « pas mauvais bougre », litote
qui impliquait pourtant, qu’en dépit des coups de règle, c’était, très
probablement, un chic type…
Bizarrement la critique de Michèle (malgré l’excès pardonnable de tendresse
filiale qu’elle révèle) tombait juste. J’avais moi-même, et nous en discutâmes
avec Jean-Claude lors de notre rencontre, un peu scrupule d’avoir réduit cet
excellent maître, intéressant, souvent drôle et somme toute attachant à une
sévérité excessive et trop démonstrative, (il y avait beaucoup de
théâtralisation ) mais qui ne dépassait pas les bornes encore admises à
l’époque. Il « pratiquait » avec conviction mais sans hargne ni acharnement et
sans que ça occulte de vraies qualités d’enseignant et une personnalité qui
restait, à plus d’un titre, sympathique (je lui garde une grande affection et
beaucoup de reconnaissance).
En attendant je vous invite à vous replonger dans l’École Daguerre avec les photos
d’époque : vous allez vous régaler !
Jean-Louis
JACQUEMIN
Poitiers,
25 Janvier 2008
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